Mémoires du Général Baron de Marbot/Tome 1/Chapitre XXIX

CHAPITRE XXIX

État de l’armée prussienne. — Marche sur Wurtzbourg. — Combat de Saalfeld et mort du prince Louis de Prusse. — Augereau et son ancien compagnon d’armes. — Retour à Iéna. — Épisode.

Cependant les différents corps de la grande armée se rapprochaient des rives du Mein. L’Empereur venait d’arriver à Wurtzbourg, et sa garde passait le Rhin. Les Prussiens, de leur côté, s’étant mis en marche et traversant la Saxe, avaient contraint l’Électeur à joindre ses troupes aux leurs ; cette alliance forcée, et par conséquent peu sûre, était la seule que le roi de Prusse eût en Allemagne. Il attendait, il est vrai, les Russes ; mais leur armée était encore en Pologne, derrière le Niémen, à plus de cent cinquante lieues des contrées où les destinées de la Prusse allaient être décidées.

On a peine à concevoir l’impéritie qui présida pendant sept ans aux décisions des cabinets des ennemis de la France. Nous avions vu, en 1805, les Autrichiens nous attaquer sur le Danube et se faire battre isolément à Ulm, au lieu d’attendre que les Russes les eussent rejoints, et que la Prusse se fût déclarée contre Napoléon. Voici, à présent, qu’en 1806, ces mêmes Prussiens qui, l’année d’avant, auraient pu empêcher la défaite des Austro-Russes en se joignant à eux, non seulement nous déclarent la guerre, lorsque nous sommes en paix avec le cabinet de Vienne, mais, imitant sa faute, nous attaquent sans attendre les Russes !… Enfin, trois ans après, en 1809, les Autrichiens renouvelèrent seuls la guerre contre Napoléon, au moment où celui-ci était en paix avec la Prusse et la Russie ! Ce désaccord assura la victoire à la France. Malheureusement, il n’en fut pas de même en 1813, où nous fûmes écrasés par la coalition de nos ennemis.

Le roi de Prusse eut d’autant plus tort, en 1806, de se déclarer contre Napoléon avant l’arrivée des Russes, que ses troupes, bien que fort instruites, n’étaient pas en état de se mesurer avec les nôtres, tant leur composition et leur organisation étaient mauvaises. En effet, à cette époque, les capitaines prussiens étaient propriétaires de leur compagnie ou escadron : hommes, chevaux, armes, habillements, tout leur appartenait. C’était une espèce de ferme qu’ils louaient au gouvernement, moyennant un prix convenu. On conçoit que toutes les pertes étant à leur compte, les capitaines avaient un grand intérêt à ménager leur compagnie, tant dans les marches que sur les champs de bataille, et comme le nombre d’hommes qu’ils étaient tenus d’avoir était fixé, et qu’il n’existait pas de conscription, ils enrôlaient à prix d’argent d’abord les Prussiens qui se présentaient, ensuite tous les vagabonds de l’Europe que leurs enrôleurs embauchaient dans les États voisins. Mais cela ne suffisant pas, les recruteurs prussiens enlevaient de vive force un très grand nombre d’hommes, qui, devenus soldats malgré eux, étaient tenus de servir jusqu’à ce que l’âge les mît hors d’état de porter les armes ; alors on leur délivrait un brevet de mendiant, car la Prusse n’était pas assez riche pour leur donner les Invalides ou la pension de retraite. Pendant la durée de leur service, ces soldats étaient encadrés entre de vrais Prussiens, dont le nombre devait être au moins de moitié de l’effectif de chaque compagnie, afin de prévenir les révoltes.

