Ma Méthode/Des accidents dans les salles d’armes

Maison Quantin (p. 75-168).

II

Des accidents dans les salles d’armes.


Il y a trente ans, lorsqu’un malheur arrivait dans une salle d’armes, l’on considérait cela comme un véritable événement, et toute la presse en parlait. Aujourd’hui, les accidents sont si fréquents que, s’il n’y a pas mort d’homme, on n’y fait même plus attention.

La fréquence de ces accidents est encore une preuve de plus à l’appui de la théorie que je soutiens.

Si la leçon n’était composée que de coups simples, on verrait beaucoup moins de ferrailleurs portant leurs attaques en courant, ne parant et ne ripostant jamais sur place, risquant à tout moment par leurs coups impossibles de casser leur lame et, par suite, de blesser leur adversaire. Les ignorants ou ceux qui sont de mauvaise foi, vous diront, que les lames sont mal trempées, et qu’elles cassent au moindre choc. Plaisanteries que tout cela ! Ce n’est pas les lames qu’il faut supprimer, c’est la façon dont on s’en sert. Vous n’éviterez aucun des accidents que l’on a à déplorer malheureusement trop souvent aujourd’hui, tant que vous continuerez à travailler comme vous le faites, en dépit du bon sens, en chargeant l’un sur l’autre sans engagement, en faisant des corps-à-corps, en tendant le bras sur les attaques, en restant fendu et en étant mal placé en garde.

Voilà la mauvaise trempe qu’il faut changer et laisser les lames comme elles sont ; et en suivant mon avis, vous arriverez à éviter ces accidents qui font tout à la fois le malheur de la victime et celui du maladroit et de l’inconscient qui en est la cause.


De l’assaut. — Réforme d’un terme. Nécessité d’un bon président d’assaut. Des applaudissements.


Après un assaut de deux tireurs, professeurs ou amateurs, on entend dire au président pour faire terminer l’assaut : « Messieurs, faites la belle. » Ce terme, à mon avis, est très mal employé, surtout pour désigner le dernier coup de bouton. Il ne rend pas du tout l’idée que l’on doit se faire du dernier coup, ou plutôt il rend cette idée d’une façon tout à fait inexacte.

D’abord, il peut très bien arriver, dans un assaut, que l’un des deux combattants ne touche pas son adversaire ; dans ce cas, il n’y a pas de « belle » à faire, ensuite, presque toujours, le dernier coup de bouton d’un assaut est le plus mal fait de tous.

Les deux tireurs sont fatigués, ils ne sont plus en possession de tous leurs moyens, ni comme attaque, ni comme parade ou riposte, ni comme jugement ; c’en est même au point que bien souvent ils ne peuvent pas se toucher, ou s’ils se touchent, ce n’est que par un coup en dehors des règles. Il ne faut donc pas juger deux tireurs sur le dernier coup de bouton. Ce terme de « faites la belle » est donc absolument impropre, et l’on devrait le remplacer par celui de « faites le dernier » qui indiquerait de suite, que l’assaut est terminé d’une façon beaucoup plus claire et plus conforme à la logique. Pour moi, le plus fort de deux escrimeurs faisant assaut est celui touche le premier. Le premier coup de bouton, du reste, est généralement le plus beau. Deux tireurs, en effet, qui se rencontrent pour la première fois sur la planche, ne connaissent pas leurs jeux. Supposez qu’ils soient sur le terrain au lieu d’être dans une salle d’armes, il faudrait cependant bien qu’il y en ait un qui fût touché, et naturellement, c’est celui qui aurait touché le premier son adversaire qui aurait été le plus fort. Eh bien, dans une salle d’armes, le jeu est absolument le même que sur le terrain ; je le maintiendrai toujours, comme je maintiendrai également que tout ce que l’on a écrit pour démontrer le contraire est absolument faux. Il n’y a qu’une question de jugement et de vitesse qui fait que vous touchez le premier, et qu’incontestablement vous êtes le plus fort. Du reste, mon avis est partagé par un grand nombre d’anciens professeurs de ma connaissance (faisant des armes dans les règles, ceux-là), et qui m’ont toujours dit que du moment où ils avaient réussi dans un assaut à prendre le premier coup de bouton, ils se considéraient comme satisfaits.

Il arrive bien souvent que lorsque deux tireurs se présentent sur la planche, on applaudit à tout rompre, avant même qu’ils aient commencé leur assaut. Ces applaudissements sont du dernier ridicule et l’on devrait s’en abstenir entièrement. Les trois quarts, en effet, de ceux qui applaudissent ainsi, ne connaissent même pas les tireurs et sont les premiers à crier « assez » avant la fin de l’assaut ; car bien souvent les combattants font de tout, à part de l’escrime. C’est à croire, ma parole d’honneur, qu’ils ne claquent dans leurs mains que pour le plaisir de faire du bruit. Je suis d’avis que l’on félicite les tireurs, certainement, mais seulement après leur assaut, et s’ils ont bien fait des armes ; car alors, ils auront mérité les compliments qui leur seront adressés ; mais je ne saurais trop critiquer ces bons camarades qui, si leur ami est touché, ne disent absolument rien, et s’il touche au contraire, même par un coup en dehors des règles et bien souvent sans s’en douter, applaudissent à faire trembler la salle. Cette manière d’agir, on le reconnaîtra comme moi, n’est pas absolument conforme à la justice et à l’impartialité qui devraient présider à tous les actes d’un spectateur franc et loyal, et en outre, c’est un très mauvais service à rendre à un tireur qui ne sait rien faire, ce tireur fût-il même votre ami, que de lui prodiguer ainsi des flatteries imméritées.

Cela indispose naturellement celui qui a bien fait et qui n’est pas applaudi ; et de là proviennent ces discussions regrettables que l’on constate malheureusement trop souvent aujourd’hui. Si l’on veut que la concorde et la bonne harmonie règnent dans les rapports entre les tireurs, professeurs ou amateurs, on doit donc s’abstenir autant que possible de ces applaudissements. On ne devrait entendre de part et d’autre dans un assaut, qu’un seul mot, celui d’annoncer la botte. Au lieu de cela, ce sont des discussions sur tous les coups, et des réflexions sur la planche, dans le genre de celles-ci : « passé, effleuré, trop court — j’ai paré et vous êtes arrivé après ma parade. — C’est que vous n’avez rien paré du tout, si vous aviez paré, vous n’auriez pas été touché ; — etc. ». Tout cela est d’un très mauvais goût, et devrait être supprimé absolument.

Ce que l’on ferait bien aussi de supprimer, ce sont ces présidents d’assaut qui ne sont pas à la hauteur de leur mission (et ils sont nombreux). Ce sont eux le plus souvent la grande cause des discussions qui s’élèvent dans les assauts entre combattants.

À part un petit nombre, ils sont, par leur manque de savoir et de pratique, dans l’incapacité absolue de suivre les différentes passes d’armes des tireurs, et de juger de leur force respective. Comment voulez-vous qu’un amateur, qui ne se doute même pas bien souvent de ce qu’il faut savoir pour bien faire des armes, et de la façon dont on démontre la leçon par principes, aille juger des professeurs qui lui ont mis l’épée à la main ? Et comment voulez-vous aussi que lesdits professeurs tiennent compte des observations qui leur sont faites ? C’est complètement impossible.

Que l’on rende des honneurs aux amateurs qui encouragent l’escrime, que l’on les nomme présidents honoraires, vice-présidents, rien de mieux, mais que l’on n’aille pas leur confier la direction d’un assaut. C’est une chose inadmissible.

Laissez le soin de remplir cette tâche délicate à des professeurs accomplis, avant tout justes et impartiaux, dont la compétence en matière d’escrime ne pourra être discutée par personne, et qui pourront dire en toute certitude aux combattants sans avoir à craindre d’être repris par eux : « Le coup est bon ou il est mauvais ; cessez le combat ou continuez-le. »

De cette façon, toutes les discussions sont évitées, et le public sera satisfait ; car il n’y a rien de plus désagréable pour la galerie que d’entendre discuter sur les coups de bouton. Ces discussions, il faut le reconnaître, sont parfois inévitables, car il arrive de temps à autre que l’on tombe sur un adversaire grincheux qui ne veut pas admettre qu’on l’ait touché, même lorsque tout le monde a vu porter le coup. Cette manière d’agir attire à son auteur le mépris de la galerie. Il n’y a pas de déshonneur à être touché dans un assaut. Tout le monde n’est pas de la même force. On peut parfaitement recevoir un coup de bouton, et malgré cela bien faire des armes. On doit donc toujours, lorsqu’on est touché, s’empresser d’annoncer la botte, car avant tout l’Escrime est un jeu loyal et franc.

On rencontre aussi de ces tireurs qui restent sur le coup de bouton pour faire voir qu’ils ont touché.

Ce procédé est de la dernière inconvenance et prouve, outre le manque absolu de savoir-vivre de celui qui en est l’auteur, son manque de justesse dans le coup d’œil, car lorsque la distance est bien observée, on doit arriver à toucher juste sur le plastron de son adversaire ; on ne peut donc pas faire plier la lame sur la poitrine. En outre, en restant ainsi fendu, on s’expose à recevoir une bonne remise. Lorsque l’on a affaire à des tireurs de cette sorte, le meilleur est de s’en débarrasser au plus vite, et pour le faire d’une façon polie, on les invite à faire le dernier.

S’ils restent fendus dans vos jambes, il y a un moyen bien simple de les faire revenir en garde. Au lieu de chercher le fer pour parer, vous visez l’oreille et, tout en vous excusant de n’avoir pas rencontrer le fer en parant, vous leur appliquez un bon coup de votre fleuret sur ladite oreille. Ce moyen m’a toujours réussi. Je vous promets qu’après ils reviennent en garde avec une rapidité dont vous êtes vous-même émerveillé.

