Martin l’enfant trouvé ou les mémoires d’un valet de chambre/I/17

XVII


CHAPITRE XVII.


amour paternel.


Quelques instants se sont écoulés depuis le terrible aveu fait par Raphaële à Mme Wilson, aveu complété par une explication donnée d’une voix mourante par la jeune fille.

Un mot sur Mme Wilson avant de poursuivre ce récit.

Cette femme idolâtrait sa fille ; les preuves de cette idolâtrie, de ce dévoûment aveugle, passionné, nous dirions presque héroïque… abonderont tout-à-l’heure.

Les gens qui connaissent ce qu’on appelle le monde et qui l’ont vu tel qu’il est, tel que les conséquences, tel que les nécessités de l’ordre social actuel l’ont fait, trouveront le langage de Mme Wilson, à l’endroit de la séduction de Bruyère par Scipion, déplacé peut-être dans la bouche d’une mère parlant à sa fille ; mais en soi, rigoureusement, conforme aux idées, aux mœurs, aux habitudes, aux traditions de ce monde.

En peignant à Raphaële la société sous des couleurs si crues, Mme Wilson avait ses raisons, et ces raisons étaient, à son point de vue, excellentes.

La passion que Scipion Duriveau avait inspirée à Raphaële était née et arrivée à son paroxysme pendant un voyage que Mme Wilson avait été obligée de faire en Angleterre, au sujet de quelques créances laissées par son mari, banquier américain, mort en état de faillite. Mme Wilson n’avait donc pu défendre sa fille contre une passion si folle, si éperdue, qu’au retour de sa mère, Raphaële était mourante,… et mourante de cette passion…

À cette époque, il ne s’était plus agi pour Mme Wilson d’examiner, de discuter si l’objet de cet amour insensé en était digne. Avant tout, elle avait voulu sauver la vie de sa fille en la mariant au vicomte Duriveau. Ce mariage présentait des difficultés incroyables ; il fallut, pour les surmonter, toute l’adresse, toute la puissance de volonté de Mme Wilson… il fallut surtout qu’elle se résignât à un sacrifice admirable…

Enfin, Mme Wilson était trop fière de l’adorable beauté de Raphaële, trop convaincue de ses rares qualités, pour ne pas leur supposer une irrésistible influence, et croire que Scipion cachait un amour véritable sous une apparence de froideur calculée, et puis enfin Raphaële l’aimait à en mourir ; Mme Wilson devait donc à tout prix calmer les craintes de sa fille et la rassurer sur l’avenir d’un amour qui était toute sa vie.

Telle avait été la ligne de conduite de Mme Wilson envers Raphaële jusqu’à ce moment, où celle-ci venait de lui faire un si pénible aveu, aveu bientôt complété par les révélations suivantes :

Quelques jours avant de partir de Paris pour la Sologne avec sa mère, Raphaële, profitant d’un moment de liberté, avait cédé aux instances passionnées de Scipion, et était allée au rendez-vous qu’il avait donné…

Un assez long espace de temps s’était écoulé depuis ces tristes aveux.

Raphaële et sa mère restaient silencieuses, mornes, accablées.

Mme Wilson, accoudée sur le bras d’une chaise longue, semblait en proie à une douleur profonde ; elle attachait sur sa fille un regard rempli de tristesse, de pitié, d’amour et de pardon…

Raphaële, pâle, la tête baissée, les yeux fixes, les mains croisées sur ses genoux, semblait inerte, insensible ;… de temps à autre, de grosses larmes coulaient silencieusement sur ses joues blanches et froides comme le marbre.

— Raphaële, — dit tout-à-coup Mme Wilson, — Écoute-moi,… ma pauvre enfant…

À ces mots, qui disaient l’indulgence, la tendresse infinies de sa mère, la jeune fille tressaillit et couvrit les mains de Mme Wilson de larmes et de baisers.

— Relève-toi,… calme-toi,… mon ange,… j’ai moi-même grand’peine à contenir mon émotion… Ayons du courage,… parlons de toi,… parlons de nous…

— Je vous écoute, ma mère, — dit Raphaële en tâchant de contenir ses larmes.

