Maximes et Pensées (Chamfort)/Édition Bever/Notes et Variantes

Texte établi par Ad. Van BeverG. Crès & Cie (p. 251-260).


NOTES ET VARIANTES



Page XII. Note, ligne 4 : « La première partie de ces Notes et Anecdotes… figure également dans l’édition des Œuvres complètes… publiée par P.-R. Auguis… » Elle est suivie d’un autre article fort remarquable (Variétés), emprunté au même Journal de Paris, daté du 12 germinal, an III, mais non signé. Cet article, qu’on ne peut attribuer à Rœderer, est le complément du premier. On y relève des anecdotes caractéristiques qui prouvent que son auteur vécut dans la familiarité du moraliste. Nous en détachons ce portrait singulier : « Je l’ai connu, dès la jeunesse, ce Chamfort ; et je doute beaucoup qu’il fut digne d’être misanthrope à quarante ans, si, pour en avoir le droit, il faut avoir aimé les hommes. Il n’aima jamais que Chamfort ; c’était un homme habile à lancer un trait d’esprit acéré, comme une arbalète chasse une flèche…

« Chamfort fut toujours [craint] ; sa figure était charmante dans la jeunesse ; le plaisir l’altéra étrangement, et l’humeur finit par la rendre hideuse. Il ne montra d’abord que de la gaîté, et seulement un petit germe de méchanceté ; mais ce germe ressemblait au plus petit des grains qui devient un arbre : il ombragea toute sa vie… »

Page XVIII, ligne 5 : « Chamfort perdait lui-même sa fortune par le décret de la veille… » On sait qu’il était pensionné par l’ancien régime. Dans un état annoté des demandes de gratifications sollicitées à la cour par divers gens de lettres et publié par Charles Asselineau, d’après des Mélanges curieux et anecdotiques (Cf. Bulletin du Bibliophile, 1861), on lit ce qui suit : « M. de Champfort (sic), auteur de Mustapha et Zéangir et de plusieurs autres ouvrages de mérite, espère que le ministre voudra bien proposer pour lui au roi une pension de 3.000 fr. » — et, à la suite, cette apostille attribuée au contrôleur des finances, ou à l’un de ses subordonnés : « 2.000 fr. ».

Page XXVII, Note 1, l. 4 : Pensées, 79. Ce chiffre renvoie au tome I de l’édition Ginguené.

Page XXXI, ligne 8 : « Chamfort était fils d’un chanoine de la Sainte Chapelle… » Il naquit à Clermont, en Auvergne, paroisse Saint-Genès, le 6 avril 1740, et prit, tout d’abord, les noms de Sébastien-Roch Nicolas. Son acte de naissance a été publié dans L’Amateur d’autographes (1870, p. 138).

Page XXXIII : Avertissement du premier éditeur. Cette curieuse notice de Ginguené n’a pas été reproduite, mais simplement résumée, au cours de la préface d’Auguis (Œ. C. t. II).

Page XXXVII, ligne 5 : « J’exhorte au nom de l’amitié… ceux qui peuvent posséder ce trésor à ne le pas enfouir… » L’appel adressé par Ginguené ne fut malheureusement point entendu. On n’a rien retrouvé des papiers de Chamfort, sauf ceux qui constituèrent les Maximes et Pensées, les Anecdotes et Caractères, ainsi que les Petits Dialogues Philosophiques et les additions données par M. de Lescure. L’édition publiée par Auguis, en 1824, la plus complète de toutes, ne contient, en effet, outre les ouvrages révélés par Ginguené, que des essais et divers écrits empruntés à des publications collectives, tel l’ancien Mercure de France.

Page 9, ligne 9 : Mandeville. Lisez : Bernard de Mandeville (1670-1733), auteur d’un singulier ouvrage : The Fable of the Bees. (La Fable des Abeilles), publié en 1723.

Page 10, ligne 4 : Cherin. Sans doute Bernard Cherin, généalogiste des ordres du roi, mort à Paris, le 21 mai 1785.

Page 21, ligne 5 (voir également p. 52, ligne 19) : B[o]yle… Le texte des premières éditions porte : Bayle. Nous avons adopté la correction proposée par M. de Lescure. On lit dans les notes des Œuvres Choisies, t. I, p. 269 : « Il s’agit de Robert Boyle, célèbre physicien et chimiste anglais, né à Limore, en Irlande, le 25 janvier 1626, mort à Londres, le 30 décembre 1691. Il naquit l’année même de la mort de Bacon. » Le nom de Pierre Bayle, l’illustre auteur du Dictionnaire historique, pouvait être également admis. On sait la place qu’il tint par ses idées et par ses ouvrages, annonçant la philosophie de Voltaire et préparant les doctrines de l’Encyclopédie.