On en rencontre qui ont la main très dure et qui vous font grand mal lorsqu’ils vous touchent. Ces tireurs sont très dangereux, car si leur arme venait à se briser, avec la force qu’ils mettent à s’en servir, ils pourraient vous blesser très grièvement. D’autres, au lieu d’annoncer le coup de bouton, touchent après avoir été touchés, et en même temps poussent un cri, pour détourner l’attention du public, et lui faire croire qu’eux seuls ont touché.

On use avec tous ces tireurs des mêmes procédés qu’avec les précédents ; mais on ne doit jamais se permettre la plus petite observation sur leur jeu et leur manière de tirer. Pour éviter les remises et les ripostes dans le genre de celles dont je viens de parler, on fait suivre la riposte aussitôt que l’on a rencontré le fer en parant, et l’on revient immédiatement en garde, en parant un contre, ce qui permet de rencontrer le fer dans les deux lignes et d’éviter les coups doubles. On doit également, avoir grand soin de ne jamais attaquer, sans être maître du fer. Si vous parez juste, et que vous ripostiez du tac au tac, votre adversaire sera touché, avant que son pied droit ne soit posé à terre, s’il part à fond d’un seul temps ; et en revenant en garde de suite, vous vous trouverez hors de distance pour pouvoir être atteint. Pour mon compte, j’ai rarement reçu une contreriposte, vu que mes ripostes étaient données ainsi que je l’indique. Bien des tireurs, après avoir porté une attaque, qu’ils aient touché ou non, font demitour sur la planche, et tournent le dos à leur adversaire. Ce mouvement est non seulement peu poli, mais encore très dangereux. Ceux qui le font, espèrent de cette façon, s’ils n’ont pas touché à l’attaque, annuler la riposte de leur adversaire. Erreur profonde ! L’adversaire a tout le droit de riposter dans le dos, car l’on doit toujours faire face à celui avec lequel on tire et chercher à parer avec son épée au lieu de parer avec ses jambes. On doit rester carrément sur la planche, quitte à recevoir un coup de bouton si on ne peut pas le donner : mais avant tout, abandonner ces mauvais principes, qui n’ont d’autre résultat que de vous attirer les railleries des assistants.


Du duel et des témoins.


Bien des volumes ont été écrits jusqu’à ce jour, au sujet du combat sur le terrain. Cette question a été traitée savamment par quelques écrivains compétents ; mais beaucoup, en revanche, ont écrit leurs livres complètement en dehors des règles de l’escrime, en exposant des idées personnelles souvent fausses, ou dont la valeur est parfaitement discutable. Si je me permets de donner mon avis sur cette question délicate, c’est que je m’y crois autorisé par la grande pratique que j’ai acquise du jeu de terrain, depuis trentecinq ans que je fais des armes, et que je pense être approuvé par tous les tireurs sérieux qui me feront l’honneur de me lire.

Tout d’abord, en dehors des leçons que l’on prend à la salle d’armes, il y a deux choses que le professeur, si habile qu’il soit, ne peut donner à son élève. Ce sont le courage et le sang-froid, qualités absolument indispensables pour se battre en duel avec avantage. Si, possesseur de ces qualités, vous avez en outre une certaine connaissance de l’escrime, et qu’avec cela vous ayez bonne envie de vous battre, vous êtes certain que le duel ne durera pas plus d’un quart d’heure. À mon avis, un combat qui dépasse ce laps de temps, est un duel de pure fantaisie où les adversaires sont des peureux qui vont se battre avec la ferme conviction de ne pas se toucher, ou bien des fats qui vont là par orgueil, et qui considèrent le duel comme un excellent moyen de réclame, ou bien encore des incapables qui, comme on dit vulgairement, tendent la perche sans oser avancer ni reculer.

En combattant loyalement et courageusement, vous finirez votre duel rapidement, et vous aurez tout à y gagner ; car plus vous resterez longtemps sur le terrain, moins vous aurez de chance de toucher votre adversaire, attendu que vous vous fatiguerez ; que la vitesse que vous pouvez posséder, diminuera peu à peu en raison de cette fatigue, et que vous perdrez vite votre sang-froid, si vous n’avez pas une grande habitude de l’épée.

Le résultat de votre hésitation sera une piqûre insignifiante, que vous donnerez ou que vous recevrez, dont le public rira, et grâce à laquelle vous passerez pour un fumiste, car elle sera presque toujours insuffisante à compenser la gravité de l’offense reçue. Je ne suis pas partisan du duel ; loin de là, j’estime que l’on ne doit aller sur le terrain qu’à la dernière extrémité, et pour une affaire dans laquelle votre honneur est en jeu ; mais je le crois nécessaire, surtout dans l’armée où l’on rencontre parfois de ces individus, véritables brutes, qui, s’ils n’étaient pas retenus par la crainte du duel, abuseraient journellement de leur force physique sur des hommes moins bien doués qu’eux sous ce rapport. J’ai même remarqué qu’en général, ces matadors, qui brisaient tout à coups de poing, étaient sur le terrain, lorsqu’ils se voyaient la poitrine nue et la pointe devant le corps, d’une poltronnerie inqualifiable.

Le jeu du terrain doit être le même que celui de la salle, et la leçon de duel, si à la mode aujourd’hui, est absolument inutile, je dirais même nuisible et complètement en dehors des bons principes de l’escrime. Voici, du reste, qui prouve la véracité indéniable de ce que j’avance.

Dans la leçon ordinaire, lorsque votre élève est en garde, vous lui faites engager l’épée, vous lui commandez « déployez le bras, fendez-vous », et vous le faites revenir en garde de suite ; dans la leçon de terrain, au contraire, vous lui défendez de partir à fond quand vous lui faites porter une attaque, et vous lui recommandez de se sauver sur l’attaque, en allongeant le bras, ce qui peut permettre à son adversaire de croiser le fer ou de le désarmer. En enseignant une pareille méthode à votre élève, vous lui apprenez tout simplement à se faire tuer bêtement et sans défense. Mais, pourquoi alors, me direzvous, une si mauvaise leçon a-t-elle été adoptée si promptement ? À cela je répondrai : « Parce qu’elle ne demande ni position de garde, ni jugement, ni calcul, puisque vous n’engagez pas l’épée, et que l’on est toujours plus porté à adopter ce qui s’apprend sans peine, que ce qui exige un certain travail. »

Et c’est ainsi que les malheurs arrivent. Avec de pareils principes, vous faites coup double à chaque coup, vu que vous n’êtes jamais couvert ; et notez bien que de tels tireurs se croient très forts. Vous les entendez dire parfois avec un aplomb superbe : « Mais à quoi bon apprendre l’escrime ? ce ne sert absolument à rien, et si j’ai jamais une affaire d’honneur à régler, j’irai prendre une leçon de duel et j’en saurai tout autant qu’un escrimeur de dix ans de salle ? »

Il n’y a rien à répondre à de pareilles inepties.

On n’a qu’à leur mettre dix hommes sachant faire des armes, et dix autres ne sachant rien, et ils verront à la fin du combat quels sont ceux qui resteront debout.

J’ai dit plus haut que le jeu de la salle et le jeu du terrain étaient les mêmes ; en effet, dans l’un et dans l’autre, le meilleur est encore d’employer les coups simples. On ne doit jamais partir sans s’être rendu maître auparavant du fer de son adversaire, soit par un battement, soit par un liement ou un froissement ; ne jamais compliquer ses attaques de plus de deux dégagements, dans la crainte de se faire arrêter le bras tendu et de ne pas avoir le temps de revenir en garde pour pouvoir parer. Si votre adversaire ne vous livre pas de fer et qu’il se sauve, le plus simple est de le laisser aller. Tant qu’il sera hors de distance, il ne vous touchera pas, et lorsqu’il reviendra pour vous attaquer, restez bien en garde, et saisissez sa marche en lui portant une attaque à fond ; ou bien forcez-le par de fausses attaques vous donner du fer, en le menaçant près du corps. Généralement, votre adversaire vous présentera le fer, attendu qu’il croira à votre départ. Faites tous vos mouvements sans bouger le haut du corps et en ramenant vivement, après chaque attaque, le bras à sa position primitive, de façon à pouvoir parer si vous êtes attaqué. Si vous avez affaire à un adversaire qui tire en ligne, il faut toujours parer son attaque ; car si, au lieu de cela, vous allongez le bras, vous n’êtes pas certain qu’il ne vous touchera pas en même temps.

En parant, si vous rencontrez le fer, la riposte est directe ; et si vous ne le rencontrez pas après avoir pris un contre, c’est que votre adversaire ne tire pas en ligne. Vous pouvez alors l’arrêter sans danger, et de cette façon vous garantissez votre vie au lieu de la jouer. Lorsque votre coup est bien jugé, partez à fond sans hésiter, c’est le vrai moyen de toucher. Ne vous préoccupez pas de la riposte, cela vous ferait perdre la vitesse que votre jarret pourrait vous donner pour attaquer rapidement ; en ne partant pas, vous vous exposez à vous faire toucher par de fausses attaques, par des coups doubles ou par des remises ; vous ne faites plus qu’un jeu d’aventure en dehors de toutes les règles et vous en arrivez ainsi aux corps-à-corps, ce qui, bien souvent, est cause de votre perte.

Une chose dont on se préoccupe fort peu, et qui cependant est essentielle, c’est le choix des témoins. Lorsque vous devez vous battre en duel, vous allez trouver deux de vos amis, pour qu’ils vous assistent dans le combat, que vous allez avoir à livrer.

