Hetzel (p. 93-103).

VIII

À TOUT PRIX.


Ce fut comme une révélation, et d’un effet immense, acceptée, dirait-on, unanimement. Étant donné la propension de l’esprit humain vers l’extraordinaire, souvent même vers l’impossible, personne n’en voulut plus douter. Non seulement c’était le même inventeur, mais c’était le même appareil.

Et pourtant, comment pouvait s’accomplir, dans la pratique, cette transformation d’une automobile qui devenait bateau, puis sous-marin ?… Un engin de locomotion propre à circuler sur terre, sur et sous les eaux !… Eh bien, il ne lui manquerait plus que de voler à travers l’espace !

Mais, enfin, rien qu’à s’en tenir à ce que l’on savait, à ce qui était constaté, à ces faits auxquels de nombreux témoins apportaient un indiscutable appui, cela devait être regardé comme absolument extraordinaire. Aussi le public, déjà blasé sur les derniers événements, trouva-t-il un nouveau regain de curiosité.

Tout d’abord les journaux firent cette observation très juste : En admettant qu’il y eût trois appareils distincts, ils étaient actionnés par un moteur d’une puissance supérieure à tous ceux que l’on connaissait. Ce moteur avait fait ses preuves, et quelles preuves, puisqu’il engendrait cette vitesse d’un mille et demi par minute !

Eh bien, au créateur de cette machine, il fallait acheter son système à tout prix. Que ce système fût appliqué à trois appareils ou à un seul capable de se mouvoir en des milieux si divers, il n’importait. Acquérir le moteur qui donnait de pareils résultats, s’assurer son exploitation en toute propriété, telle était l’affaire à conclure.

Évidemment, d’ailleurs, les autres États ne négligeraient rien pour devenir possesseurs d’un engin qui serait si précieux dans l’armée comme dans la marine. On comprend quels avantages en retirerait une nation sur terre et sur mer !… Comment empêcher ses effets destructeurs, puisqu’on ne pouvait l’atteindre !… Il fallait donc s’en rendre maître à coups de millions, et l’Amérique ne saurait faire des siens un meilleur usage.

Ainsi raisonnait le monde officiel et aussi le populaire. Les feuilles publiques s’épuisaient en articles sur ce palpitant sujet. Et, assurément, l’Europe ne resterait pas en arrière des États-Unis en de telles circonstances.

Mais, pour acheter l’invention, nécessité de retrouver l’inventeur, et là apparaissait la véritable difficulté. En vain avait-on fouillé le lac Kirdall et promené la sonde à travers ses eaux !… Y avait-il lieu d’en conclure que le sous-marin ne parcourait plus ses profondeurs ?… Dans ce cas, comment était-il parti ?… Il est vrai, comment était-il venu ?… Insoluble problème !… Et puis il ne se montrait nulle part, pas plus que l’automobile sur les routes de l’Union, pas plus que le bateau sur les parages américains !

Plusieurs fois, lors des visites que je faisais à M. Ward, nous avions causé de cette affaire, qui ne laissait pas de le préoccuper. Les agents continueraient-ils ou non des recherches jusque-là infructueuses ?…

Or, dans la matinée du 27 juin, voici que je fus mandé à l’Hôtel de la police, et, dès mon entrée dans son cabinet, M. Ward me dit :

« Eh bien, Strock, est-ce qu’il n’y aurait pas là une belle occasion de prendre votre revanche ?…

— La revanche du Great-Eyry ?…

— Précisément.

— Quelle occasion ?… demandai-je, ne sachant trop si mon chef me parlait sérieusement.

