Mémoires (Cardinal de Retz)/Livre second/Section 4

Texte établi par Claude-Bernard PetitotFoucault (p. 229-251).
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Je donnai ordre à L’Epinai, dont je vous ai déjà parlé à propos des affaires de feu M. le comte, de se tenir prêt pour se saisir au premier ordre de la barrière des Sergens, qui est vis-à-vis de Saint-Honoré, et pour y faire une barricade contre les gardes qui étoient au Palais-Royal. Et comme Miron nous dit que le frère de son cuisinier avoit ouï nommer plusieurs fois la porte de Nesle[1] à ces deux officiers dont je vous ai déjà parlé, nous crûmes qu’il ne seroit pas mal à propos d’y prendre garde, dans la pensée que nous eûmes que l’on pensoit peut-être à enlever quelqu’un par cette porte. Argenteuil, brave et déterminé autant qu’homme fût au monde, en prit le soin, et il se mit chez un sculpteur qui étoit tout proche, avec vingt bons soldats que le chevalier d’Humieres[2], qui faisoit une recrue à Paris, lui prêta. Je m’endormis après avoir donné cet ordre, et je ne fus réveillé qu’à six heures par le secrétaire de Miron, qui me vint dire que les gens de guerre n’avoient point paru pendant la nuit ; que l’on avoit vu seulement quelques cavaliers qui sembloient être venus pour reconnoître les pelotons des bourgeois, et qu’ils s’en étoient retournés au galop après les avoir un peu considérés ; que ce mouvement lui faisoit juger que la précaution que nous avions prise avoit été utile pour prévenir l’insulte que l’on pourroit avoir projetée contre des particuliers ; mais que le mouvement qui commençoit à paroître chez M. le chancelier marquoit que l’on méditoit quelque chose contre le public ; que l’on voyoit aller et venir des hoquetons, et que Ondedei y étoit allé quatre fois en deux heures.

Quelque temps après, l’enseigne de la colonelle de Miron me vint avertir que le chancelier marchoit avec toute la pompe de la magistrature droit au Palais ; et Argenteuil m’envoya dire que deux compagnies des gardes suisses s’avançoient du côté du faubourg, vers la porte de Nesle. Voilà le moment fatal. Je donnai mes ordres en deux paroles, et ils furent exécutés en deux momens. Miron fit prendre les armes. Argenteuil, habillé en maçon, et une règle à la main, chargea les Suisses en flanc, en tua vingt ou trente, prit un des drapeaux, et dissipa le reste. Le chancelier, poussé de tous côtés, se sauva à peine dans l’hôtel d’O, qui étoit au bout du quai des Augustins, du côté du pont Saint-Michel. Le peuple rompit les portes, et y entra avec fureur ; et il n’y eut que Dieu qui sauva le chancelier et l’évêque de Meaux son frère à qui il se confessa, en empêchant que cette canaille, qui s’avisa de bonne fortune pour lui à piller, ne s’avisât pas de forcer une petite chambre dans laquelle il s’étoit caché.

Ce mouvement fut comme un incendie subit et violent qui se prit du Pont-Neuf à toute la ville. Tout le monde sans exception prit les armes. L’on voyoit les enfans de cinq et six ans le poignard à la main ; on voyoit les mères qui les leur apportoient elles-mêmes. Il y eut dans Paris plus de deux cents barricades en moins de deux heures, bordées de drapeaux, et de toutes les armes que la ligue avoit laissées entières. Comme je fus obligé de sortir un moment pour apaiser un tumulte qui étoit arrivé, par le malentendu de deux officiers du quartier, dans la rue Neuve Notre-Dame, je vis entre autres une lance traînée plutôt que portée par un petit garçon de huit ans, qui étoit assurément de l’ancienne guerre des Anglais[3]. Mais j’y vis encore quelque chose de plus curieux : M. de Brissac[4] me fit remarquer un hausse-col sur lequel la figure du jacobin qui tua Henri III étoit gravée ; il étoit de vermeil doré, avec cette inscription : Saint Jacques-Clément. Je fis une réprimande à l’officier qui le portoit, et je fis rompre le haussecol publiquement à coups de marteau sur l’enclume d’un maréchal. Tout le monde cria : vive le Roi ! mais l’écho répondoit : point de Mazarin !

Un moment après que je fus rentré chez moi, l’argentier de la Reine y entra, qui me commanda et me conjura de sa part d’employer mon crédit pour apaiser la sédition, que la cour, comme vous voyez, ne traitoit plus de bagatelle. Je répondis froidement et respectueusement que les efforts que j’avois faits la veille pour cet effet m’avoient rendu si odieux parmi le peuple, que j’avois même couru fortune pour avoir voulu seulement me montrer un moment ; que j’avois été obligé de me retirer chez moi, même fort brusquement. À quoi j’ajoutai ce que vous pouvez vous imaginer de respect, de douleur, de regret et de soumission. L’argentier, qui étoit au bout de la rue quand on crioit vive le Roi ! et qui avoit ouï que l’on y ajoutoit presque à toutes les reprises vive le coadjuteur ! fit ce qu’il put pour me persuader de mon pouvoir ; et quoique j’eusse été très-fâché qu’il l’eût été de mon impuissance, je ne laissai pas de feindre que je la lui voulois toujours persuader. Les favoris des deux derniers siècles n’ont su ce qu’ils ont fait quand ils ont réduit en style l’égard effectif que les rois doivent avoir pour leurs sujets. Il y a, comme vous voyez, des conjonctures dans lesquelles, par une conséquence nécessaire, l’on réduit en style l’obéissance réelle que l’on doit aux rois.

