Librairie Leon Vanier, A. Messein succr (p. 78-89).

IX

« De la prison où ils m’ont jeté avec les faussaires, avec les voleurs, avec les misérables, je vous écris douloureusement comme si vous pensiez à moi, comme si vous m’aimiez encore… Sans me souvenir, petit enfant, des bonnes leçons que je vous faisais sur l’ingratitude, l’infamie et la lâcheté des hommes.

« La prison !… En vérité, j’ose regarder ce mot jeté à la hâte sur du papier, dans une fièvre mêlée de crainte, de persuasion et d’amour ; hélas ! et j’ose vous l’écrire !

« La prison !… j’ai pu, sans hésiter, en dater ma lettre, y situer mes rêves les plus caressants et les plus tristes, les rêves où vous m’apparaissez, malgré mon naufrage et malgré mes ruines, blond comme les madones, pardonnant plus qu’elles. La prison : ô souvenirs, cauchemars, vertige ! toutes les insultes et toutes les vermines ; toutes les ordures de basse fosse ! malgré cela, le croiriez-vous, j’ai tant souffert, j’ai tant souffert, que maintenant je subis ma torture sans regret et sans peine, fièrement. Je me réveille le matin, léger de remords, épuisé par cette terrible chute qui, en brisant ma destinée, a brisé mes illusions et mes dernières croyances. J’ai seulement un grand trou dans le cœur, une blessure béante, profonde, remplie de ténèbres. Et, pêle-mêle, dans cette blessure-là, repose mon passé enseveli.

« Autrefois je croyais connaître les choses, deviner mes semblables, analyser leurs plus secrètes et plus intimes sensations : Chimères ! Je croyais jouir de la vie jusqu’au paroxysme et jusqu’au satanisme où m’ont conduit la peur et le dégoût de mes contemporains : Chimères ! Je croyais saisir la gloire comme on saisit ces belles cavales sauvages, qu’on dompte, les poings crispés dans leur crinière ! Je croyais asservir le monde, le forcer, hypocrite convive, à écouter, confuse d’abord, puis distincte, ma voix parmi les rumeurs, ma voix qui lui faisait le récit fidèle de sa honte et de sa saleté. Chimères !…

« Je croyais enfin, pauvre fou, avoir connu l’énivrement du triomphe dans ses griseries les plus emportées, dans ses exaltations les plus pures ! Chimères, chimères… Oh, oui, chimères ! Autour de moi, depuis la défaite, elles gisent, à présent, les ailes brisées. Je demeure face à face avec l’atroce et divine vérité. Plus de mirages et plus de mensonges : La prison… C’est bien, j’accepte. À bas les masques ! Les juges ne me font pas peur. Ils m’accusent d’avoir corrompu la jeunesse, d’avoir souillé l’enfant, par mes exemples et par mes écrits. Je sais toute la bêtise, toute la cruauté et toute la vindicte qui animent leur accusation. Et je les voue au mépris de la postérité.

« Car le poète qui, de sa plume, décrit les sanies morales de son époque, ressemble au médecin qui, de son scalpel, fouille et met à nu les plaies de ses malades. Tous deux sont sanglants, tous deux sont impitoyables, tous deux sont utiles. On ne peut pas les condamner. La révélation demeure la première nécessité pour guérir. Comédie ! Histrions vulgaires et tristes : En m’en voulant d’être pourris, ils reculent devant leur sanie.

« Voilà pourquoi ils brisent le miroir qui reflétait leur laideur. Voilà pourquoi ils persécutent le médecin qui sondait leur blessure, l’écrivain qui notait leurs grimaces ; voilà pourquoi ils me jettent au bagne dans l’espoir d’échapper à leur cimetière, en maudissant mes mœurs parce qu’elles ne sont pas les leurs, sans penser qu’Adonis adoré, puis persécuté à travers le monde, restera pour jamais une aurore éternelle !

