Mémoires (Saint-Simon)/Tome 19/14


CHAPITRE XIV.


Extrême embarras du cardinal Dubois, qui tente encore de se ramener le maréchal de Villeroy, qu’il ne pouvoit perdre, et y emploie le cardinal de Bissy. — Le cardinal de Bissy persuade le maréchal de Villeroy, qui veut prévenir le cardinal Dubois, et va chez lui avec le cardinal de Bissy, où, passant des compliments aux injures, il fait la plus terrible scène qui se puisse imaginer au cardinal Dubois. — Le cardinal Dubois, hors de lui, arrive tout de suite dans le cabinet de M. le duc d’Orléans, m’y trouve seul, lui conte devant moi la scène qu’il venoit d’essuyer du maréchal de Villeroy, et déclare qu’il faut opter entre l’un ou l’autre. — M. le duc d’Orléans me presse de dire mon avis. — J’opine à l’exil du maréchal de Villeroy. — Conférence entre M. le duc d’Orléans, M. le Duc et moi, où il est convenu d’arrêter et d’exiler le maréchal de Villeroy. — M. le duc d’Orléans m’envoie chez le cardinal Dubois, au sortir de notre conférence, examiner et convenir de la mécanique pour arrêter le maréchal de Villeroy. — Compagnie que je trouve chez le cardinal Dubois. — Le duc de Charost, en mue, pour être déclaré gouverneur du roi.


Le cardinal Dubois ne fut pas longtemps à sentir qu’il ne persuaderoit pas M. le duc d’Orléans de chasser le maréchal de Villeroy. C’étoit un tour de force dont il avoit senti tous les inconvénients toutes les fois qu’il avoit été tenté de l’entreprendre, qui devenoit tous les jours plus difficile et plus dangereux, auquel il avoit tout à fait renoncé. Chaque jour que le cardinal différoit à se faire déclarer premier ministre lui sembloit une année, et toutefois il n’osoit presser ce grand pas sans s’être mis à couvert des vacarmes qu’en feroit le maréchal de Villeroy, qui donneroient le signal et l’encouragement à tant d’autres, lesquels, sans cet appui, n’oseroient parler haut, et dont le groupe et les assauts que le maréchal se piqueroit de donner au régent feroient courir grand risque au cardinal d’être aussitôt précipité qu’élevé à cette immense place, et par cela même fort éreinté et en situation de regretter celle où il étoit auparavant. L’agitation de ces pensées et la difficulté de se dépêtrer de l’embarras qui l’arrêtoit, l’occupoit tout entier, redoubloit ses humeurs et ses caprices, le rendoit de plus en plus inabordable, et jetoit les affaires les plus importantes et les plus pressées dans un entier abandon. Enfin, il se résolut de faire encore un effort vers le maréchal de Villeroy ; mais n’osant plus s’y hasarder lui-même, il imagina de s’y prendre par le cardinal de Bissy, charmé de sa conduite sur la constitution et du confessionnal du roi si récemment rendu à ses bons amis les jésuites, et, ce qui ne le touchoit guère moins, en bravant le cardinal de Noailles et le refus de ses pouvoirs.

Dubois lui fit donc part de ses peines, de la dureté de la conduite du maréchal de Villeroy à son égard, de tous les devoirs où il s’étoit mis, de tout ce qu’il avoit tenté auprès de lui pour en obtenir une paix qu’il n’avoit jamais déméritée, et si nécessaire au bien des affaires et à la bienséance, qui ne l’étoit pas moins entre un homme à qui le roi étoit confié, et celui à qui le régent remettoit le détail et le principal soin des affaires. Il lui représenta le grand bien qui naîtroit infailliblement du frein que sa médiation pourroit seule mettre aux saillies continuelles du maréchal de Villeroy, le disposer à vouloir bien le regarder comme un homme qui ne lui avoit jamais manqué, qui n’avoit cessé, dans tous les temps, de mériter l’honneur de ses bonnes grâces, qu’il n’avoit rien oublié pour qu’il lui voulût permettre de lui porter son portefeuille, et de lui faire part de toutes les affaires avec la déférence la plus entière ; enfin, qu’il espéroit cette bonne œuvre de son amour pour le bien et de l’amitié du maréchal de Villeroy pour lui, qui feroit bien recevoir les réflexions qu’il lui feroit faire. L’intime et commune liaison du maréchal et du cardinal avec filme de Maintenon, les intrigues de la constitution, la haine du cardinal de Noailles, que le maréchal avoit adoptée en bas courtisan, et fortifiée, depuis la régence, par celle du duc de Noailles, avoit uni Villeroy et Bissy d’une manière étroite.

