Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Travail au galop sur la ligne droite d'après les nouveaux moyens


TRAVAIL AU GALOP SUR LA LIGNE DROITE
D’APRÈS LES NOUVEAUX MOYENS.




« Les premières résistances du cheval vaincues, on l’embarque sur le pied droit, par exemple, avec la rêne ou la jambe droites : on emploie ce moyen le plus promptement possible.

Dès que les départs s’obtiennent de la sorte avec facilité, on se sert alternativement de la bride et du filet. Ces changements de rênes se font d’abord rapidement, ayant soin toutefois de reprendre les rênes sans à-coup, sans surprise pour le cheval. S’il vient à se contracter ; s’il allonge son allure, il faut l’arrêter, le décontracter, et repartir. Quand on fait passer le cheval au pas, on cherche sa légèreté, soit par la flexion directe, soit par des demi-flexions à droite et à gauche.

On arrive ainsi à changer de rênes lentement, sans que le cheval ralentisse son allure, sans qu’il l’allonge.

On l’exerce également peu à peu à s’enlever, en diminuant l’effet des jambes, et en multipliant les changements de rênes.

Quand le cheval part facilement à la même main, sur les deux pieds, ce qui revient à dire qu’il déplace facilement le poids de droite à gauche, et de gauche à droite, on arrive tout naturellement aux changements de pied. Cependant il faut les commencer avec la rêne ou la jambe opposées. Ainsi, un cheval galopant sur le pied droit, pour changer de pied, il faut se servir de la rêne ou de la jambe droites, ayant bien soin d’arriver le plus vite possible au changement de pied avec la rêne ou la jambe gauches.


En résumé :

1° Départ avec rêne ou jambe opposées ;

2° Départ avec rêne ou jambe directes ;

3° Changement de pied avec rêne ou jambe opposées ;

4° Changement de pied avec rêne ou jambe directes.

Ici s’arrête la première partie du dressage qui donne déjà l’équilibre du deuxième genre.

Quand le cheval est arrivé à ce degré d’instruction, on l’exerce à s’enlever au galop avec les mains, sans aucun emploi de jambes. À cet effet on lui marque autant de demi-arrêts qu’il est nécessaire. S’il se ralentit, ce qui indique que la main a pris sur le mouvement, il faut cesser l’effet des mains, porter le cheval en avant avec les jambes, et le remettre dans son aplomb au pas, avant de chercher à l’enlever de nouveau. On arrive ainsi très-rapidement à galoper sur le pied droit avec la rêne droite, sur le pied gauche avec la rêne gauche. Alterner les rênes très-fréquemment.

On passe ensuite aux changements de pied avec la main seulement. Avant de marquer le demi-arrêt au moyen duquel on l’obtient, il faut sentir la bouche. Si ce demi-arrêt ne suffit pas, il faut en marquer deux, trois, dix, coup sur coup, jusqu’à ce que le changement de pied ait eu lieu et rendre dès qu’il est exécuté. On comprend combien cette manière de faire est admirable pour arriver à une exécution parfaite. En effet, une fois l’impulsion donnée, quel peut être le rôle des jambes ? Elles ne servent qu’à traverser le cheval, à porter davantage le poids en avant, surcroît de poids que la main doit détruire. Au contraire, en se servant de la main seule, on change la position, et le changement de pied se fait tout naturellement. S’il y a ralentissement dans le mouvement, se servir des jambes ou de l’éperon pour l’accélérer ; puis revenir au demi-arrêt sans jambes pour le changement de pied. Il faut dans ce mouvement, comme dans le précédent, alterner l’emploi des rênes.

On exerce ensuite le cheval à partir au galop avec les jambes seulement : la main tient les rênes par leur extrémité. Le cheval bourre-t-il sur la main, prend-il le trot ? le poids est en avant ; il faut alors marquer un demi-arrêt, et recommencer le départ, après avoir décontracté le cheval.

Arrivé à ce degré d’instruction, on alterne les départs au galop avec les mains et avec les jambes. On multiplie les descentes de mains.

On fait de même après chaque changement de pied, ayant soin de reprendre les rênes immédiatement pour faire un nouveau changement de pied, et ainsi de suite.

Enfin, on passe aux changements de pied avec les jambes seules : on tient les rênes demi-flottantes.

Dans tous ces mouvements, les rênes sont d’autant plus flottantes que l’éducation du cheval est plus avancée ; et l’on arrive ainsi à les exécuter, les rênes sur l’encolure, sans que le cheval augmente en rien son allure.


Donc, en résumé :

1° Départ au galop avec la main seule ;

2° Changement de pied avec la main seule ;

3° Départ au galop avec les jambes seules ;

4° Départ au galop avec la main et les jambes alternativement : descentes de main ;

5° Changement de pied, suivi d’une descente de main ;

6° Changement de pied, avec les jambes seules.

C’est seulement alors, quand tous ces mouvements s’exécutent facilement, sans augmentation ni ralentissement d’allure, que l’on a un cheval dans un équilibre de premier genre.

Comment assez admirer ici toute la beauté de ces nouveaux principes, qui, joignant à leur simplicité la puissance de leur action, rendent le cheval souple, élégant, et assurent sa durée. »


D’ESTIENNE.


Paris, le 20 mars 1864.