« Et j’évoque là-bas, tout là-bas, dans un pays tropical, somptueux et morne, dans quelqu’Inde mystérieuse, au bord d’un fleuve sacré, ces tours massives et funèbres, ces Tours du Silence où des cadavres pareils à moi attendent, inertes, l’œil désorbité par un rictus méprisant, le coup de bec du vautour chauve, du vautour qui plane, au-dessus du charnier, au-dessus des victimes !

« Ah, Renold, que mesquine est la vengeance, et comme je plains ces hommes qu’on oubliera ! Malgré leur infamie, comme je les hais, mais vous, comme je vous aime !

« Lorsque je pense à ces souvenirs qui chantent dans ma tête égarée des caresses lointaines, lorsque je me rappelle nos fêtes et nos délires, nos griseries, nos serments, lorsque je revois ces instants où mon âme se faisait belle et pure et comme sœur de vos yeux, lorsque ma mémoire tressaille à la couleur d’un regard, à la douceur d’un de vos anciens sourires, lorsque je pense à cela, à tout cela, il me semble, my lord, avoir un couteau planté dans la poitrine.

« Oh, ce fantôme tragique, que moi-même, spectre et douleur, je ressuscite parfois, dans mes rêves : ce fantôme sanglant sur un rivage athénien. Lady Cragson, la pleurez-vous encore ? Je n’aurai pas eu la chance d’une si belle mort, d’une agonie pareille, extasiée et languide, en face de votre nudité…

« Je m’en vais, abandonné de tous, même de vous, parce qu’on ne nous reconnaît pas le mérite du rêve ; plaint sans qu’on veuille le dire, regretté sans qu’on puisse l’avouer, tant calomnié que plus tard d’autres générations condamneront la mienne, tant haï que je suis terrassé, au fond d’une geôle, par la tristesse, par le dégoût et par l’ennui. Ma seule espérance est dans le néant, mon unique amour dans la mort. Dans la mort que j’ai adorée et que j’ai célébrée comme la fin de la souffrance, comme le repos et comme la volupté ! Qu’elle est immense et vengeresse en face de la bête humaine.

« Je l’attends ainsi qu’une fiancée adorable, éternelle, dont le baiser léthargique apaise pour toujours. J’attends la mort très calme…

« Mais pourtant quelle révolte et quelle colère ! Oui, quand je compare dans ma conscience mes gloires et mes crimes, il me semble que les unes ont effacé les autres et les ont rachetés. Ah, pourquoi ces gens m’applaudissaient-ils, puisque je les empoisonnais ? Pourquoi ne suis-je pas resté ce que j’aurais dû être : un médiocre, un obscur, un inconnu, sans talent, sans succès ? Le succès m’a grisé ; l’orgueil m’a vaincu. Et j’ai eu le tort d’être seul !

« Car, si vous saviez comment j’ai vécu, dans quelle fièvre, dans quelle tourmente ! Jeunesse, naïveté, repos, bonheur, innocence, j’ai tout brûlé, j’ai tout cassé, j’ai tout perdu dans le brasier du monde, mu par on ne sait quelle sauvage ardeur ! Et puis après ? Peut-on demander à quelqu’un qui jette sa vie au feu, d’avoir souci d’une impertinence, d’un préjugé, ou d’un code ? Imbéciles et tartuffes, ne savez-vous donc pas que les chutes sont d’autant plus profondes que les essors sont plus élevés et plus puissants vers le ciel ?

« Le ciel !… je ne le vois plus que très lointain… à peine, barré par des grillages. Le ciel que j’aimais tant, le ciel et ses lumières, ses oiseaux, ses chansons, le ciel, cette patrie des poètes, n’illumine plus ni mes désirs, ni mes regards. Alors c’est l’accablement des défaites et les ténèbres, la déroute de l’ombre, la torpeur des solitudes, la nostalgie par dessus ces murs, par dessus ces toits, d’un tout petit coin de libre azur ! Oh, pitié ! pitié ! Pensez à moi, plaignez-moi, pardonnez-moi, faites un signe… La beauté sourit à la douleur, et votre jeunesse serait divinement consolatrice de mon infortune… Un mot ; un seul ! Dites-moi que vous vivez ! Mon Renold, mon Renold ! Les mots que j’ai murmurés, dans un baiser, à votre oreille, les phrases de langueur et d’adoration que je vous ai chantées doivent vibrer encore dans votre cœur… Que votre aurore rafraîchisse ma nuit !

