Mémoires secrets de Bachaumont/1771/Mai

Texte établi par M. J. Ravenel, Brissot-Thivars éditeurs & A. Sautelet et Compagnie (Tome III (1769-1772)p. 286-298).
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Mai 1771

2 Mai. — Le 28 du mois dernier est mort M. Bachaumont[1], âgé de quatre-vingt-un ans. C’était un de ces paresseux aimables, tels qu’en a fourni beaucoup le dernier siècle. Il a écrit sur les arts avec un avec le goût d’un homme du monde instruit. Il vivait chez madame Doublet, cette virtuose si connue, dont la maison a été long-temps célèbre par la réunion de tout ce qu’il y avait de plus illustres personnages dans tous les genres. Cette dame, qui vit encore, a eu la douleur de survivre à tous ses anciens amis. Elle est âgée aujourd’hui de quatre-vingt-quatorze ans.

4. — *Lettre d’un Bourgeois de Paris à un provincial, à l’occasion de l’Édit de décembre 1770, en date du 5 février 1771. Cet ouvrage lumineux, à la portée de tout le monde, peut s’appeler le catéchisme des honnêtes gens, des bons citoyens. Il paraît une seconde Lettre de la même plume, en date du 13 mars 1771, qui discute les faits qui ont suivi l’Édit, avec non moins de bon sens et de simplicité. Un seul écrit de cette espèce suffit pour renverser tous les sophismes retournés en cent façons différentes dans les pamphlets graves, sublimes, plaisans ou burlesques dont on farcit journellement la capitale et les provinces, et qui, par la faveur que leur accorde évidemment le ministère, doivent beaucoup accréditer une cause qu’on ne peut soutenir que par de si petits moyens, aussi indécent.

des ressorts aussi puérils, et un manège 7. — *Lettre à M. D. T., Maître des Requêtes, par un homme d’honneur et de conscience à qui l’on propose une place dans le nouveau Parlement des intrus, en date du 24 mars 1771. C’est un écrit dans le goût du précédent, où l’on démontre, avec autant de simplicité que de bon sens, qu’aucun homme d’honneur ne peut accepter en conscience, et suivant les lois seules de la probité mondaine, une place dans le tribunal en question.

8. — Les lettres de Lyon annoncent que madame la Comtesse de Provence, qu’on avait dépeinte comme très-laide, n’est point aussi mal qu’on l’avait faite. On assure qu’elle est brune et non pas noire ; qu’elle a de très-beaux yeux ; que sa physionomie porte un caractère de noblesse qui en impose ; que sa taille est agréable.

— On avait commencé un Journal du Palais sous le titre de Récit de ce qui s’est passé au sujet de l’Édit envoyé au Parlement le 27 novembre 1770[2], et on y avait successivement ajouté des suites contenant, jour par jour, ce qui était arrivé jusqu’au 1er février[3]. Cet écrit peu éloquent, mais qui est réputé très-véridique, et rempli d’anecdotes très-piquantes, était fort couru dans Paris ; mais la difficulté de le faire imprimer, sans doute, en avait retardé la publicité. Enfin, on en voit aujourd’hui la continuation jusqu’aux vacances de Pâques[4], et cette suite n’est pas moins intéressante que le reste ; la clandestinité de la brochure lui donne un nouveau mérite ; elle est recherchée avec la plus grande avidité, dans un temps où toutes les conversations ne cessent de rouler sur la même matière depuis six mois.

9. — La Comédie Italienne, c’est-à-dire l’Opéra-Comique, est à la veille de faire une très-grande perte en la personne du sieur Caillot, qui se retire. Cet acteur, extrêmement goûté du public, et le premier coryphée du spectacle en question, à une voix mixte, tenant haute-contre, de la taille et de la basse taille, se modulant sur tous les tons, joignait une intelligence singulière et une facilité merveilleuse. Sa figure secondait à merveille jeu très-naturel, et l’on désespère de remplacer de long-temps un semblable sujet.

— L’ouvrage de M. de Voltaire annoncé depuis un an, en forme de dictionnaire, paraît en partie. On voit déjà trois volumes, sous le titre de Questions sur l’Enyclopédie, par des amateurs. On parlera plus amplement de cet ouvrage quand il aura été discuté. En général, on peut dire que c’est une rapsodie, où l’auteur met distinctement tout ce qui lui passe par la tête, et vide les restes impurs de son porte-feuille.