Le parlement s’étant assemblé ce jour-là de très-bon matin, et devant même que l’on eût pris les armes, apprit les mouvemens par les cris d’une multitude immense, qui hurloit dans la salle du Palais Broussel ! Broussel ! et il donna arrêt par lequel il fut ordonné qu’on iroit en corps et en habit au Palais-Royal redemander les prisonniers ; qu’il seroit décrété contre Comminges, lieutenant des gardes de la Reine ; qu’il seroit défendu à tous gens de guerre, sur peine de la vie, de prendre des commissions pareilles ; et qu’il seroit informé contre ceux qui avoient donné le conseil, comme contre des perturbateurs du repos public.

L’arrêt fut exécuté à l’heure même. Le parlement sortit au nombre de cent soixante officiers : il fut reçu et accompagné dans toutes les rues avec des acclamations et des applaudissemens incroyables ; toutes les barricades tomboient devant lui. Le premier président parla à la Reine avec toute la liberté que l’état des choses lui donnoit : il lui représenta au naturel le jeu que l’on avoit fait en toutes occasions de la parole royale ; les illusions honteuses et même puériles par lesquelles on avoit éludé mille et mille fois les résolutions les plus utiles et même les plus nécessaires à l’État. Il exagéra avec force le péril où le public se trouvoit par la prise tumultuaire et générale des armes. La Reine, qui ne craignoit rien parce qu’elle connoissoit peu, s’emporta, et elle lui répondit avec un ton de fureur plutôt que de colère : « Je sais bien qu’il y a du bruit dans la ville ; mais vous m’en répondrez, messieurs du parlement, vous, vos femmes et vos enfans. » En prononçant cette dernière syllabe, elle rentra dans sa petite chambre grise, et elle en ferma la porte avec force.

Le parlement s’en retournoit, et il étoit déjà sur les degrés, quand le président de Mesmes, qui est extrêmement timide, faisant réflexion sur le péril auquel la compagnie s’alloit exposer parmi le peuple, l’exhorta à remonter, et à faire encore un effort sur l’esprit de la Reine. M. le duc d’Orléans, qu’ils trouvèrent dans le grand cabinet, et qu’ils exhortèrent pathétiquement, les fit entrer au nombre de vingt dans la chambre grise. Le premier président fit voir à la Reine toute l’horreur de Paris armé et enragé, c’est-à-dire qu’il essaya de lui faire voir : car elle ne voulut rien écouter, et elle se jeta de colère dans la petite galerie.

Le cardinal s’avança, et proposa de rendre les prisonniers, pourvu que le parlement promît de ne plus tenir ses assemblées. Le premier président répondit qu’il falloit délibérer sur la proposition. On fut sur le point de le faire sur-le-champ ; mais beaucoup de ceux de la compagnie ayant représenté que les peuples croiroient qu’elle avoit été violentée si l’on opinoit au Palais-Royal, l’on résolut de s’assembler l’après-dînée au Palais, et l’on pria M. le duc d’Orléans de s’y trouver.

Le parlement étant sorti du Palais-Royal, et ne disant rien de la liberté de Broussel, ne trouva d’abord qu’un morne silence, au lieu des acclamations passées. Comme il fut à la barrière des Sergens, où étoit la première barricade, il y rencontra du murmure, qu’il apaisa, en assurant que la Reine lui avoit promis satisfaction. Les menaces de la seconde furent éludées par le même moyen, La troisième, qui étoit à la Croix-du-Tiroir, ne se voulut pas payer de cette monnoie et un garçon rôtisseur s’avançant avec deux cents hommes, et mettant la hallebarde dans le ventre du premier président, lui dit : « Tourne, traître ; et si tu ne veux être massacré toi-même, ramène-nous Broussel, ou le Mazarin et le chancelier en otage. » Vous ne doutez pas, à mon opinion, ni de la confusion ni de la terreur qui saisit presque tous les assistans. Cinq présidens au mortier et plus de vingt conseillers se jetèrent dans la foule pour s’échapper. Le seul premier président, le plus intrépide homme, à mon sens, qui ait paru dans son siècle, demeura ferme et inébranlable. Il se donna le temps de rallier ce qu’il put de la compagnie : il conserva toujours la dignité de la magistrature et dans ses paroles et dans ses démarches, et il revint au Palais-Royal au petit pas, dans le feu des injures, des menaces, des exécrations et des blasphèmes.

