, Léon Wouters
Union des Villes et Communes belges (p. 123-132).


26. L’USAGE DE LA BIBLIOTHÈQUE. LE PRÊT.

261. Rapports avec le lecteur.

Dans leurs rapports avec la bibliothèque, les lecteurs peuvent être considérés de deux manières différentes. Ou bien à la manière du Public à l’égard d’un service public quelconque. (Par exemple, les voyageurs sur les chemins de fer de l’État) ; ou bien comme les Membres d’une association, d’un club. L’attitude mentale du lecteur est différente suivant la solution adoptée. Comme membre d’une association (véritable coopérative de lecture), il se sent des devoirs de coopération, de complaisance, de mutualité ; il est porté à défendre l’institution plutôt qu’à la critiquer ; il est indulgent pour ses défauts ; fier de ses mérites, et prêt à vouloir ce qui peut la développer et la faire aimer. Toutefois le service public offre l’avantage de supprimer les formalités.

On peut combiner les deux points de vue en organisant la bibliothèque sur la base des deux catégories, public et membres. La bibliothèque sera donc de libre accès à tous. Les membres enregistreront leurs noms d’une manière permanente (sur un registre ou sur fiches), ils promettront, à la bibliothèque, en leur qualité de membres, tout leur concours moral. On leur réservera certains avantages moraux (par exemple des priorités, l’envoi à domicile de certains livres, l’assistance à une réunion administrative annuelle, etc.).

262. Recommandations aux lecteurs. Registre d’observations.

Il est utile d’insérer dans le catalogue, s’il est distribué aux lecteurs, des recommandations sur le respect et les soins qu’ils doivent aux livres (voir n° 271). Certaines bibliothèques encartent dans les ouvrages remis en prêt, un bulletin de recommandations. On peut aussi les afficher.

Réciproquement, il est utile que les lecteurs puissent parler à la direction de la Bibliothèque. À cet effet on mettra à leur disposition un Registre d’observations. Ils y écriront leurs desiderata quant aux ouvrages à acquérir et, d’une manière générale, toutes leurs suggestions.

263. Bulletin d’emprunt.

Il est indispensable de faire remplir et signer par le lecteur un bulletin d’emprunt pour les ouvrages qu’il demande. La même formule peut servir pour la lecture sur place ou pour le prêt au dehors. Les bulletins d’emprunt ont le format des fiches du catalogue (0.075 x 0.125), de façon à pouvoir être logés dans le fichier.

Ces bulletins ne sont pas rendus aux lecteurs, mais utilisés administrativement comme il est dit d’autre part. On peut aussi employer le système de bulletins à souches que le lecteur paraphe au reçu de l’ouvrage.

264. Les Lecteurs dans la Bibliothèque.

Il faut tendre à organiser la Communauté intellectuelle dans la bibliothèque, faire que chacun puisse s’orienter par soi-même, s’aider soi-même. Il y a une progression dans le self help : 1° se servir soi-même du catalogue ; 2° écrire sa demande sur un bulletin de demande d’ouvrage ; 3° écrire la cote de l’ouvrage sur ce bulletin ; 4° avoir libre accès au rayon.

L’unité d’organisation des bibliothèques habitue les lecteurs aux systèmes employés et les met à leur aise.

La délivrance des ouvrages se fait ordinairement au guichet, sorte de comptoir bien ouvert.

265. Recherche d’un livre dans la Bibliothèque.

La recherche d’un livre s’opère en deux actes :

1° Chercher dans le catalogue la cote du livre : a) d’après le nom de l’auteur, si on le connaît (catalogue des auteurs) ; b) d’après le sujet ou matière, si l’on est plus préoccupé de trouver une classe de livres qu’un livre déterminé (catalogue des matières) : quand on procède par idée générale, on utilisera le catalogue systématique ; quand on procède par idée particulière, on recourra au catalogue analytique. La recherche dans le catalogue systématique est précédée de la consultation des tables de classification qui indiquent l’indice décimal du sujet) ; c) d’après le numéro du livre, si on le connaît (inventaire numérique).

2° En possession de la cote du livre, on le cherche sur les rayons. Trois cas peuvent se présenter : a) si la bibliothèque est classée décimalement, on cherche d’abord à la classe du livre donnée par l’indice décimal de la cote, et ensuite, dans la classe, au numéro individuel (numéro d’inventaire), donné également par la cote ; b) si la bibliothèque est classée simplement par numéro d’inventaire, on retrouve le livre par ce numéro que fournit la cote. On fait alors dans celle-ci abstraction complète de l’indice décimal ; c) si les livres sont classés par format et par numéro individuel d’inventaire, on se rend d’abord aux rayons du format indiqué. On peut remplacer sur les rayons l’ouvrage emprunté en y plaçant un carton.