Page 45, CXXXII : « Du bois ajouté à un acier pointu… » M. de Lescure a cru devoir reproduire deux fois cette pensée, en la faisant suivre d’un commentaire dont nous détacherons l’essentiel. « Chamfort, dit-il, a évidemment voulu indiquer par cette image ce que l’esprit ajoute de légèreté et de portée à l’arme de la plaisanterie. Sa rédaction primitive était celle-ci : « Deux plumes attachées à un acier pointu font une flèche de l’arme qui n’eut qu’un dard. » C’est ainsi, ajoute-t-il en substance, qu’il revient à la même idée, à propos de l’influence de l’amour-propre sur la volonté et sur l’art d’aiguiser et de perfectionner notre énergie.

Page 114, ligne 18. M. de la Borde… Ce nom nous est fourni par Lescure. Les textes primitifs portent seulement M. de la B… Il s’agit vraisemblablement de Jean-Benjamin de la Borde, né à Paris, le 5 septembre 1734, premier valet de chambre de Louis XV, et fermier général, mort sur l’échafaud, le 22 juillet 1794. Polygraphe, musicien et bibliophile, il a laissé de nombreux ouvrages recherchés uniquement pour leur présentation somptueuse, tels un choix de Chansons mises en musique (Paris, 1773, 4 vol. in-4o) et un Essai sur la Musique ancienne et moderne (Ibid., 1780, 4 vol. in-8o.) On lui doit également un recueil de Maximes et Pensées, publié en 1791 et réimprimé en 1802, avec une notice sur l’auteur.

Page 116, CCCXXXIV : « Je regarde comme un grand bonheur que l’amitié fut déjà parfaite entre [M. de] M… et moi… » Il s’agit ici de Mirabeau. Voyez dans l’édition Auguis (V., pp. 353-418) les lettres que le grand tribun adressa à Chamfort. Elles sont au nombre de XI, et il est infiniment regrettable que nous ne possédions point les réponses de ce dernier.

Page 136, CDIII : « Les femmes ne donnent… » Dans l’édition Ginguené, cette pensée est liée à la suivante et les deux n’en font qu’une seule.

Page 153, ligne 13 : Heusippe. Dans l’édition Auguis, que corrige le texte de Lescure, on lit ce nom : Xentippe.

Page 186, Note, ligne 10 : « Les vingt-sept autres… nous paraissent également nouvelles… » En réalité, ce ne sont point XXVII, mais XLIV « maximes et pensées » qu’on trouve insérées, en majeure partie, et pour la première fois, mais sans désignation aucune, dans l’édition Lescure. Nous avons écarté XVII de ces pièces, les unes faisant double emploi avec celles qui précèdent, les autres appartenant à la série des Caractères et Anecdotes, qui, nous l’avons dit, feront l’objet d’un prochain volume. C’est là qu’on les lira. Parmi ces dernières, il nous faut mentionner deux proverbes italiens dont l’invention n’appartient pas à Chamfort[1]. Par contre, nous avons dû rétablir à leur place XIII pensées que le précédent éditeur avait un peu arbitrairement insérées parmi les Anecdotes.

Page 205 : Petits Dialogues Philosophiques. La première série de ces compositions figure également au tome I de l’édition Auguis, p. 319.

Page 239 : Qu’est-ce que la Philosophie ? Cette fiction a été publiée pour la première fois par Auguis (Œuvres complètes, III, p. 451).


Ainsi que nous l’avons annoncé dans notre Avant-Propos, nous avons reproduit le texte de l’édition établie par Ginguené, en l’an III. Une lecture attentive nous a permis de corriger quelques fautes graves, d’unifier la graphie et d’améliorer la ponctuation trop souvent défectueuse de cette version originale. Nous n’avons fait en cela que nous conformer à la méthode des deux derniers éditeurs, Auguis et M. de Lescure, bien que nous n’ayons pas cru devoir modifier totalement, comme l’un, la dite ponctuation, ni, comme l’autre, le caractère orthographique de l’ouvrage. On trouvera ci-après quelques variantes relevées, le plus souvent, dans l’édition de Lescure, laquelle, — nous voulons le croire, — reproduit fidèlement la leçon des manuscrits de l’auteur. Pour faciliter l’intelligence de ces notes, nous désignons de la sorte les éditions qui ont servi de base à notre travail : G. (éd. Ginguené); L. (éd. Auguis); L. (éd. Lescure). Nous ne ferons pas figurer ici les changements de ponctuation observés dans le texte d’Auguis ; ils sont nombreux, uniformes, mais peu importants. En voici un exemple entre cent. Ginguené imprime : « Au moral et au physique, tout est mixte. Rien n’est un… » Auguis publie à son tour : « Au moral et au physique tout est mixte ; rien n’est un. » On sait, d’autre part, que Ginguené abusait des majuscules et que Lescure rétablissant l’orthographe ancienne, écrit j’étois, pour j’étais, On admettra que nous n’avions pas à les imiter.

