Mes paradis/Dans les remous/Mais qui leur chantera l’annonce des matins


XCIII


Mais qui leur chantera l’annonce des matins,
À ceux qui vivent sous des ténèbres d’éclipse ?
L’éleusiaque arrêt, la claire Apocalypse,
Qui leur en ouvrira les huis adamantins ?

En ce temps de ferveur âpre et de cris lointains,
Malheur au sourd-muet du moi, honte au solipse !
Non. Claironne sans peur, et parle sans ellipse.
Dévoile Isis. Que tous boivent à ses tétins !

Debout ! J’ai vu le jour. Il est proche, vous dis-je.
Mes frères, avec moi courez vers ce prodige.
Je ne veux pas jouir de l’aurore tout seul.

Sous vos réveils cruels qu’importe si je tombe !
Réveillez-vous ! J’aurai l’aurore pour linceul
Et le dieu nouveau-né pleurera sur ma tombe.