Mémoire touchant la seigneurie du Pré-aux-Clercs


Memoire touchant la seigneurie du Pré-aux-Clercs, appartenante à l’Université de Paris, pour servir d’instruction à ceux qui doivent entrer dans les charges de l’Université.
Edme Pourchot

1694



Memoire touchant la seigneurie du Pré-aux-Clercs, appartenante à l’Université de Paris, pour servir d’instruction à ceux qui doivent entrer dans les charges de l’Université.
À Paris, chez la veuve de Claude Thiboust et Pierre Esclassan, libraire-juré et imprimeur ordinaire de l’Université, place de Cambray, vis-à-vis le collége Royal.
M.DC.XCIV.
In-41.

Anno Domini 1694, die quarta mensis septembris, habita sunt comitia ordinaria delegatorum Universitatis apud amplissimum D. Rectorem M. Edmundum Pourchot, in collegio Mazarinæo, in quibus inter cætera dixit ampliss. D. Rector sibi semper summopere cordi et curæ fuisse ne amplius Academiæ bona in incerto essent, sed tuto loco collocarentur eaque deinceps citra fraudem administrarentur ; ideoque diplomate regio, ad Prætorem urbanum, jurium Academiæ facultatem conficiendi librum censualem, quo quincunque in dominio academico seu Prato Clericorum, ut vocant, prædia possident, nomen suum profiterentur, unde acquisivissent, quidve annui census aut reditus deberent singuli declararent ; rem jam ad exitum esse perductam, paratamque brevem eorum omnium prædiorum simul et possessorum descriptionem, ex qua, si modo, et olim jam placuit, publici juris fieret, documentum commode capiant viri Academici ; proinde sibi videri e re esse Academia eum typis mandari.

Re in deliberationem missa, audito prius M. Gilberto Hebert, pro procuratore generali Universitatis, qui una cum M. Medardo Colletet, Academico quæstore, in eam quoque rem incubuerat, omnes sententiam dixerunt hoc ordine.

M. Petrus Guischard, sacræ Facultatis Theologiæ decanus, dixit summo se affici gaudio quod tandem absolutum esset illud opus jam diu a se expectatum, de quo sæpius ad sacrum ordinem retulisset, nec quicquam morari se quin statini in lucem prodeat.

M. Vincentius Collesson, consultissimæ utriusque Juris Facultatis decanus, idem censuit, addiditque certissimam esse hanc viam occurrendi fraudibus hactenus in administratione patrimonii Academici fieri solitis ; atque universam Academiam amplissimas teneri agere gratias iis omnibus qui in id opus, ex quo tantum emolumenti sperare liceat, aliquid contulerint ; maxime ampliss. D. Rectori, auctori et suasori hujus consilii, quo res Academiæ restituit.

M. Claudius Berger, saluberrimæ Facultatis Medicinœ decanus, idem comprobavit, eoque libentius, quod, ubi, primum jam ab octodecim mensibus sermonem ea de re fecisset ampliss. D. Rector, palam testatus fuerit nihil posse fieri utilius ut prospiceretur rebus Academiæ.

M. Joannes-Baptista Freteau, honorandæ Gallorum nationis procurator, gratias quoque habuit ampliss. D. Rectori de suo in rem Academicam studio, ejus consilium approbavit, et opus, cui etiam ipse allaboraverat, protinus in lucem edendum, quasi Academiæ utilissimum futurum, censuit.

M. Guillelmus Jourdain, fidelissimæ Picardorum nationis procurator, in eamdem sententiam abiit.

Idem olim censuerant M. Joannes Desauthieux, et M. Cornelus Nary : ille venerandæ Normanorum, hic constantissimæ Germanorum nationis procurator ; quod etiam ab eorum successoribus fuit confirmatum, atque ita ab ampliss. D. Rectore conclusum.

Memoire instructif touchant la seigneurie du Pré-aux-Clercs, appartenante à l’Université de Paris.

La seigneurie que l’Université de Paris possède au fauxbourg Saint-Germain s’appelle communement le Pré-aux-Clercs, parce qu’anciennement ce n’estoit qu’un grand pré qui estoit destiné pour la promenade des ecoliers. <span id="v0409001"Ce pré estoit divisé en deux parties par un fossé ou cours d’eau de treize à quatorze toises de large, qui commençoit à la rivière de Seine, et, traversant sur le terrain des Petits-Augustins, à peu près à l’endroit où est aujourd’huy l’eglise, alloit se rendre dans les fossez de l’abbaye, proche la poterne qui y estoit alors ; c’est-à-dire que ce cours d’eau repondoit à peu près au coin de la rue de Saint-Benoist, à l’extremité du jardin de l’abbaye ; on le nommoit la petite Seine2. La partie du Pré la plus proche de la ville, comme plus petite, fut nommée le petit Pré, et celle qui s’estendoit vers la campagne, comme plus grande, s’appella le grand Pré-aux-Clercs.

L’Université tient incontestablement ce patrimoine de la liberalité de nos rois. L’opinion la plus commune est que l’empereur Charlemagne le demembra de la couronne sur la fin du huitième siècle, pour le donner à l’Université, qu’il avoit etablie. Mais, quand mesme elle ne le tiendroit que de quelqu’un de ses plus proches successeurs, elle peut toujours se vanter avec asseurance qu’elle n’a point eu d’autres fondateurs que nos rois, temoin le nom illustre de leur fille aînée, dont ils ont bien voulu l’honorer.

Elle possède donc ce domaine en pleine propriété et seigneurie, sans aucune servitude, et comme une terre de franc-aleu, et tous les procès qui luy ont esté faits sur ce sujet en divers temps ont plutost regardé l’étendue que la proprieté du fond3.

Ceux qui ont le plus souvent inquieté l’Université pour raison de ce bien ont esté messieurs les abbés et religieux de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez, parceque, leurs murailles touchant, pour ainsi dire, au grand et petit Pré-aux-Clercs, ils le trouvoient fort à leur bienseance, et ils auroient bien voulu l’incorporer à leur domaine, ou du moins en empieter la meilleure partie ; mais les ecoliers y alloient trop frequemment pour ne pas s’appercevoir des entreprises qu’ils y auroient pu faire ; c’est ce qui engageoit ces religieux à leur susciter tous les jours de nouvelles querelles, afin de les degoûter tout-à-fait de cette promenade et pouvoir plus aisement s’etendre sur l’un et l’autre pré, ou s’en emparer dans la suite, comme d’un bien abandonné.