Ces amis, à part quelques rares exceptions, ne savent pas se mettre en garde, n’ont peut-être seulement jamais vu un fleuret. Généralement ils accueillent favorablement votre demande et acceptent de vous servir de témoins, tout en sachant bien qu’ils ne connaissent absolument rien en escrime, et sans réfléchir à la lourde responsabilité qui pourra peser sur eux plus tard, si l’issue du combat venait à être fatale à l’un des combattants. Et ils arrivent sur le terrain sans savoir ce qu’ils ont à faire, réglant les distances en dépit du bon sens, et une fois que les épées sont engagées, laissent les combattants aller comme ils veulent, d’où résultent les coups doubles qui sont du reste si bien à la mode. Et voilà comment se font les trois quarts des duels d’aujourd’hui.

On devrait, il me semble, défendre expressément de servir de témoin à tous ceux qui ne sont pas compétents dans l’art de l’escrime. On ne devrait prendre comme arbitres sur le terrain que des professeurs expérimentés, capables de mesurer la distance d’un seul coup d’œil et dont la parole autorisée serait écoutée des combattants. De cette façon, bien des malheurs seraient évités. Du reste, assez souvent, les combattants n’attendent que le commandement « halte » pour s’arrêter. Le cas s’est présenté pas mal de fois devant moi. Avant le combat, j’avais affaire à des gens qui voulaient absolument se tuer ; eh bien, quand ils avaient reçu l’un ou l’autre une légère blessure, je vous assure qu’ils ne demandaient plus à continuer.

Les témoins ne sont pas là pour parer les coups portés, comme bien des personnes se le figurent. On doit même s’en abstenir complètement, car en parant un coup porté, vous pouvez faire tuer celui qui le porte. Supposez, en effet, que l’insulté soit plus fort en escrime que son adversaire et que ce soit le seul moyen pour lui de se venger ; si au moment où il porte une attaque, vous en annulez l’effet en relevant sa lame, et que pendant ce temps-là, son adversaire se fende à fond sur lui, vous l’avez fait tuer sans défense.

On doit bien veiller aussi, si un des deux combattants vient à tomber en rompant à ce que son adversaire ne lui courre pas dessus pour le frapper alors qu’il n’est plus en possession de ses moyens. Ces faits, qu’aucune expression ne saurait qualifier, se produiront certainement. très rarement ; mais enfin ils peuvent se produire ; car vous pouvez avoir affaire parfois à des natures violentes et emportées, avec lesquelles il faut tout prévoir. En observant toutes ces règles, si les combattants ne tiennent pas compte de vos recommandations, votre responsabilité est du moins sauvegardée. Je n’ai jamais paré qu’une attaque sur le terrain, dans toute ma carrière, et cela faillit me coûter cher, ainsi qu’on va le voir. Je connaissais très bien les deux combattants, ils dépassaient la moyenne des tireurs comme force à l’épée, et ils s’en voulaient depuis bien longtemps. Avant le combat, je les ai calmés du mieux que j’ai pu, chose que je ne saurais trop recommander aux témoins ; puis, je les ai placés à distance entière, afin qu’ils ne pussent pas se surprendre. Le signal est donné, et ils arrivent à distance juste, de façon à pouvoir se toucher. Je m’étais placé par côté, en face des pointes des deux épées. À un moment donné, je vois l’un des combattants qui se préparait à partir à fond pour porter un coup qui aurait pu tuer son adversaire. J’avais à la main un fourreau de sabre. Au moment où il lève le pied pour partir, je relève sa lame. Au même instant, son adversaire part à fond et me passe la lame de son sabre entre la chemise et la peau du ventre. Deux centimètres en arrière, il me traversait de part en part. Je vous laisse à penser l’effet que cela m’a produit sur le moment ; je vous réponds que cela passe froid. Il est vrai qu’en compensation, ça vous donne grand chaud à la réflexion. Voilà à quoi l’on s’expose en voulant parer une attaque portée. Avis aux amateurs.

Lorsque vous avez affaire à deux tireurs ne connaissant rien, le cas n’est plus le même, vous n’avez plus guère alors que la distance à faire observer. Lorsque vous irez sur le terrain, ayez toujours le bras droit et la main bien en ligne ; tenez votre arme à pleine main, le coude bien rentré devant la face du corps, la lame de votre épée presque horizontale, en ayant bien soin de ne jamais laisser la main immobile ; car si vous ne faites pas faire de mouvements à votre main, vous livrez ainsi un point de mire à votre adversaire. Si votre bras est bien en ligne, il sera très difficile de vous toucher, vu que votre main et l’avant-bras seront garantis par la garde de votre épée. Si au lieu de laisser le bras ainsi que je l’indique, vous écartez le coude de la ligne, en le plaçant en dehors de la face du corps, il ne se trouve plus alors dans la direction de la main ; la garde par conséquent, ne sert plus à rien, et l’on vous touche très facilement. Il en est de même pour votre épée, si vous faites monter la pointe au lieu de la laisser presque horizontale ; vous découvrez par ce mouvement, la main et l’avant-bras, et de là s’ensuivent des blessures que vous ne recevriez certainement pas, si vous aviez une bonne position de garde ; et pour acquérir cette bonne position, il n’y a tel, je ne saurais trop le répéter, que les coups simples.

La grande cause des coups doubles provient, de ce que voulant faire plusieurs feintes à la fois, sans vous occuper si votre adversaire les suivra, vous bougez le haut du corps en parant et vous perdez ainsi l’aplomb de la garde ; vous partez alors sans être couvert, sans tirer en ligne, et votre adversaire n’ayant pas suivi vos feintes, ne sait plus où il en est, et allonge le bras en désespéré, d’où le coup fourré. Si au contraire, vous vous rendez bien compte, que vous ne devez faire vos feintes que lorsque votre adversaire fait ses parades sur les feintes que vous lui portez, vous tirez alors avec jugement et vous aurez toute chance d’atteindre le but que vous cherchez. Vous devez aussi bien remarquer la taille de votre adversaire, chose qui est absolument nécessaire et vous devez régler votre garde sur la sienne, d’après sa taille. S’il est plus petit que vous, vous devez baisser la main de façon à ne pas lui faciliter l’entrée de la ligne basse, vu qu’il se trouve plus rapproché pour vous toucher. En lui coupant cette ligne, vous l’obligez à vous attaquer dans la ligne haute, qui est plus éloignée et vous pouvez arriver plus facilement à la parade, ou l’attaquer à sa marche, vu qu’il est obligé de marcher pour pouvoir vous atteindre. Si le tireur auquel vous avez affaire est plus grand que vous, il faut, au contraire, lever la main de façon à lui couper la ligne haute, vu qu’il est bien placé pour forcer votre fer et vous surprendre par des coups droits ou des coups d’arrêt.

Il faut autant que possible précéder son attaque d’un battement. Vous ébranlez ainsi la poignée de votre adversaire, tout en chassant la lame de la face du corps. Cela vous évite ainsi les coups d’arrêt. Il faut avoir bien soin de fermer tous les doigts, de façon à ne pas aller chercher l’élan du battement trop loin, ce qui vous ferait découvrir si vous ne rencontriez pas le fer. Ne jamais attaquer dans la ligne basse soit par un liement, soit par un demi-liement de demi-cercle, d’octave ou de seconde, sans bien vous rendre maître du fer de votre adversaire ; car vous tomberiez directement sur sa pointe en portant votre attaque. Il faut faire ses parades le bras demi-tendu, de façon à bien prendre le faible de la lame de votre adversaire avec le fort de la vôtre ; faire l’opposition, en parant de façon à ne pas tomber sur la pointe, et bien saisir le moment où votre adversaire a le bras tendu pour vous livrer la ligne basse, et en même temps, pour pouvoir vous emparer du faible de sa lame ; car s’il n’a pas le bras complètement tendu et qu’il ait le poignet aussi fort que vous, vous ne pouvez vous rendre maître de son fer et alors vous tirez en dehors de la ligne, et vous courez les risques de vous faire arrêter au départ.

Les témoins doivent avoir grand soin de choisir un terrain uni et ferme pour les combattants et ne jamais placer les tireurs dans un endroit où le soleil donne ; car la réverbération nuit énormément à la justesse du tir, surtout pour celui qui fait face au soleil.

On ne doit jamais conserver la chemise pour se battre, même en hiver. Il vaut mieux endurer un peu de froid : de cette façon, vous vous battrez mieux, ne seraitce que pour vous réchauffer, ce qui vous évitera de faire la promenade pendant une heure, sans vous toucher ni l’un ni l’autre, chose absolument ridicule, qui, pourtant, se voit aujourd’hui.

La chemise peut arrêter bien des coups qui auraient passé sans cela, soit comme attaque, soit comme riposte ; en outre, si l’un des deux combattants est blessé, sans chemise, les témoins peuvent s’en rendre compte immédiatement ; au lieu que, l’homme étant couvert, bien souvent ils ne voient pas la blessure. Alors qu’arrive-t-il ? C’est que si le combat est au premier sang, et que celui qui a été touché ne le déclare pas, et qu’il continue le duel, il peut blesser son adversaire qui aurait été exempt de cela si les témoins s’étaient aperçus du fait. Parfois aussi, il arrive, que vous ayez affaire à un malheureux qui ait une cotte de mailles sous sa chemise ; le cas s’est présenté quelquefois, notamment en 18…, époque à laquelle eut lieu ce fameux duel à la cuirasse, dont tout le monde se souvient encore aujourd’hui.

