Texte établi par Claude-Bernard Petitot (48p. 246-247).

SUR HENRI IIe DU NOM, PRINCE DE CONDÉ[1].


Lorsque feu M. le prince se fut retiré malcontent de la cour en 1614, il écrivit trois lettres, au Roi, à la Reine et au parlement, qu’il fit imprimer et courir partout[2]. Le prince de Conti son oncle, qui étoit fort simple, et tellement bègue qu’il étoit presque muet, entendant plusieurs personnes qui raisonnoient sur cette retraite et sur ces lettres, leur fit entendre sa pensée en quelques mots qu’il prononça comme il put de cette sorte : « Monsieur père, capitaine, trois batailles ; monsieur neveu, secrétaire, trois lettres ; » voulant dire que Louis de Bourbon, prince de Condé, son père, et aïeul de M. le prince, parce qu’il étoit capitaine, avoit donné trois batailles lorsqu’il s’étoit retiré malcontent de la cour ; mais que M. le prince son neveu, qui étoit plus homme de plume que d’épée, s’étoit contenté de faire trois lettres, et qu’il ne feroit rien davantage : ce qui fut trouvé de fort bon sens, et même fort ingénieux.

  1. Manuscrits de Conrart, tome 10, page 134.
  2. Courir partout : Ces lettres ont été insérées dans le Mercure François, tome 3, page 224 et suivantes.