En l’année 1254, messire Raoul d’Aubusson, chanoine d’Evreux, ayant acheté de ces messieurs de l’abbaye une pièce de terre de 160 pieds en quarré, moyennant 4 sols de redevance annuelle, cette place4 luy parut tout-à-fait propre à faire un chemin commode aux ecoliers pour aller à leur pré, et, jugeant que c’estoit le veritable moyen de leur oster le pretexte de se quereller avec les domestiques de l’abbaye, il en disposa quatre ans après en faveur de l’Université.

Cette pièce de terre fut dans la suite l’origine et la source, ou du moins le pretexte, de bien des chicanes et des troubles ; car messieurs de l’abbaye, fachés de la voir au pouvoir de l’Université, n’oublièrent rien pour la luy oster, et, ne pouvant en venir à bout par les voyes de droit, parce qu’ils l’avoient alienée sans contrainte, ils mirent en usage les voyes de fait, jusques là mesme que, dans une querelle qui s’emeut en l’année 12785 entre les ecoliers et les domestiques des moines, il y eut deux ecoliers de tués, sans compter un grand nombre de blessez dangereusement6 ; de quoy l’Université ayant porté ses plaintes devant Philippe-le-Hardy, lors regnant, ce prince, après avoir fait soigneusement informer de la verité, rendit, au mois de juillet de cette année 1278, un arrest celèbre par lequel il ordonna, entr’autres choses, qu’il seroit fondé deux chapelles aux depens de l’abbaye, l’une dans la vieille chapelle de Saint-Martin-des-Orges, joignant les murailles de l’abbaye, et l’autre dans l’eglise du Val-des-Ecoliers, où les deux qui avoient esté tuez estoient inhumez ; lesquelles deux chapelles seroient rentées de 20 livres parisis chacune, et que, vacance avenant, les chapellenies d’icelles seroient à la nomination du recteur de l’Université7.

Cependant, comme l’Université vit qu’il luy seroit assez difficile de se conserver cette place d’Aubusson, messieurs de l’abbaye temoignant trop d’empressement pour la r’avoir, elle aima mieux la leur ceder, à la charge neanmoins qu’ils y souffriroient un grand chemin de 18 pieds de large, pour que les ecoliers pussent aller commodement au Pré-aux-Clercs ; et comme le chemin creux ou cours d’eau8 qui faisoit la separation du grand et petit pré pouvoit encore donner occasion à quelque nouvelle querelle et qu’il accommodoit fort messieurs de l’abbaye, parce qu’outre qu’il conduisoit l’eau dans leurs fossez, il estoit encore fort poissonneux, l’Université, par la transaction qu’elle passa alors avec eux, eut la facilité de le leur abandonner avec le droit de pêche, qui luy appartenoit comme seigneur du lieu, le tout moyennant 14 livres de rente annuelle, ce qu’ils acceptèrent avec joie, et firent mesme confirmer par lettres-patentes du roi Philippe le Hardy.

L’Université, pensant avoir acquis la paix par la cession qu’elle venoit de faire à messieurs de l’abbaye de la place d’Aubusson et du fossé de separation d’entre le grand et le petit pré, crut ne devoir plus songer qu’à l’entretenir religieusement ; mais elle se vit bientost tombée dans de nouveaux troubles : car, quoy qu’il fût specialement porté par la transaction qui avoit esté faite que les ecoliers auroient sur cette place d’Aubusson un chemin libre de la largeur de 18 pieds, pour aller au Pré-aux-Clercs, cela n’empêcha pas qu’on ne les insultât toutes les fois qu’ils y passoient, et que mesme on ne les maltraitât. L’Université eut beau deputer de ses officiers vers l’abbaye, elle n’en eut pas plus de satisfaction ; et comme elle apprehendoit avec assez de raison qu’il n’arrivât encore quelque affaire pareille à celle de l’année 1278, elle s’adressa au pape, qui nomma, par son rescrit du 15 juin 1317, les evêques de Senlis et de Noyon, pour informer des voyes de fait que l’Université alleguoit avoir esté pratiquées ou du moins autorisées par les religieux contre ses supposts et ecoliers9.

Messieurs de l’abbaye ne se trouvèrent pas dans la disposition de se soumettre à la jurisdiction des commissaires nommez par le pape, et, pour l’eluder avec plus de pretexte, ils soutinrent que la justice sur le Pré-aux-Clercs leur appartenoit, et qu’elle leur avoit esté usurpée par l’Université ; sur quoy, ayant presenté leur requeste à la cour, ils eurent l’adresse de la faire sequestrer par arrest du 2 may 1318, pendant la contestation (debato durante).

Enfin, après vingt-sept années de chicane, l’Université, fatiguée de tant de traverses pour un terrain qui luy estoit infructueux, et voulant acheter la paix à quelque prix que ce fût, souscrivit à une nouvelle transaction avec les dits religieux, par laquelle elle leur ceda de nouveau la place d’Aubusson avec le fossé ou bras d’eau de la rivière de Seine, et les religieux payèrent de leur part à l’Université la somme de 200 livres parisis pour les arrerages qui pouvoient estre dus de la rente de 14 livres qu’ils s’estoient obligez de leur payer cinquante-trois ans auparavant, lors de la première transaction qu’ils passèrent avec elle ; et, pour mieulx confirmer cette paix et pour avoir mieulx l’amour et la faveur de l’Université, les dits religieux perpetuellement donnèrent, delaissèrent et transportèrent tout ce qu’à eux appartient ou appartenir pourroit au temps advenir à la dite Université ès patronages des eglises, c’est à sçavoir de Saint-André-des-Arcs et de Saint-Cosme et Saint-Damien à Paris, ce qu’ils firent approuver par une bulle de Clement VI l’an 1345.

En 1368, les religieux, ayant eu ordre de fortifier leur abbaye et d’abattre les maisons qui en estoient proches, pour en faire une espèce de citadelle qui pût resister aux incursions des Anglois, la chapelle de Saint Martin-des-Orges10 avec la maison du chapelain, qui estoient sur le fonds de l’Université, se trouvant estre du nombre de celles qu’il falloit demolir, ils donnèrent à l’Université, par forme de dedommagement tant du patronage de cette chapelle que de la maison du chapelain, le patronage qui leur appartenoit de la cure de Saint-Germain11-le-Vieil, avec 8 livres de rente, à prendre en une de 10 livres qui leur estoit due sur une maison sise dans la ville près du couvent des Augustins ; et, comme ils avoient encore besoin de terrain pour élargir leurs fossez et faire des tranchées, l’Université leur accorda deux arpens dix verges de terre à prendre dans l’un et l’autre pré, et eux s’obligèrent de luy en rendre deux arpens et demi joignant le petit pré vers la rivière.