— Voyons, reprit-il, n’aimeriez-vous pas à découvrir l’inventeur de cet appareil à triple fin ?…

— N’en doutez pas, monsieur Ward ! répondis-je. Donnez-moi l’ordre de me mettre en campagne, et je ferai l’impossible pour réussir !… Il est vrai, je crois que ce serait difficile…

— En effet, Strock, et peut-être plus difficile que de pénétrer dans le Great-Eyry ! »

Il était évident — pour employer un mot français qui n’a pas d’analogue dans notre langue — que M. Ward me « blaguait » volontiers à propos de ma dernière mission. Toutefois, il le faisait sans méchanceté, et plutôt avec l’intention de me piquer au jeu. Il me connaissait d’ailleurs, il savait que j’eusse donné tout au monde pour reprendre la tentative manquée. Je n’attendais que de nouvelles instructions.

M. Ward me dit alors, et du ton le plus amical :

« Je sais, Strock, que vous avez fait tout ce qui dépendait de vous, et je n’ai rien à vous reprocher… Mais il n’est plus question maintenant du Great-Eyry… Le jour où le gouvernement tiendrait à forcer son enceinte, il lui suffirait de ne point regarder à la dépense, et, avec quelques milliers de dollars, il obtiendrait satisfaction.

— C’est mon avis…

— Cependant, ajouta M. Ward, je crois qu’il est plus utile de mettre la main sur le fantastique personnage qui nous a constamment échappé !… Ce serait œuvre de police et de bonne police !…

— Les rapports ne l’ont pas signalé de nouveau ?…

— Non, et, bien qu’il y ait tout lieu de croire qu’il manœuvrait sous les eaux du Kirdall, il a été impossible de reprendre sa piste. C’est à se demander s’il n’a pas encore la faculté de se rendre invisible, ce Protée de la mécanique !

— En tout cas, s’il n’a pas ce don, répondis-je, il est probable qu’il ne se laisse jamais voir que si cela lui convient.

— Juste, Strock, et, à mon avis, il n’y a qu’un moyen d’en finir avec cet original : c’est de lui offrir un tel prix de son appareil qu’il ne puisse se refuser à le vendre ! »

M. Ward avait raison. Aussi est-ce dans ce sens que le gouvernement allait faire une tentative pour entrer en pourparlers avec ce « héros du jour », et jamais créature humaine mérita-t-elle plus justement cette qualification !… La presse aidant, l’extraordinaire personnage ne manquerait pas d’apprendre ce qu’on voulait de lui… Il connaîtrait les conditions exceptionnelles auxquelles on lui proposerait de livrer son secret…

« Et, de vrai, concluait M. Ward, en quoi cette invention lui serait-elle d’une utilité personnelle ?… N’aurait-il pas tout avantage à en tirer profit ?… Il n’y a aucune raison pour que cet inconnu soit un malfaiteur qui, grâce à sa machine, défierait toute poursuite ! »

Cependant, d’après ce que venait de me dire mon chef, on était décidé en haut lieu à employer d’autres procédés pour réussir. La surveillance exercée par de nombreux agents sur les routes, les fleuves, les rivières, les lacs et aussi les parages voisins, n’avait produit aucun résultat. Et, sauf le cas possible, après tout, où l’inventeur eût péri avec sa machine dans quelque dangereuse manœuvre, si on ne le voyait plus, c’est qu’il entendait ne plus se laisser voir… Or, depuis l’accident de la goélette Markel sur le Kirdall, aucune nouvelle n’était parvenue à l’Hôtel de la police, et l’affaire n’avait point avancé d’un pas. Voilà ce que me répéta M. Ward, et il ne cherchait guère à cacher son désappointement.

Oui ! désappointement, déception, et, en somme, difficultés de plus en plus graves d’assurer la sécurité publique ! Allez donc poursuivre les malfaiteurs quand ils seront devenus insaisissables sur terre et sur mer !… Allez donc les poursuivre sous les eaux !… Et, lorsque les ballons dirigeables auront atteint leur dernier degré de perfection, allez donc poursuivre les bandits à travers l’espace !… Et j’en arrivai à me demander si, quelque jour, mes collègues et moi, nous ne serions pas réduits à l’impuissance, à l’inactivité, et si tous les policiers, devenus inutiles, ne seraient pas définitivement mis à la retraite !…

À cet instant me revint le souvenir de la lettre reçue une dizaine de jours avant, — cette lettre datée du Great-Eyry, qui me menaçait dans ma liberté, même dans ma vie, si je renouvelais ma tentative !… Je me rappelai aussi le singulier espionnage dont j’avais été l’objet. Depuis, aucune autre lettre de ce genre. Quant aux deux individus suspects, aucune rencontre avec eux. La vigilante Grad, toujours aux aguets, ne les avait pas vus reparaître devant la maison.