— Nous sommes, vois-tu, deux femmes seules, isolées ; nous ne pouvons prendre conseil que de nous-mêmes, tu sais ce que nous pouvons attendre de ton oncle… C’est à nous seules, chérie, à prendre une résolution pour l’avenir… Tu as dit vrai… Dieu m’a punie de la cruauté avec laquelle j’ai parlé de cette pauvre fille des champs… Dieu m’a punie… Mais qu’il ne punisse que moi, et je le bénirai… Il y a un instant, les doutes sur l’amour de Scipion me paraissaient peu fondés… à cette heure, ils me paraissent insensés, car maintenant je m’explique la froideur apparente de Scipion :… cette froideur il se l’imposait dans votre intérêt à tous deux.

— Ah ! ma mère… — répondit Raphaële avec abattement, — à la vue de ce pauvre petit enfant mort, qui était le sien,… le regard de Scipion est resté sec et arrogant… Cela m’épouvante… Cela me fait douter de son cœur, et pourtant je sens que toujours je l’aime ; lui à présent le maître absolu de mon honneur, comme il l’est de mon cœur. Oh ! c’est affreux à penser !… Si à cette heure il manquait à sa parole… Si le mépris… l’abandon…

— Pour toi ? le mépris… l’abandon ;… mais je serais donc morte alors ! — s’écria Mme Wilson avec une incroyable énergie. — Oh ! non, non, rassure-toi, mon enfant, Scipion tiendra sa promesse… il la tiendra parce qu’il t’aime… il la tiendra… parce qu’il faut qu’il la tienne… parce qu’il n’y a pas de puissance humaine, vois-tu ?… qui puisse maintenant s’opposer à ce mariage…

— Ah ! ma mère, si vous saviez l’inflexibilité du caractère de Scipion… Oh ! s’il ne m’aime plus, rien ne l’empêchera de m’abandonner, — murmura la jeune fille avec un abattement douloureux.

Les anxiétés de Raphaële, l’altération croissante de ses traits déchiraient le cœur de Mme Wilson. Elle connaissait l’excès de sensibilité de sa fille, que cet amour avait déjà failli tuer. De plus en plus effrayée de l’abattement de cette infortunée, voulant à tout prix lui donner foi dans l’avenir en lui dévoilant le passé, elle se résigna à une révélation jusqu’alors tenue secrète par la modestie de son dévoûment maternel.

Après un moment d’hésitation, s’adressant à Raphaële :

— Réponds-moi, mon pauvre ange… Avant ce jour où, éperdue, insensée, tu es allée chez Scipion,… on t’aurait dit : Renoncez à cet amour ?…

— Je serais morte…

— Aujourd’hui,… on te dirait : Il faut renoncer à cet amour, à ce mariage…

— Je mourrais à la fois et d’amour et de honte.

— Oui,… je le crois, je le sais, tu mourrais d’amour et de honte ;… mais je ne veux pas que tu meures, moi, et pour que tu vives, il me faut te rassurer ; et, pour te rassurer, il me faut te prouver que rien au monde ne peut s’opposer à ton mariage… pas même la volonté de Scipion… entends-tu bien ? il me faut enfin te prouver que si, pour assurer cette union, j’ai fait, je puis le dire, l’impossible…

— Vous, ma mère ?

— Oui… et alors, tu le vois, le possible, à cette heure, ne sera qu’un jeu pour moi… Ceci t’étonne, pauvre chérie ; je vais tout te dire,… non sans regret,… car tu devais toujours ignorer…

Puis, après une pause, Mme Wilson reprit avec orgueil :

