Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois/2

Texte établi par H. Carnot, Ambroise Dupont (Tome premier Voir et modifier les données sur Wikidatap. 323-337).


CHAPITRE II.



MON ENFANCE, MON ADOLESCENCE, ET MES PREMIERS TRAVAUX LITTÉRAIRES.


Desessarts, dans ses Siècles littéraires de la France, m’apprend qu’à Vého, à deux myriamètres de Lunéville, département de la Meurthe, est né, le 4 décembre 1750, Henri Grégoire, curé d’Embermesnil, paroisse voisine de celle de ma naissance, puis évêque de Blois, membre de l’Assemblée constituante, de la Convention nationale, du Conseil des Cinq-Cents, du Corps législatif, puis sénateur, l’un des commandans de la Légion-d’Honneur, membre de l’Institut national, des sociétés d’Agriculture de Paris, d’encouragement, de philosophie chrétienne, des académies et sociétés savantes dont la liste suit : Société royale des sciences de Gœttingue, minéralogique d’Iéna, d’agriculture du duché de Mecklembourg, de Turin, Marseille, Perpignan, Besançon, Vesoul, Nancy, Strasbourg, Mayence, Anvers, Cambrai, etc. Cette accumulation de titres ne donne pas le mérite, et même elle ne le suppose pas toujours.

La commune de Vého, lieu de ma naissance, était de la province des Trois Évêchés, qui, avec la Lorraine, formait une marqueterie politique. Les lieux dépendans de ces deux provinces s’entremêlaient à tel point que plusieurs villes et villages étaient scindés par des juridictions différentes ; de là sans doute la bévue, ou plutôt l’ineptie, de certains géographes, chez lesquels on trouve Metz en Lorraine, comme d’autres ont dit Monaco en Provence ; autant eût valu dire Nancy dans les trois Évêchés. Une autre erreur très répandue en France et cent fois imprimée, c’est que Strasbourg était rempli de juifs, et que l’usage des églises y était commun aux catholiques et aux luthériens. Or, dans cette ville, chaque culte avait ses temples séparés comme aujourd’hui, et quoiqu’elle ait présentement sept à huit mille juifs, aucun n’avait droit d’y résider avant la révolution, ni même d’y coucher, et Cerf-Berr n’y obtint domicile que par une commission spéciale de la cour. On attribuait à Strasbourg ce qui ne convenait qu’à la province d’Alsace, où effectivement quelques églises étaient communes à plusieurs cultes, et où les juifs avaient cinquante-deux synagogues. Est-il surprenant qu’on trouve tant d’ignorance concernant les pays étrangers chez des gens qui ne connaissent pas leur pays natal ?

Je reviens à notre Lorraine. Les maux qu’elle avait soufferts sous Louis XIV sont inouïs ; les actes de férocité qu’y avaient commis les satellites de ce tyran bigot, avaient presque échappé à l’histoire ; on n’osait les publier sous le règne des Bourbons ; mais une main fidèle les a recueillis ; tôt ou tard la vérité sort du puits, et l’on frémira en lisant les mémoires inédits de Jamerai Duval, que j’espère publier.

Les anciennes guerres entre la Lorraine et le pays Messin, dans lesquelles intervint jadis saint Bernard, comme médiateur, avaient fait naître de part et d’autre une haine, qui, depuis la réunion de ce dernier pays à la France, avait acquis plus d’intensité. Mais cette rancune est actuellement éteinte, surtout depuis l’excellente opération de l’Assemblée constituante, qui divisa la France en départemens. Cette haine avait cependant survécu même à la réunion de la Lorraine ; j’ai connu des voyageurs français qui ne voulurent jamais accepter le dîner qu’on avait fait préparer dans une hôtellerie à la Croix de Lorraine. Je pourrais citer cent autres anecdotes aussi bizarres. Tous les ans, lorsqu’en automne les campagnes étaient dépouillées, les jeunes gens des villages français et lorrains s’envoyaient des cartels toujours acceptés ; des yeux pochés et quelques bras cassés terminaient la querelle. Ces guerres absurdes de rustauds étaient cependant moins sanguinaires, moins absurdes que la presque totalité de ces massacres nommés batailles, célébrés par des historiens adulateurs, où, sans changer de caractère, l’assassinat change de nom, et où les chefs, au lieu de descendre en champ-clos, comme jadis il était d’usage chez les peuples gaulois, au rapport d’Agathias, font ruisseler le sang humain en faisant jouer par milliers les machines qui tuent et qu’on nomme soldats. Dupont (de Nemours) a très bien peint cette frénésie par son ingénieux apologue de ces rois des deux îles qui, ayant d’immenses manufactures de porcelaines très belles, très riches, et très dispendieuses, s’amusent de temps en temps à les rassembler en magasin pour les briser[1].