Je me demandai s’il ne vaudrait pas mieux mettre M. Ward dans la confidence. Mais, à bien réfléchir, l’affaire du Great-Eyry ne présentait plus d’intérêt. L’ « autre » en avait effacé jusqu’au souvenir… Très probablement les campagnards du district n’y songeaient guère, puisque les phénomènes, cause de leur épouvante, ne s’étaient pas renouvelés, et ils vaquaient tranquillement à leurs occupations habituelles.

Je me réservai donc de ne communiquer cette lettre à mon chef que si les circonstances l’exigeaient plus tard. D’ailleurs, il n’aurait vu là qu’une farce de mauvais plaisant.

Reprenant alors la conversation, interrompue pendant quelques minutes, M. Ward me dit :

« Nous allons essayer d’entrer en communication avec cet inventeur, et de traiter avec lui… Il a disparu, ce n’est que trop vrai, mais il n’y a pas de raison pour qu’il ne reparaisse un jour ou l’autre et que sa présence ne soit de nouveau signalée sur un point quelconque du territoire américain… C’est vous, Strock, que nous avons choisi, et, au premier avis, tenez-vous prêt à partir sans perdre une heure. Ne sortez que pour venir à l’Hôtel de la police, où vous recevrez nos dernières instructions, s’il y a lieu…

— Je me conformerai à vos ordres, monsieur Ward, répondis-je, et je serai prêt à quitter Washington pour n’importe quelle destination au premier signal… Mais une question que je me permets de vous poser : devrai-je agir seul, ou ne conviendrait-il pas de m’adjoindre… ?

— C’est ainsi que je l’entends, dit M. Ward en m’interrompant. Faites choix de deux agents en qui vous aurez toute confiance…

— Ce sera facile, monsieur Ward. Et, maintenant, si, un jour ou l’autre, je suis en présence de notre homme, qu’aurai-je à faire ?…

— Tout d’abord ne plus le perdre de vue, et, au besoin même, vous assurer de sa personne, car vous serez muni d’un mandat d’arrêt…

— Utile précaution, monsieur Ward. S’il venait à sauter sur son automobile et à filer au train que vous savez… essayez donc d’attraper un gaillard qui fait du deux cent quarante à l’heure !…

— Aussi ne faut-il pas qu’il les puisse faire, Strock, et, l’arrestation opérée, passez une dépêche… Le reste nous regarde.

— Comptez sur moi, monsieur Ward… À toute heure de jour ou de nuit, je serai prêt à partir avec mes agents… Je vous remercie de m’avoir confié cette mission qui, si elle réussit, me fera grand honneur…

— Et grand profit », ajouta mon chef en me congédiant.

Rentré à la maison, je m’occupai des préparatifs d’un voyage qui pouvait être de quelque durée. Peut-être Grad s’imagina-t-elle qu’il s’agissait de retourner au Great-Eyry, et l’on n’ignore pas ce qu’elle pensait de cette antichambre de l’enfer. Toutefois, elle ne me fit aucune observation, et je préférai ne point la mettre dans la confidence, si certain que je fusse de sa discrétion.

En ce qui concerne les deux agents qui devaient m’accompagner, mon choix était fait d’avance. Tous deux appartenaient à la brigade d’informations, âgés l’un de trente, l’autre de trente-deux ans, ayant donné en maintes circonstances et sous mes ordres des preuves de vigueur, d’intelligence, d’audace ; l’un John Hart, de l’Illinois, l’autre, Nab Walker, du Massachusetts. Je n’aurais pu avoir la main plus heureuse.