Page 7, ligne 20 : Les fripons… Var. (A.) Des fripons…

Page 27, ligne 6, pour toute ressource… Var. (L.) : pour seule ressource…

Page 36, XCIX : « elle peut emporter la pluralité des suffrages, » Dans les Notes qui accompagnent le texte de son édition, Lescure nous fournit, d’après les papiers de l’auteur, la variante qui suit : « La prétention la plus absurde et la plus injuste qui serait sifflée dans une assemblée d’honnêtes gens, peut devenir la matière d’un procès, et dès lors être déclarée légitime ; car tout procès peut se perdre ou se gagner : de même que, dans les corps, l’opinion la plus folle et la plus ridicule peut être admise, et l’avis le plus sage rejeté avec mépris. Il ne s’agit que de faire regarder l’un ou l’autre comme une affaire de parti, et rien n’est si facile entre les deux partis opposés qui divisent presque tous les corps. » (I, 269.)

Page 39, ligne 12 : Le cadre l[a] déparerait… Var. (L.) : Le cadre les déparerait…

Page 49, ligne 2 : L’amour-propre d’un cœur généreux, et, en quelque sorte… Var. (A. et L.) : L’amour-propre d’un cœur généreux est, en quelque sorte…

Page 64, ligne 6 : Soit qu’ils aient été ministres… Var. (L.) : Soit qu’ils aient été premiers ministres…

Page 64, ligne 20 : et on n’en jure pas moins… Var. (L.) : et l’on n’en jure pas moins…

Page 68, ligne 24 : Pour ne pas être méprisé comme acteur… Var. (L.) : Pour ne pas être méprisé comme un mauvais acteur…

Page 71, ligne 10 : ou bien oublient… Var. (A.) : ou bien qui oublient…

Page 77, ligne 2 : Souhaitez-vous de lui inspirer… Var. (A. et L.) : Souhaitez-vous lui inspirer…

Page 79, ligne 2 : On se dit… Var. (L.) : On dit…

Page 86, ligne 10 : que pour ce que tu vaux… Var. (L.) : que ce que tu vaux…

Page 87, ligne 18 : Vous enseigne l’anglais en quarante leçons… Var. (L.) : Vous enseigne l’anglais en quatre leçons…

Page 97, ligne 14 : … de l’espionnage. Souvent dans… Var. (L.) : de l’espionnage souvent. Dans…

Page 97, ligne 16 : à un homme habile… Var. (L.) : à un habile homme

Page 106, ligne 1 : Les Moralistes, ainsi que les Philosophes… Var. (L.) : Les Moralistes ainsi que les femmes philosophes

Page 107, ligne 20 : et s’[en]noblit. Le texte des premières éditions porte : s’anoblit.

Page 109, ligne 19 : prend pour l’Humanité et pour la Société un mépris… Var. (L.) : Prend pour l’Humanité un profond mépris…

Page 110, ligne 4 : Si elle marque de plus les minutes… Var. (L.) : Si elle marque de plus les secondes

Page 123, ligne 5 : Vous verriez que cela n’est pas trop honnête… Var. (A.) : Vous verriez que cela n’est pas très honnête…

Page 146, ligne 15 : Il est clair qu’il ne peut y être porté… Il faut qu’il choisisse entre le rôle, etc.

Nous avons adopté la leçon d’Auguis ; dans la 1re édition, ainsi que dans celle de Lescure, le texte est au pluriel.

Page 158, ligne 13 : Ayant donné plusieurs conseils utiles… Var. (L.) : et ont donné plusieurs conseils utiles…

Page 158, ligne 16 : Hors de France… Var. (L.) : Hors en France…

Page 161 : De l’esclavage et de la liberté. De la France, etc. Le texte d’Auguis porte ce titre erroné : De l’esclavage et de la liberté de la France, etc.

Page 181, ligne 18 : Mais pour un homme d’esprit… Var. (L.) : Mais pour homme d’esprit…

Page 199, ligne 16, « et je tiens ma langue vermeille. » Le manuscrit ajoute, selon Lescure : « et mon urine bien briquetée. »

Page 222. Dialogue XLVI. Dans les éditions Auguis et Lescure, il y a une interversion des personnages. M. de B. devient, ainsi que dans le Dialogue XLV, M. de L., et Madame de L. prend le nom de Madame de B. Le piquant du tableau, quand on le rapproche du précédent dialogue qu’il complète, en semble atténué. Le texte débute de la sorte : M. de L. — Ah ! ma chère amie, etc. — Madame de B. — Comment ?…

Ad. B.
  1. Voici ces deux proverbes : I. « Il pastor romano non vuole pecora senza lana. » II. « Chi manga facili, caga diavoli. »