« N’êtes-vous pas l’oiseau qui passe à tire d’ailes, la brise parfumée qui s’élève, le rêve étoilé qui me berce, n’êtes-vous pas le large, l’atmosphère, la liberté ?

« Que devenez-vous ? j’ai su, peu de temps après mon supplice, que vous étiez parti pour des terres inconnues, pour des rivages où l’on ne vous saura point.

« Puis un dernier fidèle a pu m’écrire, me rassurer et me donner votre adresse à Venise que j’ai, pour la première fois, visitée à votre âge, belle et déchue comme une reine au tombeau. Venise ! Tout un murmure de lagunes et d’eaux mortes, de tendresses défuntes, de prières en allées…

« Puissiez-vous être grisé par son charme maléfique, par ce poison qu’elle distille entre ses pierres et qui donne la fièvre et le génie. Venise… Venise… ô regrets… ô tortures… My lord, soyez-y heureux ! »

Lyllian froissa d’un air déçu la lettre qu’il venait de parcourir. Skilde, c’était le passé, les voyages, les folies, la fuite, la chute et maintenant le hard labour ; Skilde c’était le passé ! Il froissa la lettre, déçu qu’elle n’eût pas une tournure plus étrange et plus pathétique, puisqu’elle venait d’une prison. Un moment l’idée mélancolique d’un ancien ami très malheureux, d’un artiste calomnié, d’un homme martyrisé effleura le cerveau de l’enfant. Mais bah ! à quoi bon souffrir, à quoi bon se souvenir ? Il lui répondrait quelques lignes, ce serait tout.

Et, soulevant le rideau de dentelles qui lui cachait la lagune, Lyllian regarda en face de lui mourir le soleil. Le crépuscule incendiait la Jiudecca, le Lido, l’entrée du grand canal, la Riva dei Schiavoni aux maisons roses, les bâtiments de la douane et la Fortune d’or. Une poussière étincelante couvrait la mer et la terre, donnant au soir prochain la douceur d’un mystère, la caresse d’un adieu. Par des moments pareils Skilde aurait aimé vivre ses poèmes, descendre le courant des marées, étendu, les yeux clos sur quelque barque, environné de parfums, de musique et de fleurs… Skilde l’aurait aimé !… Tout à coup des pas, une porte ouverte, et puis une voix :

— Bonjour, mon prince… mélancolique, à ce que je crois. Vous êtes « peine de cœur » ?

— Tiens, d’Alsace, vous n’avez pas de toupet ! Entrer ici, comme au moulin…

— Très Sans Souci, je venais en passant constater l’adultère. Ça va depuis hier soir ?

— Oui, j’ai pris un remontant. Ça m’a donné la migraine, mais ça va mieux.

— Je sais : Notre Dame de la Cantharide et du Kola. À propos, si vous n’aviez pas été hier pochard comme vos ancêtres, Feanès voulait vous tuer.

— Pas possible ? Son bain alors ne lui a pas plu ? Il faudra que je fasse prendre des nouvelles, ajouta Lyllian avec un joli rire. Et sa citrouille de femme ?

— J’ignore… Hier elle ne les trouvait pas trop verts, vos raisins, mylord ; Mais j’ai des potins merveilleux. Le vieux Russe d’hier, chauve comme un billard et ridé comme une pomme, ce pauvre Skotieff est affolé.

— Ah mon Dieu ! ses dents de lait ?

— Non, son dernier béguin. Vous, mon petit, qui, avec votre air de rien et de tout, lui avez tellement énervé le système qu’il m’a pris pour confident…

— Oh, alors…

— Alors, il m’a demandé si j’avais le moyen ou les moyens…

— Tiens ! Il vous a pris pour une agence de placement ou pour un asile de nuit ?

