Mémoires (Saint-Simon)/Tome 1/21


CHAPITRE XXI.


Destination des armées. — Maréchal de Choiseul sur le Rhin. — M. de Lauzun se brouille et se sépare de M. et de Mme la maréchale de Lorges. — Le duc de La Feuillade vole son oncle en passant à Metz. — Prévenances du maréchal de Choiseul en l’armée duquel j’arrive. — Mort de Montal ; du marquis de Noailles ; de Varillas ; du Plessis ; du roi de Pologne Jean Sobieski. — Cavalerie battue par M. de Vendôme. — Négociation. — Armée de Savoie. — Tessé. — Conditions de la paix de Savoie. — Succès à la mer.


La destination des armées étoit réglée comme l’année précédente, excepté que le maréchal de Choiseul eut l’armée du Rhin à la place de M. le maréchal de Lorges, le maréchal de Joyeuse alla en la sienne sur les côtés ; les princes du sang furent de l’armée du maréchal de Villeroy, où M. de Chartres commanda la cavalerie, et les bâtards en celle de M. de Boufflers, pour les séparer et mettre M. du Maine moins au grand jour. Le roi, avant de déclarer le maréchal de Choiseul, le prit en particulier dans son cabinet, et se fit expliquer par lui, pendant un assez longtemps, les objets qu’il voyoit de ses fenêtres. Il s’assura par ce moyen de sa vue qui étoit fort basse de près, mais qui distinguoit bien de loin. Nous demeurâmes persuadés que le roi se sentit plus à son aise de ce changement.

M. le maréchal de Lorges qui vouloit faire, qui en sentoit les moyens, et qui voyoit de plus, comme tout le monde, que les succès de Flandre n’amèneroient point la paix dans un pays tout hérissé de places, à moins de conjectures uniques, comme avoient été celles de Parc, lorsque le roi revint, et la dernière qui sauva M. de Vaudemont, ne cessoit tous les hivers de proposer le siège de Mayence et d’emporter les lignes d’Heilbronn, et d’en presser le roi à temps d’y donner les ordres nécessaires à une heureuse et sûre exécution, et le roi, demeuré persuadé qu’il ne falloit rien faire d’important en Allemagne et mesurer tous ses efforts ailleurs, éconduisoit tous les ans le maréchal de Lorges avec ennui, parce que les répliques lui manquoient hors celles de sa volonté. M. de Louvois, qui avoit procuré cette guerre, et qui ne la vouloit finir de longtemps, avoit, par cette raison-là même que je viens de dire, persuadé au roi l’avis où il étoit demeuré, et que sa pique personnelle contre le prince d’Orange lui faisoit goûter, lequel commandoit toutes les années l’armée de Flandre, et sa colère aussi contre les Hollandois. Les sources de toutes ces choses feroient ici une trop longue parenthèse ; peut-être se placeront-elles d’elles-mêmes plus naturellement ailleurs.

Ce changement de situation de M. le maréchal de Lorges en apporta bientôt un autre dans sa famille. M. de Lauzun, qui n’avoit si opiniâtrement voulu épouser sa seconde fille que par l’espérance de rentrer dans quelque chose avec le roi, à l’occasion d’un beau-père général d’armée, ne lui pardonnoit pas d’avoir résisté à tous ses contours, et de ne l’avoir mis à portée de rien. Il ignoroit les précautions et les défenses expresses du roi là-dessus, lors de son mariage ; et quand il les auroit sues, il n’auroit pas trouvé moins mauvais que le maréchal ne les eût pas su vaincre. C’étoit d’ailleurs un homme peu suivi et peu d’accord avec soi-même, et dont l’humeur et les fantaisies lui avoient plus d’une fois coûté la plus haute et la plus solide fortune. Dépité donc de n’avoir eu part à rien, et hors d’espérance d’y revenir par un beau-père qui ne commandoit plus d’armée, il ne compta plus assez sur sa charge pour se contraindre plus longtemps. Ce n’étoit pas un homme à durer longtemps au pot et au logis d’autrui, et la jalousie, qui toute sa vie avoit été sa passion dominante, ne se pouvoit accommoder d’une maison soir et matin ouverte à Paris et à la cour, et qui fourmilloit à toute heure de ce qu’il y avoit de plus brillant en l’une et en l’autre, sans que la cessation du commandement eût rien diminué de cette nombreuse et continuelle compagnie.