Cet homme avoit une sorte d’éloquence qui lui étoit particulière. Il ne connoissoit point d’interjections, il n’étoit pas congru dans sa langue : mais il parloit avec une force qui suppléoit à tout cela ; et il étoit naturellement si hardi qu’il ne parloit jamais si bien que dans le péril. Il se passa lui-même lorsqu’il revint au Palais-Royal ; et il est constant qu’il toucha tout le monde, à la réserve de la Reine, qui demeura inflexible.

Monsieur fit mine de se jeter à genoux devant elle ; quatre ou cinq princesses, qui trembloient de peur, s’y jetèrent effectivement. Le cardinal, à qui un jeune conseiller des enquêtes avoit dit en raillant qu’il seroit assez à propos qu’il allât lui-même dans les rues voir l’état des choses ; le cardinal, dis-je, se joignit au gros de la cour, et l’on tira enfin à toute peine cette parole de la bouche de la Reine : « Hé bien ! messieurs du parlement, voyez donc ce qu’il est à propos de faire. » On s’assembla dans la grande galerie ; on délibéra, et l’on donna arrêt par lequel il fut ordonné que la Reine seroit remerciée de la liberté accordée aux prisonniers.

Aussitôt que l’arrêt fut rendu, on expédia des lettres de cachet. Le premier président montra au peuple les copies qu’il avoit prises en forme de l’un et de l’autre ; mais l’on ne voulut pas quitter les armes que l’effet ne s’en fût ensuivi. Le parlement même ne donna point d’arrêt de les faire poser qu’il n’eût vu Broussel dans sa place. Il y revint le lendemain, ou plutôt il y fut porté sur la tête des peuples avec des acclamations incroyables ; l’on rompit les barricades, l’on ouvrit les boutiques, et en moins de deux heures Paris parut plus tranquille que je ne l’ai jamais vu le vendredi saint.

Comme je n’ai pas cru devoir interrompre le fil d’une narration qui contient le préalable le plus important de la guerre civile, j’ai remis à vous rendre compte en ce lieu d’un certain détail sur lequel vous vous êtes certainement fait des questions à vous-même, parce qu’il y a des circonstances qui ne se peuvent presque concevoir avant que d’être particulièrement expliquées. Je suis assuré, par exemple, que vous avez de la curiosité de savoir quels ont été les ressorts qui ont donné les mouvemens à tous ces corps qui se sont presque ébranlés tous ensemble ; quelle a été la machine qui, malgré toutes les tentatives de la cour, tous les artifices des ministres, toute la foiblesse du public, toute la corruption des particuliers, a entretenu et maintenu ce mouvement dans une espèce d’équilibre. Vous y soupçonnez apparemment bien du mystère, bien de la cabale et bien de l’intrigue. Je conviens que l’apparence y est, et à un point que je crois qu’on doit excuser les historiens qui ont pris le vraisemblable pour le vrai en ce fait. Je puis toutefois et je dois même vous assurer que, jusqu’à la nuit qui a précédé les barricades, il n’y a pas eu un grain de ce qui s’appelle manège d’État dans les affaires publiques ; et que celui même qui a pu être de l’intrigue du cabinet y a été si léger qu’il ne mérite presque pas d’être pesé. Je m’explique. Longueil, conseiller de la grand’chambre, homme d’un esprit noir, décisif et dangereux, et qui entendoit mieux le détail de la manœuvre du parlement que tout le reste du corps ensemble, pensoit dès ce temps-là à établir le président de Maisons, son frère, dans la surintendance des finances : et comme il s’étoit donné une grande croyance dans l’esprit de Broussel, simple et facile comme un enfant, l’on a cru (et je le crois aussi) qu’il avoit pensé dès les premiers mouvemens du parlement à pousser et à animer son ami, pour se rendre considérable par cet endroit auprès des ministres.