L’ambitieux béat saisit avidement une occasion si honnête et si décente de rendre à son confrère un service si désiré. Parvenu de si loin où en étoit Bissy, son étonnante fortune ne lui sembloit guère que des degrés pour se porter plus haut. Il vouloit faire une grande fortune à son neveu, et depuis qu’il voyoit l’entrée du conseil ouverte aux cardinaux, il désiroit beaucoup d’y faire le troisième. Outre l’éclat qui en résulteroit pour lui, il comptoit que c’étoit la voie la plus certaine d’avancer son neveu à tout, et que, venant à bout de tirer du pied de Dubois une si fâcheuse épine, et de le mettre en bonne intelligence avec Villeroy, par conséquent de le rapprocher du régent, il n’y avoit rien qu’il ne pût se promettre de Dubois, et par lui de son maître. Il travailla donc à bon escient auprès du maréchal de Villeroy, et fit si bien qu’il le persuada et qu’il le pria d’en porter de sa part parole au cardinal Dubois. Voilà les deux cardinaux au comble de leur joie. Dubois pria Bissy de dire à Villeroy tout ce que la sienne pouvoit exprimer de plus touchant, et qu’il brûloit d’impatience qu’il lui permît d’aller chez lui l’en assurer lui-même. Bissy ne tarda pas à exécuter une si agréable commission, et Villeroy, pour ne demeurer pas en reste, convint avec Bissy d’aller ensemble chez le cardinal Dubois. Le hasard fit qu’ils y allèrent un mardi matin, et que je ne me souviens plus quelle affaire me fit aller en même temps, contre mon ordinaire, parler à M. le duc d’Orléans à Versailles, de Meudon, où j’habitois.

Bissy et Villeroy trouvèrent tous les ministres étrangers, dont c’étoit le jour d’audience du cardinal Dubois, qui attendoient chacun la leur dans la pièce d’avant le cabinet du cardinal. De longue main, l’usage établi de ces audiences est que les ministres étrangers n’y étoient introduits [que] l’un après l’autre, suivant qu’ils étoient arrivés dans la pièce d’attente, pour éviter toute compétence [1] de rang entre eux. Ainsi Bissy et Villeroy trouvèrent Dubois enfermé avec le ministre de Russie. On voulut avertir le cardinal de quelque chose d’aussi nouveau que le maréchal de Villeroy chez lui, mais il ne le voulut pas permettre, et s’assit avec Bissy sur un canapé en attendant.

L’audience finie, Dubois sortit de son cabinet pour conduire l’ambassadeur, et aussitôt avisa ce canapé si bien garni. Il ne vit plus que lui à l’instant ; il y courut, rendit mille hommages publics au maréchal, avec force plaintes d’être prévenu, lorsqu’il n’attendoit que sa permission pour aller chez lui, et pria Bissy et lui de passer dans son cabinet. Tandis qu’ils y allèrent, il en fit excuse aux ambassadeurs sur ce que les fonctions et l’assiduité du maréchal de Villeroy auprès du roi ne lui permettoient pas de s’absenter pour longtemps d’auprès de sa personne ; et, avec ce compliment, les quitta et rentra dans son cabinet. D’abord, force compliments réciproques et propos du cardinal de Bissy convenables au sujet. De là protestations du cardinal Dubois et réponses du maréchal ; mais à force de réponses, il s’empêtra dans le musical de ses phrases, bientôt se piqua de franchise et de dire des vérités, puis, peu à peu, s’échauffant dans son harnois, des vérités dures et qui sentoient l’injure. Dubois, bien étonné, ne fit pas semblant de sentir la force de ces propos ; mais comme elle s’augmentoit de moment à autre, Bissy, avec raison, voulut mettre le holà, interrompre, expliquer en bien les choses, persuader le maréchal quelle étoit son intention. Mais la marée qui montoit toujours tourna tout à fait la tête au maréchal, et le voilà aux injures et aux plus sanglants reproches. En vain Bissy le voulut faire taire, lui représenter de combien il s’écartoit de ce qu’il lui avoit promis et chargé de rapporter à Dubois, l’indécence sans exemple d’aller maltraiter un homme chez lui, où il ne venoit que pour achever de consommer une réconciliation conclue. Tout ce que put dire Bissy ne fit qu’animer le maréchal, et lui faire vomir tout ce que l’insolence et le mépris peuvent suggérer de plus extravagant. Dubois, confondu et hors de lui-même, rentroit en terre sans proférer un seul mot, et Bissy, justement outré de colère, tâchoit inutilement d’interrompre. Dans le feu subit qui avoit saisi le maréchal, il s’étoit placé de façon qu’il leur avoit bouché le passage pour sortir, et en disoit toujours de plus belle. Las d’injures, il se mit sur les menaces et sur les dérisions, il dit à Dubois que maintenant qu’il s’étoit montré à découvert, ils n’étoient plus en termes de se pardonner l’un à l’autre ; qu’il vouloit bien encore l’avertir que tôt ou tard il lui feroit du pis qu’il pourroit, mais qu’il vouloit bien aussi, avec la même candeur, lui donner un bon conseil. « Vous êtes tout-puissant, ajouta-t-il ; tout plie devant vous, rien ne vous résiste ; qu’est-ce que les plus grands en comparaison de vous ? Croyez-moi, vous n’avez qu’une seule chose à faire, usez de tout votre pouvoir, mettez-vous en repos, et faites-moi arrêter, si vous l’osez. Qui pourra vous en empêcher ? Faites-moi arrêter, vous dis-je, vous n’avez que ce parti à prendre. » Et là-dessus, à paraphraser, à défier, à insulter en homme qui très sincèrement étoit persuadé qu’entre escalader les cieux et l’arrêter, il n’y avoit point de différence. On peut bien s’imaginer que tant de si étonnants propos ne furent pas tenus sans interruptions et sans vives altercations du cardinal de Bissy, mais sans en pouvoir arrêter le torrent. Enfin, outré de colère et de dépit contre le maréchal qui lui manquoit si essentiellement à lui-même, il saisit le maréchal par le bras et par les épaules et l’entraîna à la porte qu’il ouvrit, et le fit sortir et sortit lui-même. Dubois, plus mort que vif, les suivit comme il put ; il se falloit garder de cette assemblée de ministres étrangers qui attendoient. Tous trois eurent beau tacher de se composer, il n’y eut aucun de ces ministres qui ne s’aperçût qu’il falloit qu’il se fût passé quelque scène violente dans le cabinet, et aussitôt Versailles fut rempli de cette nouvelle, qui fut bientôt éclaircie par les vanteries, les récits, les défis et les dérisions publiques du maréchal de Villeroy.