Les choses demeurèrent paisibles, du moins en apparence, jusques vers l’année 1538, que, Paris commençant à s’augmenter et à s’aggrandir, les religieux de l’abbaye alienoient tous les jours de leur fonds, qu’ils donnoient à cens et rentes ; et, comme il estoit contigu au Pré-aux-Clercs, il leur estoit fort facile d’en demembrer toujours quelque morceau, l’Université ne pouvant pas, à cause de ses occupations continuelles, estre toujours presente ny aller toiser les places que messieurs de l’abbaye vendoient aux particuliers.

Cependant, comme sur la fin de l’année 1539 l’Université s’apperçut que le petit Pré-aux-Clercs, outre qu’il diminuoit tous les jours, ne luy estoit qu’à charge, elle fut conseillée de le bailler aussi à cens et rentes pour y bastir des maisons12, ce qu’elle a aussi fait dans la suite d’une bonne partie du grand Pré.

Mais, pour plus aisement concevoir comment ce domaine, qui de son origine n’estoit qu’une grande place vague et infructueuse, a changé de nature dans la suite des temps, nous le diviserons en trois parties par rapport aux trois differens temps qu’il a esté donné à cens et rentes par l’Université, tant pour empescher les usurpations qui se faisoient journellement que pour en retirer quelque profit.

La première partie sera composée de ce qui est communement appellé petit Pré-aux-Clercs, donné à cens et rentes par l’Université à M. Pierre le Clerc, vice-gerent du conservateur des privileges apostoliques de l’Université, par contract du dernier mars 1543, à la charge de 2 sols parisis de cens et de 18 livres de rente par arpent, aux droits duquel l’Université a esté subrogée dans la suite au moyen d’un acte passé par le dit le Clerc le 17 aoust 1548, qu’il confirma par un contract de retrocession du 31 octobre 1552.

La seconde partie fera mention des six arpens de terre dependans du grand Pré, donnez à cens et rentes par l’Université à la reine Marguerite par contract du dernier juillet 1606, contre lequel l’Université s’estant pourveue aussi bien que contre l’arrest du parlement qui l’avoit homologué, intervint arrest contradictoire de la dite cour, le 23 octobre 1622, par lequel il fut ordonné que, sans s’arrester au dit contract du dernier juillet 1606, ny à l’arrest d’homologation d’iceluy, les baux faits par la dite reine Marguerite ou par les Augustins, ses donataires, retourneroient au profit de l’Université.

Et la troisième partie consistera au surplus du dit grand Pré-aux-Clercs, donné à différens particuliers aussi à cens et rentes, depuis le 31 aoust 1639 jusqu’à présent.

PREMIÈRE PARTIE,
Contenant l’aliénation du petit Pré-aux-Clercs.

Ce fut en l’année 1540 que l’Université passa un premier contrat d’alienation du petit Pré à M. Pierre Le Clerc, vice-gerant du conservateur des priviléges apostoliques de la dite Université ; mais la minute et la grosse de ce contrat s’estant trouvées adirées, et le dit Le Clerc ayant esté troublé, l’Université luy fit un nouveau bail le 31 mars 154313, à la charge du cens et de 18 livres de rente par arpent.

Ce nouveau preneur commença d’abord par disposer de partie du dit petit Pré-aux-Clercs en faveur de plusieurs particuliers, à la charge du cens envers l’Université et d’une rente applicable à son profit à proportion de la quantité de terre qu’il donnoit.

Ce procedé fit murmurer quelques officiers de l’Université, et, pour les appaiser, le dit Le Clerc passa un acte le 17 avril 1548, qui fut suivy d’un contrat d’abandon du dernier octobre 1552, au profit de l’Université, de tous les emolumens qu’il auroit pu retirer de ses sous-baux14, à la charge par l’Université de les entretenir ; et par le mesme contrat le dit Le Clerc se reserva une place qu’il avoit fait enclorre de murs, à la charge du cens tel qu’il plairoit à l’Université.

Sous-Baux faits par le sieur Le Clerc.

Le premier, d’un morceau de terre propre à faire maison, par contrat du 4 octobre 1543, à M. Martin Fretté, clerc au greffe criminel de la Cour, moyennant 10 deniers parisis de cens, 10 livres tournois de rente.

Le deuxième, du 9 des dits mois et an, d’une autre petite portion de terre, à Nicolas Delamarre, moyennant 1 denier de cens et 2 sols de rente.

Le troisième, du 5 janvier 1544, à Guillaume Maillard, libraire, d’une pièce de terre contenant 142 toises, moyennant 4 deniers parisis de cens et 17 livres 15 sols de rente.

Le quatrième, du dit jour 5 janvier 1544, à Husson Frerot, doreur sur fer, d’une pièce de terre contenant 146 toises, moyennant 4 deniers de cens et 25 livres 10 sols de rente.

Le cinquième, des dits jour et an, à Richard Carré, brodeur, d’une pièce de terre contenant 138 toises, moyennant 4 deniers parisis de cens et 24 livres de rente.

Le sixième, du 18 juin 1545, à Nicolas Baujouen, aussi brodeur, d’une pièce de terre contenant 157 toises, moyennant 4 deniers parisis de cens et 15 livres 14 sols de rente.

Le huitième, des mesmes jour et an, à Jean Dupont, sergent à verge au Chastelet, d’une pièce de terre contenant 168 toises, moyennant 4 deniers parisis de cens et 16 livres 16 sols de rente.

Le neuvième et dernier, du 7 may 1546, à Jean Courjon, marchand mercier, d’une pièce de terre contenant 380 toises, moyennant 8 deniers de cens et 25 livres de rente.

De manière que le dit sieur Le Clerc avoit disposé de 15 à 16 cens toises de terre du dit petit Pré avant la retrocession qu’il en fit après à l’Université, sans y comprendre le jardin qu’il se reserva, sur lesquelles places sont aujourd’huy baties plusieurs maisons dans les rues du Colombier et des Marais, dans l’ordre et ainsi qu’il va estre expliqué.

Première maison, rue du Colombier15.

La première maison où se trouve aujourd’huy commencer la censive de l’Université est la sixième que l’on rencontre à main droite dans la rue du Colombier, y entrant par la rue de Seine, la gauche et le commencement de la dite rue estant aujourd’huy de la censive de l’Abbaye.