14. — M. l’abbé Arnaud, élu membre de l’Académie Française, il y a quelque temps, a été reçu hier dans cette Compagnie, avec l’appareil ordinaire et cette affluence de curieux qui augmente chaque année. Son discours, plus analogue au lieu et aux circonstances que la plupart de ceux qui se prononcent en pareille occasion, à roulé principalement sur la langue. Il a établi un parallèle entre la langue grecque et la langue française, ou plutôt, dissertant sur les deux, il a prouvé qu’elles ne se ressemble en rien. Il s’est étendu avec complaisance sur la première, pour laquelle on connaît son enthousiasme ; mais, sentant l’indécence qu’il y aurait à dépriser la seconde devant les grands maîtres établis pour l’épurer, la perfectionner et la conserver, il lui a trouvé des beautés particulières, analogues à la nation, au gouvernement et au siècle : en un mot, il a démontré que l’une était la langue des passions et de l’imagination, l’autre celle de l’esprit et de la raison ; que celle-là était plus propre à des républicains, celle-ci à un état monarchique ; qu’un rhythme harmonieux, une prosodie marquée, une mélodie continue, convenaient mieux à Athènes, où il fallait subjuguer les oreilles superbes d un peuple délicat, qu’à Paris, où, au contraire, l’ordre, la netteté, la précision du discours étaient plus essentiels aux détails des arts, au sang-froid de la philosophie, commerce de la société, les objets principaux auxquels on puisse y appliquer le langage. L’orateur a enrichi cette digression de beaucoup d’images et de figures, qui annoncent qu’il sait à merveille lier les deux langues, et transporter dans la seconde les beautés de la première, malgré l’antipathie qu’il leur suppose.

M. de Châteaubrun, élu directeur par le sort pour répondre à M. l’abbé Arnaud, s’étant trouvé incommodé, n’a pu se rendre à l’assemblée. C’est M. le maréchal de Richelieu qui a présidé à sa place, et M. d’Alembert a lu le discours de l’Académicien absent. L’orateur octogénaire[5] y a fait, d’une façon légère et délicate, l’éloge de M. de Mairan, qu’a remplacé M. l’abbé Arnaud. Il a saisi tous les traits propres à particulariser le héros académique dont il parlait, et les touches de son pinceau ne se sont ressenties en rien de la main octogénaire le maniait.

On ne savait, vu les défenses qu’avaient messieurs les Académiciens de parler[6], depuis l’incartade de M. Thomas, s’il y aurait quelque autre lecture. On a été surpris agréablement quand M. Saurin a fait lire une Épître en vers sur les inconvéniens de la vieillesse. On y a trouvé de la force, de l’onction et de très-belles images. M. Thomas a fermé la séance par une longue et ennuyeuse dissertation, où il a résumé tout ce qui a été écrit sur question si frivole et si agitée dans le seizième siècle, de savoir lequel des deux sexes l’emporte sur l’autre. Il a fait à cette occasion un parallèle si plein de divisions et de sous-divisions ; il est entré dans un détail si immense et si minutieux de la plus fine métaphysique, que la plupart des auditeurs n’ont pu le suivre. Cet ouvrage, spécialement fait pour plaire aux femmes, n’atteindra point le but de l’auteur. Les avantages qu’il leur accorde sont tellement tirés à l’alambic, qu’ils pourraient aisément se réduire à rien. M. Thomas, après avoir bien établi sa balance, finit par dire que, pour prononcer sur une semblable question, il faudrait être assez malheureux pour n’être d’aucun sexe.

15. — *Il paraît constant que M. de Voltaire a adressé une lettre à M. le chancelier, où il félicite ce chef de la magistrature de l’heureux succès de ses projets ; il en exalte l’étendue, l’importance et la vaste combinaison ; il loue l’éloquence de ses discours et préambules d’Édits, où il trouve, dit-il, l’élégance de Racine et la sublimité de Corneille ; il finit par observer que le cardinal de Fleury a, par un traité, ajouté la Lorraine à la France ; que M. le duc de Choiseul nous a conquis la Corse ; mais que M. de Maupeou, supérieur à ces deux grands ministres, rend au roi la France entière.