Comme on le voit, le port de la chemise dans un combat sur le terrain a de grands inconvénients et mon avis est qu’on ne devrait pas le tolérer.

Je n’en dirai pas autant du gant, car il a un bon côté, c’est qu’il permet de mieux tenir son arme, et n’offre aucun désavantage pour les combattants.

Les épées doivent être solides et bien montées. Car, si les lames sont trop flexibles, il peut arriver que vous rencontriez la garde de votre adversaire, soit en attaquant, soit en parant, et que vous cassiez votre lame ; ce qui vous exposerait à recevoir une riposte ou un coup d’arrêt sans défense. Il est de toute nécessité, que les armes soient bien en main, chose très difficile à obtenir. Il n’y a que les bons professeurs qui soient capables de se rendre parfaitement compte si l’arme est bien en main. Ce n’est certes pas un armurier qui ne s’est jamais servi d’une épée que pour la mettre en montre dans sa vitrine, qui pourra vous monter une épée d’une façon convenable. Pour apprécier comme il convient leur incapacité, on n’a du reste qu’à prendre une épée ou un sabre de la troupe, on sera fixé de suite. Une épée mal montée n’est pas maniable. Elle vous force à serrer tous les doigts, ce qui fait que vous ne pouvez diriger vos feintes justes.

Puisque nous en sommes sur le duel, parlons un peu du duel au pistolet. Je n’en suis pas partisan du tout et je l’ai toujours combattu, car je trouve qu’il manque absolument de loyauté.

Ce duel est passé de nos jours à l’état d’une véritable fumisterie. Sur cent combattants, vous en avez quatre-vingt-dix-huit, qui commandent à déjeuner, avant de partir se battre, tellement ils sont sûrs de ne pas se toucher. Ils échangent une ou deux balles, sans résultat naturellement, et après un combat (si on peu appeler cela un combat) qui a été beaucoup plus dangereux pour les témoins que pour les tireurs, ils se serrent très tranquillement la main, et l’honneur est déclaré satisfait. C’est dérisoire et honteux, et cependant cela est. Si, par extraordinaire, le duel est sérieux, vous pouvez être tué, car il n’y a pas de milieu dans le duel au pistolet : ou l’on vous tue ou l’on ne vous touche pas. Il peut arriver que votre arme soit mal chargée, qu’elle rate au moment de partir, et que votre adversaire fasse feu dans ce moment-là. Vous pouvez alors être tué sans défense. Si vous n’êtes pas habitué à tirer au commandement et que vous ayez affaire à un adversaire, qui lui, soit familiarisé avec cet exercice et qui tire au moment même où la dernière syllabe est prononcée, vous pouvez être touché avant d’avoir pu ajuster votre coup.

Le cas s’est, du reste, présenté pas mal de fois.

D’un autre côté, si vous ne savez pas tirer et que vous tombiez avec un fort, vous êtes encore le dindon de la farce, et vous avouerez que dans ce cas la farce est mauvaise. À l’épée, au contraire, tous ces inconvénients sont écartés. Même en ne connaissant rien, vous pouvez toujours vous défendre, je ne dis pas avec succès, mais enfin vous risquez beaucoup moins qu’au pistolet. Vous pouvez toujours rompre et de cette façon vous ne vous exposez pas. Si vous êtes blessé, vous l’êtes la plupart du temps légèrement ; très rarement la blessure est mortelle. Vous n’êtes pas tenu de rester en place pour attendre la mort, chose que vous êtes bien souvent forcé de faire au pistolet. Si vous connaissez l’escrime, il n’y a pas de surprise dans le commandement, vu que vous êtes toujours en garde hors de distance. Le jeu est donc plus loyal et plus franc qu’au pistolet ; c’est une chose indiscutable. L’épée a tous les avantages du pistolet, sans en avoir les inconvénients. Si vous vous en voulez à mort, vous pouvez tout aussi bien vous satisfaire à l’épée qu’avec l’arme à feu. Vous pouvez toujours vous approcher de votre adversaire et lui faire une blessure mortelle, comme si vous êtes plus fort que lui, vous pouvez l’épargner, si telle est votre intention. Mais à l’épée, il faut absolument que l’un des deux adversaires soit touché ; voilà pourquoi les douillets et les fumistes qui veulent bien se battre, mais qui ne veulent pas avoir de mal, choisissent le pistolet ; car ils savent bien qu’ils ont quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent, de s’en tirer sans la moindre égratignure. On ne devrait pas tolérer ce genre de combat. Le duel est une chose trop sérieuse pour que l’on se permette de le ridiculiser.

Du reste, ce genre de sport coûte énormément cher. L’on ne devient fort au pistolet qu’à condition de dépenser beaucoup d’argent, et tout cela sans prendre d’exercice pour sa santé. L’escrime, au contraire, vous donne la santé si vous ne l’avez pas, et vous la conserve si vous la possédez. Du jour où vous mettez les pieds dans une salle d’armes, vous prolongez votre vie de dix ans ; c’est une chose tellement connue que je ne me donnerai même pas la peine d’en prouver la véracité. Faites donc des armes, et laissez le pistolet de côté ; vous en vivrez plus vieux, et cela vous coûtera moins cher.


Des bottes secrètes.


Les fameuses bottes secrètes dont on a tant parlé et dont on parle encore aujourd’hui, et à l’efficacité desquelles beaucoup de gens croient fermement, ne sont, à mon avis, qu’un moyen inavouable qu’emploient certains professeurs à la conscience élastique, pour palper l’argent des nigauds qui veulent bien croire tous les boniments qu’on leur débite à ce sujet.

La botte secrète en réalité n’existe pas, et du reste n’a aucune raison d’être. Si, en effet, vous vous mettez membre d’un cercle d’escrime, ou si vous faites partie d’une salle, c’est apparemment comme dirait La Palice, pour apprendre à faire des armes et acquérir les moyens qui vous permettront de sauvegarder votre vie, au cas où vous auriez une affaire d’honneur à régler. Si donc, le professeur que vous payez, et dans lequel vous avez confiance, vous enseigne, par exemple, une méthode pendant une dizaine d’années, et que la onzième, devant aller sur le terrain, vous soyez obligé d’en apprendre une autre, il vous aura donc volé votre argent pendant ces dix ans, puisqu’il ne vous aura pas appris à défendre votre vie avantageusement, but que vous cherchez en venant prendre des leçons. Il n’en est heureusement pas ainsi ; sans cela ce serait vraiment à douter de l’honnêteté des meilleurs. De tout temps, ce que l’on a appelé botle secrète n’a jamais été qu’une série de coups fantaisistes, complètement en dehors des règles de l’escrime et par cela même très dangereux.

Telle est, par exemple, l’action de se fendre du pied gauche en arrière pour éviter l’attaque, sous le fallacieux prétexte d’embarrasser son adversaire par ce mouvement inusité. En agissant ainsi, vous risquez fort de vous faire toucher ; car supposez que votre adversaire vous attaque en deux temps ou à la demi-allonge, à la première fausse attaque, vous ne pouvez plus rompre dans la position que vous occupez, Telle est encore l’action de faire un écart à gauche ou à droite, au moment où l’adversaire vous attaque, et de venir ensuite le frapper par côté. Tous ces mouvements sont complètement faux, et très dangereux pour celui qui voudrait les mettre en pratique. Il ne faut jamais 116 chercher à les employer sur le terrain ; car ils sont dignes d’un bretteur et non d’un honnête homme. On ne doit se servir que des coups appris à la leçon et qui sont dans les règles de l’escrime, et de cette façon vous garantissez votre vie, tout en combattant franchement et loyalement.

On rencontre aussi de ces gens, qui attendent au dernier moment, pour apprendre à faire des armes. Vu leur bon caractère, ils se figurent ne jamais être obligés d’aller sur le terrain ; et un beau jour, ils sont tout étonnés, quand ils se voient dans la nécessité d’aller se battre. Ils s’empressent, alors, d’aller trouver un maître d’armes, pour qu’il leur apprenne une botte qui touche et qui les exempte de l’être ; et beaucoup malheureusement, croient à l’efficacité de cette leçon prise à la veille du duel. Eh bien, messieurs les retardataires, croyez les conseils d’un vieux professeur. Si vous ne connaissez rien en escrime, il n’y a pas de maître qui puisse vous enseigner en deux ou trois leçons une méthode pour garantir sûrement votre vie. Si vous ne connaissez rien, ne cherchez pas à apprendre en quarante-huit heures ; c’est inutile, car vous pourriez parfois supposer connaître quelque chose ; ce qui pourrait vous être fort désavantageux sur le terrain.

L’on a cité des exemples de gens ne connaissant rien, et qui ayant été sur le terrain après avoir pris deux ou trois leçons, avaient blessé leurs adversaires. Cela est le fait du hasard, ni plus ni moins ; car ces gens-là avaient certainement affaire à des personnes, qui, comme eux, ne connaissaient rien.

Du reste, les forts tireurs vont rarement en duel.

Depuis que je fais des armes, je n’ai pas vu quatre maître d’armes se battre. Cela va étonner certainement beaucoup de gens, qui s’imaginent que l’on apprend l’escrime, dans le but de tuer son semblable. C’est une très grande erreur de croire une chose pareille. L’on fait des armes pour sa santé (car il est indéniable que l’escrime remplace avantageusement tous les autres exercices), et non pour provoquer le monde sans raison. Du reste, il est reconnu, que ceux qui sont les premiers à provoquer, ce sont ceux qui ne connaissent rien. Aussi, lorsqu’ils arrivent sur le terrain, ils ont tellement confiance dans leur savoir-faire, que la plupart emploient la neuvième parade de l’escrime, qui consiste à se sauver ; ou bien, s’ils se touchent au bout de quarante-cinq minutes de combat pour rire, il faut que les témoins soient obligés de faire, ce que j’ai fait quelquefois au régiment, c’est-à-dire, de presser la peau entre le pouce et l’index, à l’endroit où l’homme avait été touché, pour faire sortir une goutte de sang, ce qui mettait fin au duel, et permettait en même temps, de déclarer l’honneur satisfait.

