Mémoires posthumes de Braz Cubas/Chapitre 095

Traduction par Adrien Delpech.
Garnier Frères (p. 330).


XCV

Fleurs d’antan


Où donc êtes-vous passées, fleurs du souvenir ? Un soir, après quelques semaines de gestation, l’édifice de mes chimères paternelles s’écroula tout à coup. L’embryon s’en fut dans cet état où l’on ne saurait distinguer un Laplace d’une tortue. J’en eus la nouvelle par Lobo Neves. Il me laissa dans le salon, et accompagna le médecin jusqu’à la chambre de la mère frustrée dans ses espérances. Je m’accoudai à la fenêtre, les yeux fixés sur le jardin. J’y vis des orangers sans fleurs. Où donc étaient les fleurs d’antan ?