J’étudiai chez les jésuites de Nancy, où je ne recueillis que de bons exemples et d’utiles instructions. L’enfance est le vestibule de la vie, les souvenirs de cet âge ont un charme ravissant ; et combien j’eus de plaisir, lorsque, quarante ans après avoir quitté Nancy, à Oxford, le père Lélie, curé des catholiques de cette ville, me rappela que ses confrères m’aimaient tendrement ! J’eus entre autres pour régent le père Beauregard, fameux prédicateur, mort émigré en Allemagne, qui, au lieu de publier ses sermons, les a légués aux jésuites de Pétersbourg. Je conserverai jusqu’au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n’aime point l’esprit de la défunte société, dont la renaissance présagerait peut-être à l’Europe de nouveaux malheurs. Ce qu’on doit espérer ou craindre de son rétablissement, formerait un objet très piquant à mettre au concours dans une académie. M. Eichorn, à qui j’en ai parlé, désirait que cette question fût proposée à Berlin. J’écrivis en conséquence à M. Ancillon fils, et lui à M. Nicolaï, très connu comme antagoniste des jésuites ; il serait aussi fastidieux qu’inutile d’exposer les raisons qui empêchèrent d’ouvrir le concours.

Je ne citerai de mes jeunes ans que deux anecdotes : l’une est mon penchant précoce, et dont je me félicite, pour la lecture des ouvrages en faveur de la liberté ; j’aimais surtout l’ouvrage de Boucher : De justa Henrici tertii abdicatione, et les Vindiciæ contra tyrannos, publiées par Hubert Languet, sous le nom de Junius Brutus. Comme mes ennemis vont profiter de cet aveu, que j’aurais pu supprimer, afin de m’imputer un caractère séditieux que je n’eus jamais ! Pour se divertir, ne jette-t-on pas quelquefois à certains animaux des os à ronger ?

L’autre anecdote prouve combien une leçon donnée à propos peut être utile à un enfant. Or, j’étais enfant lorsque, pour la première fois, j’entrai à la bibliothèque publique de Nancy. L’abbé Marquet, alors sous-bibliothécaire, auteur d’un opuscule sur la gravure, me dit : « Que désirez-vous ? — Des livres pour m’amuser. — Mon ami, vous vous êtes mal adressé : on n’en donne ici que pour s’instruire. — Je vous remercie ; de ma vie je n’oublierai la réprimande. » Dans une lettre que m’écrivit, en 1803, l’École centrale de Nancy, je retrouvai la signature de M. Marquet. Par ma réponse, j’acquittai le devoir de la reconnaissance, en rappelant cette anecdote.

Dans ma jeunesse j’ai toujours cherché (et j’aime à le dire) des amis plus âgés que moi ; c’est, je pense, s’assurer une hypothèque sur l’expérience des autres. Cette considération d’une part, et d’une autre la sympathie qui rapproche les enfans et les vieillards, jointes à la conformité de goûts littéraires, m’avaient lié avec l’ancien secrétaire du roi Stanislas, M. de Solignac, auteur d’une histoire de Pologne en cinq volumes (ses autres écrits méritent peu d’être cités), et avec M. Gautier, chanoine régulier, qui a fait divers mémoires de géométrie appliquée, dont un sur la manière d’augmenter l’action du vent dans les voiles des vaisseaux, une Réfutation du Celse moderne, une autre du discours de J.-J. Rousseau sur l’Utilité des sciences. Celui-ci l’a trop maltraité dans sa réponse. Je reproche le même tort à l’abbé Bexon, collaborateur de Buffon, qui a publié un premier volume d’une histoire de la Lorraine : il loue comme mathématicien, et maltraite comme poète, M. Gautier, qui avait traduit en vers le quatrième livre de l’Enéide. Bexon dit qu’à cette lecture on se souvient qu’il y avait déjà un Virgile travesti. Ce jugement est outré. Le même écrivain a fait un poëme sur l’arc-en-ciel, où l’on trouve, entre autres vers :