Comme on le voit, c’est de la plaisanterie toute pure. Et pourtant, allez dire à ces fameux duellistes, qu’ils n’ont pas fait preuve de courage, ils vous riront au nez et vous enverront au docteur Charcot. Voilà le monde !

On fait des armes, je le répète, pour acquérir de la force et de la vigueur, de la grâce et de la correction dans le maintien ; en un mot, pour prolonger son existence, et non pour l’abréger. Faites faire des armes aux jeunes gens et aux jeunes filles d’aujourd’hui, et vous verrez beaucoup moins de bossus et d’anémiques. Vous remplacerez ainsi la génération de petits crevés que nous possédons aujourd’hui, par des gaillards solides et qui seront capables de rendre des services à leur patrie, au jour bien proche peut-être où la France aura besoin d’eux.


Des devoirs du Professeur et de l’Élève.


Le professeur doit être poli, prévenant envers tous ses élèves, ne jamais s’emporter dans la démonstration ; ni en faisant des armes ; avoir une conduite irréprochable, attendu qu’il est appelé à donner leçon à des jeunes gens de bonne famille, et qu’il doit avant tout montrer le bon exemple ; il doit toujours être calme et d’égale humeur, prévoir les querelles qui pourraient survenir entre élèves dans la salle, se présenter aux assauts publics dans une tenue correcte ; être franc et loyal, et ne jamais discuter sur un coup de bouton. Il doit également s’abstenir de toucher ses élèves en leur donnant la leçon, soit pour leur faire voir sa supériorité, soit pour tout autre motif ; car cela peut nuire énormément aux progrès de l’élève. Si ce dernier, en effet, reçoit un coup de bouton, au moment où il ne s’y attend pas, il peut se fâcher, ou, s’il ne se fâche pas, il montrera certainement de l’hésitation au moment de partir à fond, et ne sera pas en possession de tous ses moyens. De même pour les parades et les ripostes : si l’élève suppose qu’il puisse être touché, il ébranlera le haut du corps, et instinctivement déplacera la main de devant lui, ce qui le forcera à faire des mouvements en dehors de la ligne. Si, au contraire, il ne craint rien, vous pouvez lui porter vos fausses attaques près du corps, cela l’obligera à activer ses parades, et lui donnera par conséquent de la vitesse. En outre, il ripostera en ligne. Il ne doit jamais exister de désaccord entre le professeur et l’élève. Tout doit se passer en bonne intelligence. Le professeur ne doit jamais également se mêler à la conversation de ses élèves, à moins qu’il n’y soit invité, et ne jamais se permettre la moindre familiarité. Cette recommandation, inutile, je crois, pour les maîtres en général, ne l’est certes pas pour les prévôts ; car si, dans le nombre, il y en a qui possèdent cette éducation et ce savoir-vivre qui font l’homme bien élevé, beaucoup en revanche pèchent par l’excès contraire.

L’élève, de son côté, doit être poli envers son instructeur, et suivre avec attention la leçon qu’il lui donne. Il ne doit en aucun cas chercher à froisser son amour-propre, même en étant aussi fort que lui ; car beaucoup d’amateurs ont la prétention d’être aussi forts que les maîtres. Cela est certainement vrai pour quelques-uns ; mais ils sont en petit nombre. Par contre, il y en a beaucoup qui se figurent être dans ces conditions. C’est un grand tort, et c’est la grande cause pour laquelle on arrive aujourd’hui à de si minces résultats. Ces gens-là ont trop d’ambition ; car ils ne doivent pas ignorer qu’il y a toujours à apprendre pour bien faire des armes ; et que plus l’on travaille, plus l’on s’aperçoit qu’il faut travailler, si l’on veut se rapprocher de la perfection. Il faut être plus modeste et travailler davantage. C’est de cette façon que l’on parvient à prouver à ceux qui se croient très forts, qu’en réalité ils ne connaissent pas grand’chose, et qu’ils ont besoin de travailler, pour pouvoir soutenir ce qu’ils avancent.

En agissant ainsi, vous leur rendez service ; car, s’ils ont de l’amour-propre, ils quittent le jeu de ferraille qu’ils ont pratiqué jusque-là, pour faire de l’escrime. selon les règles.

Leçon du mur.


Le salut, tel qu’il existe actuellement, est, à mon avis, beaucoup trop compliqué. On pourrait, il me semble, simplifier les mouvements pour marcher et pour rompre, qui demandent, pour être exécutés d’une façon brillante, un assez grand espace. Beaucoup de salles d’armes actuelles, sont trop petites, pour que le salut puisse y être fait d’une manière correcte.

En outre, dans un assaut public, la complication de la leçon du mur fait que l’on perd un temps infini. S’il y a seulement une trentaine de tireurs, il faut plus d’une heure pour l’exécuter. Pour ne pas fatiguer les spectateurs, on ne peut donc faire exécuter le salut qu’à un tout petit nombre de combattants : ce qui fait des jaloux ; car ceux qui ne le font pas ne sont pas satisfaits. Pour contenter tout le monde, il faut donc absolument l’abréger. C’est pourquoi, je propose une nouvelle leçon qui a, je crois, tous les avantages de l’ancienne, sans en avoir les inconvénients.

Le professeur commence par faire prendre aux tireurs la première position de la garde, leur fait faire un tour d’épée complet, leur fait prendre l’engagement de quarte, et commande « tombez en garde ! » Dans cette position les tireurs saluent, en commençant du côté où se trouve le président ; en allongeant le bras, la main de quarte à hauteur du menton, les yeux tournés dans la direction de la pointe ; puis ensuite renversent la main de tierce, et saluent à droite en observant les mêmes principes. Le salut terminé, ils joignent le fer en quarte. Le plus jeune des tireurs, invite alors le plus ancien, à prendre sa mesure, par les mots : « À vous, monsieur ! » Ce dernier répond « par obéissance » et développe à fond, puis revient en garde. C’est toujours celui qui répond « par obéissance » qui doit développer le premier. De cette façon on évite les accidents ; car s’il n’en était pas ainsi, les deux adversaires pourraient se fendre en même temps, et se blesser. Celui qui a développé le premier, porte alors quatre dégagements à fond, en tirant bien à toucher l’adversaire, le bras complètement tendu, la main à hauteur du sommet de la tête et la lame appuyée à l’oreille, en regardant l’adversaire entre le fleuret et le bras.

Le tireur auquel est porté le dégagement par tierce laisse tomber la pointe à gauche, de façon à ne pas conserver sa lame, devant la face du corps de celui qui attaque. La parade doit être « sèche » de façon à bien renvoyer en arrière la lame de l’adversaire. Le premier dégagement terminé, celui qui a dégagé revient en garde, rejoint le fer en tierce, et exécute alors son deuxième dégagement. L’adversaire pare alors quarte, en laissant tomber la pointe à droite. Le troisième dégagement se fait comme le premier, et le quatrième comme le second. Ces quatre dégagements terminés, celui qui les a portés revient en garde. Le plus jeune des tireurs prend alors sa mesure, en exécutant les mêmes mouvements que le premier ; puis fait à son tour ses quatre dégagements. Il revient ensuite en garde. Dans cette position, les combattants recommencent à saluer à gauche et à droite, rejoignent le fer en quarte, allongent le bras de toute sa longueur, rassemblent le pied gauche au pied droit, et se saluent mutuellement.

Ce salut ne demande guère plus d’une minute pour être bien exécuté, et en outre n’exige pas l’espace que demandait l’ancien, et peut être fait dans toutes les salles d’armes.


Règles générales à observer dans la leçon.


Première reprise. — Le professeur fera, tout d’abord, tomber son élève en garde, rectifiera tout ce qu’il peut y avoir de défectueux dans la position de la garde du tireur, le fera marcher, rompre, développer et revenir en garde jusqu’à ce qu’il ait bien acquis l’aplomb de la garde. Ensuite, il lui présentera l’épée dans la ligne haute de quarte, en ayant soin de la placer de telle façon qu’en joignant le fer, l’élève se trouve couvert dans cette ligne. Le professeur répétera ce mouvement pour toutes les lignes, et il fera développer l’élève à fond, sans lui faire prendre d’engagement d’épée après lui avoir fait joindre le fer, afin de bien lui faire comprendre les lignes ; car on obtient très difficilement d’un commençant une bonne exécution des changements d’engagement, attendu qu’il faut que le poignet parcoure la face du corps d’une ligne à l’autre, de manière à se rendre maître du fer de son adversaire du côté où on tient le fer, tout en laissant toujours la pointe devant la face du corps ; et qu’en général tous les élèves, au début de leurs leçons, lèvent le coude en faisant leurs engagements, ce qui leur fait découvrir la ligne. Étant engagés de quarte, lorsqu’ils engageront l’épée en sixte ou tierce, ils lèveront presque tous le coude et découvriront ainsi la ligne basse en dehors. Il est donc de toute nécessité, avant de faire exécuter les engagements à l’élève, de bien lui faire comprendre les lignes, de façon qu’il se rende bien compte de la manière dont il faut être placé pour être bien couvert et rester en ligne.

