Mes paradis/Dans les remous/Que tu sois putain ou pucelle


XX


Que tu sois putain ou pucelle,
Cœur de lys ou cœur d’artichaut,
Viens çà, ma fille, il ne m’en chaut,
Puisque ton beau rire étincelle.

Même laveuse de vaisselle,
Viens ! J’ai l’âme comme un cachot,
Triste et froide, et la tienne a chaud
Comme le creux de ton aisselle.

Ton lit soit public ou sacré,
Qu’importe ! J’y reposerai.
Éteins le cierge ou la camoufle ;

Bouge ou temple, mets le verrou ;
Et dormons souffle contre souffle
Comme deux bêtes dans leur trou.