J’avois travaillé et causé longtemps avec M. le duc d’Orléans. Il étoit passé dans sa garde-robe, j’étois debout derrière son bureau, où j’arrangeois des papiers, lorsque je vis entrer le cardinal Dubois comme un tourbillon, les yeux hors de la tête, qui me voyant seul, s’écria plutôt qu’il ne demanda, où étoit M. le duc d’Orléans. Je lui dis qu’il étoit entré dans sa garde-robe, et lui demandai à qui il en avoit, éperdu comme je le voyois. « Je suis perdu, je suis perdu, » dit-il, et courut à la garde-robe. Il répondit si haut et si bref que M. le duc d’Orléans, qui l’entendit, accourut presque de son côté, et le rencontrant dans la porte, [ils] revinrent vers moi, lui demandant ce que c’étoit. Sa réponse, entrecoupée de son bégaiement ordinaire, que la rage et la frayeur augmentoit, fut en bien plus longs détails le récit que je viens de faire, après lequel le cardinal déclara au régent que c’étoit à son Altesse Royale à sentir où tendoit le maréchal de Villeroy par un guet-apens aussi inouï et aussi peu mérité, paraphrasa tout ce qu’il avoit employé auprès de lui uniquement pour le bien des affaires et le service de M. le duc d’Orléans, et conclut qu’après une insulte de cette nature, et si faussement et traîtreusement préméditée, il falloit que M. le duc d’Orléans vit tout à l’heure ce qu’il pouvoit et ce qu’il vouloit faire, et choisît entre le maréchal de Villeroy et lui, parce qu’il ne pouvoit plus se mêler d’aucune affaire, ni rester à la cour en honneur et en sûreté si le maréchal de Villeroy y demeuroit après ce qui venoit de se passer.

Je ne puis exprimer dans quel étonnement nous demeurâmes M. le duc d’Orléans et moi. Nous ne croyions pas entendre ce que nous entendions, nous pensions rêver. M. le duc d’Orléans fit plusieurs questions, je pris aussi la liberté d’en faire pour éclaircir et constater les faits. Point de variations ni d’ambages dans les réponses du cardinal, tout furieux qu’il était. À tous moments il présentoit l’option, à toute question, il proposoit d’envoyer chercher le cardinal de Bissy, comme témoin de tout. On peut juger quelle fut cette seconde scène, du hasard de laquelle je me serois bien passé. Le cardinal insistant toujours sur l’option, M. le duc d’Orléans, fort embarrassé, me demanda ce que je pensois, comme, à ce qu’il me sembla, à un homme qui s’étoit toujours opposé au renvoi du maréchal de Villeroy. Je répondis que je me trouvois si étourdi et si ému d’une chose si étonnante, qu’il me falloit auparavant reprendre mes esprits. Le cardinal, sans s’adresser à moi, mais toujours à M. le duc d’Orléans, qu’il voyoit dans l’embarras et le trouble, insista fortement qu’il falloit prendre un parti. M. le duc d’Orléans me pressant de nouveau, je lui dis enfin que jusqu’alors j’avois toujours regardé le renvoi du maréchal de Villeroy comme une entreprise fort dangereuse par les raisons que j’en avois alléguées plusieurs fois à Son Altesse Royale ; que je la regardois encore de même pour le moins maintenant que le roi étoit plus avancé en âge et touchoit à sa majorité ; mais que, quelque péril qu’il y eût, la scène affreuse qui venoit d’arriver me persuadoit qu’il y avoit un bien plus grand danger à le laisser auprès du roi ; que désormais on ne pouvoit se dissimuler que ce qu’il venoit de faire n’étoit rien moins que tirer l’épée contre M. le duc d’Orléans, et ses propositions ironiques de l’arrêter que comme le sentiment d’un homme qui sentoit qu’il le méritoit ; qui se persuadoit et qu’on ne l’oseroit, et que, l’osant même, l’exécution en étoit impossible ; qui, sur ce principe, ne se contraignoit plus, ne se connoissoit plus ; qui, après avoir tramé en secret contre M. le duc d’Orléans dès le premier jour de la régence, sans cesser un moment depuis ni avoir pu être gagné par toutes les grâces, les marques de confiance, même de déférence, enfin par une chaîne non interrompue des traitements les plus distingués, levoit maintenant le masque, et ne se proposoit rien moins que faire publiquement autel contre autel : que c’étoit là mon avis, puisque Son Altesse Royale le vouloit savoir sans me donner le temps d’y réfléchir avec plus de sang-froid ; mais que pour l’exécution, quelque pressée qu’elle pût être, il falloit penser mûrement à s’y prendre de manière qu’on n’en pût avoir le démenti ni dans le temps même, ni dans la suite.