On doit toujours faire développer à fond d’un seul temps ; car il est nécessaire d’exagérer beaucoup le développement à la leçon pour obtenir juste ce qu’il faut à l’assaut. On doit bien faire comprendre aussi à l’élève la nécessité d’une prompte retraite pour revenir en garde, et lui faire exécuter des appels du pied droit pour s’assurer qu’il est bien d’aplomb sur la partie gauche ; ou du pied gauche, si le tireur est gaucher. Lorsque l’élève aura porté une attaque, le professeur lui fera faire la parade de cette attaque, en faisant la même attaque que lui. De cette façon, l’élève acquerra vite la connaissance de toutes les parades, ce qui lui sera d’une grande utilité à l’assaut. On devra aussi bien lui recommander de faire suivre la riposte, aussitôt qu’il aura rencontré le fer en parant ; de manière à éviter les remises et les corps-à-corps. En donnant cette première reprise de la leçon, on ne dépassera pas la première série des coups composés d’un coup droit ou d’un dégagement ; ces coups précédés soit d’un battement, d’un froissement, d’une pression ou d’un liement. Cette reprise sera donnée de pied ferme, ce qui permettra à l’élève d’acquérir l’aplomb et la fixité du pied gauche, ainsi que l’ensemble du bras et du jarret.

On devra faire reposer l’élève souvent, de façon à ne pas lui fatiguer la main ; ce qui lui ôterait toute la justesse de ses feintes, et finirait par lui faire prendre l’escrime en dégoût.

Deuxième reprise. — Cette deuxième reprise sera composée des coups compliqués de deux dégagements. Le professeur fera faire la leçon en marchant et en rompant ; en faisant exécuter à l’élève, lorsqu’il reviendra en garde, les parades des attaques qu’il aura portées ; et en le faisant passer d’une ligne dans l’autre sans décomposer. Comme cela, l’élève arrivera à parer dans les quatre lignes tout en laissant la main devant lui ; et parera et attaquera avec rapidité, tout en observant bien la ligne. Il fera de la sorte un tireur de jugement, correct et brillant.

Pour tant qu’aux coups compliqués de trois ou quatre dégagements, et pour ce qui est des parades et des ripostes de ces attaques-là, bien peu de tireurs peuvent les mettre en pratique d’une manière sérieuse et avantageuse. La plupart feront coup double ou se feront arrêter au départ en partant sans être couverts ; car ils porteront le plus souvent leur attaque sans la calculer. Il n’appartient qu’à un tireur d’un grand jugement, très maître de lui comme retenue de corps et comme vitesse, de mettre ces coups en pratique, si l’occasion s’en présente ; mais comme les tireurs dont je parle se comptent, voilà pourquoi je suis d’avis que l’on n’enseigne pas ces coups à la grande majorité des élèves, car ce serait leur apprendre à se faire tuer ou blesser inévitablement ; car la trop grande complication qui existe dans ces mouvements les embrouillerait certainement, et, ma foi ! lorsqu’il n’y a plus rien dans la tête, il n’y a plus rien dans les doigts. C’est donc au professeur à juger si oui ou non, son élève peut mettre en usage cette série de coups. On les voit très rarement bien faits à l’assaut, et à plus forte raison sur le terrain. On doit donc les laisser de côté, et n’apprendre que les coups simples[1] qui sont, sans contredit, ceux avec lesquels on court le moins de danger, l’épée à la main.

De l’épée, du fleuret, de la garde.


Le fleuret se compose de deux parties qui sont la monture et la lame. La monture se compose de trois parties qui se nomment la garde, la poignée et le pommeau. La lame se compose de quatre parties : la partie de la lame qui passe dans la monture se nomme la soie ; de la garde au milieu de la lame, c’est le fort ; du milieu au bouton, le faible et le bouton. Pour bien tenir l’épée, il faut la tenir avec tous les doigts, sans trop la serrer ; il faut que le pouce soit allongé et à plat sur le dos de la poignée, de manière que l’extrémité arrive à un demi-centimètre de la garde. Il faut que l’index soit séparé des autres doigts ; afin que la seconde phalange corresponde avec l’extrémité du pouce.

Position de la garde. — Première position. — L’élève doit faire face au maître, placer le pied gauche droit, rapporter le talon du pied droit contre la cheville du pied gauche ; les pieds formant un angle droit, les jarrets tendus, le corps droit et d’aplomb sur les hanches, les épaules effacées, les deux bras tombant naturellement, la paume de la main gauche en dehors, les doigts joints et allongés ; la tête haute et tournée à droite sans être gênée.

Deuxième position. — Élever le bras droit de toute sa longueur, les ongles en avant, la lame dans le prolongement du bras ; plier le bras, la main à hauteur de la figure, les ongles en avant et à huit centimètres du menton ; renverser la main les ongles en dedans ; saluer sur la droite le bras tendu, la main de quarte, la pointe dirigée presque à terre.

Troisième position. — Faire passer la lame horizontale devant le corps ; faire passer la main gauche, les doigts joints et allongés, sur le fort de la lame ; que l’extrémité des doigts arrive à deux centimètres de la garde ; élever les bras au-dessus de la tête en rasant le corps, laisser le bras gauche demi-tendu derrière la tête, formant un demi-cercle ; les doigts demi-allongés et à hauteur du sommet de la tête ; détacher l’épée devant soi, le bras droit demi-tendu, la main de quarte, le poignet à hauteur du téton droit et la pointe à hauteur des yeux.

Quatrième position. — Pour tomber en garde, il ne faut pas déplacer la position des bras ni du corps ; au commandement un, fléchir sur les genoux, de façon qu’une perpendiculaire abaissée de la pointe des genoux tombe à deux centimètres en avant de la pointe des pieds ; au commandement deux, porter la jambe droite en avant, à la distance de deux semelles, en rasant le sol et vis-à-vis du talon gauche. Dans cette position, vous êtes en garde.

Pour être bien en garde. — Il faut qu’une perpendiculaire abaissée de la pointe du genou droit tombe entre le cou-de-pied et la cheville ; que la cuisse soit parallèle au terrain ; qu’une perpendiculaire abaissée de la pointe du genou gauche tombe à deux centimètres en avant de la pointe du pied gauche ; le corps d’aplomb sur les hanches, les épaules effacées, la tête haute, le bras gauche demi-tendu formant un demi-cercle, les doigts joints et demi-allongés ; la main à hauteur du sommet de la tête, le bras droit demitendu, la main en quarte, le poignet à hauteur du teton droit et la pointe à hauteur des yeux. Le bras droit doit rester demi-tendu, de manière que la main n’ait pas plus de distance à parcourir pour se rapprocher du corps si la défense l’exige, qu’à s’en éloigner à sa plus grande distance, si l’attaque le demande.

Marcher et rompre. Appels. — En marchant et en rompant, il ne faut pas déplacer la position des bras ni celle du corps ; marcher à l’épée environ d’une semelle, du pied droit le premier en rasant le sol ; faire suivre le pied gauche de la même quantité ; afin de conserver la distance de deux semelles entre les deux talons.

Rompre. — Porter le pied gauche en arrière d’une semelle ; et faire suivre le pied droit de la même quantité, le corps restant d’aplomb.

Deux appels. — Les appels se font dans le but d’attirer l’attention de l’adversaire et de l’ébranler : pour bien faire les appels, il faut porter tout le poids du corps sur la jambe gauche, afin que la partie droite soit libre ; et faire les appels sur place.

Au commandement : « Deux appels », l’élève frappe deux fois le sol du pied droit. Ce mouvement doit se faire légèrement, sans trop lever le pied.

Développement. — Le développement se compose de quatre mouvements :

Premier mouvement. — Allonger rapidement le bras droit sans saccade, la main de quarte, les ongles en dessus, le poignet à hauteur du menton, la pointe de l’épée dans le prolongement du bras.

Deuxième mouvement. — Laisser tomber le bras gauche sur la partie extérieure de la cuisse gauche à seize centimètres, la paume de la main du côté de la poitrine. Le bras gauche doit servir de balancier au bras droit.

Troisième mouvement. — Tendre vivement le jarret gauche, sans déranger le pied.

Quatrième mouvement. — Porter la jambe droite en avant, à la distance de deux semelles, en rasant le sol et vis-à-vis le talon gauche ; sans faire de mouvement de corps. La garde exacte est de deux semelles de distance, et le développement de quatre semelles, du talon gauche au talon droit. Ces quatre mouvements ne doivent former qu’un seul temps, mais le seul moyen de faire saisir l’ensemble à l’élève est de le faire décomposer.

Pour être bien fendu. — Il faut qu’une perpendiculaire abaissée de la pointe du genou droit tombe entre le cou-de-pied et la cheville ; que la cuisse soit parallèle au terrain, le corps d’aplomb sur les hanches, les épaules effacées, la tête haute et tournée à droite sans être gênée ; le bras droit tendu, la main de quarte à hauteur du sommet de la tête, la pointe un peu plus basse que la main ; le bras gauche tombant à seize centimètres de la partie extérieure de la cuisse gauche ; les doigts joints et allongés, le jarret gauche tendu, le pied gauche fixe, et la cheville du pied brisée. Cette positon est le développement.

En garde. — Pour revenir en garde, il faut lever la main gauche à hauteur du sommet de la tête, plier sur le jarret gauche et rapporter le pied droit à la même position qu’il occupait avant de partir à fond ; plier le bras droit demi-tendu et revenir en garde dans la position primitive. Ces quatre mouvements ne doivent former qu’un seul temps.


Lignes. — Parades.


En escrime, il y a cinq lignes :

1° La première se nomme prime.

2° La ligne haute dans les armes se nomme quarte.

3° La ligne haute sur les armes se nomme tierce ou sixte.

4° La ligne basse dans les armes se nomme demi-cercle.

