Calmann Lévy (p. 1-2).
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I


Au petit jour naissant, nous aperçûmes le Japon.

Juste à l’heure prévue, il apparut, encore lointain, en un point précis de cette mer qui, pendant tant de jours, avait été l’étendue vide.

Ce ne fut d’abord qu’une série de petits sommets roses (l’archipel avancé des Fukaï au soleil levant). Mais derrière, tout le long de l’horizon, on vit bientôt comme une lourdeur en l’air, comme un voile pesant sur les eaux : c’était cela, le vrai Japon, et peu à peu, dans cette sorte de grande nuée confuse, se découpèrent des silhouettes tout à fait opaques qui étaient les montagnes de Nagasaki.

Nous avions vent debout, une brise fraîche qui augmentait toujours, comme si ce pays eût soufflé de toutes ses forces contre nous pour nous éloigner de lui. — La mer, les cordages, le navire, étaient agités et bruissants.