Cette maison est bastie sur 64 toises de terre, faisant partie de 138, que M. Pierre Le Clerc donna à cens et rente, par contrat du 5 janvier 1544, à Richard Carré, brodeur, moyennant 4 deniers parisis de cens et 24 livres de rente, laquelle, par acte du 3 juillet au dit an, ayant esté reduite à 17 livres 5 sols, il en fut le dit jour racheté 13 livres 15 sols, et le surplus, montant à 3 livres 10 sols, declaré nonrachetable16.

Ces 64 toises de terre furent vendues par le dit Carré au sieur Adam Godard, marchand au Palais, par contract du 28 aoust 1554 ; sur lesquelles ayant fait bastir une maison avec cour et jardin, il la revendit, par contract du 29 janvier 1556, à François Desprez, commis à relier les livres de la chambre des comptes17, et à Catherine Longis, sa femme18.

La dite veuve Desprez, après la mort de son mary, donna, par contrat du 29 janvier 1557, en contr’-échange de la moitié de la dite maison (l’autre luy appartenant, à cause de la communauté), à Nicolas Bonfils, à cause de Michelle Desprez, sa femme, et à Raoul Brojard, à cause de Nicole Desprez, aussi sa femme, filles et heritières du dit defunt et d’elle, une rente sur la ville, au moyen de quoy la totalité de la dite maison luy appartint19.

La dite veuve Desprez epousa en secondes noces Christophe Godin, chirurgien, dont elle eut Jean et Catherine Godin, lesquels, après sa mort, echangèrent, par contract du 23 juillet 1597, la susdite maison, avec Jean Petit, procureur au parlement, contre 600 livres comptans et 100 livres de rente sur un particulier.

Le dit M. Petit racheta, le 22 avril 1598, la rente de 35 sols dont la dite maison estoit chargée.

Le 8 juillet 1624, damoiselle Anne Petit, sa fille et heritière, veuve de M. Jerôme Godefroy, procureur au parlement, vendit la dite maison à M. Michel Pousteau, aussi procureur.

Le 17 septembre 1643, le dit Pousteau la vendit à damoiselle Marguerite Rollot, veuve de Georges de Bourges, et depuis de Vincent de la Prime, avocat, dont elle eut Charles de la Prime, sur qui la dite maison ayant esté saisie reellement, elle fut adjugée, par sentence du nouveau Chastelet du 14 septembre 1675, à Guillaume de Voulges, marchand, qui en passa titre nouvel le 6 novembre suivant.

Jeanne Varet, veuve de Guillaume de Voulges, a passé titre nouvel par devant Baglan et son confrère, notaires à Paris, le 11 septembre 1694.

Deuxième maison.

Cette maison, joignant la precedente, est bastie sur 69 toises de terre, faisant moitié des 138 mentionnées en l’article precedent, données au dit Carré par Le Clerc.

M. Marin Duhuval, prestre habitué à Saint-André-des-Arts, les acquit du dit Carré, par contract du 22 aoust 1545.

Il y fit bastir une maison, laquelle ses heritiers vendirent après sa mort à messire Jean de Feu20, conseiller au parlement, par contract du              , chargée de 35 sols de rente et de 4 deniers parisis de cens envers l’Université.

Les heritiers du dit sieur de Feu vendirent, par contract du 16 may 1634, la susdite maison à M. Pierre Hardy, controlleur des fortifications de Picardie, et à damoiselle Marie Barret, sa femme.

La dite maison ayant depuis esté saisie reellement sur les dits sieur et damoiselle Barret, elle fut sur eux vendue et adjugée, par sentence des requestes du Palais du 30 may 1646, à M. Claude Noël, receveur general des finances en Berry, lequel en passa aussitost declaration au profit de messire Nicolas-Jean Chevalier, seigneur de Breteville21, conseiller au grand conseil.

Les heritiers et creanciers du dit sieur de Breteville ont vendu depuis la dite maison à Gilles Dupont, marchand, par contract du 8 juillet 1671, lequel en a fait declaration au profit de Charles Gohier, secretaire du roy, par acte du 30 decembre 1675. Le dit sieur Charles Gohier a passé titre nouvel par devant Baglan, notaire, le 25 octobre 1694.

Troisième maison.

Cette maison est bastie sur 142 toises de terre bailliées à cens et rentes le 5 janvier 1544, par le dit sieur Le Clerc, à Guillaume Maillard, marchand libraire et doreur de livres, moyennant 4 deniers parisis de cens et 24 livres 10 sols de rente, reduite après à 17 livres 15 sols, dont il en pourroit estre racheté 14 livres 5 sols.

Jean Bonamy, aussi libraire, ayant acquis les droits du dit Maillard, passa au dit Le Clerc titre nouvel des dites 142 toises de terre le 19 aoust 1545.

Les heritiers du dit Bonamy vendirent par contract du               à messire Jean De Feu, conseiller au parlement, la maison bastie sur la dite place, chargée seulement de 3 livres 10 sols de rente et de 4 deniers parisis de cens envers l’Université, dont ses heritiers passèrent titre nouvel le 1er septembre 1631.

Ces mesmes heritiers vendirent, par contract du 16 may 1634, la dite maison avec ses appartenances, à M. Pierre Hardy, controleur des fortifications de Picardie, et à damoiselle Marie Barret, sa femme.

Elle fut dans la suite, conjointement avec la precedente, sur eux saisie réellement, et enfin adjugée au dit M. Noël, qui en passa declaration au profit du dit sieur de Breteville.

Gilles Dupont, marchand, qui avoit acquis des heritiers du dit sieur de Breteville la precedente maison, acheta encore celle-cy par le mesme contract.

Elle appartient presentement au dit sieur Charles Gohier, secretaire du Roy, qui a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 25 octobre 1695.

Quatrième maison.

Cette maison est batie sur partie de 146 toises de terre données à cens et rentes, par contract du 5 janvier 1544 par le dit sieur Le Clerc, à Husson Frerot, doreur sur fer22, moyennant 4 deniers parisis de cens et 25 livres de rente, reduite après à 18 livres. M. René Reignier, ayant acquis les droits du dit Frerot, fit bastir deux maisons sur la dite place, et, après sa mort, Marguerite Lespicier, sa veuve, ayant fait saisir reellement la dite maison sur M. Pageot, tuteur des enfans mineurs du dit défunt Reignier et d’elle, par sentence des requestes du palais du 31 mars 1628, elle fut adjugée à M. Athanase Amy, avocat en la Cour, chargée de 9 livres de rentes et de 4 deniers parisis de cens envers l’Université. Le dit sieur Amy en passa titre nouvel le 25 juillet 1631 ; damoiselle Marie Prevost, sa veuve, en passa encore titre nouvel le 21 decembre 1661, et depuis les heritiers des dits sieurs et damoiselle Amy en ont passé titre nouvel pardevant Baglan, le 26 may 1695, savoir : M. Athanase Amy, prestre ; M. Gilles Amy, avocat en parlement ; damoiselle Magdelaine Rousseaux, veuve de Bon Charles Amy, bourgeois de Paris.