« Pour vous, fils d’Apollon, c’est l’écharpe d’Iris,
« Pour Newton c’est un prisme au céleste lambris.


MM. Gautier et de Solignac corrigeaient mes essais poétiques ; j’ai tout brûlé : je regrette cependant un ouvrage en vers de neuf syllabes ; cette mesure, admise dans la poésie italienne, est inusitée dans la nôtre ; on n’en connaît que très peu d’exemples dans quelques chansons.

La Lorraine a produit de savans théologiens, des érudits, des mécaniciens, etc., et d’autres hommes distingués, dont la vie a été recueillie par dom Calmet, dans un in-folio assez enflé ; mais ce pays semble avoir été frappé de stérilité poétique, quoique le peuple y soit gai, et quoique la fertilité du sol, la variété des sites, l’aspect riant des Vosges soient propres à enflammer l’imagination. Depuis Blaru, l’auteur trop vanté d’abord, ensuite trop décrié, de notre poëme épique la Nancéide, la Lorraine ne peut guère montrer que Saint-Lambert, François de Neufchâteau, et surtout Gilbert, dont je fis connaissance à Nancy. Il était alors aigri contre l’Académie de cette ville qui avait refusé de l’admettre ; il s’en vengea en poète, c’est-à-dire par des épigrammes, qu’il avait du plaisir à me communiquer. J’en citerai une qui n’est pas, je crois, dans le recueil de ses œuvres. L’Académie avait ajourné sa séance publique du 8 mars, à cause de la maladie de Louis XV ; Gilbert fit courir le sixain suivant :


« Messieurs, vous êtes avertis
« Que demain notre académie
« Se proposait de décerner ses prix ;
« Mais quand le deuil de la patrie
« A loin de nous chassé les ris,
« Peut-on donner la comédie ? »


J’entrai dans la carrière littéraire en publiant l’Éloge de la Poésie, in-8o de 72 pages, couronné par l’Académie de Nancy. J’avais eu pour concurrent l’abbé Ferlet, déjà chargé de lauriers par cette Société, et qui, très piqué de n’avoir pas obtenu la palme, exhala son humeur dans une préface à la tête de son Mémoire qu’il fit imprimer. C’est le même qui a mis au jour, en deux volumes, un recueil d’observations sur Tacite ; l’ouvrage est savant, mais, quand on est royaliste, pourquoi travestir des auteurs républicains ? C’est ce que vient de faire également Sabatier (de Castres), en publiant ce qu’il appelle le Véritable esprit de J.-J. Rousseau.

En 1788 parut mon Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs, in-8o d’environ 300 pages, couronné par l’Académie de Metz.

Le souffle de l’Éternel a dispersé les enfans d’Israël sur la terre ; mais cela ne justifie pas les cruautés des nations envers un peuple sur le cadavre duquel elles se sont acharnées, et dont l’histoire, depuis la dissolution de son corps politique, n’offre guère que des scènes de douleurs. Qu’on lise les dissertations de l’évêque Newton, les actes de barbarie exercés contre eux par Titus, et l’on verra si cet empereur méritait d’être appelé les délices du genre humain[2]. J’examinai les causes de leur dégradation, et les moyens d’y remédier ; je réclamai tous les droits politiques et civils en faveur des juifs, et je tirai la même conséquence en faveur des protestans. Une correspondance sur cet objet s’était établie entre moi et le respectable Malesherbes. Je me rappelle que l’ouvrage faillit être arrêté, parce que j’y disais que les gouvernemens n’ont pas de morale ; à la honte de l’Europe, le divan était la seule exception, suivant Peyssonnel, que j’ai beaucoup connu. Les gens de lettres furent touchés de voir un curé catholique se constituer le défenseur d’une nation proscrite, et l’ouvrage obtint l’accueil le plus flatteur, en Angleterre surtout, où l’on en donna une bonne traduction[3].

