Mes paradis/Dans les remous/Ballade de l’hirondelle


XXXI

BALLADE DE L’HIRONDELLE


L’hirondelle, oiseau de romance
Banal au bout des mauvais vers,
Est la reine du ciel immense.
Mais, malgré sa course à travers
Mille et un mondes découverts,
Malgré ses vagabonds coups d’aile
Aux plus lointains diables vauverts,
Elle n’a qu’un nid, l’hirondelle.

Son vol va, vient et recommence.
« Elle a la cervelle à l’envers !
« C’est la débauche et la démence !
« Elle aime donc tout l’univers ! »
Disent colimaçons et vers.

Sur elle prends plutôt modèle,
Bourgeois rampant, triste et pervers.
Elle n’a qu’un nid, l’hirondelle.

Sans doute, à l’heure d’inclémence
Où de la neige en menus-vairs
Choit la froide et molle semence,
L’hirondelle a fui nos hivers.
Mais du pays des vétivers
Toujours elle revient fidèle
Au même coin des volets verts.
Elle n’a qu’un nid, l’hirondelle.

ENVOI

Prince, entre tant d’amours divers,
D’un seul bâtis la citadelle
Où l’on t’accueille à bras ouverts.
Elle n’a qu’un nid, l’hirondelle.