Cinquième maison.

Cette maison est batie sur l’autre moitié des dites 146 toises de terre mentionnées en l’article precedent ; elle fut vendue par le sieur Reignier, comme estant aux droits du dit Frerot, à M. Estienne Bonnetz, procureur en la Cour, chargée de 4 deniers parisis de cens et de 9 livres de rente, par contract du 4 aoust 1607.

Le dit sieur Bonnet, mariant Marguerite Bonnet, sa fille, avec M. Pierre Calluze, principal commis au greffe criminel de la Cour, luy donne la dite maison par son contract de mariage du 7 octobre 1629.

La dite veuve Calluze, après la mort de son mary, vendit la dite maison à M. Henry Mouche, avocat, par contract du 25 janvier 1658 ; le dit sieur Mouche, par son codicille du 27 aoust 1678, passé par devant Savigny, notaire, substitua à M. Theodore Raffou, son neveu, la dite maison, chargée de 2 deniers de cens et 9 livres tournois de rente foncière ; le dit sieur Raffou a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 6 may 1695.

Sixième et septième maison.

Ces deux maisons, qui en faisoient autrefois trois, sont basties sur 157 toises de terre données à cens et rente par le dit Le Clerc à Robert Sourdeaux, praticien, par contract du 18 juin 1545, moyennant 10 deniers parisis de cens et 15 livres 14 sols de rente foncière.

Le 27 janvier 1547, le dit Sourdeau echangea la dite place avec M. Jean Mallet, prestre habitué de Saint-André-des-Arcs.

André Mallet, son frère et heritier, vendit les trois maisons basties sur la dite place à M. Ambroise Amy, procureur, par contract du 20 decembre 1559, lesquelles il fit après reduire en deux.

M. Athanase Amy, aussi procureur en la dite Cour, fils et heritier du dit defunt, eut les dites deux maisons.

Elles echurent après en partage à M. Ambroise et Jean Amy, auxquels M. Guillaume Amy, substitut de M. le procureur general du parlement, ayant succedé, il en a fait donation entre vifs, par contract passé pardevant Garnier, notaire, et son confrère, le 30 mars 1689, à damoiselles Jeanne et Marie-Magdelaine Amy, sœurs, lesquelles en ont depuis vendu une, sçavoir :

La sixième, à M. Jean Prarcos, avocat en la Cour, le 28 may 1687, par contract passé par devant Le Roy et Taboüé, notaires, de laquelle le dit Prarcos en a passé titre nouvel par devant Lorimier, notaire, le 1er janvier 1692.

La septième appartient aujourd’huy à damoiselle Jeanne Amy, fille majeure, comme donataire du dit Guillaume Amy, laquelle en a passé titre nouvel le dit jour, premier janvier 1692, pardevant Lorimier, notaire.

Huitième et neuvième maison.

Ces deux maisons sont basties sur 168 toises de terre baillées à cens et rente par le dit le Clerc à Jean Dupons, sergent à verge au Chastelet de Paris, par contract du 18 juin 1545, à la charge de 16 livres 16 sols de rente et quatre deniers parisis de cens.

Le 13 mai 1582, Louis et Marie Dupont, enfans et heritiers du dit Jean Dupont, vendirent à M. Guillaume Guyon, procureur en la cour, la susdite place.

Le 17 mai 1605, Nicole Hardricourt, veuve du dit Guyon, vendit conjointement avec ses enfans une maison bastie sur partie de la dite place à M. Estienne Tricot.

Le 10 juin 1619, Barbe Guyon, veuve de Louis de Vezines, et Magdeleine Guyon, sa sœur, filles et heritières du dit feu Guyon, vendirent par echange à M. Jean Boyer et à Marthe le Prestre, sa femme, les deux tiers à elles appartenant sur une autre maison bastie sur le restant de la dite place.

Les 21 janvier 1631 et 28 decembre 1635, Philippes Demontgé, tailleur, et Jeanne Dubreuil sa femme, acquirent de Hugues Macquerel et de Barbe Lebassy l’autre tiers de la dite maison.

Les 7 aoust et 7 octobre 1645, Charles Tricot, secrétaire de la chambre du Roy, fils et heritier du dit Estienne Tricot, et les dits Demontgé et sa femme vendirent à messire Charles Loiseau, conseiller en la Cour des aydes, les dites deux maisons basties sur les dites 168 toises de terre, dont il passa titre nouvel le 27 novembre au dit an.

M. Charles Loiseau, conseiller en la cour, fils et heritier du dit feu sieur Loiseau, a passé titre nouvel et reconnoissance pardevant Baglan et son confrère, notaires à Paris, le 29 juillet 1694, au terrier de l’Université.

Dixième maison.

Cette maison est bastie sur la petite place et jardin que le dit sieur Le Clerc s’estoit reservée par le contract de retrocession qu’il fit à l’Université, le dernier octobre 1552, du bail qu’elle luy avoit fait de tout le petit Pré-aux-Clercs, moyennant deux sols parisis de cens.

Monsieur le cardinal de Givry acquit des héritiers du dit Le Clerc la dite place et jardin, et les vendit à M. Guillaume Lusson, docteur en la faculté de médecine, par contract du 9 avril 1604, dont messire Guillaume Lusson, son fils, president en la Cour des monnoyes, passa titre nouvel le 2 may 1646.

Le dit sieur Loiseau, conseiller en la Cour des aydes, a, depuis, acquis cette maison des heritiers du dit sieur Lusson, par contract du 23 septembre 1658.

M. Charles Loiseau, conseiller en la Cour, fils et heritier de M. Charles Loiseau, conseiller en la Cour des aydes, en a passé titre nouvel, et ensemble des deux precedentes maisons, pardevant le dit Baglan, notaire, le 29 juillet 1674.

Onzième et douzième maison.

Ces deux maisons sont basties sur 380 toises de terre, données à cens et rente, le 7 mars 1546, par le dit sieur Le Clerc à Jean Courjon, bourgeois de Paris, moyennant 8 deniers parisis de cens et 25 livres de rente.