266. Le Prêt au dehors. Règlement.

Tout en étendant à tous la faculté d’user des collections, on aura soin de veiller minutieusement à la sauvegarde de leur intégrité. On établira donc un règlement du prêt et des sanctions appropriées et on aura soin d’en faire l’application sans distinction de personne, mais en tenant compte des circonstances.

Voici quelques points sur lesquels devrait porter le règlement. On évitera cependant les dispositions purement formalistes et pouvant tracasser inutilement les lecteurs. La gestion doit s’opérer dans un esprit large et bienveillant.

1. Exclusion de certains genres d’ouvrages. — Les dictionnaires et encyclopédies, les numéros récents de périodiques, sont généralement exclus du prêt au dehors.
xxxxx2. Limitation du nombre. — Le nombre d’ouvrages prêtés au même lecteur sera limité. De nouveaux prêts ne seront accordés, sauf exceptions plausibles, qu’après la rentrée des prêts antérieurs.
xxxxx3. Durée du prêt. — La durée des prêts doit être limitée à huit ou quinze jours, faute de quoi d’autres lecteurs seraient indéfiniment privés de l’usage de certains ouvrages.
xxxxx4. Rentrée des prêts. — Les ouvrages non rentrés à la date prescrite doivent être réclamés par l’envoi d’un rappel au lecteur. Mentionner ce rappel au registre des prêts.
xxxxx5. Dommages causés aux pièces. — Tout ouvrage doit porter sur son ex-libris, la mention de son état si celui-ci est anormal : numéro des pages manquantes, déchirées, tachées, couverture ou reliure endommagée, etc., mentions paraphées par le conservateur. Le lecteur qui reçoit en lecture ou en prêt un ouvrage avarié, a intérêt à veiller à ce que la constatation en soit faite sur l’ex-libris. À la rentrée des ouvrages on vérifiera si l’ouvrage est resté dans l’état où il a été communiqué, et dans la négative on exercera les recours.
xxxxx6. Garantie, caution. — Les bibliothèques dont les collections sont précieuses quant au prix ou à la rareté des ouvrages, pourront exiger le versement d’une caution de garantie proportionnée, se réservant le droit de prélever sur ce versement le montant des ouvrages abîmés ou perdus.
xxxxx7. Infractions au Règlement. — Des sanctions doivent être édictées pour toute infraction au règlement du Prêt : amendes, suspension temporaire du prêt, imputation des frais de restauration des documents détériorés, des pièces perdues.

267. Administration du prêt au dehors.

L’administration de la bibliothèque est organisée de façon à fournir réponse à diverses questions :

1. Quels sont les lecteurs admis à utiliser la bibliothèque, quel est leur nombre ?
xxxxx2. Tel ouvrage est-il sorti, qui le détient ?
xxxxx3. Quels ouvrages détient tel emprunteur ?
xxxxx4. Quels sont les prêts dont le délai réglementaire est expiré ?
xxxxx5. Quel est le nombre des prêts effectués ?
xxxxx6. Quels sont les ouvrages les plus demandés ?
xxxxx7. Quelle est la valeur approximative des collections ?
xxxxxQuatre documents établis en corrélation les uns avec les autres et tenus à jour permettront de fournir, à tout moment, la réponse aux sept questions. Ce sont : la Liste des lecteurs, le Registre des prêts, le Répertoire des emprunteurs et le Répertoire des ouvrages sortis. Ces quatre instruments administratifs sont établis suivant une méthode qui réduit au minimum la tâche du bibliothécaire et fournissent en même temps les éléments d’une administration sûre d’elle-même, d’un contrôle facile et complet.

267.1. Liste des lecteurs.

Une bibliothèque publique, comme son nom l’indique, doit admettre tous les lecteurs. Aucune formalité, sauf la rédaction d’un bulletin d’emprunt, ne s’impose pour la lecture sur place. Le prêt à domicile cependant doit s’entourer de précautions. Le bibliothécaire est responsable, moralement tout au moins, du bien précieux qui lui est confié.

Carte de lecteur. — Pour vérifier l’identité de l’emprunteur et, pour n’avoir pas à renouveler cette formalité à chaque prêt, il est délivré une carte d’emprunteur au lecteur qui désire emporter des livres.
xxxxxLa carte est constituée par une simple fiche du format habituel 0.075 x 0.125. Elle porte le cachet de la bibliothèque, les nom et prénoms, qualité, adresse du lecteur, son numéro matricule emprunté à la liste des lecteurs, la date de son inscription et la signature du bibliothécaire.

Liste des lecteurs. — Registre dans lequel chaque lecteur est mentionné par simple transcription des données portées sur sa carte de lecteur. Pour plus de clarté, ces données sont disposées en colonne. Le registre aura le format des autres livres administratifs de la bibliothèque (0.215 x 0.275). Le numéro matricule est déterminé par un numérotage progressif des inscrits, 1, 2, 3, 4… Le dernier chiffre fournit ainsi le nombre total des lecteurs.

