Mes paradis/Dans les remous/Ballade du ciel de lit


XXIV

BALLADE DU CIEL DE LIT


On boit quand on a soif. On mange
Quand on a faim. Il faut aussi
Se gratter quand ça vous démange.
Vous m’entendez de reste. Ainsi,
Sans avoir peur qu’on soit roussi
Dans un monde qui n’est point nôtre,
Amusez-vous dans celui-ci.
Le ciel de lit vaut mieux que l’autre.

Quelle est cette volaille étrange
Qui plane en votre ciel transi ?
Il faut être ça pour être ange ?
Eh bien ! je n’en veux pas, merci.
Mon ange est la garce. Et voici :

Il ne plane pas, il se vautre,
Moins éthéré, mais plus farci.
Le ciel de lit vaut mieux que l’autre.

Mais il se vautre en pleine fange !
Bah ! c’est là mon moindre souci.
Quand mes draps sont sales, j’en change.
Essayez, ça m’a réussi.
Sans faire tant le rétréci,
Prenez une putain, la vôtre
Ou la mienne, et vous verrez si
Le ciel de lit vaut mieux que l’autre.

ENVOI

Prince, votre œil s’est adouci.
La nuit vient. Ah ! Le bon apôtre !
Où courez-vous ? — Mais non. — Mais si.
Le ciel de lit vaut mieux que l’autre.