Le 24 janvier 1547, Jean Beddon, ayant les droits cedez du dit Courjon, racheta 19 livres de la sus dite rente, laquelle fut, par ce moyen, reduite à 6 livres.

Le 2 aoust 1582, François Coquet, sieur de Pontchartrain, et damoiselle Heleine de Servient, son epouse, acquirent de Jeanne Beddon, fille et heritière du dit Beddon, une grande maison sur partie des dits 380 toises.

Le 12 novembre au dit an, les dits sieur et damoiselle de Pontchartrain echangèrent la dite maison et le restant des dites 380 toises avec Jean Honoré, sieur de Bagis.

Damoiselle Marie Honoré, sa fille et heritière, epouse de M. Claude Thiballier, ecuyer, sieur d’Anglurre, en passa titre nouvel le 11 novembre 1645.

Dame Marie Thiballier, fille et heritière du dit feu sieur Thiballier et de la dite dame Marie Honoré, ayant acquis du sieur François Thiballier, son frère, la dite maison et place, comme luy estant eschue en partage, elle la fit abattre, et en fit construire deux neuves au lieu d’icelle.

Elle en vendit une23, le 16 may 1665, à M. Georges Baudouin, controleur de la maison du roy, sur lequel l’Université l’ayant fait saisir reellement, faute de payement des lods et ventes, elle fut adjugée par sentence des requestes du palais du 18 aoust 1666, à M. Guillaume Le Juge, secretaire du Roy, et à damoiselle Marie Haslé, veuve de Michel Petit, controleur des decimes, dont la dite veuve Le Juge et les heritiers de la dite damoiselle Haslé, veuve Petit, ont passé titre nouvel le 17 mars 1688, pardevant Baglan et Le Sec de Launay, notaires.

Et à l’egard de l’autre maison, ayant esté saisie reellement sur la dite dame Thiballier, elle fut adjugée par sentence des requestes du palais du dernier fevrier 1672, à M. Jacques Pannart, avocat, qui en passa declaration au profit de M. Jean Thuault, procureur en la Cour, le           juin 1695.

Le dit M. Thuault, par sentence des requestes du palais du           aoust 1694, a esté condamné, de son consentement, à payer seulement 10 deniers de cens, la dite sentence portant au surplus titre nouvel.

Et a le dit sieur Thuault passé titre nouvel, le 28 juin 1695, pardevant Baglan et son compagnon24, notaires.

Treizième et quatorzième maison.

Ces deux maisons sont basties sur 59 perches de terre, données à cens et rente par l’Université à Alexandre Papin, par contract du 21 fevrier 1565, moyennant 12 livres de rente et deux sols parisis de cens.

Le 25 fevrier 1584, le dit sieur Papin vendit à Christophle Lemercier, masson25, les dites 59 perches de terre, à la charge du cens et de la rente envers l’Université ; sur lesquelles le dit Lemercier fit bastir une maison, qui est la quatorzième, faisant l’encoignure des rues Jacob et des Petits-Augustins.

Le 11 novembre 1584, le dit Lemercier en vendit la moitié à Baptiste Androuet, sieur du Cerceau26, architecte du roy.

Le 23 mars 1602, Marguerite Raguidier, sa veuve, la revendit à Jacques Androuet, aussi sieur du Cerceau27.

Damoiselle Marie Androuet, sa fille et heritière, epousa Elie Beddée, sieur des Fougerais, docteur en medecine.

Et damoiselle Marie Beddée, leur fille, veuve de M. André Colombet, possède aujourd’huy la dite maison, qui est la quatorzième, et elle en a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 6 juillet 1687.

Le 11 juillet en l’an 1602, Marin Bricard et Antoinette Delaistre, sa femme, veuve auparavant du dit Lemercier, vendirent l’autre moitié de la dite place à M. Jean Beddée, sieur de la Gourmandière, avocat au parlement, sur laquelle il fit bastir une maison, qui est la treizième, de laquelle David et Elie Beddée, ses enfans et donataires universels, passèrent titre nouvel le 29 aoust 1669.

M. Alexandre Simon Bolé, seigneur de Champlay, a acquis, par contract du 29 fevrier 1669, la dite maison de Benjamin Beddée.

M. Louis Jules Bolé, marquis de Champlay28, marechal des camps et armées du roy, fils unique et seul heritier du dit feu sieur Bolé et donataire entre vifs de dame Marguerite Lemaçon, sa mère, possède aujourd’huy la dite maison, lequel a esté condamné, par sentence du Chastelet du 9 fevrier 1695, à passer titre nouvel à la dite Université.

Rue des Marais29.

Il n’y avoit anciennement dans cette rue qu’une grande maison et jardin, bastie sur deux places données à cens et rentes par le dit sieur Le Clerc, par contracte des 4 et 9 octobre 1543, à Mathurin Fretté30 et à Nicolas de la Marre, à la charge de 6 livres de rente et de 2 sols parisis de cens.

Ces deux places furent, quelque peu de temps après, acquises par Thomas de Burgensis, qui y fit bastir la dite maison, qui avoit deux corps de logis en aile avec cour au milieu et jardin au derrière, dont Jeanne de Burgensis, sa fille, veuve de Hierome Berzeau, herita, et dont elle fit ensuite donation entre vifs, par acte du 5 septembre 1576, à Hierome de Berzeau, sieur de la Marcillière, son fils.

Le 2 juillet 1583, Guillaume Taveau, bourgeois de Paris, fondé de procuration du dit sieur de la Marcillière du 25 juin precedent, vendit la dite maison à Jean Robineau, sieur de Croissy-sur-Seine, secretaire du roy.

Le 11 janvier 1602, le dit sieur Robineau vendit la susdite maison à Claude Lebret.

Le 28 mars 1607, le dit Lebret la revendit à M. Nicolas le Vauquelin, seigneur des Yveteaux et de Sacy, conseiller d’estat, laquelle il fit decreter sur le dit Lebret, et s’en rendit adjudicataire par sentence du Chastelet du 19 septembre au dit an.

Le dit sieur des Yveteaux la donna à M. Nicolas le Vauquelin, seigneur de Sacy, son neveu, et à dame Marguerite Dupuis, son epouse, en faveur de leur contract de mariage du 17 octobre 1644.

Le dit sieur de Sacy, tant en son nom, comme donataire du dit sieur des Yveteaux, son oncle, de la moitié de la dite maison, que comme tuteur de damoiselle Charlotte Gabrielle le Vauquelin, sa fille et de la dite defunte dame Marguerite Dupuis, vendit la totalité d’icelle, par contract d’echange du 30 decembre 1658, à M. Jacques Lemaçon, seigneur de la Fontaine, intendant et controlleur general des gabelles de France.