Le président Viole étoit ami intime de Chavigny, qui étoit enragé contre le cardinal, parce qu’ayant été la principale cause de sa fortune auprès du cardinal de Richelieu, il en avoit été cruellement joué dans les premiers jours de la régence. Et comme ce président fut un des premiers qui témoigna de la chaleur dans son corps, on soupçonna qu’elle lui fut inspirée par Chavigny. Mais n’ai-je pas eu raison de vous dire que ce grain étoit bien léger ? Car, supposé même qu’il fût aussi bien préparé que toute la défiance se le peut figurer (dont je doute fort), qu’est-ce que pouvoient faire dans une compagnie composée de plus de deux cents officiers, et agissant avec trois autres compagnies où il y en avoit encore presque une fois autant ; qu’est-ce que pouvoient faire, dis-je, deux des plus simples et des plus communes têtes de tout le corps ? Le président Viole avoit été toute sa vie un homme de plaisir et de nulle agitation, point appliqué à son métier. Le bonhomme Broussel avoit vieilli entre les sacs, dans la poudre de la grand’chambre, avec plus de réputation d’intégrité que de capacité. Les premiers qui se joignirent le plus ouvertement à ces deux hommes furent Charton, président aux requêtes, un peu moins que fou, etBlancménil, président aux enquêtes. Vous le connoissez : il étoit au parlement comme vous l’avez vu chez vous. Vous jugez bien que s’il y eût eu de la cabale dans la compagnie, l’on n’eût pas été choisir des cervelles de ce caractère au travers de tant d’autres qui avoient, sans comparaison, plus de poids ; et que ce n’est pas sans sujet que je vous ai dit, en plus d’un endroit de ce récit, que l’on ne doit chercher la cause de la révolution que je décris que dans le dérangement des lois, qui a causé insensiblement celui des esprits, et qui fit qu’avant que l’on se fût presque aperçu du changement, il y avoit déjà un parti. Il est constant qu’il n’y en avoit pas un de tous ceux qui opinèrent dans le cours de cette année au parlement et dans les autres compagnies souveraines qui eût la moindre vue, je ne dis pas seulement de ce qui s’en est suivi, mais de ce qui en pouvoit suivre. Tout se disoit et se faisoit dans l’esprit des procès ; et comme il avoit l’air de la chicane, il en avoit la pédanterie, dont le propre essentiel est l’opiniâtreté, directement opposée à la flexibilité, qui de toutes les qualités est la plus nécessaire pour le maniement des grandes affaires. Et ce qu’il y a d’admirable étoit que le concert, qui seul peut remédier aux inconvéniens qu’une cohue de cette nature peut produire, eût passé dans cette sorte d’esprit pour une cabale. Ils la faisoient eux-mêmes, mais ils ne la connoissoient pas. L’aveuglement des bien intentionnés en cette matière est suivi pour l’ordinaire bientôt après de la pénétration de ceux qui mêlent la passion de la faction dans les intérêts publics, et qui voient le futur et le possible, dans les temps que les compagnies réglées ne songent qu’au présent et à l’apparent.

Cette petite réflexion, jointe à ce que vous avez vu ci-devant des délibérations du parlement, vous marque suffisamment la confusion où étoient les choses quand les barricades se firent, et l’erreur de ceux qui prétendent qu’il ne faut point craindre de parti quand il n’y a point de chefs. Ils naissent quelquefois dans une nuit. L’agitation que je viens de vous représenter si violente et de si longue durée n’en produisit point dans le cours d’une année entière, et un moment en fit éclore même beaucoup davantage qu’il n’eût été nécessaire pour le parti.

Comme les barricades furent levées, j’allai chez madame de Guémené, qui me dit qu’elle savoit de science certaine que le cardinal croyoit que j’en avois été l’auteur. La Reine m’envoya quérir le lendemain au matin : elle me traita avec toutes les marques possibles de bonté et même de confiance. Elle me dit que si elle m’avoit cru, elle ne seroit pas tombée dans l’inconvénient où elle étoit ; qu’il n’avoit pas tenu au pauvre cardinal de l’éviter ; qu’il lui avoit toujours dit qu’il s’en falloit rapporter à mon jugement ; que Chavigny étoit l’unique cause de ce malheur par ses pernicieux conseils, auxquels elle avoit plus déféré qu’à ceux de M. le cardinal. « Mais, mon Dieu, ajouta-t-elle tout d’un coup, ne ferez-vous pas donner des coups de bâton à ce coquin de Bautru, qui vous a tant manqué de respect ? Je vis l’heure, avant-hier au soir, que le pauvre M. le cardinal lui en feroit donner. » Je reçus tout cela avec un peu moins de sincérité que de respect. Elle me commanda ensuite d’aller voir le pauvre M. le cardinal, et pour le consoler, et pour aviser avec lui de ce qu’il y auroit à faire pour ramener les esprits.

Je n’en fis, comme vous pouvez croire, aucune difficulté. Il m’embrassa avec des tendresses que je ne puis vous exprimer. Il n’y avoit que moi en France qui fût homme de bien : tous les autres n’étoient que des flatteurs infâmes, et qui avoient emporté la Reine, malgré ses conseils et les miens. Il me déclara qu’il ne vouloit plus rien faire que par mes avis ; il me communiqua les dépêches étrangères ; enfin il me dit tant de fadaises, que le bonhomme Broussel, qu’il avoit aussi mandé, et qui étoit entré dans sa chambre un peu après moi, éclata de rire en sortant, tout simple qu’il étoit, et même en vérité jusqu’à l’innocence ; et qu’il me coula ces paroles dans l’oreille : « Ce n’est là qu’une pantalonnade. »

Je revins chez moi, très-résolu, comme vous pouvez croire, de penser à la sûreté du public et à la mienne en particulier. J’en examinai les moyens, et je n’en imaginai aucun qui ne fût d’une exécution très-difficile. Je connoissois le parlement pour un corps qui pousseroit tout sans mesure. Je voyois qu’au moment que je pensois, il délibéroit sur les rentes de l’hôtel-de-ville, dont la cour avoit fait un commerce honteux, ou plutôt un brigandage public. Je considérois que l’armée, victorieuse à Lens, reviendroit infailliblement prendre ses quartiers d’hiver aux environs de Paris, et que l’on pourroit très-facilement l’investir, et couper les vivres à la ville en un matin. Je ne pouvois pas ignorer que ce même parlement, qui poussoit la cour, ne fût très-capable et de faire le procès à ceux qui le feroient eux-mêmes, et de prendre des précautions pour ne pas être opprimé. Je savois qu’il y avoit très-peu de gens dans cette compagnie qui ne s’effarouchassent seulement de la proposition : et peut-être y en avoit-il aussi peu à qui il y eût sûreté de la confier. J’avois devant les yeux le grand exemple de l’instabilité des peuples, et beaucoup d’aversion naturelle aux moyens violens qui sont souvent nécessaires pour le fixer.