Pendant que je parlois, le cardinal, les oreilles dressées et les yeux en dessous tournés sur moi, suçoit toutes mes paroles, et changeoit de couleur à mesure, comme un homme qui entendroit prononcer son arrêt. Mon avis exposé entier l’épanouit autant que la rage dont il écumoit le lui put permettre. M. le duc d’Orléans approuva ce que je venois de dire ; le cardinal, me jetant un coup d’œil comme de remerciement, dit à M. le duc d’Orléans qu’enfin il étoit le maître de choisir ; qu’il voyoit bien qu’il ne pouvoit rester le maréchal de Villeroy demeurant, et que Son Altesse Royale prenant même la résolution de l’ôter, il falloit se hâter, parce que les choses ne pouvoient subsister en la situation où elles étoient. Enfin il fut conclu qu’on prendroit le reste de la journée, et il étoit environ midi, et la matinée suivante pour y penser, et que je me trouverois le lendemain à trois heures après midi chez M. le duc d’Orléans.

Arrivé le lendemain chez ce prince, je le trouvai avec le cardinal Dubois. M. le Duc y entra un moment après, qui étoit instruit de l’aventure. Le cardinal Dubois ne laissa pas de lui en faire un récit abrégé qu’il chargea un peu de commentaires et de réflexions. Il étoit plus à lui que la veille par le temps qu’il avoit eu de se remettre et l’espérance de se voir défait dans peu du maréchal de Villeroy. J’y appris toutes les vanteries qu’il avoit publiées de la prise, disoit-il, qu’il avoit eue avec le cardinal Dubois, et des défis et des insultes qu’il lui avoit faits, avec une sécurité qui invitoit à l’en démentir, et qui en rendoit l’exécution de plus en plus nécessaire. Après quelques propos debout, le cardinal Dubois s’en alla. M. le duc d’Orléans se mit à son bureau, et M. le Duc et moi nous assîmes vis-à-vis de lui. Là il fut question de délibérer tout de bon sur ce qu’il y avoit à faire.