Pour maintenir une armée composée de parties aussi hétérogènes, il fallait une discipline de fer ; aussi la plus légère faute était-elle punie par la bastonnade. De très nombreux sous-officiers, tous Prussiens, portaient constamment une canne, dont ils se servaient très souvent, et, selon l’expression admise, on comptait une canne pour sept hommes. La désertion du soldat étranger était irrémissiblement punie de mort. Vous figurez-vous l’affreuse position de ces étrangers, qui, s’étant engagés dans un moment d’ivresse, ou ayant été enlevés de force, se voyaient, loin de leur patrie et sous un ciel glacial, condamnés à être soldats prussiens, c’est-à-dire esclaves, pendant toute leur vie !… et quelle vie ! À peine nourris, couchés sur la paille, n’ayant que des habits très légers, point de capotes, même dans les hivers les plus froids, et ne touchant qu’une solde insuffisante pour leurs besoins. Aussi n’attendaient-ils pas pour mendier qu’on leur en donnât l’autorisation en les renvoyant du service, car, lorsqu’ils n’étaient pas sous les yeux de leurs chefs, ils tendaient la main, et il m’est arrivé plusieurs fois, tant à Potsdam qu’à Berlin, de voir les grenadiers à la porte même du Roi me supplier de leur faire l’aumône !…

Les officiers prussiens étaient généralement instruits et servaient fort bien ; mais la moitié d’entre eux, nés hors du royaume, étaient de pauvres gentilshommes de presque toutes les contrées de l’Europe qui, n’ayant pris du service que pour avoir de quoi vivre, manquaient de patriotisme et n’étaient nullement dévoués à la Prusse ; aussi l’abandonnèrent-ils presque tous, lorsqu’elle fut dans l’adversité. Enfin, l’avancement n’ayant lieu que par ancienneté, la très grande majorité des officiers prussiens, vieux, cassés, se trouvaient hors d’état de supporter les fatigues de la guerre. C’était une armée ainsi composée et commandée qu’on allait opposer aux vainqueurs d’Italie, d’Égypte, de l’Allemagne et d’Austerlitz !… Il y avait folie ! mais le cabinet de Berlin, abusé par les victoires que le grand Frédéric avait obtenues avec des troupes mercenaires, espérait qu’il en serait encore de même ; il oubliait que les temps étaient bien changés !…

Le 6 octobre, le maréchal Augereau et le 7e  corps quittèrent Francfort, pour se diriger, ainsi que toute la grande armée, vers les frontières de Saxe, déjà occupées par les Prussiens. L’automne était superbe ; il gelait un peu pendant la nuit, mais le jour nous avions un soleil brillant. Mon petit équipage était bien organisé ; j’avais pris un bon domestique de guerre, François Woirland, ancien soldat de la légion noire, vrai sacripant et grand maraudeur : mais ce sont là les meilleurs serviteurs en campagne ; car avec eux on ne manque jamais de rien. J’avais trois excellents chevaux, de bonnes armes, un peu d’argent ; je me portais très bien, je marchais donc gaiement au-devant des événements futurs !…

Nous nous dirigeâmes sur Aschaffenbourg, d’où nous gagnâmes Wurtzbourg. Nous y trouvâmes l’Empereur, qui fit défiler les troupes du 7e  corps, dont l’enthousiasme était fort grand. Napoléon, qui possédait des notes sur tous les régiments, et qui savait en tirer très habilement parti pour flatter l’amour-propre de chacun d’eux, dit en voyant le 44e  de ligne : « Vous êtes de tous les corps de mes armées celui où il y a le plus de chevrons ; aussi vos trois bataillons comptent-ils à mes yeux pour six !… » Les soldats enthousiasmés répondirent : « Nous vous le prouverons devant l’ennemi ! » Au 7e  léger, presque tout composé d’hommes du bas Languedoc et des Pyrénées, l’Empereur dit : « Voilà les meilleurs marcheurs de l’armée ; on n’en voit jamais un seul en arrière, surtout quand il faut joindre l’ennemi ! » Puis il ajouta en riant : « Mais, pour vous rendre justice entière, je dois vous dire que vous êtes les plus criards et les plus maraudeurs de l’armée ! — C’est vrai, c’est vrai ! » répondirent les soldats, dont chacun avait un canard, une poule ou une oie sur son sac, abus qu’il fallait tolérer, car, comme je vous l’ai dit, les armées de Napoléon, une fois qu’elles étaient en campagne, ne recevaient de distributions que fort rarement, chacun vivant sur le pays comme il pouvait. Cette méthode présentait sans doute de graves inconvénients, mais elle avait un avantage immense, celui de nous permettre de pousser toujours en avant, sans être embarrassés de convois et de magasins, et ceci nous donnait une très grande supériorité sur les ennemis, dont tous les mouvements étaient subordonnés à la cuisson ou à l’arrivée du pain, ainsi qu’à la marche des troupeaux de bœufs, etc., etc.