Saint-Ibal[5], mon parent, homme d’esprit et de cœur, mais d’un grand travers, et qui n’estimoit les hommes que selon qu’ils étoient mal à la cour, me pressa de prendre des mesures avec l’Espagne, avec laquelle il avoit de grandes habitudes par le canal du comte de Fuensaldagne, capitaine général aux Pays-Bas sous l’archiduc[6]. Il m’en donna même une lettre pleine d’offres, que je ne reçus pourtant pas. J’y répondis par de simples honnêtetés ; et, après de grandes et profondes réflexions, je pris le parti de faire voir par Saint-Ibal aux Espagnols, sans m’engager pourtant avec eux, que j’étois fort résolu de ne pas souffrir l’oppression de Paris ; de travailler avec mes amis ; de faire que le parlement mesurât un peu plus ses démarches, et d’attendre le retour de M. le prince, avec lequel j’étois très-bien, et auquel j’espérois faire connoître et la grandeur du mal et la nécessité du remède. Ce qui me donnoit le plus lieu de croire que j’en pourrois avoir le temps étoit que les vacations du parlement étoient fort proches ; et je me persuadois par cette raison que la compagnie ne s’assemblant, et la cour par conséquent ne se trouvant plus pressée par les délibérations, l’on demeureroit de part et d’autre dans une espèce de repos qui, bien ménagé par M. le prince, que l’on attendoit de semaine en semaine, pourroit fixer celui du public, et la sûreté des particuliers.

L’impétuosité du parlement rompit mes mesures : car aussitôt qu’il eut achevé de faire le règlement pour le paiement des rentes de l’Hôtel de ville, et des remontrances pour la décharge du quart entier des tailles, et du prêt à tous les officiers subalternes, il demanda, sous prétexte de la nécessité qu’il y avoit de travailler au tarif, la continuation de ses assemblées, même dans le temps des vacations ; et la Reine la lui accorda pour quinze jours, parce qu’elle fut très-bien avertie qu’il l’ordonneroit de lui-même si on la lui refusoit. Je fis tous mes efforts pour empêcher ce coup, et j’avois persuadé Longueil et Broussel ; mais Novion, Blancménil et Viole, chez qui nous nous étions trouvés à onze heures du soir, dirent que la compagnie tiendroit pour des traîtres ceux qui lui feroient cette proposition ; et comme j’insistois, Novion entra en soupçon que je ne fusse moi-même de concert avec la cour. Je ne fis aucun semblant de l’avoir remarqué, mais je me ressouvins du prédicant de Genève, qui soupçonna l’amiral de Coligny[7], chef du parti huguenot, de s’être confessé à un cordelier de Niort. Je le dis en riant, au sortir de la conférence, au président Le Coigneux, père de celui que vous voyez aujourd’hui. Cet homme, qui étoit fou, mais qui avoit beaucoup d’esprit, et qui, ayant été en Flandre ministre de Monsieur, avoit plus de connoissance du monde que les autres, me répondit : « Vous ne connoissez pas nos gens : vous en verrez bien d’autres. Je gage que cet innocent (en me montrant Blancménil) croit avoir été au sabbat, parce qu’il s’est trouvé ici à onze heures du soir. » Il eût gagné si j’eusse gagé contre lui : car Blancménil, avant que de sortir, nous déclara qu’il ne vouloit plus de conférences particulières ; qu’elles sentoient la faction et le complot, et qu’il falloit qu’un magistrat dît son avis sur les fleurs de lis, sans en avoir communiqué avec personne ; que les ordonnances l’y obligeoient. Voilà le canevas sur lequel il broda maintes et maintes impertinences de cette nature, que j’ai dû toucher en passant pour vous faire connoître que l’on a plus de peine dans les partis à vivre avec ceux qui en sont qu’à agir contre ceux qui y sont opposés. C’est tout vous dire qu’ils firent si bien par leurs journées[8] que la Reine, qui avoit cru que les vacations pourroient diminuer de quelque degré la chaleur des esprits, et qui, par cette considération, venoit d’assurer le prévôt des marchands que le bruit que l’on avoit fait courir qu’elle vouloit faire sortir le Roi de Paris étoit faux ; que la Reine, dis-je, s’impatienta, et emmena le Roi à Ruel. Je ne doutai point qu’elle n’eût pris le dessein de surprendre Paris, qui parut effectivement étonné de la sortie du Roi[9] ; et je trouvai même, le lendemain au matin, de la consternation dans les esprits les plus échautfés du parlement. Mais ce qui l’augmenta fut que l’on eut avis en même temps qu’Erlac[10] avoit passé la Somme avec quatre mille Allemands ; et comme dans les émotions populaires une mauvaise nouvelle n’est jamais seule, l’on en publia cinq ou six de même nature, qui me firent connoître que j’aurois encore plus de peine à soutenir les esprits que je n’en avois eu à les retenir.