5° La ligne basse en dehors se nomme octave.


Parades.


Il y a huit parades dans la pointe :

La parade de prime, la main de tierce.

La parade de seconde, dans la ligne basse en dehors, la main de tierce.

La parade de tierce, dans la ligne haute en dehors.

La parade de quarte, dans la ligne haute dans les armes.

La parade de quinte, dans la ligne basse, la main de tierce, et riposter la main de quarte.

La parade de sixte, dans la ligne haute en dehors.

La parade de demi-cercle, dans la ligne basse en dedans.

La parade d’octave basse en dehors.

En résumé, il y a deux positions de main, qui se nomment quarte et tierce.


Leçon de pointe.


Première reprise. — 1. Le professeur fait tomber son élève en garde, lui présente le fer dans la ligne haute de quarte et lui commande : « Joignez mon fer, déployez le bras, fendez-vous » ; le fait ensuite revenir en garde d’un seul temps et lui porte un coup droit dans la ligne de quarte ; le fait parer quarte et riposter étant en garde ; en lui faisant observer qu’il faut toujours que le mouvement du bras précède celui de la jambe, et qu’il faut toujours partir à fond d’un seul temps. Ceci dit une fois pour toutes.

2. Mêmes principes, moyens inverses, dans la ligne haute en dehors.

3. Faire joindre le fer dans la ligne basse de demi-cercle, faire partir à fond, faire revenir en garde ; parer demi-cercle et riposter dans cette ligne.

4. Mêmes principes, moyens inverses, dans la ligne basse d’octave en dehors.

5. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte, pressez sur le faible de ma lame, tirez droit ; en garde, parez quarte et ripostez droit.

6. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors.

7. Joignez mon fer dans la ligne basse de demi-cercle, pressez, tirez droit ; en garde, parez demi-cercle et ripostez.

8. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

9. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte ; je presse sur votre épée, dégagez, fendez-vous ; en garde, parez le contre de quarte et ripostez droit.

10. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors.

11. Joignez mon fer dans la ligne basse de demi-cercle ; je presse sur votre épée ; dégagez dans la ligne d’octave en dehors, fendez-vous ; en garde, parez octave et ripostez[2].

12. L’inverse dans la ligne de demi-cercle en dedans.

13. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte ; faites la feinte du coup droit. J’oppose. Dégagez, fendez-vous, en garde ; parez contre de sixte et ripostez droit.

14. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

15. Joignez mon fer en quarte dans la ligne haute. Faites la feinte du coup droit dérobé dans la ligne basse de demi-cercle, fendez-vous, en garde ; parez demi-cercle et ripostez droit.

16. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

17. Joignez mon fer en demi-cercle, faites la feinte du coup droit dans la ligne basse, tirez dessus ; en garde, parez demi-cercle et quarte et ripostez.

18. L’inverse dans la ligne en dehors.

19. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte, pressez ; je réponds à la pression ; dégagez, fendez-vous, en garde ; parez le contre de sixte et ripostez droit.

20. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

21. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte, pressez, tirez dessous dans la ligne de demi-cercle, fendez-vous ; en garde, parez demi-cercle et ripostez.

22. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

23. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte, battez tirez droit, fendez-vous ; en garde, parez le contre de quarte et ripostez.

24. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

25. Joignez mon fer en demi-cercle, battez, tirez droit, fendez-vous ; en garde, parez demi-cercle et ripostez. 26. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

27. Joignez mon fer dans la ligne haute de quarte, double battement, tirez droit, fendez-vous ; en garde, parez quarte et ripostez droit.

28. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

29. Joignez mon fer en demi-cercle, double battement, tirez droit, fendez-vous ; en garde, parez demi-cercle et ripostez.

30. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

31. Joignez mon fer en quarte dans la ligne haute, double battement, dégagez fendez-vous ; en garde, parez le contre de quarte et ripostez droit.

32. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

33. Joignez mon fer en demi-cercle, double battement, dégagez, fendez-vous ; en garde ; parez demi-cercle et ripostez.

34. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

35. Joignez mon fer en quarte ; j’allonge le bras la pointe haute ; froissez le fer, fendez-vous ; en garde.

36. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors. On chasse le fer en tierce.

37. Joignez mon fer en demi-cercle, j’allonge le bras ; froissez le fer, fendez-vous ; en garde, ripostez.

38. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

39. Joignez mon fer en quarte ; j’allonge le bras la pointe basse ; croisez le fer, fendez-vous ; en garde ; ou faites un liement complet, en prenant un contre très serré, et la riposte est directe.

40. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

41. Joignez mon fer en demi-cercle, j’allonge le bras, liez l’épée au contre de sixte, revenez dessus, fendez-vous ; en garde, parez le contre de sixte, et ripostez droit.

42. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

43. Joignez mon fer en quarte ; à mon changement d’engagement, tirez droit sur les armes, fendez-vous ; en garde, parez le contre de quarte et ripostez droit.

44. L’inverse dans la ligne haute dans les armes.

45. Joignez mon fer en demi-cercle, à mon changement, tirez droit en octave, fendez-vous ; en garde, parez demi-cercle et ripostez droit.

46. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

47. Joignez mon fer en quarte ; à mon changement d’engagement, dégagez, fendez-vous ; en garde, parez le contre de sixte et ripostez droit.

48. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors.

49. Joignez mon fer en demi-cercle ; à mon changement, dégagez, fendez-vous ; en garde, parez demi-cercle et ripostez droit.

50. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

51. Joignez mon fer en quarte ; à mon changement d’engagement, battez, tirez droit, fendez-vous ; en garde, parez quarte et ripostez droit.

52. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors.

53. Joignez mon fer en demi-cercle. À mon changement d’engagement, battez, tirez droit, fendez-vous ; en garde, parez demi-cercle et ripostez droit.

54. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

55. Joignez mon fer en quarte ; à mon changement d’engagement, battez, dégagez, fendez-vous ; en garde, parez le contre de sixte et ripostez.

56. L’inverse dans la ligne haute de sixte en dehors.

57. Joignez mon fer en demi-cercle ; à mon changement, battez, dégagez, fendez-vous, en garde ; parez demi-cercle et ripostez droit.

58. L’inverse dans la ligne d’octave en dehors.

59. Joignez mon fer en quarte ; à mon changement, double battement, dégagez, fendez-vous ; en garde, parez le contre de sixte et ripostez.

60. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors.

61. Joignez mon fer en demi-cercle ; double battement, dégagez, fendez-vous ; en garde, parez octave et ripostez.

62. L’inverse dans la ligne en dehors.

63. Joignez mon fer en quarte. Sur mon battement, coupez, fendez-vous ; en garde, parez le contre de sixte et ripostez droit.

64. L’inverse dans la ligne de sixte en dehors.

65. Joignez mon fer en demi-cercle ; sur mon battement, coupez dans la ligne d’octave en dehors.

66. L’inverse dans la ligne de demi-cercle en dedans[3].

Deuxième reprise. — 67. Engagez l’épée, feinte du coup droit, une-deux, parez sixte et contre en vous relevant ; en garde et ripostez.

68. L’inverse dans la ligne en dehors.

69. Engagez l’épée dans la ligne basse, feinte du coup droit, une-deux, fendez-vous, parez sixte et demi-cercle en vous relevant ; en garde et ripostez.

70. L’inverse dans la ligne en dehors.

71. Engagez l’épée, pressez, faites une-deux, fendez-vous, parez sixte et contre en vous relevant ; en garde et ripostez.

72. L’inverse dans la ligne en dehors.

73. Engagez l’épée dans la ligne basse, pressez, faites une-deux, fendez-vous ; parez demi-cercle et octave en vous relevant ; en garde et ripostez.

74. L’inverse dans la ligne en dehors.

75. Engagez l’épée dans la ligne haute de quarte ; battez, faites une-deux, fendez-vous, parez sixte et contre en vous relevant ; en garde et ripostez.

76. L’inverse dans la ligne en dehors.

77. Engagez l’épée en demi-cercle, battez, faites une-deux, fendez-vous, parez octave et demi-cercle ; en garde et ripostez.

78. L’inverse dans la ligne en dehors.

79. Engagez l’épée en quarte ; à mon changement d’engagement, battez, faites une-deux, fendez-vous, parez quarte et sixte en vous relevant ; en garde et ripostez.

80. L’inverse dans la ligne en dehors.

81. Engagez l’épée en demi-cercle ; à mon changement, battez, faites une-deux, fendez-vous ; parez demi-cercle et octave en vous relevant ; en garde et ripostez.

82. L’inverse dans la ligne en dehors.

83. Engagez l’épée dans la ligne haute. de quarte ; doublez sur les armes, fendez-vous ; parez deux fois le contre de quarte en vous relevant ; en garde et ripostez droit.

84. L’inverse dans la ligne en dehors.

85. Engagez l’épée dans la ligne basse. de demi-cercle ; doublez, fendez-vous ; parez demi-cercle et contre en vous relevant ; en garde et ripostez.

86. L’inverse dans la ligne en dehors.

87. Engagez l’épée, feinte du coup droit, doublez, fendez-vous, parez deux fois le contre de sixte, en garde, ripostez droit.

88. L’inverse dans la ligne en dehors.

89. Engagez l’épée dans la ligne basse ; feinte du coup droit, doublez, fendez-vous ; parez demi-cercle et contre en vous relevant ; en garde, ripostez.

90. L’inverse dans la ligne en dehors.

91. Engagez l’épée en quarte ; pressez, doublez, fendez-vous ; parez deux fois le contre de sixte ; en garde, ripostez droit.