Le dit sieur de la Fontaine fit après construire trois maisons au lieu de celle qu’il avoit acquise du dit sieur de Sacy, et, depuis, ses creanciers ayant vendu ses biens, les dites trois maisons ont esté partagées en sept, desquelles :

Première maison.

La première, ayant face sur la rue des Petits-Augustins, bastie sur ..... toises de terre, appartient à M. Edme Robert, cy-devant intendant et tresorier de feu Son Altesse Royale Mademoiselle de Montpensier, lesquelles il a acquises de Pierre Sinson, charpentier, et de Marie Bequet, sa femme, sous le nom de Martin de la Croix, par contract du 6 mars 1672, dont il a passé titre nouvel le 13 février 1691, pardevant Baglan, notaire.

Au derrière de laquelle maison il y a joint vingt-quatre toises et demie de terre qu’il a acquises des heritiers de feu M. le president Le Boulanger, par contract du                , qui les avoit acquises de M. le president Thevenin ou de ses heritiers, à qui dame Claude de la Roue de Gallardon les avoit vendues, laquelle les avoit acquises de Gabriel Montagne, par contract du 14 mai 1606, qui les avoit aussi acquises de Nicolas Beaujouen, lequel les avoit pris à cens et rentes du dit sieur Le Clerc, par contract du 18 juin 164531, moyennant 8 deniers de cens et 49 sols de rente.

Seconde maison.

La seconde, faisant face sur la rue des Augustins, joignant la precedente, avec issue à porte cochère dans la rue des Marais, bastie sur .... toises de terre, a esté acquise par M. Jean de Joncoux, avocat au parlement, de M. Jacques Lemaçon, seigneur de la Fontaine, par contract passé pardevant Plastrier, notaire, le 10 juin 1659.

Troisième maison.

Cette maison, qui est bastie sur 161 toises de terre, a esté acquise par le mesme sieur de Joncoux, du dit sieur de la Fontaine, par contract du dernier septembre 1672, passé pardevant le dit Plastrier, notaire, lesquelles deux maisons ont esté vendues par damoiselle Françoise Marguerite de Joncoux32, fille majeure, seule et unique heritière du dit M. Jean de Joncoux, à M. Jean Chastelier, avocat en parlement, par contract passé pardevant Couvreur et son compagnon, notaires, le 24 may 1695, lequel sieur Chastelier en a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 7 juin 1695.

Quatrième maison.

Cette maison appartient aux sieurs Le Doux, procureur au Chastelet, et Domillier, comme l’ayant acquise de M. Charles Sinson, avocat en la cour, et autres, par contract passé pardevant Lebeuf et Boindin, notaires, le 2 septembre 1688.

Cinquième maison.

La cinquième maison, bastie sur .... toises de terre, appartenante à M. François Commeau, avocat, comme l’ayant acquise des creanciers et directeurs des creanciers du dit sieur de La Fontaine, par contrat passé pardevant Baglan et son confrère, notaires, le 31 janvier 1682.

Sixième maison.

La sixième maison, bastie sur .... toises de terre, acquises par M. Antoine de Massanes, secretaire du roy, des creanciers et directeur des creanciers du sieur de La Fontaine, par contrat passé par devant Prieur et Baglan, notaires, le 17 janvier 1682.

M. Thomas Hardy, ecuyer, seigneur de Beaulieu, oncle et tuteur d’Auguste et de Jacques de Massanes, enfans et heritiers de M. Antoine de Massanes, ecuyer, lequel estoit fils et heritier du dit sieur de Massanes, secretaire du roy, en a passé titre nouvel le 20 février 1691 par devant Baglan, notaire.

Septième et dernière maison.

La septième et dernière maison, bastie sur .... toises de terre, acquises par M. Augustin de Louvancourt, conseiller du roy, maistre ordinaire en sa chambre des comptes, et l’un des quatre secretaires d’icelle33, des creanciers et directeurs des creanciers du dit sieur de La Fontaine, par contrat passé par devant Dettoyes et Baglan, notaires, le 27 février 1682, dont le dit sieur de Louvancourt a passé titre nouvel par devant Barbar et Baglan, notaires, le 20 fevrier 1691.

Toutes ces sept maisons, basties sur les dites places données à cens et rentes aus dits Fretté et Delamarre par le dit Le Clerc, ne sont aujourd’huy chargées que de 2 sols 6 deniers de cens, la rente de 6 livres ayant esté rachetée par le dit sieur Hercules de Vauquelin, par quittance passée par devant Baglan et son collègue, notaires, le 8 mars 1690.

SECONDE PARTIE,
Concernant les six arpens de terre dependens du grand Pré donnés à cens et rente à la reine Marguerite par contract du dernier juillet 1606.

On a dejà dit, dans la division de ce memoire, que, l’Université s’etant pourveüe contre le contrat de bail à cens et rente qu’elle avoit fait à la reine Marguerite de 6 arpens de terre dependans du grand Pré34, parcequ’ils ne luy produisoient que 60 livres de rente, pendant que les Augustins reformés, qu’on nomme Petits-Augustins, à qui cette reine les avoit donnez35, en retiroient près de 2000 livres annuellement, il intervint arrest contradictoire, le 23 decembre 1622, entre l’Université, les Augustins, comme donataires de la dite reine, et les particuliers ausquels il avoit esté fait des sous-baux36 ; par lequel arrest il est porté que les rentes constituées sur les places dependantes des dits six arpens données à cens et rentes par les dits Augustins ou la dite reine tourneroient au profit de l’Université, desquels sous-baux suit la teneur.

Sous-baux faits par la reine Marguerite ou par
les Augustins, ses donataires
.

Le premier, par contrat passé pardevant Guillard et Bontemps, notaires au Chastelet, le 12 février 1611, à M. Nicolas Le Prestre, sieur de la Chevalerie, secretaire de la chambre du roy, de 396 toises de terre, y compris 176 toises, à cause de 4 toises de face sur 44 de longueur, qui luy furent delaissées franches et quittes, à la charge par luy de faire faire à ses propres frais et depens, à l’endroit où estoit l’egout, une voûte et arcade de maçonnerie de 6 pieds de large sur hauteur competente, pour le passage des eaux et immondices du fauxbourg37, après lequel fait il pourroit appliquer à son profit et à tel usage qu’il jugeroit à propos le surplus des dites 176 toises de terre, ou mesme celles sur ledit egout ; et à l’egard des 220 toises faisant le surplus des dites 396 toises mentionnées au dit contrat, il payeroit aus dits religieux 88 livres de rente, et à l’Université 12 deniers parisis de cens.

