Manuel des principes de musique (Fétis)/Préface

G. Brandus et S. Dufour (p. 1-2).

PRÉFACE


Rien de plus difficile que d’écrire des éléments de musique où les faits soient établis dans un ordre rationnel, et qui donnent lieu à des déductions de principes généraux et lumineux. C’est sans doute aux difficultés excessives d’un tel travail qu’il faut attribuer les imperfections de tous les ouvrages qui ont été publiés sur ce sujet, et la multitude des livres de ce genre ; car si le but était atteint, il serait inutile de recommencer l’œuvre.

Les conditions d’un traité élémentaire des principes de la musique, destiné à l’instruction primaire, sont de réunir à beaucoup de simplicité dans le langage un ordre philosophique d’idées. Mais à peine a-t-on entrepris un travail de ce genre, qu’on sent le besoin d’employer alternativement les méthodes synthétique et analytique, et que la difficulté de les faire coïncider et d’être concis et clair fait naître le découragement. Je dois l’avouer, ces obstacles m’ont paru si considérables, que, de tous mes ouvrages, celui-ci m’a coûté le travail le plus laborieux. Ai-je triomphé de toutes les difficultés ? Des professeurs de grand mérite se sont prononcés pour l’affirmative depuis la publication de la première édition de mon ouvrage.

Deux méthodes, qui ont leurs avantages et leurs inconvénients, sont également usitées dans l’enseignement : l’une emploie le langage d’exposition, l’autre la forme dialoguée. Il m’a paru qu’il était possible de les réunir, en évitant leurs défauts et profitant de ce qu’elles ont de bon. Dans le langage d’exposition, qui est employé ici au commencement de chaque chapitre et sur chaque matière, c’est le maître qui enseigne ; dans la forme dialoguée, c’est l’élève qui rend compte de ce qu’il a appris : il est donc convenable que le dialogue suive l’instruction, et qu’il en soit le résumé. Ce sont ces considérations qui m’ont déterminé à donner à mon livre la forme qu’on lui voit. Les deux méthodes réunies forment en quelque sorte un enseignement double dont on a reconnu les avantages. Bien que cette double forme m’ait obligé à faire le livre plus étendu que si je n’en avais employé qu’une seule, je crois l’avoir fait aussi petit qu’il était possible, et la concision me paraît être au moins la qualité qui le recommande.