De Wurtzbourg, le 7e  corps se dirigea vers Cobourg, où le maréchal fut logé au palais du prince, dont toute la famille s’était éloignée à notre approche, excepté le célèbre feld-maréchal autrichien prince de Cobourg. Ce vieux guerrier, qui avait si longtemps combattu contre les Français, dont il appréciait le caractère, eut assez de confiance en eux pour les attendre. Cette confiance ne fut pas trompée, car le maréchal Augereau lui envoya une garde d’honneur, lui rendit avec empressement la visite qu’il en avait reçue, et prescrivit d’avoir les plus grands égards pour lui.

Nous n’étions plus éloignés des Prussiens, dont le Roi se trouvait à Erfurt. La Reine l’accompagnait et parcourait à cheval les rangs de l’armée, dont elle cherchait à exciter l’ardeur par sa présence. Napoléon, trouvant que ce rôle n’appartenait pas à une princesse, lança contre elle dans ses bulletins des observations fort blessantes. Les avant-gardes française et prussienne se rencontrèrent enfin le 9 octobre à Schleitz ; il y eut sous les yeux de l’Empereur un petit combat, où les ennemis furent battus : c’était pour eux un début de mauvais augure.

Le même jour, le prince Louis se trouvait, avec un corps de dix mille hommes, posté à Saalfeld. Cette ville est située sur les rives de la Saale, au milieu d’une plaine à laquelle on arrive en traversant des montagnes fort abruptes. Les corps des maréchaux Lannes et Augereau s’avançant sur Saalfeld par ces montagnes, le prince Louis, puisqu’il voulait attendre les Français, aurait dû se placer dans cette contrée difficile et remplie de défilés étroits, où peu de troupes peuvent en arrêter de fort nombreuses ; mais il négligea cet avantage, probablement par suite de la persuasion où il était que les troupes prussiennes valaient infiniment mieux que les troupes françaises. Il poussa même le mépris de toute précaution jusqu’à placer une partie de ses forces en avant d’un ruisseau marécageux, ce qui rendait leur retraite fort difficile en cas de revers. Le vieux général Muller, Suisse au service de la Prusse, que le Roi avait placé auprès de son neveu pour modérer sa fougue, ayant fait à celui-ci quelques observations à ce sujet, le prince Louis les reçut fort mal, en ajoutant que pour battre les Français il n’était pas besoin de prendre tant de précautions, et qu’il suffisait de tomber dessus dès qu’ils paraîtraient.

Ils parurent le 10 au matin, le corps du maréchal Lannes en première ligne, celui d’Augereau en seconde ; mais ce dernier n’arriva pas à temps pour prendre part au combat. Sa présence était d’ailleurs inutile, les troupes du maréchal Lannes se trouvant plus que suffisantes. En attendant que son corps d’armée fût sorti du défilé, le maréchal Augereau, suivi de son état-major, se plaça sur un mamelon d’où nous dominions parfaitement la plaine et pouvions suivre de l’œil toutes les péripéties du combat.