M. le duc d’Orléans exposa fort nettement les raisons de part et d’autre, sans paroître trop pencher d’un côté, mais se montrant embarrassé, et par conséquent fort en balance. Il développa fort clairement toute sa conduite avec le maréchal de Villeroy et celle du maréchal de Villeroy avec lui depuis l’instant de la mort du roi jusqu’alors, mais en peu de mots, parce qu’il parloit à deux hommes qui en étoient parfaitement instruits, à M. le Duc qui ; conjointement avec lui, avoit voulu l’ôter d’auprès du roi et m’y mettre en sa place ; à moi, qui l’avois refusé deux autres fois, et cette dernière un mois durant que ces deux princes m’en avoient pressé à l’excès, comme on l’a vu ici en son temps, et qui, par mes refus et mes raisons, avois fait demeurer le maréchal de Villeroy dans sa place. Le point véritablement agité fut donc de savoir quel étoit le moins périlleux de l’y laisser ou de l’en ôter, ce qui ne se pouvoit plus que par une sorte de violence dans la situation où il s’étoit si bien affermi qu’il ne doutoit pas qu’il ne fût impossible de l’en arracher. Après cet exposé assez court, M. le duc d’Orléans m’ordonna de dire ce que je pensois là-dessus. Je répondis que je le lui avois déjà dit la veille ; que plus j’avois réfléchi depuis au parti qu’il y avoit à prendre, plus je m’étois affermi dans l’opinion que le danger de laisser auprès du roi le maréchal de Villeroy, après ce qui venoit de se passer, étoit sans comparaison plus grand que celui de l’en ôter, quel qu’il pût être ; que tant qu’il n’y avoit eu dans la conduite du maréchal qu’une mauvaise volonté impuissante, des liaisons et des projets mal bâtis et aussitôt déconcertés qu’aperçus, la misère de se vouloir faire le singe de M. de Beaufort, l’union timide avec tous gens qui mouroient de peur, et lui qui en laissoit voir plus qu’aucun, qui trembloit au moindre sérieux du récent, et qui, après des démarches échappées souvent après celles qui étoient ignorées, ne se pouvoit rassurer qu’il ne vînt aux éclaircissements, aux aveux, aux excuses, aux protestations avec la frayeur et les bassesses les plus pitoyables, j’avois cru qu’il n’y avoit qu’à mépriser un homme sans tête et sans courage d’esprit, surtout depuis l’effet de la découverte des complots du duc du Maine et de Cellamare, et laisser piaffer et se panader [2] ce personnage de théâtre et de carrousel, dont le génie n’alloit pas au delà de la fatuité, continuellement arrêté par la crainte ; mais que je changeois entièrement d’avis sur ce qui venoit de se passer ; que cette scène montroit de deux choses l’une, mais qui revenoient au même point : ou un homme persuadé par le cardinal de Bissy, qui trouve son orgueil satisfoit par les hommages qu’il consentoit de recevoir du cardinal Dubois, et sa dignité assurée avec son repos par la part entière qui lui étoit offerte dans les affaires, et qui, charmé de l’avoir amené à ce point par ses hauteurs et par ses incartades, avoit eu impatience de s’en mettre en possession en prévenant le cardinal Dubois et en allant chez lui avec le cardinal de Bissy, leur médiateur, sceller leur réconciliation et leur paix ; que là, dans cette intention effective, la vue du cardinal Dubois l’avoit troublé ; l’arrangement de ses grands mots et son ton d’autorité l’avoient barbouillé, qu’avec l’intention de bien dire, le jugement lui avoit manqué, l’air de franchise et de supériorité l’avoient emporté ; de l’un à l’autre, s’échauffant dans son harnois, il n’avoit pu reculer, la tête lui avoit tourné ; qu’après avoir commencé en homme sage, il avoit poursuivi et fini comme un fou, et montré tout le venin de son âme et toute la superbe de sa sécurité avec toute la complaisance d’un homme ivre qui attaque les murailles et braveroit une armée ; ou bien c’est un homme qui, gonflé de vent, charmé de réduire à ses pieds le cardinal Dubois, se persuade être l’homme dont on [ne] peut se passer, qu’on n’a osé ôter de sa place, et qu’on l’osera d’autant moins aujourd’hui qu’il est plus ancré, plus chéri du public par la conservation de la personne du roi, qu’il a su persuader lui être uniquement due, par l’approche de la majorité, par toutes les raisons dans lesquelles un sot se mire, surtout par la persuasion que les démarches vers lui du cardinal Dubois, chargé de toutes les affaires, lui confirme l’excès de son importance ; plein, dis-je, de toutes ces idées, qu’il ne sait ni peser ni digérer, il a amusé le cardinal de Bissy, a fait semblant de se rendre à ses raisons et aux hommages dont il lui a porté parole, dans la résolution de faire à tous les deux l’affront qu’il leur a fait, d’éclater sans plus de mesure, de se déclarer le persécuteur public du ministre qui s’humilie devant lui, par conséquent l’ennemi du gouvernement et du régent qui gouverne, enivré de la beauté de cette action qui, dans son sens qu’il compte bien qui sera aussi celui du public, lui fait mépriser les hommages du dépositaire de toute la confiance de celui qui gouverne, le partage du secret et de la conduite des affaires, l’autorité qui y est attachée, les fruits personnels et pour tous ceux qu’il voudra protéger, enfin son repos à son âge, et à tant de si grands et de si doux avantages [lui fait] préférer le bien public, le sage rétablissement des affaires, le service du roi, les vues et la dernière confiance en lui du feu roi, et à un si grand et si honorable travail illustrer et consacrer les restes de sa vie avec le plus parfoit désintéressement. Ainsi, de quelque façon que le maréchal de Villeroy ait été conduit à la scène qu’il vient de donner, la chose est égale et la fin la même, c’est l’épée tirée contre le récent, et le Rubicon passé avec le plus grand éclat. Le souffrir et laisser le maréchal de Villeroy en place, c’est montrer une faiblesse et une crainte capables de lui réunir tous les mécontents et tous les gens d’espérance pour la majorité ; c’est rendre au parlement ses premières forces et ses premières usurpations ; c’est former soi-même contre soi-même un parti formidable ; c’est perdre toute autorité au dedans et toute considération au dehors ; c’est encourir le mépris et toutes ses suites, et de la France et des pays étrangers ; c’est se creuser des abîmes pour la majorité. Je me tus après ce court discours, pendant lequel M. le duc d’Orléans étoit fort attentif, mais avec la contenance d’un homme fort embarrassé.