Je ne me suis guère trouvé, dans tout le cours de ma vie, plus embarrassé que dans cette occasion. Je voyois le péril dans toute son étendue, et je n’y voyois rien qui ne me parût affreux. Les plus grands dangers ont leurs charmes, pour peu que l’on aperçoive de gloire dans la perspective des mauvais succès ; les médiocres dangers n’ont que des horreurs, quand la perte de la réputation est attachée à la mauvaise fortune. Je n’avois rien oublié pour faire que le parlement ne désespérât pas la cour, au moins jusqu’à ce que l’on eût pensé aux expédiens de se défendre de ses insultes. Qui ne l’eût cru, si elle eût su bien prendre son temps, ou plutôt si le retour de M. le prince ne l’eût empêché de le prendre ? Comme on le croyoit retardé, au moins pour quelque temps, rt justement lorsque le Roi sortit de Paris, je ne crus pas avoir celui de l’attendre, comme je me l’étois proposé ; et ainsi je me résolus à un parti qui me fit beaucoup de peine, mais qui étoit bon parce qu’il étoit l’unique. Les extrêmes sont toujours fâcheux ; mais ce sont des moyens sages quand ils sont nécessaires. Ce qu’ils ont de consolant est qu’ils ne sont jamais médiocres, et qu’ils sont décisifs quand ils sont bons. La fortune favorisa mon projet. La Reine fit arrêter Chavigny, et elle l’envoya au Havre de Grâce. Je me servis de cet instant pour animer Viole, son ami intime, par sa propre timidité, qui étoit grande. Je lui fis voir qu’il étoit perdu lui-même que Chavigny ne l’étoit que parce que l’on s’étoit imaginé qu’il l’avoit poussé, lui Viole, à ce qu’il avoit fait ; qu’il étoit visible que le Roi n’étoit sorti de Paris que pour l’attaque ; qu’il voyoit comme moi l’abattement des esprits ; que si on les laissoit tout-à-fait tomber, ils ne se relèveroient plus ; qu’il les falloit soutenir ; que j’agissois avec succès dans le peuple ; que je m’adressois à lui comme à celui en qui j’avois le plus de confiance et que j’estimois le plus, afin qu’il agît de concert dans le parlement ; que mon sentiment étoit que la compagnie ne devoit point mollir dans ce moment ; mais que comme il la connoissoit, il savoit qu’elle avoit besoin d’être éveillée dans une conjoncture où il sembloit que la sortie du Roi eût un peu trop frappé et endormi ses sens ; qu’une parole portée à propos feroit infailliblement ce bon effet.

Ces raisons, jointes aux instances de Longueil qui s’étoit joint à moi, emportèrent, après de grandes contestations, le président Viole, et l’obligèrent à faire par le seul principe de la peur, qui lui étoit très-naturelle, une des plus hardies actions dont on ait peut-être jamais ouï parler. Il prit le temps où le président de Mesmes présenta au parlement sa commission pour la chambre de justice, pour dire ce dont nous étions convenus, qui étoit qu’il y avoit sans comparaison des affaires plus pressantes que celles de la chambre de justice ; que le bruit couroit que l’on vouloit assiéger Paris ; que l’on faisoit marcher des troupes ; que l’on mettoit en prison les meilleurs serviteurs du feu Roi, que l’on jugeoit devoir être contraires ce pernicieux dessein ; qu’il ne pouvoit s’empêcher de représenter à la compagnie la nécessité qu’il croyoit qu’il y avoit à supplier très-humblement la Reine de ramener le Roi à Paris ; et d’autant que l’on ne pouvoit ignorer qui étoit l’auteur de tous ces maux, de prier M. le duc d’Orléans et les officiers de la couronne de se trouver au parlement pour y délibérer sur l’arrêt donné en 1617, à l’occasion du maréchal d’Ancre, par lequel il étoit défendu aux étrangers de s’immiscer dans le gouvernement du royaume. Cette corde nous avoit paru à nous-mêmes bien grosse à toucher ; mais il ne la falloit pas moindre pour réveiller, ou plutôt pour tenir éveillés, des gens que la peur eût très-facilement jetés dans l’assoupissement. Cette passion ne fait pas pour l’ordinaire cet effet sur les particuliers : mais j’ai observé qu’elle le fait sur les compagnies très-souvent. Il y a même raison pour cela ; mais il ne seroit pas juste d’interrompre, pour la déduire, le fil de cette histoire.