16. — Madame Doublet est morte, ces jours-ci, âgée de quatre-vingt-quatorze ans. C’était une virtuose dont madame Geoffrin n’est qu’une faible copie. Depuis soixante ans elle rassemblait dans sa maison la meilleure compagnie de la cour et de la ville, et passait sa vie à former un journal bien supérieur à celui de L’Étoile et autres ouvrages du même genre. La politique, les belles-lettres, les arts, les détails de société, tout était de son ressort. Elle s’abaissait du cèdre jusqu’à l’hysope. Tous les jours on élaborait chez elle les nouvelles courantes, on en rassemblait les circonstances, on en pesait les probabilités, on les passait, autant qu’on pouvait, à la filière du sens et de la raison ; on les rédigeait ensuite, et elles acquéraient un caractère de vérité si connu, que, qu’on voulait s’assurer de la certitude d’une narration, on se demandait : « Cela sort-il de chez madame Doublet ? » Au reste, sa réputation avait un peu dégénéré de ce côté en vieillissant, elle avait perdu beaucoup de ses amis du premier mérite, et avait survécu à toute sa société habituelle. M. de Bachaumont est le dernier philosophe qu’elle ait vu mourir[7].

Il est difficile qu’au milieu de ce savant tourbillon qui l’entourait, madame Doublet ne passât pas pour être un peu entichée de déisme, de matérialisme et même d’athéisme. Elle avait bravé jusque-là l’opinion publique et les clameurs des dévots. Depuis le carême dernier, la tête de cette dame s’affaiblissant, M. le curé de Saint-Eustache avait cru qu’il était temps de convertir sa paroissienne. Celle-ci n’était plus en état d’argumenter contre lui, et avec le secours de la grâce, le pasteur s’était flatté d’avoir réussi. En effet, elle avait reçu le bon dieu la semaine sainte : pratique de religion que personne de sa connaissance ne se rappelait lui avoir vu faire. On conçoit aisément qu’avec de pareils préparatifs, elle n’a pu qu’éprouver une mort très-édifiante et s’endormir dans le Seigneur.

17. — Entre cette multitude de brochures qui se succèdent sans interruption, et auxquelles travaillent infatigablement les écrivains que M. le chancelier a daigné s’associer pour coopérateurs de son sublime système, il faut distinguer un petit pamphlet, intitulé : Observations sur l’écrit intitulé Protestation des Princes[8]. On les catéchise de la façon la plus insolente, et l’on ne doute pas que les princes ne soient indignés et de l’audace avec laquelle l’anonyme ose leur donner des leçons, et de la publicité avec laquelle on vend un pareil écrit jusque dans leurs propres palais. Au surplus, l’ouvrage semble sortir de la même plume qui a fait les discours de M. le chancelier, et à tout l’appareil d’une diction majestueuse réunit les sophismes du raisonneur le plus subtil et le plus délié.

18. — *On ne peut détailler les écrits, presque innombrables déjà, que M. le chancelier fait éclore sans interruption des différentes presses qui gémissent en faveur de son système. Quand ce torrent sera arrêté, on en fixera le catalogue avec des notes qui en caractériseront le mérite et l’espèce, article par article.

Entre les diverses brochures de M. le chancelier, il ne faut pas omettre, quant à présent, l’Avis aux Dames[9]. Elle leur fait trop d’honneur pour ne pas s’empresser d’en faire mention. On a déjà rendu compte[10] du zèle et de la chaleur qu’elles mettent dans l’affaire du jour. On les voit disserter sur cette matière publique avec un intérêt, un goût qu’on ne leur connaissait pas. M. le chancelier ne les regarde pas sans raison comme un des plus puissans obstacles que rencontre l’exécution de son projet. En vain l’écrivain du pamphlet cité veut jeter du ridicule sur elles ; on sait que ce sont elles qui le distribuent. Elles persistent à exclure de leur société les traîtres. ou les lâches qui, par intérêt ou par faiblesse, abandonnent une cause qu’elles regardent comme celle de la patrie.

