Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Conclusion

CONCLUSION





Le goût de l’équitation se perd, tout le monde le reconnaît, et chacun donne son opinion. Les uns attribuent la décadence de l’art à l’engouement de la jeunesse pour les courses ; ils voient dans le turf une succursale de la Bourse, et regrettent que le Gouvernement favorise cet entraînement, au lieu de laisser à l’industrie privée le soin de payer ses passe-temps. Ils disent que les parieurs sur les chevaux de courses n’ont pas le droit de réclamer des primes gouvernementales, plus que les parieurs sur le trois-six, le colza ou la betterave. Les autres pensent que l’enseignement routinier des manèges a fait son temps, et qu’à notre époque de vapeur, d’électricité, où tout se perfectionne, l’équitation doit suivre aussi la loi du progrès. Je partage cette manière de voir, et j’apporte comme témoignage les travaux de toute ma vie.

Qu’il me soit permis de rappeler les innovations que j’ai introduites dans la science et l’art de l’équitation :

Les exercices de kinésie pour donner en quelques semaines une tenue ferme, gracieuse, solide, à quiconque n’aurait jamais enfourché un cheval.

Les moyens d’assouplir la mâchoire, l’encolure, les reins, la croupe de tous les chevaux ;

De les rendre tous légers à la main, aux trois allures.

De leur donner à tous un pas régulier ;

Un trot uni, étendu ou cadencé ;

Un reculer aussi facile que la marche en avant ;

Un galop facile.

Changement de pied du tact au tact, aux deux temps, à chaque temps.

Le rassembler dans tous ses degrés.

Les trois genres de piaffer.

Le temps d’arrêt au galop, par l’éperon.

Faire venir le cheval à l’homme et le rendre sage au montoir.

La translation du poids par les forces instinctives.

1° Distinction entre les forces instinctives du cheval et les forces communiquées ;

2° Explication de l’influence d’une mauvaise construction sur les résistances des chevaux ;

3° Effet des mauvaises constructions sur la mâchoire, l’encolure et la croupe, principaux foyers de résistance ;

4° Moyens de remédier à ces inconvénients, par les assouplissements des deux extrémités et de tout le corps du cheval ;

5° Annulation des forces instinctives du cheval pour leur substituer les forces transmises par le cavalier, et donner de l’aisance et du brillant à l’animal le plus disgracieux ;

6° Égalité de sensibilité de bouche chez tous les chevaux ; adoption d’un genre de mors uniforme ;

7° Moyens d’habituer tous les chevaux à supporter également l’éperon ;

8° Tous les chevaux peuvent se ramener et acquérir la même légèreté ;

9° Moyen d’établir chez un cheval mal constitué un équilibre aussi facile que celui des plus belles organisations ;

10° Le cavalier donne la position, et le cheval exécute le mouvement ;

11° Des causes qui font que des chevaux non tarés ont souvent des allures défectueuses : moyens d’y remédier en quelques leçons ;

12° Changement de direction par de nouveaux effets de main et de jambes ;

13° Distinction entre le reculer et l’acculement ; de l’effet utile du premier dans l’éducation du cheval ; des inconvénients du second.

14° Des attaques employées comme moyen d’éducation ;

15° Tous les chevaux peuvent piaffer ; moyens de rendre ce mouvement lent ou précipité ;

16° Définition du vrai rassembler ; moyens de l’obtenir ; de son utilité pour la grâce et la régularité des mouvements compliqués ;

17° Moyen d’amener tous les chevaux à projeter franchement au trot leurs jambes en avant ;

18° Moyens raisonnes pour mettre le cheval au galop.

19° Temps d’arrêt au galop, les jambes ou l’éperon précédant la main ;

20° Force graduée, basée sur les résistances du cheval, le cavalier ne devant céder qu’après les avoir annulées ;

21° Éducation partielle du cheval, ou moyen d’exercer ses forces séparément ;

22° Éducation complète des chevaux d’une conformation très-ordinaire en moins de trois mois ;

23° Seize nouvelles figures de manège propres à donner le fini à l’éducation du cheval et à perfectionner le sentiment du cavalier[1] ;

24° Nouvel effet de chambrière ;

25° Nouvel effet de main ;

26° Nouvel effet de jambes ;

27° Nouveaux effets de main et de jambes combinés ;

28° Descentes de main ;

29° Descentes de jambes ;

30° Descentes de main et de jambes simultanées.


Il est bien entendu que tous les détails d’application qui se rattachent à ces innovations sont nouveaux comme elles et m’appartiennent également.

Mais on se tromperait grossièrement si l’on voulait chercher le but de ma méthode dans ces fioritures équestres, destinées principalement à récréer le public.

Ces fioritures servaient à reposer le cheval, en faisant succéder à des exercices de haute école, des mouvements légers, gracieux, très-faciles pour le cheval équilibré.

Ma méthode s’adresse aux vrais amateurs, aux officiers de cavalerie, aux écuyers, à tous ceux qui veulent tirer le meilleur parti des chevaux, quelle que soit leur conformation.

L’équilibre, c’est le but que l’on doit se proposer, et la légèreté est la récompense du travail.

  1. J’ai eu aussi le premier l’idée de faire exécuter, même par des dames, les grandes difficultés de l’équitation ; le public en a été témoin. Tout le monde a pu admirer Mmes Caroline Loyau, Pauline Cuzent, Mathilde et Maria d’Embrun.