— Les deux… Qu’est-ce qu’il faut lui dire, soupirait-il. Qu’est-ce qu’il faut lui donner ? Idéal, mon cher, il es idéal, ce petit lord. Est-ce qu’il marche ?

— Oh, d’Alsace !… J’espère bien que vous lui avez dit non.

— Ne dites pas ça. Vous espérez le contraire. Mais calmez-vous. J’ai répondu en normand. Chi lo sa, mon Prince ? Essayez toujours.

— À merveille… Et il va essayer ?

— Parbleu ! Je suis chargé de vous inviter pour ce soir, il organise une sérénade en votre honneur. Il court les calles et les traghetti comme un dératé pour trouver de jolies filles et de bons chanteurs. Parce que, m’a-t-il susurré, avec de jolies filles et de bons chanteurs, ça l’excitera.

— Délicieux. Mais si je refuse, d’Alsace, qu’est-ce qu’il dira votre vieux ?

— Il ira planter sa tente ailleurs…

— Il a donc des neveux partout ?

— Jeune Choléra ! Allons, venez-vous ? C’est à 6 heures. Rendez-vous au café Quadri. Il n’y aura que d’Herserange comme exportation.

— Ah bah, lui aussi ?

— Oh, vous savez, il n’est pas bien à craindre. Une tête de grenouille et une âme de caniche. C’est le Sabbat de la princesse.

Andiamo, alors, convenu ! Avertissez le Skotieff. Je vais me soigner pour ce soir. Ces Russes aiment le piment. Je vous promets d’en bien servir.

Et comme d’Alsace sortait, un bruit de voix surprises et amusées retentit dans le corridor de l’hôtel. D’Alsace reparut, suivi d’Herserange.

— Quand je vous en parlais de notre diplomate ? Le voici, monseigneur. Je vous le laisse jusqu’à sa minorité, prenez-y garde.

Dans un rire, le dernier rayon du soleil nimbait d’or la chevelure du jeune homme, dans un rire, Lyllian vit s’avancer M. d’Herserange, pompeux comme Sésostris — avec la gravité d’un ministre en fonctions et le visage d’une vieille cocotte, tous deux retirés des affaires étrangères. M. d’Herserange dit :

My lord, comment allez-vous ?

— Bien plus mal que vous, je parie…

— Ce serait quand même aller bien. Je m’excuse de vous déranger. Vous allez sortir peut-être, il fait si bon dehors… Il toussota, embarrassé. Je m’excuse. Je sais par le prince Skotieff que j’ai l’honneur ce soir de dîner avec vous… le plaisir aussi, ajouta-t-il en roulant de gros yeux de vicaire concupiscent… et je venais prendre des nouvelles du charmant Adonis d’hier.

— C’est à moi de m’excuser, Monsieur, j’ai dû vous faire l’effet, l’autre soir, d’une tempête. Mon costume vous a-t-il déplu ?

— Mais… mais non, my lord… Au contraire.

Lyllian éclata de rire.

— C’est vrai, pardon, je n’en avais guère. Vous deviez rougir.

— J’admirais.

— Ah, mais vous savez, reprit le jeune Anglais, je n’ai pas l’habitude de me promener toujours comme chez les anges. J’ai failli aller voir della Robbia en gondolier. Le croiriez-vous ?

— Et vous avez opté pour le jugement de Pâris, et la pomme de Vénus.

— J’ai choisi la poire d’Apollon. Tenez, mon uniforme de gondolier est encore là. Ça ne m’allait pas mal, jugez-en vous-même.