19. — M. le comte de Provence paraît enchanté de sa nouvelle conquête. Elle n’est pourtant pas jolie ; l’annonce favorable qui en était venue de Lyon[11], n’est point exacte. Cette princesse est très-brune ; elle a d’assez beaux yeux, mais ombragés de sourcils très-épais ; un front petit, un nez long et retroussé, un duvet déjà très-marqué aux lèvres, et une tournure de visage qui ne présente rien d’auguste ni d’imposant. Quoi qu’il en soit, elle plaît fort au prince, et le lendemain il annonça au roi qu’il avait été quatre fois heureux.

Madame la comtesse de Provence répond de son côté à merveille aux caresses du prince, et l’une et l’autre promettent de vivre dans la meilleure intelligence. On raconte quelques anecdotes qui font beaucoup d’honneur au dernier. Le lendemain du mariage, on prétend que M. le comte d’Artois dit à son frère : « Monsieur le comte de Provence, vous aviez la voix bien forte hier, vous avez crié bien haut votre oui ! — C’est que j’aurais voulu qu’il eût été entendu jusqu’à Turin, » repartit soudain l’époux enflammé. On ajoute que ce même jour M. le comte de Provence demanda à M. le Dauphin comment il avait trouvé sa belle-sœur. Ce prince très-naïf lui répondit : « Pas trop bien. Je ne me serais pas soucié de l’avoir pour ma femme. — Je suis fort aise que vous soyez tombé plus à votre goût. Nous sommes contens tous deux, car la mienne me plaît infiniment. »

Au surplus, madame la comtesse de Provence, quoique plus âgée que son mari, a encore toute la candeur aimable du jeune âge, et les petites gentillesses qui lui sont naturelles. Elle est encore toute neuve pour l’étiquette, et a l’air assez gauche en tout ce qui tient au cérémonial. Le lendemain de son mariage, quand madame de Valentinois, sa dame d’atour, voulut lui mettre du rouge, la princesse a fait beaucoup de façons et avait une grande répugnance à se faire peindre ainsi le visage. Il a fallu que M. le comte de Provence lui demandât de se conformer à l’usage de la cour, lui assurant qu’elle lui ferait grand plaisir, et qu’elle en serait infiniment mieux à ses yeux. « Allons, madame de Valentinois, mettez-moi du rouge, et beaucoup, puisque j’en plairai davantage à mon mari. »

20. — M. de Belloy vient d’avoir quinze cents livres de pension, pour récompense de sa dure et boursouflée tragédie de Gaston et Bayard, mais où il prêche le dévouement passif et absolu au monarque, d’une façon très-édifiante pour le ministère.

21. — On cite une gentillesse de madame la Dauphine vis-à-vis M. le comte de Provence, qui mérite d’être rapportée. Ce prince disait qu’il aimait beaucoup mieux l’hiver qu’une autre saison, parce qu’on était à son aise au coin du feu avec sa moitié, les pieds sur les chenets, etc. La princesse a fait faire un dessin qui représente M. le comte de Provence et sa femme, dans l’attitude qu’il regarde comme une des plus délicieuses, et elle l’a envoyé dans cet état à ce couple fortuné.

22. — *La Chambre des Comptes de Rouen, qui est en même temps Cour des Aides, n’a point vu sans frémir la destruction de la Cour des Aides de Paris ; elle en a porté ses doléances au roi dans des Remontrances également fortes et pathétiques. On en parle comme d’un morceau digne de figurer à côté de celles de la Cour des Aides de Paris.

23. — *Parmi les candidats qui aspirent à siéger dans le nouveau tribunal, s’est présenté un nommé Carbonel, avocat qui n’a jamais été sur le tableau. Pour mieux capter le suffrage de M. le chancelier, il a jugé à propos de faire graver le portrait du chef de la magistrature et d’y mettre au bas les soi-disant vers suivans :

Ministre, vrai présent de la Divinité,
Méprise les clameurs d’un insensé vulgaire.
Poursuis le bien public que tu cherches à faire ;
Par Minerve et Thémis ton projet fut dicté,
Et ton nom passera à la postérité.

On voit, par cet échantillon, que le sieur Carbonel n’est pas beaucoup habitué à faire des vers, et que c’est la force de l’enthousiasme qui lui a arraché ceux-ci. Malgré cet effort de génie, le bruit court qu’il ne sera pas reçu, comme ayant des mœurs scandaleuses, comme séparé d’une femme qu’il laisse mourir de faim, et à la veille de faire entrer sa fille à l’Opéra, tandis que le mari vit avec une gueuse.