Dès que j’eus fini, il demanda à M. le Duc ce qu’il pensoit. M. le Duc dit qu’il pensoit comme moi, et que, si le maréchal de Villeroy demeuroit dans sa place, il n’y avoit qu’à mettre la clef sous la porte, ce fut son expression. Il reprit ensuite quelques-unes des principales raisons que j’avois alléguées, et les appuya, puis conclut qu’il n’y avoit pas un moment à perdre. M. le duc d’Orléans résuma quelque chose de ce qui avoit été dit, et convint de la nécessité de se défaire du maréchal de Villeroy. M. le Duc insista encore sur s’en défaire incessamment. Alors on se mit à voir comment s’y prendre.

M. le duc d’Orléans me demanda mon avis là-dessus. Je dis qu’il y avoit deux choses à traiter : le prétexte et l’exécution. Qu’il falloit un prétexte tel qu’il pût sauter aux yeux de tout ce qui étoit impartial, et qui ne pût être défendu par les amis mêmes du maréchal de Villeroy ; surtout se bien garder de donner lieu de croire que la disgrâce du maréchal fût le fruit et le salaire de l’insulte qu’il venoit de faire au cardinal Dubois ; que, quelque énorme qu’elle fût en elle-même à un cardinal, à un ministre en possession de toute la confiance et de toutes les affaires, le public qui l’envioit et qui ne l’aimoit pas se souvenoit trop d’où il étoit parti, trouveroit la victime trop illustre ; que le châtiment feroit oublier l’injure, et qu’on verroit s’élever un cri public ; qu’aux partis violents, quoique nécessaires, il falloit toujours mettre de son côté et la raison et les apparences mêmes, que je n’étois donc pas d’avis d’exécuter si brusquement ni si près de l’insulte le châtiment qu’elle méritoit ; mais que M. le duc d’Orléans avoit heureusement en main le plus beau prétexte du monde, un prétexte qui étoit connu de tout le haut et le bas intérieur du roi, un prétexte entièrement sans réplique. Je priai M. le duc d’Orléans de se souvenir qu’il m’avoit dit plusieurs fois, et depuis peu encore, qu’il n’avoit jamais pu parvenir jusqu’à présent, non seulement de parler au roi tête à tête, mais de lui parler à l’oreille devant tout ce qui étoit dans son cabinet ; que le maréchal de Villeroy, lorsqu’il l’avoit voulu essayer, venoit devant tout le monde fourrer sa tête entre celle du roi et la sienne, et après, sous prétexte d’excuse, lui avoit déclaré que la place qu’il avoit auprès du roi ne lui permettoit pas de souffrir que qui que ce pût être, non pas même Son Altesse Royale, dit rien au roi tout bas, et qu’il devoit entendre tout ce qu’on lui vouloit dire, encore moins souffrir personne ni Son Altesse Royale être seule dans un cabinet avec le roi. Que c’étoit à l’égard d’un régent, petit-fils de France et le plus proche parent que le roi eût, une insolence à révolter tout le monde et qui sauteroit aux yeux ; que le roi approchant de sa majorité, gagnoit un âge où il étoit temps et où le bien de l’État et celui du roi demandoit que le régent l’instruisit de bien des choses qui ne se pouvoient dire que sans témoins, sans en excepter le maréchal de Villeroy ni personne ; que se targuer de la place de gouverneur et de chargé de la personne du roi pour empêcher le régent de parler seul au roi dans un cabinet, c’étoit porter l’audace jusqu’à jeter des soupçons les plus fous et les plus injurieux, et que la porter jusqu’à ne vouloir pas souffrir que le régent parlât bas au roi, même au milieu de tout ce qui étoit dans son cabinet, sans venir fourrer son oreille entre eux deux, étoit la dernière et la plus inutile insolence que qui que ce soit ne pouvoit excuser ; que je croyois donc que c’étoit là un prétexte si naturel dont il falloit se servir, et le piège que, entre-ci et fort peu de jours, il falloit tendre au maréchal de Villeroy, qui s’y prendroit sans doute de ce pinacle de sûreté et d’importance où il croyoit être, puisqu’il avoit soutenu ce procédé jusqu’à présent ; que le piège tendu et succédant, il falloit que M. le duc d’Orléans s’offensât sur-le-champ du refus, et que, le respect du roi présent ménagé, il parlât au maréchal un langage nouveau qui, sans rien de fort, lui fit sentir que, sous l’autorité et le nom du roi, il étoit le maître du royaume ; que cela suffiroit pour un juste préparatif au public, que l’ivresse du maréchal ne comprendroit pas, ni bien d’autres, qu’après l’exécution, accoutumé qu’on étoit aux tolérances de Son Altesse Royale ; mais que ce piège ne devoit être tendu que lorsque tout seroit résolu, rangé et tout prêt [pour] l’exécution la plus prompte, sans laisser entre-deux tout le moins d’intervalle qu’il seroit possible. Quand j’eus cessé de parler : « Vous me le volez, me dit M. le duc d’Orléans ; j’allois le proposer si vous ne l’eussiez pas dit. Que vous en semble, monsieur ? » regardant M. le Duc. Ce prince approuva fort la proposition que je venois de faire, la loua dans toutes ses parties en peu de mots, et ajouta qu’il ne voyoit rien de mieux à faire que d’exécuter ce plan très ponctuellement.