Il avoit surtout en butte les neveux qui étoient sur le pied d’enfants de la maison, et il étoit extrêmement choqué de leur âge et de leur figure avec une femme de l’âge et de la figure de la sienne : elle ne sortoit pourtant jamais des côtés de sa mère ; et ni le monde ni lui-même n’avoient pu trouver rien à reprendre en elle ; mais il trouvoit le danger continuel, et comme les vues d’ambition ne le retenoient plus, il ne résista plus à ses fantaisies. Plaintes vagues, caprices, scènes pour rien, lettres ou d’avis ou de menaces, humeurs continuelles. Enfin il prit son temps que M. le maréchal de Lorges avoit le bâton à Marly pour M. le maréchal de Duras, il sortit le matin de l’hôtel de Lorges, manda à sa femme de le venir trouver dans la maison qu’il avoit gardée ; joignant l’Assomption, rue Saint-Honoré, et qu’elle auroit un carrosse ; sur les six heures, pour y aller désormois demeurer avec lui. Quoique tout eût dû préparer à cette dernière scène, ce furent des cris et des larmes de la mère et de la fille qui crioient fort inutilement : il fallut obéir. Elle fut reçue chez M. de Lauzun par les duchesses de Foix et du Lude, parentes et amies de M. de Lauzun, qui lui donna toute une maison nouvelle, renvoya le soir même tous ses domestiques, et lui présenta deux filles dont il connoissoit la vertu, et qu’il avoit connues à Mme de Guise, pour ne la jamais perdre de vue. Il lui défendit tout commerce avec père et mère et tous ses parents, excepté Mme de Saint-Simon, avec qui même il fut rare dans les premiers temps, et l’amusa de ce qu’il put de compagnies qui ne lui étoient point suspectes. Après les premiers jours d’affliction et d’étonnement, l’âge et la gaieté naturelle prirent le dessus et servirent bien dans les suites à supporter des caprices continuels et peu éloignés de la folie. M. le maréchal de Lorges prit mieux patience que Mme sa femme ; c’étoit son cœur qui lui étoit arraché, une fille pour qui elle n’avoit pu cacher ses continuelles préférences. Le roi fut instruit de cet éclat assez modérément par M. le maréchal de Lorges, beaucoup plus fortement appuyé par M. de Duras ; mais le roi, qui n’avoit jamais approuvé ce mariage, non plus que le public, et qui n’entroit jamais dans les affaires de famille, ne voulut point se mêler de celle-ci. Le monde tomba fort sur M. de Lauzun, et plaignit fort sa femme et le père et la mère, mais personne n’en fut surpris. Chacun partit pour se rendre aux différentes armées. Le duc de La Feuillade passa par Metz pour aller à celle d’Allemagne, et s’y arrêta chez l’évêque, frère de feu son père, qui étoit tombé en enfance et qui étoit fort riche. Il jugea à propos de se nantir, et demanda la clef de son cabinet et de ses coffres, et, sur le refus que les domestiques lui en firent, il les enfonça bravement, et prit trente mille écus en or, beaucoup de pierreries, et laissa l’argent blanc. Le roi d’ailleurs de longue main fort mal content des débauches et de la négligence de La Feuillade dans le service, s’expliqua fort durement et fort publiquement de cet étrange avancement d’hoirie, et fut si près de le casser, que Pontchartrain eut toutes les peines du monde à l’empêcher. Ce n’est pas que La Feuillade ne vécut très-mal avec Châteauneuf, secrétaire d’État et avec sa fille qu’il avoit épousée dès 1692 ; mais un coup de cet éclat leur parut à tous mériter tous les efforts de leur crédit pour le parer.