Le mouvement que la proposition de Viole fit dans les esprits est inconcevable. Elle fit peur d’abord, elle réjouit ensuite ; elle anima après. L’on n’envisagea plus le Roi hors de Paris que pour l’y ramener : l’on ne regarda plus les troupes que pour les prévenir. Blancménil, qui m’avoit paru le matin comme un homme mort, nomma en propres termes le cardinal, qui n’avoit jusque là été désigné que sous le titre de ministre. Le président de Novion éclata contre lui en termes fort injurieux ; et le parlement donna même avec gaieté un arrêt par lequel il étoit ordonné que très-humbles remontrances seroient faites à la Reine, pour la supplier de ramener le Roi à Paris, et de faire retirer les gens de guerre du voisinage ; que l’on prieroit les princes, ducs et pairs d’entrer en parlement pour y délibérer sur les affaires nécessaires au bien de l’État ; et que le prévôt des marchands et les échevins seroient mandés pour recevoir les ordres touchant la sûreté de la ville.

Le premier président, qui parloit presque toujours avec vigueur pour les intérêts de sa compagnie, mais qui étoit dans le fond pour celui de la cour, me dit, un moment après qu’il fut sorti du Palais : « N’admirez-vous pas ces gens-ci ? Ils viennent de donner un arrêt qui peut fort bien produire la guerre civile ; et parce qu’ils n’y ont pas nommé le cardinal, comme Novion, Viole et Blancménil le vouloient, ils croient que la Reine leur en doit de reste. » Je vous rends compte de ces minuties, parce qu’elles vous font mieux connoître l’état et le génie de cette compagnie, que des circonstances plus importantes.

Le président Le Coigneux, que je trouvai chez M. le premier président, me dit tout bas : « Je n’ai espérance qu’en vous ; nous serons perdus si vous n’agissez sous terre, » J’y agissois effectivement : car j’avois travaillé toute la nuit avec Saint-Ibal à une instruction avec laquelle je faisois état de l’envoyer à Bruxelles pour traiter avec le comte de Fuensaldagne, et l’obliger de marcher à notre secours en cas de besoin, avec l’armée d’Espagne. Je ne pouvois pas l’assurer du parlement ; mais je m’engageois, en cas que Paris fût attaqué et que le parlement pliât, de me déclarer, et de faire déclarer le peuple. Le premier coup étoit sûr ; mais il eût été très-difficile à soutenir sans le parlement. Je le voyois bien ; mais je voyois encore mieux qu’il y a des conjonctures où la prudence même ordonne de ne consulter que le chapitre des accidens.

Saint-Ibal étoit botté pour partir, lorsque M. de Châtillon[11] arriva chez moi, et me dit en entrant que M. le prince, qu’il venoit de quitter, devoit être à Ruel le lendemain. Il ne me fut pas difficile de le faire parler, parce qu’il étoit mon parent et mon ami ; il haïssoit de plus extrêmement le cardinal. Il me dit donc que M. le prince étoit enragé contre lui ; qu’il étoit persuadé qu’il perdroit l’État si on le laissoit faire qu’il avoit en son particulier de très-grands sujets de se plaindre de lui ; qu’il avoit découvert à l’armée que le cardinal lui avoit débauché le marquis de Noirmoutier[12], avec lequel il avoit un commerce de chiffres pour être averti de tout à son préjudice. Enfin je connus, par tout ce que me dit Châtillon, que M. le prince n’avoit nulle mesure particulière avec la cour. Je ne balançai pas, comme vous pouvez imaginer ; je fis débotter Saint-Ibal, qui faillit à enrager ; et quoique d’abord j’eusse résolu de contrefaire le malade pour n’être point obligé d’aller à Ruel, où je ne croyois pas de sûreté pour moi, je pris le parti de m’y rendre un moment après que M. le prince y seroit arrivé. Je n’appréhendois plus d’y être arrêté, parce que Châtillon m’avoit assuré qu’il étoit fort éloigné de toute pensée d’extrémité, et parce que j’avois tout sujet de prendre confiance en l’honneur de son amitié. Il m’avoit sensiblement obligé, comme vous avez vu, à propos du drap de pied de Notre-Dame ; et je l’avois servi auparavant avec chaleur dans le démêlé qu’il eut avec Monsieur touchant le chapeau de cardinal, prétendu par monsieur son frère. La Rivière eut l’insolence de s’en plaindre, et le cardinal eut la foiblesse d’y balancer. J’offris à M. le prince l’intervention en corps de l’Église de Paris. Je vous marque cette circonstance, que j’avois oubliée dans ce récit, pour vous faire voir que je pouvois judicieusement aller à la cour.

