Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Nouveau travail raisonné avec le caveçon

NOUVEAU
TRAVAIL RAISONNÉ
AVEC LE CAVEÇON.



Encore un progrès nouveau que je dois à la pratique et que je me hâte de porter à la connaissance du public. D’un instrument employé jusqu’ici comme moyen de coercition, comme une espèce de collier de force, je suis parvenu à faire un instrument puissant d’éducation. Je veux parler du caveçon. Je m’en sers pour développer le sentiment équestre de l’élève.

À cet effet, je fais mettre le caveçon au cheval monté, et je fais suivre à l’élève toute la progression, en commençant par le travail en place, au pas, au trot, au galop et de deux pistes. Mon but est de faire sentir à l’élève les fautes qu’il a commises ou qu’il commet. Je m’explique. Je tiens la longe horizontalement, a 1 mètre de distance, et je dis à l’élève d’élever les poignets pour décontracter les muscles de l’encolure ; je fais, en même temps, une opposition attractive. Deux causes peuvent faire revenir le cheval sur lui : les mauvaises contractions de l’encolure, ou un faux effet de main du cavalier. J’ai soin, par une traction horizontale, d’empêcher l’acculement du cheval, et je fais observer à l’élève qu’il aurait dû, dans le premier cas, agir par pression des jambes sans main ; dans le deuxième, qu’il a eu trop de main. — J’ai prévenu l’effet de l’acculement, par la traction horizontale de la longe, j’ai donc empêché le cheval de percevoir la faute commise par le cavalier, auquel, cependant, j’ai pu la faire remarquer, sans inconvénient pour l’éducation du cheval. — De temps en temps, je laisse la faute produire ses conséquences inévitables, la perte de la légèreté, la modification de l’équilibre, en un mot, l’acculement. Je dis à l’élève de n’agir ni par les jambes ni par la main, et de se contenter de sentir ce qui va se passer sous lui. Je rétablis l’équilibre par une traction horizontale du caveçon, et je répare la faute commise par l’élève.

Les professeurs, les officiers de cavalerie, comprendront par ce qui précède de quelle importance peut être ce nouveau travail avec le caveçon, pour aider au progrès du cavalier et accélérer l’éducation du cheval. — Je dis ce qu’il faut faire, mais ce n’est que sous la direction d’un habile professeur élevé à mon école que l’élève pourra apprendre à se servir avec justesse du caveçon, comme je le comprends. — Je fais répéter le même travail en cercle (le professeur tiendra la longe à 2 ou 3 mètres de distance), au pas, au trot, au galop, en recommandant à l’élève de ne chercher qu’une seule chose, la légèreté. — Or, nos lecteurs doivent savoir aujourd’hui que la légèreté suppose l’équilibre du poids préparé par l’harmonie des forces. — Et pour tout résumer en quelques mots, disons : « harmonie des forces produite, à l’aide du caveçon, par la détente des muscles de l’encolure, équilibre du poids, concentration de la force harmonisée. » Là est toute l’équitation, et tout ce que l’on pourrait dire en plus ressemblerait à ces bois flottants dont parlait le fabuliste.