92. L’inverse dans la ligne en dehors.

93. Engagez l’épée en sixte, à mon changement doublez, fendez-vous ; parez deux fois le contre de quarte ; en garde, et ripostez droit.

94. L’inverse dans la ligne en dehors.

95. Engagez l’épée dans la ligne basse ; à mon changement, doublez, fendez-vous, parez octave et contre en vous relevant ; en garde, ripostez.

96. L’inverse dans la ligne en dehors.

97. Engagez l’épée en quarte, à mon changement, battez, doublez, fendez-vous ; parez deux fois le contre de sixte ; en garde, ripostez droit.

98. L’inverse dans la ligne en dehors.

99. Engagez l’épée en demi-cercle. À mon changement, battez, doublez, fendez-vous ; parez octave et contre en vous relevant ; en garde, ripostez droit.

100. L’inverse dans la ligne en dehors.

101. Engagez l’épée en quarte ; à mon changement, double battement, doublez, fendez-vous, parez deux fois le contre de sixte ; en garde, et ripostez droit.

102. L’inverse dans la ligne en dehors.

103. Engagez l’épée en demi-cercle ; à mon changement, double battement, doublez, fendez-vous, parez octave et contre ; en garde, ripostez droit.

104. L’inverse dans la ligne en dehors.

105. Engagez l’épée ; à mon changement, battez, coupez, dégagez, fendez-vous, parez contre de sixte ; en garde, ripostez droit.

106. L’inverse dans la ligne en dehors.

107. Engagez l’épée de quarte ; double engagement, feinte de dégagement ; je prends le contre. Doublez, fendez-vous, en garde. Parez le contre de tierce, formez la prime ; coupez en portant la riposte, la main de quarte.

108. L’inverse dans la ligne de sixte. Prendre le contre de sixte ; primez et ripostez la main de tierce en ligne haute ou seconde en ligne basse.

109. Engagez l’épée dans la ligne haute de quarte ; doublez, fendez-vous, parez contre de quarte ; prenez le temps en sixte, en opposant sur mon deuxième dégagement.

110. L’inverse dans la ligne haute de quarte.


Leçon de contre-pointe.


Beaucoup de tireurs font de la contrepointe, sans connaître bien souvent le plus simple des principes, sans lesquels il est impossible d’arriver à un bon résultat. Ils se contentent de frapper comme des sourds ; et naturellement, le bon public de rire. Les combattants, eux, prennent ce rire qui est soulevé par leur manière ridicule de faire de la contre-pointe, pour une approbation ; et sont en conséquence très satisfaits. Ils n’ont pourtant pas lieu de l’être, et sont dans la plus profonde erreur, lorsqu’ils se figurent avoir fait beau jeu, parce qu’ils ont porté de véritables coups de masse, au risque de se faire grand mal, et sans pouvoir ajuster leurs attaques ; car la justesse d’un coup porté à la main diminue toujours en raison de l’élan que l’on est obligé de lui donner, pour qu’il ait de la force. Tous les coups, soit comme attaques, soit comme ripostes, doivent être faits très légèrement. On doit marquer les coups sans frapper, et les porter à fond en tranchant, en retirant le bras de façon à trancher au lieu de frapper par côté ; vu que le coup porté en frappant ne coupe rien, ni en attaquant, ni en ripostant. De cette façon, on ne se fait pas de mal en tirant à la leçon, et sur le terrain on peut s’en faire beaucoup. En faisant assaut, l’on doit faire peu de coups de pointe et surtout ne les faire qu’à coup sûr ; car si vous arrêtez votre adversaire au moment où il vous porte une attaque à fond, vous pouvez le blesser mortellement ; vu que l’on ne peut pas porter un seul coup de sabre sans aller chercher l’élan du coup, et sans par conséquent se découvrir entièrement la face du corps ; ce qui vous met à la merci de votre adversaire. Voilà pourquoi le jeu de contrepointe est très dangereux. Si vous avez affaire à un adversaire qui ne suive pas vos feintes, il peut vous arrêter chaque fois que vous voudrez l’attaquer ; et s’il porte ses coups la main haute en revenant en garde rapidement, il est à peu près certain de vous toucher et de ne pas l’être.

J’ai beaucoup pratiqué la contre-pointe étant professeur à l’École de Saumur, et j’ai exercé un coup grâce auquel je n’ai jamais été touché.

L’on ne doit démontrer la contrepointe à un élève que lorsqu’il est bien placé en garde, qu’il développe parfaitement, et qu’il a bien la main fixée devant lui. Si l’élève n’est pas certain de ses mouvements à la pointe, il ne fera qu’un jeu très large : ce qui est juste le contraire de ce qu’il faut pour bien faire. Au lieu de cela, s’il possède une bonne position et une connaissance sérieuse de l’escrime, il pourra arriver à connaître la contre-pointe en deux mois ; attendu les parades sont les mêmes qu’à la pointe, et que pour la position de garde, la main droite est en tierce au lieu d’être en sixte, et la main gauche sur la hanche gauche, au lieu d’être derrière le sommet de la tête. Il est bon de savoir combattre que tous les jeux ; mais celui qui est fort à la pointe peut combattre tous les jeux de contre-pointe, de canne et de bâton, s’il veut rester au jeu de la pointe. Donc il faut avant tout faire de l’escrime, et pratiquer le coup droit, qui est sans contredit le plus rapide et le plus dangereux de tous.


Leçon.


Il y a cinq parades à faire dans la leçon de contre-pointe qui sont : Prime. Seconde. — Tierce. — Quarte et quinte.

Il y a sept coups de sabre à porter, qui sont :

Coup de tête. — Coup de figure à droite. — Coup de figure à gauche. — Coup de flanc. — Coup de banderole. — Coup de manchette et coup de cuisse.

i. En garde par deux moulinets. — Portez un coup de figure en dedans à fond ; parez le flanc en vous relevant ; portez un coup de banderole ; parez le ventre, le flanc et la tête, allongez le bras la main de tierce ; un coup de pointe.

2. Engagez le sabre en dedans. — Portez un coup de figure en dehors à fond ; parez le ventre en vous relevant ; portez un coup de figure en dedans, parez le ventre, le flanc et la tête en vous relevant ; et un coup de pointe. En garde, deux moulinets.

3. Feinte d’un coup de pointe et d’un coup de tête à fond ; parez la tête en vous relevant ; portez un coup de banderole ; parez le ventre, le flanc et la tête, portez un coup de pointe à fond. En garde, deux moulinets.

4. Portez un coup de banderole ; parez le ventre en vous relevant ; portez un coup de pointe à fond, parez la tête en vous relevant ; portez un coup de banderole, parez le ventre, le flanc et la tête ; et portez un coup de pointe à fond. En garde, deux moulinets.

5. Engagez le sabre en dedans. — Portez un coup de cuisse en dehors à fond ; parez la tête sans vous relever ; portez-moi un coup de pointe, et parez la tête en vous relevant ; portez un coup de figure en dedans à fond, formez la prime en vous relevant ; et un coup de pointe à fond. En garde, deux moulinets.

6. Engagez le sabre en dedans. — À mon coup de cuisse, échappez la jambe droite en arrière, et portez un coup de tête en vous remettant en garde ; écrasez le fer, un coup de tête ; écrasez le fer, un coup de tête à fond, parez la figure en dedans en vous relevant ; portez un coup de figure en dehors, formez la prime, et un coup de pointe à fond. En garde, deux moulinets.

7. Feinte d’un coup de figure en dedans et en dehors à fond ; écrasez le fer, un coup de tête, parez le ventre en vous relevant ; portez un coup de figure en dedans, formez la prime en vous relevant, et un coup de pointe. En garde, deux moulinets.

8. Parez la figure en dedans, parez la figure en dehors, échappez la jambe gauche en arrière ; arrêtez-moi par un coup de pointe ; parez la tête en vous relevant ; portez un coup de banderole ; formez la prime et ripostez par un coup de flanc. En garde, deux moulinets.

9. Portez un coup de pointe à fond, parez le ventre en vous relevant ; portez un deuxième coup de pointe, parez la tête en vous relevant ; feinte au flanc et un coup de tête à fond, formez la prime, allongez le bras et un coup de pointe à fond. En garde, deux moulinets.

10. À mon coup de pointe, formez la prime ; portez-moi un coup de pointe, parez la tête, feinte au flanc ; un coup de tête, formez la prime, allongez le bras, et un coup de pointe. En garde, deux moulinets.

11. Feinte au flanc et à la tête ; un coup de flanc, parez le ventre en vous relevant ; portez un coup de pointe, parez la tête en vous relevant ; feinte au flanc, un coup de tête, formez la prime, allongez le bras et un coup de pointe. En garde deux moulinets.

12. Feinte à la tête et au flanc, un coup de tête ; parez le ventre, portez un coup de pointe, parez la tête en vous relevant ; feinte au flanc et un coup de tête, formez la prime, allongez le bras, et un coup de pointe. En garde, deux moulinets[4].



MAISON QUANTIN
7, RUE SAINT-BENOIT, 7


  1. Tels que je vais les indiquer à la leçon.
  2. Faire bien comprendre à l’élève, lorsqu’il est engagé dans la ligne basse, que les dégagements se font par-dessus la lame, et non par-dessous.
  3. Le professeur pourra faire exécuter à l’élève, outre les ripostes directes, des ripostes par un « coupez dessus ou dessous » à la retraite ou de pied ferme.
  4. Le professeur fera varier les ripostes après les parades de tête et des coups de figure à droite et à gauche, par des coups tranchants à la figure et au cou, en revenant en garde. Il fera joindre le sabre de façon que l’élève se rende bien compte de la ligne dans laquelle il se trouve engagé.