Marchons en frère
Cahiers de la quinzaine (1p. 89-90).

MARCHONS EN FRÈRES

Air nouveau de P. Garreaud


Trop longtemps attisant les haines,
Divisant pour mieux asservir,
Des maîtres ont rivé nos chaînes ;
L’union va nous affranchir.
Dans les campagnes, dans les villes,
Sous le chaume, dans les palais,
Le tocsin des guerres civiles
N’aura plus d’échos désormais.

Bourgeois, soldats et prolétaires
Se sont enfin serré la main ;
Marchons en frères
Sous l’étendard républicain.

Nous sommes faits pour vivre ensemble,
L’harmonie est l’état normal ;
Allons, qu’un seul lien rassemble
Travail, talent et capital.
Qu’à l’œuvre désormais commune
Chacun apporte avec ardeur
L’un ses bras, l’autre sa fortune,
L’autre son génie et son cœur.

Notre société marâtre
À tous ne donne pas du pain ;
Il faut encor lutter, combattre
Contre la misère et la faim.
Mais des cœurs la haine s’efface
Comme l’ombre au lever du jour ;
Au banquet chacun aura place
Sous la nouvelle loi d’amour.

La guerre homicide et cruelle
N’exercera plus ses fureurs,
Et de la paix universelle
Nos fils savourant les douceurs,
Au foyer suspendront le glaive
Dont la rouille éteindra l’éclair ;
Et l’enfant qui joue et qui rêve
Dira : Mère, à quoi sert ce fer ?


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Au Mans, l’artillerie de la garde nationale était acquise tout entière aux opinions avancées ; elle élut mon père capitaine. Mais un vent de réaction commen