Il fut convenu ensuite qu’il n’y avoit d’autre moyen que d’arrêter le maréchal, de l’envoyer tout de suite et tout droit à Villeroy, d’où on verroit, après l’y avoir laissé se reposer un jour ou deux à cause de son âge, mais bien veillé, si de là on l’enverroit à Lyon ou ailleurs. Je dis après qu’il ne falloit pas oublier d’avoir un gouverneur tout prêt pour le mettre en sa place ; par conséquent songer dès à présent au choix, et se souvenir plus que jamais d’éviter également un sujet peu sûr, et tout serviteur particulièrement attaché à M. le duc d’Orléans, qui étoit la raison qu’ils savoient l’un et l’autre qui m’avoit fait si opiniâtrement refuser cette importante place plus d’une fois. Là-dessus M. le duc d’Orléans me dit que toute l’affaire étoit bien discutée et résolue ; qu’il s’en falloit tenir là parce qu’il n’y avoit point d’autre parti à prendre ; qu’à l’égard de la mécanique à résoudre pour arrêter le maréchal de Villeroy, il me prioit d’aller chez le cardinal Dubois, où je trouverois qu’on m’attendoit pour en raisonner et la résoudre. Je me levai donc et laissai M. le duc d’Orléans seul avec M. le Duc, et m’en allai chez le cardinal Dubois, duquel je n’avois pas ouï parler, ni d’aucun de ses émissaires, depuis son aventure, excepté le peu que je l’avois vu en présence de M. le duc d’Orléans. Mais ce que ce prince me dit en m’envoyant chez lui me fit nettement sentir que l’arrêt du maréchal de Villeroy étoit résolu entre le régent et son ministre avant la conférence que je viens de raconter, et qu’elle n’avoit été tenue sans autres que les deux princes et moi, pour y laisser un air de liberté par l’absence du cardinal Dubois, et comme je m’étois ouvert la veille entre le régent et le cardinal, lorsqu’il arriva furieux de la scène qu’il venoit d’essuyer, pour me donner lieu de parler devant M. le Duc, et de l’entraîner dans mon avis de se défaire du maréchal de Villeroy.

J’allai donc tout de suite chez le cardinal Dubois, et ma surprise fut extrême de la compagnie que je trouvai avec lui, devant laquelle il me dit d’abordée qu’elle étoit du secret, et que je pouvois parler devant elle. Cette compagnie étoit le maréchal de Berwick, arrivé depuis peu de jours de Guyenne, qui, non plus que moi, ne rentra pas au conseil de régence ; le cardinal et le prince de Rohan, Le Blanc et Belle-Ile, assis en rond tout près et devant le canapé adossé à la muraille, où étoffent assis les deux cardinaux, et sur lequel je me mis auprès du cardinal de Rohan. Le Blanc me parut une partie nécessaire pour l’arrangement et les ordres de cette mécanique. Il étoit plein d’inventions et de ressources, dans tout l’intérieur des opérations secrètes du régent depuis longtemps, et sur le pied de secrétaire renforcé du cardinal Dubois, avec caractère, par sa charge de signer en commandement. Pour Belle-Ile, encore qu’à l’appui de celui-ci il se fût introduit en tiers tous les soirs avec lui chez le cardinal Dubois, où il se rendoit compte, se résumoient et se résolvoient bien des choses, il approchoit si peu le régent, qui même ne l’aimoit pas, que je le trouvai là fort déplacé. À l’égard du maréchal de Berwick, qui, du temps du feu roi, avoit toujours été sur le pied de protégé du maréchal de Villeroy, lequel, en courtisan qui savoit le goût de son naître pour toutes sortes de grands bâtards par leur homogénéité avec les siens, avoit eu grande part à la rapide élévation de celui-ci à la guerre, je fus extrêmement étonné de le voir admis en ce conciliabule, et de l’y entendre opiner aussi librement et aussi fortement qu’il fit, ayant toujours fait profession jusqu’alors de cultiver le maréchal de Villeroy et d’amitié particulière avec lui. Pour les deux frères Rohan, que le cardinal Dubois ménageoit avec une distinction singulière, et qu’il avoit admis là pour la leur témoigner d’une façon si marquée, je ne vis jamais une joie plus scandaleuse, ni une plus âcre amertume que celle qu’ils ne se mirent pas en peine même de voiler. On vit en plein éclater toute la haine conçue de la rupture du mariage de leur fille boiteuse avec le duc de Retz, sur des conditions méprisantes qu’ils ne proposèrent que quand ils crurent qu’il n’y avoit plus à s’en dédire, et dont le maréchal de Villeroy, justement indigné, ne voulut jamais passer malgré les charmes et les larmes de la duchesse de Ventadour, comme je l’ai raconté en son temps, et le dépit que conçurent les Rohan de voir incontinent après le duc de Retz épouser la fille aînée du duc de Luxembourg, à conditions convenables, tandis qu’ils se trouvèrent trop heureux de donner leur fille au duc Mazarin, d’une naissance et d’un personnel peu agréables, sans charge ni autres réparations.

