Mes paradis/Dans les remous/La vie ! Une chambrée. On ne peut à l’écart


LXXV


La vie ! Une chambrée. On ne peut à l’écart
Y vivre. L’un à l’autre on s’y rend des services.
Sinon, tu subiras brimades et sévices,
Et, blessé, tu n’auras personne à ton brancard.

Avec les vieux troupiers on devient un brisquart.
On demeure un conscrit à suivre les novices.
Tu veux dominer l’homme ? Apprends d’abord ses vices.
Joue au tripot, bois au bouge, couche au bocart.

Mais ton cœur se soulève à cet apprentissage ?
Soit ! Renonce au bâton de maréchal, sois sage,
Fais ton congé parmi les humbles, les souffrants,

Sans espoir d’avancer reste un pioupiou du centre,
Pauvre chair à canon bonne à serrer les rangs,
Et meurs comme un melon, la graine dans le ventre.