J’avois vu le maréchal de Choiseul avant partir, chez lui et chez moi, et j’en avois reçu toutes sortes d’offres et de civilités. Il étoit assez de la connoissance de mon père, et comme il étoit plein d’honneur et de sentiments, il se piqua de faire merveilles à tout ce qui dans son armée tenoit à M. le maréchal de Lorges. Je trouvai à Philippsbourg Villiers, mestre de camp de cavalerie, qui y étoit venu avec un assez gros détachement, et qui s’en retournoit le lendemain à l’armée, laquelle venoit, d’entrée de campagne, de passer le Rhin. En traversant les bois de Bruchsall, nous trouvâmes les débris de l’escorte qui avoit conduit Montgon la veille, et qui avoit été bien battue, assez de gens tués et pris ; et Montgon gagna le camp seul et de vitesse comme il put. J’avois fait tout ce que j’avois pu pour le joindre en arrivant un jour plus tôt à Philippsbourg, et je ne me repentis pas de n’avoir pu y réussir. J’allai mettre pied à terre chez le maréchal de Choiseul. Il me pressa extrêmement de loger au quartier général, mais je le suppliai de me permettre de camper à la queue de mon régiment, et je l’obtins avec peine. Il demanda au marquis d’Huxelles comment M. le maréchal de Lorges en usait avec moi et avec ses neveux, pour que nous ne nous aperçussions de la différence que le moins qu’il lui seroit possible, et en effet, il ne se lassa point de nous prévenir en tout, tant que la campagne dura, et de nous combler d’attentions et de toutes les distinctions qu’il put. De juin, qui commençoit, jusqu’en septembre, le maréchal et le prince Louis de Bade la plupart du temps dans ses lignes d’Eppingen, ne firent que s’observer et subsister, après quoi nous repassâmes le Rhin à Philippsbourg, où l’arrière-garde fut tâtée plutôt qu’inquiétée sans le plus léger inconvénient. La campagne mérita depuis plus d’attention. Je me servirai de ce loisir jusqu’en septembre, pourfaire des courses ailleurs.

La Flandre ne fournit rien du tout cette année ; il ne fut question de part et d’autre que de subsistances et que de s’épier. Le prince d’Orange laissa de fort bonne heure l’armée à l’électeur de Bavière, avec lequel il ne se passa rien non plus. Pendant la campagne, le bonhomme du Montal mourut à Dunkerque. Il avoit un corps séparé vers la mer. C’étoit un très-galant homme, et qui se montra tel jusqu’au bout, à plus de quatre-vingts ans. Il vaqua par sa mort le gouvernement de Mont-Royal et un collier de l’ordre, et le public et les troupes qui lui rendirent justice trouvèrent honteux qu’il n’eût pas été fait maréchal de France. J’ai parlé de lui lorsqu’on les fit. Le marquis de Noailles, qui servoit en Flandre, y mourut de la petite vérole, et ne laissa que deux filles. Le duc son frère eut pour un de ses fils enfant la lieutenance générale d’Auvergne, qu’il avoit.

Il ne faut pas omettre la mort de deux hommes célèbres en genre fort différent, qui arriva en ce même temps : de Varillas, si connu par les histoires qu’il a écrites ou traduites, et du Plessis, écuyer de la grande écurie, et le premier homme de cheval de son siècle, quoique déjà fort vieux. Une autre mort fit plus de bruit dans le monde, et y eut de grandes suites. C’est celle du fameux roi de Pologne Jean Sobieski, qui arriva subitement. Ce grand homme est si connu que je ne m’y étendrai pas.