Basnage a fait, en quinze volumes, une histoire partiale et très incomplète du peuple juif depuis la dispersion : j’avais entrepris une histoire nouvelle, qui eût en partie comblé les lacunes et rectifié les erreurs de Basnage ; surtout j’aurais réfuté ses mensonges sur saint Cyrille, déjà relevés par l’abbé Goujet. La révolution vint interrompre ce travail. M. de Dohm, envoyé de Prusse au congrès de Rastadt, aujourd’hui plénipotentiaire de Westphalie en Saie, qui a été en Allemagne le défenseur des juifs, m’avait offert ses manuscrits ; à mon tour, je lui ai offert les miens : il est, me dit-il, trop âgé pour suivre son plan, et quant à moi, d’autres travaux commencés me laissent le regret de ne pouvoir continuer le premier ; mais du moins j’ai atteint mon but. J’étais venu à l’Assemblée constituante avec la résolution d’y plaider la cause des juifs ; j’y dénonçai les vexations exercées contre ceux d’Alsace, dont une centaine de familles avaient été réduites à fuir en Suisse pour échapper au massacre. Toutes les synagogues de France, dont plusieurs firent pour moi des prières publiques, me votèrent des remercîmens, y compris les juifs avignonnais et bordelais ; ceux-ci m’écrivirent une longue épître qui a vu le jour[4]. Mes efforts ont été couronnés par l’adoption politique des juifs français. Ils seraient entièrement régénérés, s’ils avaient déployé, pour l’éducation de leurs enfans, le même zèle que ceux d’Allemagne, qui cependant, si l’on excepte la Westphalie et quelques coins de la Bavière, ne jouissent pas encore des mêmes droits. Quelques individus des nôtres sont entrés avec succès dans la carrière des sciences. Au lycée de Mayence, deux enfans d’Israël, Anskel et Ferkem, professent, le premier la physique, le second les mathématiques transcendantes ; quelques autres ont appris à manier la charrue ; mais l’habitude héréditaire du brocantage, auquel les a réduits la persécution, est le plus grand obstacle à ce qu’ils deviennent laboureurs, eux dont les ancêtres, en Palestine, toujours voués aux travaux champêtres, ne connurent que momentanément le commerce, lorsqu’on vit la flotte de Salomon cingler d’Aziangaber à Ophir.

J’ai eu le plaisir de voir à côté de moi, sur le siège législatif, des protestans, des nègres, des sang-mêlés, mais, à mon grand regret, pas un juif.

Au Sénat j’avais mis sur les rangs, pour le Corps législatif, Furtado de Bordeaux, qui depuis a présidé le congrès des juifs convoqués à Paris ; il fut écarté par des concurrens ou plus dignes ou plus connus.

Les juifs de Hollande, inquiets sur le sort qui les attendait, lors de la nouvelle organisation politique de ce pays, m’avaient invité à reprendre la plume en leur faveur. D’après une conférence avec l’ambassadeur batave, je leur fis dire d’être sans crainte, et leur espérance fut tellement justifiée, que plusieurs furent élus membres de l’Assemblée nationale de Hollande ; entre autres, d’Acosta, qui en fut président.

