Ma vie (Cardan)/Chapitre XVI

Traduction par Jean Dayre.
Texte établi par Jean DayreHonoré Champion (p. 43).

XVI

ENNEMIS ET RIVAUX

(74) Je ne suivrai pas la même méthode, et je n’apporterai pas à énoncer les noms de mes ennemis ou de mes rivaux autant de soin que je l’ai fait de mes amis ; car j’estime que Galien ne s’est pas peu trompé, lui qui, en écrasant de son mépris le nom d’un Thessalus, nous en a appris l’existence et l’estime qu’il en faisait. Si ton ennemi a du cœur, le mieux est de te réconcilier avec lui après avoir reçu une injure ; du moins ne te venge pas, ou si tu le fais, que ce soit par des actes et non des paroles. Ainsi je n’ai pas appris seulement à mépriser mes rivaux, mais à avoir pitié de leur futilité. Ceux qui ont agi secrètement ont montré par leur conduite même qu’ils étaient plus misérables ; quant à ceux qui l’ont fait ouvertement, si nos droits sont égaux, ils méritent mes ripostes.