En Catalogne, M. de Vendôme battit la cavalerie d’Espagne ; elle étoit de quatre mille hommes, à la tête desquels étoit le prince de Darmstadt. Ils en ont eu le quart tué ou pris, et le comte de Tilly, commissaire général, neveu de Serelves, est des derniers ; et il n’en a coûté qu’une centaine de carabiniers et autant de dragons. Longueval, lieutenant général, fut reconnoître, après l’action, leur infanterie qui étoit dans un camp retranché, et fut emporté d’un coup de canon.

L’Italie fut plus fertile. Le roi, résolu de ne rien oublier pour donner la paix à son royaume, qui en avoit un grand besoin, jugea bien qu’il n’y parviendroit qu’en détachant quelqu’un des alliés contre lui, dont l’exemple affaibliroit les autres, et lui donneroit plus de moyens de leur résister et de les amener à son but, et il pensa au duc de Savoie comme à celui dont les difficiles accès lui causoient plus de peine et de dépenses, et qui d’ailleurs se trouvoit fort molesté par les hauteurs de l’empereur, et très-mal content de l’Espagne, qu’il lui tenoient tous très-peu de tout ce qu’ils lui avoient promis et de ce qu’ils lui promettoient sans cesse. Le roi donc, pour parvenir à réussir dans son dessein, donna au maréchal Catinat une armée formidable et en même temps des instructions secrètes fort amples, avec des pleins pouvoirs pour négocier et, s’il se pouvoit, conclure avec M. de Savoie.

Catinat passa les monts de bonne heure, et, gardant une exacte discipline, menaçoit de dévaster tout, et de couper sans miséricorde tous les mûriers de la plaine, qui faisoient le plus riche commerce du pays, par l’abondance des soies, et dont la perte l’eût ruiné pour un siècle, avant de pouvoir être remis. M. de Savoie avoit vu brûler ses plus belles maisons de campagne les années précédentes, et les lieux de plaisance qu’il avoit le plus ornés : il avoit éprouvé ce que peut une armée supérieure que rien n’arrête : il vouloit la paix, et Catinat crut voir distinctement que c’étoit tout de bon. Le maréchal avoit contribué à se faire associer le comte de Tessé pour la négociation : il falloit un homme intelligent et de poids, qui, s’il étoit nécessaire, pût parler et répondre, ce que le maréchal n’étoit pas en situation de faire à la tête d’une armée qui avoit les yeux sur lui, et dont il n’y avoit pas moyen qu’il disparût un moment. C’est ce que put Tessé en faisant le malade, comme il en usa plusieurs fois, et tant, qu’enfin les temps où on ne le voyoit point joints à l’inaction des troupes, on s’en aperçut dans l’armée, où il étoit le plus ancien des lieutenants généraux et chevalier de l’ordre en 1688.

C’étoit un homme fort bien et fort noblement fait, d’un visage agréable, doux, poli, obligeant, d’un esprit raconteur et quelquefois point mal, au-dessous du médiocre, si on en excepte le génie courtisan et tous les replis qui servent à la fortune, pour laquelle il sacrifia tout. Il s’étoit fait un protecteur déclaré de M. de Louvois par ses bassesses, son dévouement et son attention à lui rendre compte de tout, ce qui ne servit pas à sa réputation, mais à un avancement rapide, et à en donner bonne opinion au roi. Son nom est Froulay ; il étoit Manceau, et ne démentoit en rien sa patrie. D’une charge caponne de général des carabins qui n’existoient plus, il s’en fit une réelle de mestre de camp général des dragons, qui le porta à celle de leur colonel général, quand M. de Boufflers la quitta pour le régiment des gardes ; et on regarda avec raison comme une signalée faveur, qu’à son âge et n’étant que maréchal de camp, il fût fait chevalier de l’ordre. Il sut se maintenir avec Barbezieux comme il avoit été auprès de son père, et tant qu’il pouvoit, dans son éloignement de la cour, il ne négligea de cultiver aucun homme dont il pût espérer près ou loin. Il avoit aussi le riche gouvernement d’Ypres, et quantité de subsistances ; son lien d’ailleurs étoit fort court, et sa femme, qu’il tint toujours au Maine, ne lui servit de rien, n’étant pas propre à en sortir. Il étoit cousin germain de M. de Lavardin, chevalier de l’ordre en même promotion pendant son ambassade de Rome, par sa mère, petite-fille du maréchal de Lavardin. Sa femme s’appeloit Auber, fille d’un baron d’Aunay du même pays du Maine. Par sa mère Beaumanoir, il devint héritier de beaucoup de choses de cette illustre maison.