Le prince Louis aurait encore pu faire retraite sur le corps prussien qui occupait Iéna ; mais ayant été le premier instigateur de la guerre, il lui parut inconvenant de se retirer sans combattre. Il fut bien cruellement puni de sa témérité. Le maréchal Lannes, profitant habilement des hauteurs au bas desquelles le prince Louis avait si imprudemment déployé ses troupes, les fit d’abord mitrailler par son artillerie, et dès qu’il les eut ébranlées, il lança plusieurs masses d’infanterie qui, descendant rapidement des hauteurs, fondirent comme un torrent impétueux sur les bataillons prussiens et les enfoncèrent en un instant !… Le prince Louis, éperdu, et reconnaissant probablement sa faute, espéra la réparer en se mettant à la tête de sa cavalerie, avec laquelle il attaqua impétueusement les 9e  et 10e de housards. Il obtint d’abord quelque succès ; mais nos housards, ayant fait avec furie une nouvelle charge, rejetèrent la cavalerie prussienne dans les marais, tandis que leur infanterie fuyait en désordre devant la nôtre.

Au milieu de la mêlée, le prince Louis s’étant trouvé aux prises avec un sous-officier du 10e de housards, nommé Guindet, qui le sommait de se rendre, répondit par un coup du tranchant de son épée qui coupa la figure du Français ; alors celui-ci, passant son sabre au travers du corps du prince, l’étendit raide mort !

Après le combat et la déroute complète de l’ennemi, le corps du prince ayant été reconnu, le maréchal Lannes le fit honorablement porter au château de Saalfeld, où il fut remis à la famille princière de ce nom, alliée à la maison royale de Prusse, et chez laquelle le prince Louis avait passé la journée et la soirée précédentes à se réjouir de la prochaine arrivée des Français et même, dit-on, à donner un bal aux dames du lieu. À présent on le leur rapportait vaincu et mort !… Je vis le lendemain le corps du prince étendu sur une table de marbre ; on avait fait disparaître toutes traces de sang ; il était nu jusqu’à la ceinture, ayant encore sa culotte de peau et ses bottes, et paraissait dormir. Il était vraiment beau ! Je ne pus m’empêcher de faire de tristes réflexions sur l’instabilité des choses humaines, en voyant ce qui restait de ce jeune homme, né sur les marches d’un trône, et naguère encore si aimé, si entouré et si puissant !… La nouvelle de la mort du prince Louis jeta la consternation dans l’armée ennemie, ainsi que dans toute la Prusse, dont il était adoré.

Le 7e  corps passa la journée du 11 à Saalfeld. Nous allâmes le 12 à Neustadt et le 13 à Kahla, où nous rencontrâmes quelques débris des troupes prussiennes battues devant Saalfeld. Le maréchal Augereau les ayant fait attaquer, elles opposèrent très peu de résistance et mirent bas les armes. Parmi les prisonniers se trouvait le régiment du prince Henri, dans lequel Augereau avait été jadis soldat, et comme, à moins d’être d’une haute naissance, il était fort difficile de devenir officier supérieur en Prusse, et que les sergents ne parvenaient jamais au grade de sous-lieutenant, cette compagnie avait encore le même capitaine et le même sergent-major !… Remis, par la bizarrerie du destin, en présence de son ancien soldat devenu maréchal et illustré par de hauts faits d’armes, le capitaine prussien, qui reconnut parfaitement Augereau, se conduisit en homme d’esprit, et parla constamment au maréchal comme s’il ne l’avait jamais vu. Celui-ci l’invita à dîner, le fit asseoir auprès de lui, et sachant que les bagages de cet officier avaient été pris, il lui prêta tout l’argent dont il avait besoin, et lui donna des lettres de recommandation pour la France. Quelles réflexions dut faire ce capitaine ! Mais aucune expression ne pourrait peindre le saisissement du vieux sergent-major prussien, en voyant son ancien soldat couvert de décorations, entouré d’un nombreux état-major et commandant un corps d’armée ! Tout cela lui paraissait un rêve ! Le maréchal fut plus expansif avec cet homme qu’il ne l’avait été avec le capitaine ; appelant le sergent par son nom, il lui tendit la main et lui fit donner vingt-cinq louis pour lui et deux pour chacun des soldats qui se trouvaient dans la compagnie à l’époque où il en faisait partie, et qui y étaient encore. Nous trouvâmes cela de fort bon goût.