N° matric.
1
Date d’inscription
2
Noms et prénoms
3
Qualité
4
Adresse
5

























267.2. Registre des Prêts

Le Registre de prêts (registre de sortie), du format 0.215 x 0.275, répartit en sept colonnes, les mentions portées sur les bulletins d’emprunts. C’est d’après ceux-ci que, à l’issue de chaque séance de prêt, les écritures sont passées au registre. Il n’y a aucune utilité, bien entendu, à y mentionner les lectures faites sur place. L’inscription des prêts au dehors seule importe, car elle doit être suivie et contrôlée.

Un numéro d’ordre est affecté à chaque prêt et ce numéro est reporté ensuite sur le bulletin d’emprunt. C’est un numérotage progressif 1, 2, 3… le dernier numéro donnant ainsi le chiffre statistique des prêts au dehors.

N° du prêt
1
Nom ou numéro du lecteur
2
Cote de l’ouvr.
3
Date du prêt
4
Date de la rentrée
5
Dates des rappels
6
Observations

7



































267.3. Répertoire des Emprunts.

Ce Répertoire est constitué par simple accumulation des bulletins d’emprunt dressés par les lecteurs. Ils sont classés soit dans l’ordre alphabétique du nom des emprunteurs, soit dans l’ordre numérique de leur numéro matricule (ce dernier classement est de beaucoup, le plus facile).

267.4. Répertoire des Ouvrages sortis.

Avant de verser au répertoire des emprunteurs les bulletins de prêt, on transcrira, pour chacun d’eux sur une fiche distincte, deux chiffres : 1° le numéro d’inventaire de l’ouvrage ; 2° le numéro du prêt ; s’il s’agit d’un périodique ou d’un ouvrage à suite, on ajoute le numéro ou la date du fascicule.

 
Ouvrage prêté : N° d’inventaire 
Ouvrage pre Tome ou fascicule 
Prêt N° 

Ces fiches sont classées dans l’ordre numérique des numéros d’inventaire. Des fiches divisionnaires, à bec saillant, séparent les centaines. À chaque rentrée, on a soin de retirer la fiche correspondante, pour la placer derrière une sous-division du répertoire, intitulée ouvrages rentrés, placée au bout de la série.
xxxxxAvant de se rendre aux rayons pour y prendre un ouvrage, il suffit de voir, s’il ne figure pas parmi les ouvrages sortis. Dans l’affirmative, grâce au numéro du prêt, on peut, par surcroît, trouver au registre de prêt, la date de la rentrée probable et le nom du détenteur.
xxxxxDans les bibliothèques à service intensif, il faut éviter aux lecteurs, la recherche de livres en lecture. À cette fin on fait usage d’indicateurs, appareils sur lesquels sont portés, par numéros apparents, de couleurs différentes, les livres sortis ou rentrés.

267.5. Statistique du Prêt.

Les quatre instruments administratifs du prêt, qui viennent d’être décrits, fournissent tous les éléments d’une statistique dont le Bibliothécaire aura besoin pour l’élaboration de ses rapports périodiques.

267.6. Variante concernant les opérations du Prêt.

Si les prêts sont peu fréquents, il suffit d’employer le Registre des prêts. S’ils sont nombreux, on peut activer les opérations du prêt par le système suivant :
xxxxx1° Chaque nouveau lecteur reçoit une carte d’admission permanente, comme il est dit ci-dessus n° 267.1.
xxxxx2° Chaque livre est accompagné d’un double de sa fiche de catalogue avec cases pour inscriptions. Ce double est placé dans une pochette de papier fixée elle-même à l’intérieur de la couverture.
xxxxx3° Au moment du prêt, le bibliothécaire redemande sa carte d’admission au lecteur, retire la fiche du livre et y inscrit la date du prêt et le numéro du lecteur au crayon.
xxxxx4° À la fin de la journée on opère le classement des fiches et des cartes dans le fichier des livres prêtés, qui est divisé en deux parties : a) les fiches des livres sont placées ensemble dans l’ordre même où les livres sont placés sur les rayons (indice décimal, numéro d’ordre, ou nom d’auteurs). On peut connaître ainsi immédiatement les livres qui sont empruntés, et à qui on a fait le prêt ; b) les cartes d’admission sont rangées alphabétiquement dans la deuxième partie du fichier, sous la division de la journée, à l’aide d’un jeu de fiches divisionnaires mobiles formant calendrier perpétuel.
xxxxx5o Quand le livre est rapporté, on consulte sa feuille intérieure, et on demande le nom de l’emprunteur. On remet sa carte à celui-ci et on replace le double de la fiche catalogue dans le livre.