— Et pourquoi rougirais-je… de t’avouer ce que l’amour maternel m’a inspiré de généreux ?… Écoute-moi donc. J’avais quitté Paris, tu le sais, dans l’espoir de recouvrer en Angleterre des créances contestées en suite de la mort et des fâcheuses affaires de ton père ; la somme que je réclamais était très-importante ; l’obtenir, c’était t’assurer une dot considérable ; et, par ce temps de cupidité, cela devait, selon moi, importer beaucoup au bonheur de ton avenir. À mon arrivée en Angleterre le hasard me mit en rapport avec sir Francis Dudley, intéressé dans les réclamations que je venais soutenir… Loyauté chevaleresque, délicatesse exquise, esprit charmant, noble cœur, grand caractère, sir Francis réunissait tout ce qui peut commander l’estime et l’affection. Je dus le voir souvent pour défendre auprès de lui des intérêts qui étaient les tiens… Que te dirai-je, mon enfant ? À nos relations toutes sérieuses succéda une vive amitié… puis un sentiment plus tendre… dont j’étais heureuse et fière, car je le partageais, et je me sentais digne de l’homme qui me l’inspirait… Sir Francis Dudley était libre… je l’étais aussi…je ne te dis pas toute la part que ton avenir avait dans nos projets de mariage… Mais à quoi bon maintenant ces souvenirs ? — ajouta Mme Wilson avec un sourire mélancolique, — tout ceci n’est plus qu’un vain et heureux songe…

— Et pourquoi, mère, parler de ce passé comme d’un songe ? — dit Raphaële aussi surprise que touchée de cette confidence.

Mme Wilson secoua tristement la tête ; et comme si elle eût voulu échapper à des souvenirs pénibles, elle ajouta, en embrassant tendrement sa fille :

— Parlons de toi, chérie… Durant ce voyage, je recevais, tu le sais, chaque jour une lettre de toi ; tout-à-coup, tes lettres me manquent ;… ta tante m’écrit ; par elle la nouvelle de ta maladie m’arrive comme un coup de foudre… Je pars,… j’arrive : tu étais mourante…

— Ô ma mère !… tu aimais…… et tu es venue ;… je comprends maintenant le sacrifice que tu m’as fait !…

— Si je me suis dévouée pour toi, mon enfant, tu ne connais pas encore mon sacrifice… J’arrive,… je te trouve mourante ; tu me fais l’aveu de ta folle passion… Éperdue, voulant te faire vivre à tout prix,… je te promets de le marier à Scipion ;… l’espoir de ce bonheur, ton aveugle confiance dans ma parole, te causent une crise salutaire : tu renais, tu vis, tu es sauvée !… mais cette promesse, faite par moi dans le délire de la douleur, il me fallait la tenir ;… il me fallait t’unir à Scipion, ou tu retombais dans cet abîme de douleur et de mort dont je l’avais miraculeusement retirée par une promesse téméraire. Hélas !… je ne savais pas, pauvre ange, à quoi je m’étais engagée.

— Comment ?… mon mariage ?…

— Écoute… Une femme de mes amies connaissait intimement le père de Scipion, le comte Duriveau. Après un long entretien avec cette femme, je sortis désespérée ; ton mariage était impossible ; M. Duriveau voulait alors marier son fils à une héritière de trois millions de fortune, d’une très-haute naissance ; et comme j’avais fait observer à mon amie que le consentement de Scipion était au moins nécessaire…

— Eh bien ! ma mère ? — s’écria Raphaële.

— On me répondit que si je connaissais M. Duriveau, je saurais que, pour cet homme d’un caractère de fer, chose voulue était chose faite.

— Scipion consentait donc à ce mariage ! — s’écria douloureusement Raphaële. — Il me trompait déjà !…

— Non, non, il ne te trompait pas ; mais il ne voulait pas sans doute heurter tout d’abord de front la volonté de son père.

— Et tu m’avais caché cela, ma mère ?

— À quoi bon te le dire, je t’avais fait revivre en te promettant de te faire épouser Scipion ; ces craintes, ces anxiétés, ces doutes t’auraient tuée ; il me fallait te laisser ta foi aveugle à ma parole, à ma promesse.

