Ma tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle/00-2

Préface ou Avis au lecteur


PRÉFACE,

OU

AVIS AU LECTEUR.




Quelques personnes austères diront peut-être qu’il y a des détails un peu libres dans cet ouvrage, et en feront d’avance la critique, sans envisager le but que l’auteur s’est proposé en le composant ; c’est cependant là l’essentiel.

Certes, la jeunesse en sait assez aujourd’hui, et de bien bonne heure même, sur les matières les plus délicates, pour qu’on ne craigne pas que cette lecture apprenne rien à cet égard à ceux ou à celles qui sont dans le cas de lire. Les oreilles sont déjà savantes, quand les yeux sont encore à l’école…

Mais en faisant passer une fille jeune, simple et vertueuse comme Suzon, et une plus éveillée qu’elle, comme l’était sa tante Geneviève dans ses premières années, par tant de différentes situations où beaucoup, même presque toutes les jeunes personnes peuvent se trouver, l’auteur a eu en vue un véritable but moral.

Ça été de faire observer sous combien de formes la séduction peut s’envelopper et se déguiser pour atteindre ce sexe charmant et fragile… sur-tout quand l’innocence l’empêche de deviner et de soupçonner les embûches que le sexe plus fort et plus malin lui tend continuellement, et de le prémunir contre ses attaques.

D’ailleurs la vertu soutenue de Suzon et de sa tante, est toujours délivrée à temps de tous les dangers auxquels elles n’ont jamais eu l’intention de succomber.

Un brave et généreux français meurt à la fin, mais c’est par la suite des blessures glorieuses qu’il a reçues en faisant son devoir, et parce qu’il faut bien que tout le monde finisse à son tour ; même moi, et ceux qui me liront… et encore ceux qui ne me liront pas.

Mais Suzon, qui a encore le temps de vivre et de faire de bonnes choses, comme pourront le voir par la suite ceux ou celles à qui Dieu prêtera vie, aussi curiosité, Suzon est récompensée, ainsi que sa tante, et tous les êtres criminels ou seulement vicieux qui figurent dans cette galerie de tableaux, sont tous punis.

Rendre le vice odieux, a donc été l’intention de l’auteur ; préserver de la séduction, ou de l’envie de l’employer, quelques-uns de ses lecteurs ou lectrices, est la récompense qu’il ambitionne, et sa devise est, Honni soit qui mal y pense.