Le maréchal comptait coucher à Kala, qui n’est qu’à trois lieues d’Iéna, lorsque, à la tombée de la nuit, le 7e  corps reçut l’ordre de se rendre sur-le-champ dans cette dernière ville, où l’Empereur venait d’entrer sans coup férir à la tête de sa garde et des troupes du maréchal Lannes.

Les Prussiens avaient abandonné Iéna en silence, mais quelques chandelles oubliées par eux dans les écuries y avaient probablement mis le feu, et l’incendie, se propageant, dévorait une partie de cette malheureuse cité, lorsque le corps du maréchal Augereau y entra vers minuit. C’était un triste spectacle que de voir les habitants, les femmes et les vieillards à demi nus, emportant leurs enfants et cherchant à se soustraire par la fuite au fléau destructeur, tandis que nos soldats, retenus dans les rangs par le devoir et le voisinage de l’ennemi, restaient impassibles, l’arme au bras, comme des gens qui comptent l’incendie pour peu de chose, en comparaison des dangers auxquels ils vont être exposés sous peu.

Le quartier de la ville par lequel les Français arrivaient n’était point incendié, les troupes pouvaient circuler facilement, et pendant qu’elles se massaient sur les places et les grandes rues, le maréchal s’établit avec son état-major dans un hôtel d’assez belle apparence. J’y rentrais en revenant de porter un ordre, lorsque des cris perçants se firent entendre dans une maison voisine dont une porte était ouverte. J’y monte à la hâte, et guidé par les cris, je pénètre dans un bel appartement, où j’aperçois deux charmantes filles de dix-huit à vingt ans, en chemise, se débattant contre les entreprises de quatre ou cinq soldats de Hesse-Darmstadt, faisant partie des régiments que le landgrave avait joints aux troupes françaises du 7e  corps. Bien que ces hommes, pris de vin, n’entendissent pas un mot de français, et moi fort peu d’allemand, ma présence, mes menaces, leur en imposèrent, et l’habitude d’être bâtonnés par leurs officiers leur fit même recevoir sans mot dire les coups de pied et les horions que, dans mon indignation, je leur distribuai largement, en les jetant au bas de l’escalier ; en quoi je fus peut-être imprudent, car, au milieu de la nuit, et dans une ville où régnait un affreux tumulte, seul, en face de ces hommes, je m’exposais à me faire tuer par eux ; mais ils s’enfuirent, et je plaçai dans une salle basse un peloton de l’escorte du maréchal.

Remonté dans l’appartement où les deux jeunes demoiselles s’étaient vêtues à la hâte, je reçus l’expression de leur chaleureuse reconnaissance. Elles étaient filles d’un professeur de l’Université, qui, s’étant porté avec sa femme et ses domestiques au secours de l’une de leurs sœurs récemment accouchée, dans le quartier incendié, les avait laissées seules, quand les soldats hessois se présentèrent. L’une de ces jeunes filles me dit avec exaltation : « Vous marchez au combat au moment où vous venez de nous sauver l’honneur ; Dieu vous en récompensera, soyez certain qu’il ne vous arrivera rien de fâcheux !… » Le père et la mère, qui rentraient au même instant, en rapportant la nouvelle accouchée et son enfant, furent d’abord fort surpris de me trouver là ; mais dès qu’ils connurent le motif de ma présence, ils me comblèrent aussi de bénédictions. Je m’arrachai aux remerciements de cette famille reconnaissante, pour me rendre auprès du maréchal Augereau qui se reposait dans l’hôtel voisin en attendant les ordres de l’Empereur.