Manuel des principes de musique (Fétis)/R03

G. Brandus et S. Dufour (p. 21-25).
RÉCAPITULATION DU TROISIÈME CHAPITRE.


D. Les gammes qui commencent par , par mi, par fa, etc., sont-elles par leur nature même exactement semblables à la gamme qui commence par ut ?

R. Non.

D. En quoi consistent les différences de ces gammes et de celle qui commence par ut ?

R. Elles consistent dans l’ordre des distances des sons.

D. Quel est cet ordre dans la gamme d’ut ?

R. Les distances de la troisième note à la quatrième, c’est-à-dire de mi à fa, et de la septième à la huitième, c’est-à-dire de si à ut, est moitié plus petite que celles de ut à , de à mi, de fa à sol, de sol à la et de la à si.

D. Comment appelle-t-on les distances de mi à fa et de si à ut ?

R. Demi-ton.

D. Quel est le nom de la distance d’ut à , de à mi, de fa à sol, de sol à la et de la à si ?

R. Ton.

D. Chaque ton peut-il être divisé en demi-tons par des sons intermédiaires ?

R. Oui.

D. Pourquoi ne représente-t-on pas ces sons intermédiaires par des notes placées entre ut et , entre et mi, et ainsi des autres ?

R. Parce qu’il aurait fallu pour cela multiplier les lignes et les espaces de la portée, ce qui aurait rendu la lecture de la musique fort difficile.

D. En l’absence de notes pour ces sons intermédiaires, comment les représente-t-on dans la musique ?

R. En les considérant, suivant les circonstances, tantôt comme la note inférieure élevée d’un demi-ton, tantôt comme la note supérieure baissée d’autant, et en plaçant à côté de la note élevée un signe appelé dièse, ou à côté de la note baissée un autre signe appelé bémol.

D. Quelle est la forme du dièse ?

R. Celle-ci :

D. Quelle est la forme du bémol ?

R. Celle-ci :

D. Y a-t-il quelque signe pour indiquer que l’effet du dièse ou du bémol doit cesser, et que les notes sont rendues à leur signification naturelle ?

R. Oui ; ce signe est le bécarre, dont voici la forme :

D. Par quel moyen peut-on faire disparaître les différences des gammes qui commencent par des notes différentes ?

R. En élevant certaines notes par le dièse ou en baissant d’autres par le bémol, pour mettre les tons et les demi-tons dans le même ordre où ils sont dans la gamme qui commence par ut.

D. Expliquez cette opération.

R. Par exemple, si l’on veut faire la gamme qui commence par semblable à celle qui commence par ut, on rapproche la troisième note (fa) de la quatrième (sol), en mettant un dièse à la note fa, et l’on met aussi un dièse auprès de la septième note (ut) pour la rapprocher d’un demi-ton de la huitième. Par ce moyen les tons et les demi-tons de cette gamme sont rangés dans le même ordre que dans la gamme d’ut.

D. Donnez un exemple de gamme formée par l’emploi du bémol.

R. Si une gamme commence par fa, par exemple, le premier demi-ton devant se trouver entre la troisième et la quatrième note, il faut baisser d’un demi-ton cette quatrième note (si) par le moyen d’un bémol. À l’égard du second demi-ton, il se trouve naturellement entre la septième note (mi) et la huitième (fa).

D. Peut-on commencer une gamme par une note élevée ou baissée par l’effet du dièse ou du bémol ?

R. Oui.

D. Dans les tons où il y a beaucoup de dièses ou de bémols employés, cette multitude de signes ne rend-elle pas la lecture de la musique difficile ?

R. On évite l’embarras qu’ils pourraient causer à la vue, en les plaçant auprès de la clef. De cette manière, l’exécutant est averti que les notes posées sur les lignes ou dans les espaces où sont les dièses, doivent être élevées d’un demi-ton, jusqu’à ce que ces dièses soient supprimés par des bécarres. Il en est de même des bémols.

D. Dans quel ordre place-t-on les dièses auprès de la clef ? R. Le premier sur la ligne de fa, le deuxième à la place d’ut, le troisième à la place de sol, le quatrième sur la ligne de , le cinquième à la place de la, le sixième à la place de mi, le septième sur la ligne de si.

D. Dans quel ordre place-t-on les bémols auprès de la clef ?

R. Le premier sur la ligne de si, le deuxième à la place de mi, le troisième à la place de la, le quatrième sur la ligne de , le cinquième sur la ligne de sol, le sixième à la place d’ut, le septième à la place de fa.

D. Dans quel ton ou dans quelle gamme est la musique, quand il y a un dièse près de la clef ?

R. En sol.

D. Dans quel ton, quand il y en a deux ?

R. En .

D. Dans quel ton, quand il y en a trois ?

R. En la.

D. Dans quel ton, quand il y en a quatre ?

R. En mi.

D. Dans quel ton, quand il y en a cinq ?

R. En si.

D. Dans quel ton, quand il y en a six ?

R. En fa dièse.

D. Dans quel ton enfin quand il y en a sept ?

R. En ut dièse.

D. Dans quel ton ou dans quelle gamme est la musique quand il y a un bémol près de la clef ?

R. En fa.

D. Dans quel ton, quand il y en a deux ?

R. En si bémol.

D. Dans quel ton, quand il y en a trois ?

R. En mi bémol.

D. Dans quel ton, quand il y en a quatre ?

R. En la bémol.

D. Dans quel ton, quand il y en a cinq ? R. En bémol.

D. Dans quel ton, quand il y en a six ?

R. En sol bémol.

D. Dans quel ton enfin quand il y en a sept ?

R. En ut bémol.

D. Y a-t-il une méthode générale pour connaître le ton, à l’inspection des signes qui sont près de la clef ?

R. Oui ; la tonique se trouve une note plus haut que le dernier dièse, et trois notes plus bas que le dernier bémol.

D. Toutes les gammes sont-elles formées sur le modèle de la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut ?

R. Non ; celles qui sont faites sur ce modèle sont appelées gammes majeures ; mais il en est d’autres qu’on nomme gammes mineures.

D. En quoi celles-ci diffèrent-elles des autres ?

R. Le premier demi-ton se trouve entre la deuxième et la troisième note, au lieu d’être placé entre la troisième et la quatrième ; et la distance de la cinquième note à la sixième n’est que d’un demi-ton au lieu d’être d’un ton, comme dans les gammes majeures.

D. Les gammes mineures ne donnent-elles point lieu à quelque observation particulière ?

R. Il existe, en effet, dans la disposition de ces gammes, en montant et en descendant, une différence qui ne se trouve pas dans les gammes majeures .

D. En quoi consiste-t-elle ?

R. Pour faciliter les intonations, les distances des notes depuis la cinquième jusqu’à la huitième sont les mêmes en montant que dans les gammes majeures ; mais, en descendant, il y a un ton de la huitième note à la septième, un ton de la septième à la sixième, et seulement un demi-ton de celle-ci à la cinquième.

D. Donnez un exemple de cela.

R. La, si, ut, ré, mi, fa  ♯, sol ♯, la ; La, sol ♮, fa ♮, mi, ré, ut, si, la.