Je ne ferai point ici un détail superflu de tout ce qui fut discuté dans cette petite assemblée. On y résolut ce qu’on va voir, qui fut très bien exécuté. Seulement dirai-je que, dès que je fus assis et que le cardinal Dubois m’eut déclaré que tout ce qui se trouvoit en ce petit conventicule étoit du secret et que je pouvois y parler sans réserve, il me dit qu’on m’y attendoit avec impatience pour apprendre ce que M. le duc d’Orléans avoit résolu, comme s’il l’eût ignoré, et que cette assemblée, pour délibérer de la mécanique de l’exécution, n’eût pas décelé la connoissance certaine qu’il avoit de la résolution prise par M. le duc d’Orléans. Je l’exposai donc en peu de mots ; après quoi on vint à la manière, à la forme, aux expédients de l’exécution, aux remèdes des obstacles et des inconvénients du moment et de ses suites.

Ces discussions furent assez longues, auxquelles je pris assez peu de part. Le fort en roula sur le cardinal Dubois et sur Le Blanc. Belle-Ile, extrêmement bien avec les Rohan, et d’autre part avec le maréchal de Berwick, se comporta avec sagesse. Le bon maréchal ne se montra pas si mesuré. Je pense qu’il se trouvoit fatigué des grands airs d’ancien maître et d’ancien protecteur que le maréchal de Villeroy déployoit sur lui, et des emphases d’autorité et de toute supériorité dont il l’accabloit, et dont il étoit bien aise de se voir délivré. Je convins avec Le Blanc que, dans l’instant que l’exécution seroit faite, il m’en avertiroit par envoyer simplement à Meudon savoir de mes nouvelles, sans rien de plus, et qu’à ce compliment inutile je reconnoîtrois le signal que le maréchal étoit paqueté.

Je m’en retournai donc à Meudon sur le soir, où plusieurs personnes des amies de Mme de Saint-Simon et des miens couchoient souvent, et où la mode s’étoit mise à Versailles et à Paris de venir dîner ou souper, de manière que la compagnie y étoit toujours fort nombreuse. On n’y parloit que de cette scène du maréchal de Villeroy, qui étoit universellement blâmée, mais sans aller plus loin, et sans que, pendant les dix jours qui s’écoulèrent jusqu’à l’enlèvement du maréchal de Villeroy, il fût entré dans la tête de personne qu’il pût lui en arriver pis que le blâme général d’un emportement si démesuré, tant on étoit accoutumé à l’impunité de ses incartades et à la faiblesse de M. le duc d’Orléans. J’étois ravi cependant de voir une sécurité si générale, qui augmentoit celle du maréchal de Villeroy, rendroit plus facile l’exécution de ce qu’on lui préparoit, et qui ne cessoit de le mériter de plus en plus par l’indécence et l’affectation de ses discours, et l’audace de ses continuels défis. Trois ou quatre jours après j’allai à Versailles voir M. le duc d’Orléans. Il me dit que faute de mieux, et sur ce que je lui avois dit plus d’une fois du duc de Charost, il s’étoit résolu à lui donner la place de gouverneur du roi ; qu’il l’avoit vu secrètement ; qu’il avoit accepté de fort bonne grâce, et qu’il l’alloit tenir en mue, claquemuré dans son appartement de lui Charost, à Versailles, sans en sortir ni se montrer à qui que ce fût, pour l’avoir tout prêt sous sa main à le mener au roi, et l’installer dans le moment qu’il en seroit temps. Il repassa avec moi toute la mécanique concertée, et je m’en revins à Meudon, résolu de n’en bouger qu’après l’exécution qui s’approchoit, et sur laquelle il n’y avoit plus de nouvelles mesures à prendre.




  1. Rivalité.
  2. Panader signifie faire la roue comme un paon. La Fontaine s’en est servi dans ce sens (fable du geai paré des plumes du paon) : Puis parmi d’autres paons tout fier se panada.