Pendant la négociation, Catinat se préparoit au siège de Turin, et M. de Savoie qui voyoit ses États dans ce danger, et qui d’ailleurs s’y sentoit moins le maître que ses propres alliés, convint enfin de la plus avantageuse paix pour lui, et que le roi trouva telle aussi pour soi-même par le démembrement qu’elle mit parmi ses alliés. Les principaux articles furent : le mariage de Mgr le duc de Bourgogne avec sa fille aînée, dès qu’elle auroit douze ans, et en attendant envoyée à la cour de France ; que le comté de Nice seroit sa dot, qui lui demeureroit et lui seroit livré jusqu’à la célébration du mariage ; la restitution de tout ce qui lui avoit été pris, et même de Pignerol rasé et deux ducs et pairs en otage à sa cour jusqu’à leur accomplissement ; enfin une grande somme d’argent en dédommagement de ses pertes, et d’autres moindres articles, entre lesquels il obtint pour ses ambassadeurs en France le traitement entier de ceux des rois, dont jusqu’alors ils n’avoient qu’une partie, et les offices du roi à Rome pour leur faire obtenir la salle royale qui est la même chose ; toutes les autres cours lui avoient déjà accordé les mêmes honneurs. Il voulut aussi être un des médiateurs de la paix générale lorsqu’elle se traiteroit. Le roi l’accorda, mais l’empereur n’y voulut jamais consentir quand il fut question de la faire. Tout cela signé avec le dernier secret, il songea à se délivrer de ses alliés qui l’obsédoient, qui le soupçonnoient, qui étoient plus forts que lui, et qui, selon toute apparence, alloient devenir ses ennemis. Pour y parvenir, il fit semblant de prêter l’oreille aux nouvelles propositions qu’ils lui firent, et au renouement de celles de mariage de sa fille aînée avec le roi des Romains, dont le refus qu’en avoit fait l’empereur l’avoit sensiblement piqué ; en même temps il proposa une revue des troupes étrangères, à distance éloignée de Turin, où il mit ses troupes dans les postes qu’elles occupoient. Il avoit eu, sous d’autres prétextes, la même précaution pour Coni et pour ses autres places, et quand il fallut aller à la revue, il demeura à Turin et s’en excusa. Après ces précautions, il se déclara. Il leur manda qu’il étoit contraint d’accepter la neutralité d’Italie que le roi lui faisoit offrir, et qu’il les prioit aussi de l’accepter de même. Le marquis de Leganez, le prince Eugène et milord Galloway avoient ordre de lui obéir, et n’osèrent se porter à une violence ouverte, ils se continrent et attendirent de nouveaux ordres. En même temps M. de Savoie masqua sa paix d’une trêve de trente jours avec le maréchal Catinat, à qui il envoya le comte Jana, chevalier de l’Annonciade, et le marquis d’Aix, pour otages, et reçut en même temps le comte de Tessé et Bouzols en la même qualité. Ces choses se passèrent les premiers jours de juillet, et ensuite la trêve fut prolongée.

Cependant le célèbre Jean Bart brûla cinquante-cinq vaisseaux marchands aux Hollandois, parce qu’il ne put les amener, après avoir battu leur convoi, et leur coûta une perte de six ou sept millions. Notre île de Ré fut un peu bombardée ; ils allèrent après devant Belle-Ile, et se retirèrent sans rien faire.