Quelques jours s’écoulèrent. Aucune nouvelle ni de l’automobile, ni du bateau, ni du submersible. Si quelques indications parvinrent à l’Hôtel de la police, elles furent reconnues fausses, et il n’y eut pas lieu de leur donner suite. Quant aux racontars des journaux, ils n’avaient aucune valeur, et l’on sait bien que les feuilles même les mieux informées sont toujours sujettes à caution.

Cependant, par deux fois, il ne fut pas douteux que « l’homme du jour » s’était remontré, la première, sur une des routes de l’Arkansas aux environs de Little-Rock, la seconde, dans les parages méridionaux du lac Supérieur.

Or, chose absolument inexplicable, la première apparition s’était faite dans l’après-midi du 26 juin, la seconde dans la soirée du même jour. Comme, entre ces deux points du territoire, la distance n’est pas inférieure à huit cents milles, si, étant donné son invraisemblable vitesse, l’automobile pouvait couvrir ce trajet en peu de temps, encore aurait-on dû l’apercevoir, lorsqu’elle traversait l’Arkansas, le Missouri, l’Iowa, le Wisconsin.

En effet, ce n’était que par terre, non autrement, que le chauffeur aurait pu effectuer le voyage et, pourtant, son passage ne fut signalé nulle part.

C’était à n’y rien comprendre, on l’avouera, et le vrai est qu’on n’y comprenait rien.

Du reste, après sa double réapparition sur la route de Little-Rock et près du littoral du lac Supérieur, on ne l’avait plus aperçu. Aussi, mes agents et moi, nous n’eûmes point à nous mettre en route.

On sait que le gouvernement eût voulu entrer en communication avec le mystérieux personnage. Mais il fallait abandonner toute idée de s’emparer de sa personne, et arriver au but par d’autres moyens. Ce qui importait, et ce dont s’inquiétait plus spécialement le public, c’était que l’Union devînt seule propriétaire d’un appareil lui assurant une incontestable supériorité sur les autres pays, surtout en cas de guerre. Il était à croire, d’ailleurs, que l’inventeur devait être d’origine américaine, puisqu’il ne se montrait que sur le territoire américain, et qu’il préférerait sans doute traiter avec l’Amérique.

Voici la note que publièrent tous les journaux des États-Unis à la date du 3 juillet.

Cette note était conçue en ces termes, des plus formels :

« Dans le courant d’avril de la présente année, une automobile a circulé sur les routes de la Pennsylvanie, du Kentucky, de l’Ohio, du Tennessee, du Missouri, de l’Illinois, et le 27 mai, pendant le match de l’American-Club, sur les routes du Wisconsin, puis elle a disparu.

» Au cours de la première semaine de juin, un bateau, évoluant à grande vitesse, a parcouru les parages de la Nouvelle-Angleterre, entre le cap Nord et le cap Sable et plus particulièrement en vue de Boston, puis il a disparu.

» Dans la seconde quinzaine du même mois, un submersible a manœuvré sous les eaux du lac Kirdall, au Kansas, puis il a disparu.

» Tout porte à le croire, c’est au même inventeur que sont dus ces appareils, qui n’en font peut-être qu’un seul, apte à circuler sur terre comme à naviguer sur mer et sous mer.

» Une proposition est donc adressée audit inventeur, quel qu’il soit, dans le but d’acquérir ledit appareil.

» En même temps qu’il est invité à se faire connaître, il est prié d’indiquer le prix auquel il consentirait à traiter avec le gouvernement américain et à envoyer sa réponse le plus tôt possible à l’Hôtel de la police, Washington, district de Columbia, États-Unis d’Amérique. »

Telle fut la note imprimée en gros caractères dans les journaux. Assurément, elle ne tarderait point à tomber sous les yeux de l’intéressé, en quelque lieu qu’il fût. Il la lirait, il ne pourrait manquer d’y répondre d’une façon ou d’une autre, et pourquoi refuserait-il d’accepter une pareille offre ?…

Il n’y avait plus qu’à attendre la réponse.