Et, joignant les gestes à la parole, Lyllian revêtit en une seconde la blouse flottante, la ceinture écarlate et le béret svelte des birbantes. Il était ravissant ainsi. L’emprise claire de la ceinture moulait sa taille souple et le rendait plus désirable… Sa gorge nue et frêle montrait en des lignes admirables de fraîcheur, les attaches de sa tête juvénile et fière. Et, terminant sa silhouette d’un fuseau souple, ses cuisses nerveuses et ses jambes fines apparaissaient sous l’étoffe du pantalon étroit qui révélait jusqu’au sexe. D’Herserange, hypnotisé, regardait cela. C’était manifeste : il s’engageait une lutte terrible chez cet homme entre le lapin de garenne et le lapin de choux. Et c’était le bouc qui l’emportait.

Il se leva très raide avec des tremblements dans la voix : Dieu, que vous êtes charmant ainsi ! Lyllian, coquettement avait été s’appuyer contre la fenêtre ouverte, qui donnait sur le crépuscule et sur la mer. Le jour avait disparu et ce n’était pas la nuit encore. Une incertitude exquise planait, mêlée à la poésie triste des soirs. Les teintes n’avaient plus leur réalité habituelle. C’est ainsi que la figure de Lyllian sous le béret des gondoliers était d’une nacre translucide et d’un mauve inquiétant, tandis que son cou, vivant émail, s’illuminait de lueurs pourpres, reflets du couchant en feu.

— Comme vous êtes joli… Je comprends qu’on vous aime… J’ai entendu M. d’Alsace raconter votre histoire. Vous êtes à plaindre et à aimer… M. della Robbia m’a parlé de Skilde, le grand poète, votre ami… Excusez-moi, ajoutait-il, peureux d’avoir gaffé. Mais un geste le rassurait. M. Skilde, le grand poète, votre ami… Y pensez-vous quelques fois ?

— Jamais, répondit Lyllian dans l’ombre.

D’Herserange, égaré, n’aperçut pas la flamme cruelle de ses yeux.

— Alors, voulez-vous me faire une grâce ?…

— Dépêchez-vous, je vais m’habiller.

— Laissez-moi… laissez-moi vous embrasser !…

— Mais… mais… enfin, allez-y !

Il lui tendit machinalement sa chair tiède, son cou adorable et fin. Et d’Herserange, grisé, qui avait avancé de respectueuses et timides lèvres, l’embrassait comme un fou.

— Allons ! assez, n’est-ce pas, mon brave homme !

— Merci, mon cher petit aimé, mon adoré, mon unique éphèbe ! Oh, votre peau qui sent la fraise, les bois, le printemps, le foin en fleurs !

— C’est entendu : la peau, sans phrase. Quant au foin, allez en manger bien vite et laissez-moi seul. À tout à l’heure, grave diplomate. Et, d’un air détaché : Si je vous ai plu, dites-le donc à Skotieff. Il vous félicitera, le jeune prince…

 

Enfin libre ! la nuit est tout à fait venue et dans la chambre sombre où seul un grand miroir luit, Lyllian se sent subitement pris d’une nostalgie intense, d’un grand besoin d’amour. Qu’a-t-il rencontré jusqu’ici ? Des égoïstes épris de sa seule beauté, de sa seule jeunesse et qui l’ont façonnée à leur image, lui donnent leurs vices et leurs désirs, leurs remords et leurs rancœurs !

Misère ! Oh, rencontrer celui ou celle qui viendra sans arrière-pensée et sans vilains calculs, avec un geste simple, avec un seul sourire… La vie n’est pas seulement une souffrance, voyons ! Elle peut être une joie ! Quand on a tout, quand il ne vous manque rien pour réaliser son bonheur et même celui des autres, il est impossible que sur la route on ne fasse pas, au moins une fois, la halte au paradis.

Et, s’approchant à pas de loup, comme si la lune pouvait le voir, s’approchant du miroir qui reflète l’ombre et sa silhouette fine, il regarde avec inquiétude, et avec un peu d’intérêt aussi, cette jolie image d’un petit faune qui fuit les nymphes…

Mais bah ! il faut s’habiller pour ce soir, choisir quelle chemise légère et quel gilet de soie il vêtira… et soudain redevenu lui-même, évaporé et gracieux, il fait une pirouette et oublie…