— Ô ma mère !… ma mère !… — murmura la jeune fille comme accablée sous ces preuves d’attachement de sa mère…

— Je voulus personnellement connaître le comte Duriveau, — reprit Mme Wilson ; — je voulus juger par moi-même cet homme redoutable qui tenait entre ses mains, sans le savoir, la vie de ma fille. Cette amie dont je l’ai parlé me fit rencontrer avec le comte…

— Et alors… ma mère ?

— Trois mois après cette entrevue, — dit Mme Wilson sans chercher à cacher cette fois l’orgueil de sa joie maternelle, — le comte Duriveau, après avoir rompu brusquement l’union certaine qui flattait tant sa vanité, venait te demander en ma présence si tu voulais agréer Scipion pour ton mari.

— Et ce changement soudain… comment est-il venu ?

— Parce que j’ai su me faire aimer du comte Duriveau, — dit simplement Mme Wilson.

— Aimer du comte Duriveau ! — s’écria Raphaële.

— Aimer,… éperdument,… car, après deux mois d’une cour assidue,… il me suppliait d’accepter sa main, sa fortune,… j’acceptai…

— Vous, ma mère ? — dit Raphaële avec stupeur.

— Mais à une condition, c’est que ton mariage avec Scipion serait célébré en même temps que mon mariage avec le comte…

Après un nouveau mouvement de surprise si profonde que la jeune fille resta silencieuse, elle s’écria en se jetant au cou de Mme Wilson :

— Ah ! ma mère, je comprends tout maintenant,… je comprends le sacrifice douloureux, immense, que vous m’avez fait,… pour assurer mon mariage ;… vous avez renoncé… à cet amour dont vous vous souvenez avec tant de bonheur et tant d’orgueil ;… vous allez épouser un homme que vous n’estimez pas,… que vous haïssez peut-être,… et c’est pour moi…

— Non,… non, mon ange,… détrompe-toi, — dit Mme Wilson afin de calmer les scrupules de sa fille, — rassure-toi,… je suis sincèrement attachée à M. Duriveau : n’a-t-il pas d’abord assuré ton bonheur ? cela ne lui mérite-t-il pas à jamais ma reconnaissance ?… Puis, — ajouta Mme Wilson avec un léger embarras, car le mensonge répugnait à cette âme loyale, — je te l’avoue, j’ai vu avec joie que mon influence sur le comte a été salutaire :… ce qu’il y avait d’âpre, de dur, dans son caractère, s’est effacé peu-à-peu… À son âge, vois-tu, et surtout avec l’ardente énergie de son caractère et de ses passions, l’amour opère bien des prodiges… rassure-toi donc sur mon sort,… mon enfant. Quant à toi, maintenant, — ajouta Mme Wilson en embrassant sa fille avec ivresse, convaincue de l’avoir absolument tranquillisée, rassurée, — crois-tu trouver assez de garanties pour la sécurité de ton avenir dans ma volonté, dans celle du comte enfin, et surtout dans l’amour sincère que Scipion ressent pour toi, amour à cette heure indestructible, sacré… car de cet amour dépend l’honneur d’une femme et l’honneur d’un homme ;… crois-tu enfin, pauvre ange, que si, comme je te le disais au commencement de cet entretien… j’ai pu l’impossible… en amenant le comte Duriveau à me demander ta main pour son fils, il ne me sera pas, à cette heure, facile de…

— Je te crois, je te crois, mère chérie ! — s’écria Raphaële en interrompant Mme Wilson.

Et le beau visage de la jeune fille rayonna d’espoir et de bonheur, elle se jeta au col de sa mère.

— Oh ! je te crois, j’aime à te croire, — reprit Raphaële ; — oui, tes bonnes paroles ont porté le calme, la confiance, le bonheur dans mon âme, et puis je suis heureuse, oh ! mille fois heureuse d’apprendre que je te dois autant,… d’apprendre les nouveaux sacrifices que tu m’as faits… cela m’impose tant d’obligations, de tendresse…

Quelques coups, discrètement frappés à la porte de la chambre de Mme Wilson, qui précédait l’appartement de sa fille, rompirent cet entretien.