Ici s’intercale naturellement le récit de ce qui m’arriva, lorsque entouré des juifs d’Amsterdam les plus distingués, tels qu’Acosta, Cappadoce, savant médecin, Asher, avocat, etc., j’allai, sur leur invitation, visiter les synagogues portugaises, allemandes et celle qu’on nomme Felix Libertate. Il a fallu, assis au milieu des Parnassim, entendre les harangues des rabbins qui, au nom de leurs frères, m’adressaient des remercîmens et des félicitations. Le christianisme, leur répondis-je, m’apprend que tous les hommes sont mes frères ; que, quelle que soit la disparité de religion, je dois les aimer, les aider ; comme membres du corps politique, ils ont tous les mêmes droits : d’ailleurs, l’Église catholique envisage avec une tendre impatience, dans l’avenir, le moment qui doit amener sous l’étendard de la croix les restes épars d’Israël. J’entendis mon nom intercalé dans les strophes hébraïques d’un cantique d’actions de grâces. Cela prouve au moins que chez eux sont anéanties ces haines, si improprement nommées religieuses. Au commencement du dix-neuvième siècle, cette effusion de bienveillance de trois synagogues envers un évêque catholique, est un trait auquel applaudiront également la religion et la philosophie.

Dans un voyage postérieur en Allemagne, j’ai recueilli d’autres témoignages d’affection chez les juifs de Francfort-sur-le-Mein, de Berlin et surtout de Dessau et de Seezen ; dans ces dernières villes, sous le nom modeste d’écoles, ils ont des lycées où j’ai admiré les talens des maîtres et les progrès des élèves. On a tellement à cœur que leur intelligence franchisse le cercle étroit des idées commerciales, qu’on travaille sans cesse à les en éloigner. Ceux de Seezen ont chacun un petit jardin, et Jacobson, fondateur de ce lycée, se propose d’établir une colonie de juifs agricoles dans un vaste domaine dont il projette l’acquisition.

Pour éveiller le zèle de ceux de France, encourager ceux d’Allemagne et de Hollande en invoquant sur eux la bienveillance des gouvernemens, j’ai publié, sous le titre d’Observations nouvelles, divers opuscules qu’on s’est empressé de traduire en langues hollandaise, allemande et italienne. Une partie de la version italienne est due au patriarche de Venise, Gamboni, avec des notes en faveur de ceux de cette contrée. La conduite louable de ce prélat forme un contraste parfait avec le règlement, ou plutôt le joug, que vient d’imposer le prince primat de Francfort. Il soumet les rabbins à l’examen du consistoire luthérien ; pour être juste, il fallait soumettre celui-ci à l’examen des rabbins. Cet article est un des plus raisonnables. Presque tous décèlent l’intolérance luthérienne qui a présidé à la rédaction de cette ordonnance, monument tyrannique digne de la stupidité du moyen âge, sous un prince qui est en avant de son siècle. C’est là le compliment textuel que j’ai fait à M. de Dalberg : dans une lettre qu’il m’écrivait en 1806, il se félicitait d’avoir le premier donné aux princes allemands l’exemple de la tolérance en supprimant le péage qui assimilait les juifs aux animaux à pied fourchu. Il n’a pas rétabli ce péage, mais, à cela près, pouvait-il faire plus que de publier un décret qui heurte toutes les notions du bon sens, de la justice et de la charité ?

J’aurai toujours une prédilection pour ce peuple, dépositaire des archives les plus antiques, des vérités les plus sublimes, les plus consolantes ; qui, depuis dix-huit siècles, se traînant dans tous les coins de la terre pour y mendier des asiles, calomnié, chassé, persécuté partout, existe partout, dont l’histoire, écrite en caractères de sang, accuse la cruauté des nations, et qui, dans les temps déterminés par l’éternel, doit consoler l’Église de l’apostasie de la gentilité.

Pour ne pas anticiper davantage sur les événemens, et mettre de l’ordre dans ces Mémoires, je les partage en trois sections : ecclésiastique, politique et littéraire ; des anecdotes piquantes feront oublier la stérilité du sujet ; sur un canevas très mesquin peut se placer une broderie qui ait quelque valeur.



  1. Voyez les Éphémérides du citoyen T.
  2. Voir, Newton, Dissertations sur la prophétie, dissertation 20, partie 3e, t. II, page 313.
  3. An essay on the physical, etc. London, 1789, in-8o.
  4. Voir un extrait de cette lettre aux pièces justificatives.