On se figure sans peine de quel accès de curiosité fut saisi le public. Du matin au soir, une foule avide et bruyante se pressait devant l’Hôtel de la police, guettant l’arrivée d’une lettre ou d’un télégramme. Les reporters ne quittaient plus leur poste. Quel honneur, quelle aubaine pour le journal qui, le premier, publierait la fameuse nouvelle !… Savoir enfin les nom et qualités de l’introuvable inconnu, et s’il consentait à entrer en rapport avec le gouvernement fédéral ?… Il va sans dire que l’Amérique ferait largement les choses. Les millions ne lui manquent pas, et, le fallût-il, ses milliardaires ouvriraient toutes grandes leurs inépuisables caisses !…

Une journée se passa. À combien de gens nerveux et impatients elle parut compter plus de vingt-quatre heures, et les heures parurent durer plus de soixante minutes !

Pas de réponse, pas de lettre, pas de dépêche. La nuit suivante, rien de nouveau. Et il en fut de même pendant trois jours encore !

Alors se produisit ce qui était à prévoir. Les câbles avaient appris à l’Europe ce que proposait l’Amérique. Les divers États de l’Ancien Continent feraient tout autant qu’elle leur profit de cette invention ! Pourquoi ne pas lui disputer la possession d’un appareil dont il y avait à tirer des avantages si considérables ?… Pourquoi ne pas se jeter dans la lutte à coups de millions ?…

En effet, les grandes puissances allaient s’en mêler : la France, l’Angleterre, la Russie, l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne. Seuls les États de second ordre n’essaieraient pas de se lancer dans la bataille au détriment de leurs budgets. La presse européenne publia des notes identiques à celle des États-Unis. Et, en vérité, il ne tiendrait qu’à l’extraordinaire « chauffeur » de devenir un rival des Gould, des Morgan, des Astor, des Vanderbilt et des Rothschild de France, d’Angleterre ou d’Autriche !

Et, comme ledit personnage ne donnait pas signe de vie, voici que des offres fermes lui furent faites pour l’engager à dissiper le mystère qui l’entourait. Le monde entier devint un marché public, une bourse universelle où se débattaient d’invraisemblables enchères. Deux fois par jour, les journaux en indiquaient le chiffre, et elles allaient toujours croissant de millions en millions !

En somme, ce furent les États-Unis qui, après une mémorable séance du Congrès, l’emportèrent grâce au vote de vingt millions de dollars, soit cent millions de francs.

Eh bien ! il ne se rencontra pas un seul citoyen en Amérique, à quelque classe de la société qu’il appartînt, pour trouver ce chiffre exagéré, tant on attachait d’importance à la possession de ce prodigieux engin de locomotion. Et moi, tout le premier, je ne cessais de répéter à la bonne Grad que « ça valait plus que ça ! »

Sans doute, les autres nations n’étaient pas de cet avis, car leurs enchères s’arrêtèrent au-dessous de ce chiffre. Et alors éclatèrent tous les propos de rivaux battus… L’inventeur ne se fera pas connaître… Il n’existe pas… Il n’a jamais existé… C’est un mystificateur de grande allure… D’ailleurs, sait-on s’il n’a pas péri avec sa machine, au fond de quelque précipice, englouti dans les profondeurs de la mer ?… Les journaux de l’Ancien Monde s’en payèrent dans les grands prix…

Par malheur, le temps se passait. Aucune nouvelle de notre homme, aucune réponse de lui… Il n’était plus signalé nulle part… On ne l’avait pas revu depuis son évolution sur les parages du lac Supérieur !…

Pour mon compte, ne sachant que penser, je commençais à perdre tout espoir d’une solution de cette étrange affaire.

Or, dans la matinée du 15 juillet, voici qu’une lettre sans timbre fut trouvée dans la boîte de l’Hôtel de la police.

Après que les autorités en eurent pris connaissance, on la communiqua aux journaux de Washington, qui la publièrent dans un numéro spécial, en en donnant le fac-similé.

Elle était conçue en ces termes :