— Qui est là ? — dit Mme Wilson en quittant la chambre de Raphaële.

— Moi,… Madame, — répondit derrière la porte la voix de Mlle Isabeau.

— Que voulez-vous, Isabeau ?

— Madame, c’est une lettre qu’on apporte de la part de M. le comte Duriveau ; c’est très-pressé ; on attend une réponse.

— Donnez… — dit Mme Wilson en ouvrant la porte à sa femme de chambre, — et voyez si ma fille n’a pas besoin de vous.

Et pendant que Mlle Isabeau se rendait auprès de Raphaële, Mme Wilson décacheta la lettre du comte.

— J’en étais sûre, — dit Mme Wilson en lisant cette lettre, — il est dans la plus grande anxiété… Que d’amour !… Que de passion !… À cet âge, avoir conservé autant de chaleur de cœur !… Comment se fait-il qu’en dehors de cet amour, qui le domine, il n’y ait, dans le comte, qu’égoïsme, cupidité, orgueil et audacieux dédain de tout ce qui n’est pas riche, noble ou puissant ?… Et cet homme a été bon ? il a obéi, dit-on, dans sa jeunesse, aux plus généreuses inspirations… Les temps sont bien changés, l’âge a durci, a bronzé cette âme, autrefois délicate et tendre.

Puis, continuant sa lecture, Mme Wilson ajouta lentement, et d’un air pensif :

— Je m’y attendais : il craint que la terrible scène de tantôt n’ait changé les intentions de Raphaële et les miennes… il me supplie, au nom de son amour, d’user de toute mon influence sur ma fille pour l’engager à pardonner à Scipion… Car, — ajoute le comte, — le bonheur de sa vie… son mariage avec moi, dépend de l’union de ma fille avec Scipion.

Et après une pause, Mme Wilson reprit en essuyant une larme furtive :

— Oh ! mes beaux songes d’or,… doux et chers souvenirs, avivés tout-à-l’heure encore…

Mais, s’interrompant, elle ajouta :

— Pas de faiblesses, pas de lâches regrets ; il ne s’agit pas de moi… Courage… Le comte… est d’ailleurs plus pressant que jamais,… il me supplie de fixer le 15 du mois prochain comme époque de notre mariage… Il le faut… Hier,… j’aurais hésité,… à hâter ce terme fatal qui, pour moi, ne doit arriver que trop tôt ;… Mais aujourd’hui,… — et Mme Wilson rougit comme s’il se fût agi de sa propre honte, — aujourd’hui,… la position de cette malheureuse enfant… m’ordonne de presser ce double mariage…

Puis, continuant de lire la lettre :

— À quel triste événement arrivé, ce soir même, le comte fait-il allusion ?… Il ne veut pas m’en instruire,… de crainte de m’impressionner trop vivement ;… mais demain, il me dira tout,… si je puis, comme d’habitude, le recevoir… Allons lui répondre…

Et Mme Wilson quitta sa chambre à coucher et passa dans un petit salon où elle écrivait d’habitude.

Mme Wilson terminait sa lettre au comte Duriveau, lorsque soudain Raphaële, pâle, demi-nue, égarée, entra dans le salon.

— Oh ! c’est affreux !… — s’écria la jeune fille, en se jetant dans les bras de sa mère, — Morte !…

— Mon Dieu !… qu’y a-t-il ?… Raphaële !… de quoi parles-tu ?…

— Cette jeune fille !… la mère de ce petit enfant qu’on a trouvé ce matin !… elle est morte !…

— Que dis-tu ?

— Elle s’est noyée !… on venait l’arrêter !…

— Mais comment sais-tu ?…

— Tout-à-l’heure,… un des gens du comte l’a dit à Isabeau.

— Plus de doute,… — s’écria douloureusement Mme Wilson, — c’est l’événement auquel le comte faisait allusion…

— Oh !… ma mère !… Dieu nous punit… cette mort !… c’est un présage !… — murmura la jeune fille.

Et elle tomba dans les bras de sa mère épouvantée.