La Reine m’y traita admirablement bien ; elle faisoit collation auprès de la grotte : elle affecta de ne donner qu’à madame la princesse la mère[13], à M. le prince et à moi des poncires[14] d’Espagne que l’on lui avoit apportés. Le cardinal me fit des honnêtetés extraordinaires ; mais je remarquai qu’il observoit avec application la manière dont M. le prince me traiteroit. Il ne fit que m’embrasser en passant dans le jardin ; mais à un autre tour d’allée il me dit fort bas : « Je serai demain à sept heures chez vous ; il y aura trop de monde à l’hôtel de Condé. »

Il n’y manqua pas ; et aussitôt qu’il fut dans le jardin de l’archevêché, il m’ordonna de lui exposer au vrai l’état des choses et toutes mes pensées. Je vous puis et dois dire pour la vérité que j’aurois lieu de souhaiter que le discours que je lui fis, et que je lui fis beaucoup plus de cœur que de bouche, fût imprimé et soumis au jugement des trois États assemblés : on trouveroit beaucoup de défauts dans mes expressions ; mais j’ose vous assurer qu’on n’en condamneroit pas les sentimens. Nous convînmes que je continuerois à faire pousser le cardinal par le parlement ; que je mènerois la nuit, dans un carrosse inconnu, M. le prince chez Longueil et Broussel, pour les assurer qu’ils ne seroient pas abandonnés au besoin ; que M. le prince donneroit à la Reine toutes les marques de complaisance et d’attachement ; et qu’il répareroit même avec soin celles qu’il avoit laissé paroître de son mécontentement du cardinal, afin de s’insinuer dans l’esprit de la Reine, et de la disposer insensiblement à recevoir et à suivre ses conseils ; qu’il feindroit dans les commencements de donner en tout dans son sens, et que peu à peu il essaieroit de l’accoutumer à écouter les vérités auxquelles elle avoit toujours fermé l’oreille ; que l’animosité des peuples augmentant, et les délibérations du parlement continuant, il feroit semblant de s’affoiblir contre sa propre inclination et par la pure nécessité ; et qu’en laissant ainsi couler le cardinal plutôt que tomber, il se trouveroit maître du cabinet par l’esprit de la Reine, et arbitre du public par l’état des choses, et par le canal des serviteurs qu’il y avoit.

Il est constant que, dans l’agitation où l’on étoit, il n’y avoit que ce remède pour rétablir les affaires, et il n’étoit pas moins facile que nécessaire. Il ne plut pas à la providence de Dieu de le bénir, quoiqu’elle lui eût donné la plus belle ouverture qu’ait jamais pu avoir aucun projet. Vous en verrez la suite, après que je vous aurai dit un mot de ce qui se passa immédiatement auparavant.

Comme la Reine n’étoit sortie de Paris que pour se donner lieu d’attendre avec plus de liberté le retour des troupes, avec lesquelles elle avoit dessein d’insulter ou d’affamer la ville (il est certain qu’elle pensa à l’un et à l’autre), elle ne ménagea pas beaucoup le parlement à l’égard du dernier arrêt dont je vous ai parlé ci-dessus, par lequel elle étoit suppliée de ramener le Roi à Paris. Elle répondit, aux députés qui étoient allés faire les remontrances, qu’elle en étoit fort surprise et fort étonnée ; que le Roi avoit accoutumé tous les ans à cette saison de prendre l’air, et que sa santé lui étoit plus chère qu’une vaine frayeur du peuple. M. le prince, qui arriva justement dans ce moment, et qui ne donna pas dans la pensée que l’on avoit à la cour d’attaquer Paris, crut qu’il la falloit au moins satisfaite par les autres marques qu’il pouvoit donner à la Reine de l’attachement à ses volontés. Il dit au président et aux deux conseillers qui l’invitoient à venir prendre sa place, selon la teneur de l’arrêt, qu’il ne s’y trouveroit pas, et qu’il obéiroit à la Reine, en dût-il périr. L’impétuosité de son humeur l’emporta dans la chaleur du discours plus loin qu’il n’eût été par réflexion, comme vous le jugez aisément par ce que je viens de vous dire de la disposition où il étoit, même avant que je lui eusse parlé. M. le duc d’Orléans répondit qu’il n’iroit point, et que l’on avoit fait dans la compagnie des propositions trop hardies et insoutenables. M. le prince de Conti parla du même sens.

  1. La porte de Nesle : Elle étoit à l’extremité de la rue de Seine, près du quai.
  2. Le chevalier d’Humières : Louis de Crévant. Il fut depuis maréchal de France, et mourut en 1694.
  3. L’ancienne guerre des Anglais : Du temps de Charles VII.
  4. Louis de Cosse, mort en 1661. (A. E.)
  5. Montrésor l’appelle Saint-Ibar dans ses Mémoires. (A. E.)
  6. Léopold-Guillaume d’Autriche. (A. E.)
  7. Gaspard de Coligny, deuxième du nom, massacré le jour de la Saint-Barthelemy de l’an 1572, dans sa maison. (A. E.)
  8. Leurs journées : Expression empruntée des vieux poètes français.
  9. La sortie du Roi : Le Roi fut conduit à Ruel le 14 septembre 1648, et la Reine alla le rejoindre dans la même journée. (Histoire du Temps, Ier partie, p. 225.)
  10. Il étoit gouverneur de Brisach, et commanda les troupes du duc de Weymar après la mort de ce duc. (A. E.)
  11. M. de Châtillon : Gaspard IV de Coligny. Il mourut l’année suivante au siège de Charenton.
  12. Louis de La Trémouille, depuis duc de Noirmoutier ; mort en 1666. (A. E.)
  13. Charlotte-Marguerite de Montmorency, morte en 1650. (A. E.)
  14. Gros citrons. (A. E.)