Mais ces justes martyrisés,
Comment les forcer à se taire ?
Si du droit que tous méprisez
Je m’estime le mandataire,
Je le serai, farouche, austère,
Dussé-je, perchoir de corbeau,
Pendre à la corde gibélaire !
J’ai le cœur des gueux pour tombeau.
Tes lèvres ont soif de baisers,
Misérable, errant, grabataire.
Aux maudits de haine embrasés
Je serai l’eau qui désaltère.
Pour le pauvre et le prolétaire
Lutter, seul contre tous, c’est beau.
Leur droit soit mon saint ministère !
J’ai le cœur des gueux pour tombeau.
Bastille aux donjons rasés,
Rouvre-moi ton hideux mystère !
À l’œuvre, bourreaux ! Écrasez
Ce fou têtu qui déblatère !
Je cracherai comme un cratère,
J’éclairerai comme un flambeau.
Qu’importe ma mort solitaire !
J’ai le cœur des gueux pour tombeau.
ENVOI
Prince, ma peau de réfractaire,
Fais-en, dans un rouge lambeau,
Le tambour du droit sur la terre.
J’ai le cœur des gueux pour tombeau
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