24. — Hier le fameux Colysée s’est ouvert. Il y avait eu, la nuit, ce qu’on appelle la répétition des ministres, c’est-à-dire une exécution de l’illumination la plus complète, qui n’a commencé qu’à minuit. On n’y entrait qu’avec des billets. Nosseigneurs du Conseil ont trouvé cela très-beau. C’est M. le duc de La Vrillière, comme ayant le département de Paris et comme s’intéressant infiniment aux plaisirs de la capitale, qui a fait parcourir les beautés du lieu à ses collègues. Madame la marquise de Langeac, non moins intéressée aux progrès des arts, a reçu les dames de la cour, et a fait les honneurs du lieu.

Le public ne s’y est pas rendu hier avec l’affluence qu’espéraient les entrepreneurs. Il faudrait quarante mille spectateurs pour garnir cet immense labyrinthe, dont les portiques et les péristyles annoncent plus un temple qu’un lieu de fêtes et de volupté. Au surplus, tout n’est pas fini, et il n’y a encore que le grand salon en rotonde d’achevé dans les édifices. On ne peut qu’admirer la folie des auteurs d’un pareil projet, et la folie plus grande de qui ont fourni des fonds pour l’exécution. Il n’en coûte que trente sous pour y entrer.

28. — *On vient d’imprimer les Remontrances du Parlement de Toulouse, en date du 6 avril dernier, à l’occasion de l’Édit enregistré au Lit de justice, le 7 décembre 1770. Elles sont écrites avec ce feu qui caractérise les têtes de nos provinces méridionales.

29. — M. l’abbé De Laville, premier commis des affaires étrangères, et celui qui est à la tête de ce département depuis qu’il n’y a point de ministre en chef, est nommé secrétaire des commandemens de M. le Dauphin. Il est chargé en outre de l’instruire des intérêts des princes, et de l’initier aux mystères de la politique de l’Europe. On ne pouvait faire choix d’un meilleur instituteur de cette matière. On sait qu’il est membre de l’Académie Française.

30. — On a donné, hier, à la cour, la première représentation d’un spectacle nouveau, ayant pour titre : Les Projets de l’Amour, ballet héroïque en trois actes. L’annonce semble indiquer que les paroles sont du sieur de Mondonville, ainsi que la musique ; mais personne n’ignore que ce musicien, qui a la manie de passer aussi pour poète, est incapable de cette tâche, et n’est que le prête-nom de l’abbé de Voisenon. Ce n’est pas que le poëme soit merveilleux, il est généralement assez plat, et, dans les endroits où l’auteur a voulu mettre de la délicatesse, on n’y trouve que de l’afféterie, du faux esprit, du forcé, en un mot, du maniéré, dans le vrai genre de l’Académicien en question.

31. — *Le sieur Ovius, imprimeur à Saint-Malo, déjà arrêté pour soupçon d’avoir travaillé à l’impression des mémoires et procédures des accusés, a été enlevé de nouveau par des exempts de police venus de Paris, et conduit à la Bastille, à ce qu’on présume. On prétend qu’il était occupé à imprimer un quatrième volume du Procès de messieurs de La Chalotais, et qu’il tenait les manuscrits de M. Du Bossay, qu’on sait être fort attaché à la famille en question, et avoir été spécialement, à Paris le conseil de mademoiselle de La Chalotais. On assure qu’on n’a rien trouvé dans ses papiers qui donnât aucun éclaircissement sur ce qu’on recherchait.

  1. Celui sous le nom duquel ont été publiés les Mémoires secrets. — R.
  2. On le trouve dans le Journal historique dont nous avons parlé, tome Ier p. 5-59. — R.
  3. Dans le même recueil, tome Ier p. 59-84. — R.
  4. Même recueil, tome Ier p. 84-177. — R.
  5. Châteaubrun, né à Angoulême en 1686, avait alors quatre-vingt-cing ans. — R.
  6. V. 21 mars 1771. R.
  7. V. 2 mai 1771. R.
  8. In-8o de 24 pages.
  9. In-8o de 15 pages.
  10. V. 15 avril 1771. — R.
  11. V. 8 mai 1771. — R.