Le deuxième, par contrat passé pardevant les mesmes notaires le 12 juillet 1613, par les dits Augustins au dit sieur de la Chevalerie, de 750 toises de terre, moyennant 225 livres de rente.

Le troisième, par contrat passé pardevant les mesmes notaires, le 8 janvier 1618, par les dits Augustins au dit sieur de la Chevalerie, de 180 toises, moyennant 48 livres de rente.

Le quatrième, par contract passé par devant les mesmes notaires le 12 juillet 1613, par les dits Augustins, à Jean Clergerie, marchand au Palais, de 200 toises de terre, moyennant 60 livres de rente et 2 deniers de cens.

Le cinquième, par contract passé par devant les mesmes notaires le dit jour 12 juillet 1613, par les dits Augustins, à Alphonse Mesnard, marbrier, de 103 toises, moyennant 31 livres de rente.

Le sixième, par contrat passé par devant les mesmes notaires le dit jour 12 juillet 1613, par les dits Augustins, à Jacques Prudhomme, boulanger, de 100 toises de terre, moyennant 30 livres de rente et 1 denier de cens.

Le septième, par contract passé par devant les mesmes notaires le 12 avril 1613, par les dits Augustins, à Guillaume Lelamer, orfèvre, qui en passa declaration au profit de René Lebreton et de François Percheron, de 300 toises de terre, moyennant 90 livres de rente et 3 deniers de cens.

Le huitième, par contract passé par devant les mesmes notaires le 12 avril 1613, par les dits Augustins, à Simon Devaux, parfumeur38, de 300 toises de terre, moyennant 90 livres de rente et 3 deniers de cens.

Le neuvième, par contrat passé par devant les mesmes notaires le 18 avril 1613, par les dits Augustins, à Jacques Rousseau, brodeur39, de 100 toises de terre, moyennant 30 livres de rente et 1 denier de cens.

Le dixième, par contract passé par devant les mesmes notaires le 10 avril 1613, par les dits Augustins, à Jean Dubut, de 100 toises de terre, moyennant 30 livres de rente et 1 denier de cens.

Le onzième, par contract passé par devant les mesmes notaires par les dits Augustins, le 13 avril 1613, à Mathieu Ladant, de 100 toises de terre, moyennant 30 livres de rente et 1 denier de cens.

Le douzième, par contrat passé par devant les mesmes notaires par les dits Augustins, le 18 may 1613, à Mathieu Hautecloche, de 100 toises de terre, moyennant 30 livres de rente et 1 denier de cens.

Le treizième, par contract passé pardevant les mesmes notaires par les dits Augustins, le 18 may 1613, à Pierre Hanon, de 150 toises de terre, moyennant 45 livres de rente et 4 deniers de cens.

Le quatorzième, par contract passé pardevant les mesmes notaires par les dits Augustins, à Philippe Bacot, peintre40, le 24 octobre 1613, de 199 toises de terre, moyennant 59 livres 14 sols de rente et 2 deniers de cens.

Le quinzième, par contract passé pardevant les mesmes notaires par les dits Àugustins, au dit Pierre Hanon, le 12 juillet 1613, de 205 toises de terre, moyennant 61 livres de rente et 10 deniers de cens.

Le seizième, par contract passé pardevant les mesmes notaires par les dits Augustins, à Jean Hovalet, le dit jour 12 juillet 1613, de 105 toises de terre, moyennant 31 livres 15 sols de rente et 1 denier de cens.

Le dix-septième, par contract passé pardevant les mesmes notaires, par les dits Augusiins, à Pasquier Ruelle, boulanger, le dit jour 12 juillet 1613, de 108 toises de terre, moyennant 31 livres 3 sols 6 deniers de rente et 2 deniers de cens.

Le dix-huitième, par contract passé pardevant les mesmes notaires, par les dits Augustins, le dit jour 12 juillet 1613, de 100 toises et demie, à Hubert-le-Sueur, moyennant 33 livres 3 sols de rente.

Le dix-neuvième, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le 9 octobre 1613, par les dits Augustins, à Nicolas Dehene, de 117 toises et demie, moyennant 35 livres 5 deniers de rente.

Le vingtième, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le 12 juillet 1613, par les dits Augustins, aux religieux de la Charité, de 1275 toises de terre, moyennant 382 livres 14 sols de rente et 12 deniers parisis de cens par arpent41.

Tous les particuliers denommez dans les dits sous-baux ayant donc eté obligez, au moyen du dit arrest contradictoire du 23 decembre 1622, de payer à l’Université non seulement les cens, mais encore les rentes à la charge desquelles les dits baux leur avoient esté faits, ils en passèrent declaration au profit de l’Université.

Le premier preneur, qui estoit messire Nicolas Le Vauquelin, seigneur des Yveteaux42 et de Sacy, conseiller d’estat, lequel, sous le nom de M. Nicolas Le Prestre, sieur de la Chevalerie, avoit acquis des dits Augustins, par trois differens contracts, 1130 toises de terre, en passa declaration, titre nouvel et reconnoissance à l’Université, le 13 mars 1624, et promit luy payer à l’avenir les 361 livres de rente à la charge desquelles les dites 1130 toises de terre avoient esté données au dit sieur de la Chevalerie.

Le dit sieur des Yveteaux joignit à ces 1130 toises de terre autres 602 toises 2 tiers 4 pieds, qu’il avoit dejà acquises sous le nom du dit sieur de la Chevalerie, par contract du 14 juillet 1610, de François Fontaine, secretaire du roy, qui les avoit acquises de Richard Tardieu, sieur du Mesnil, à qui l’Université en avoit fait bail, le 5 septembre 1588, moyennant 43 livres de rente et 2 sols parisis de cens.

Cette rente fut rachetée par le dit sieur des Yveteaux, sous le nom du dit sieur de la Chevalerie, par quittance du 6 novembre 1610, moyennant 914 livres .... sols, lesquelles furent employées, sçavoir : 445 livres 5 sols à payer à M. Germain Gouffé, receveur de l’Université43, pareille somme à lui due pour reste de compte, et les 468 livres 17 sols 5 deniers restans furent donnés à constitution de rente au collége des Cholets, qui fut rachetée le 12 octobre 1617.

Le dit sieur des Yveteaux, de toutes ces quatre places qui estoient joignantes l’une à l’autre et contenoient 1732 toises 2 tiers 4 pieds, tenant d’un bout à la rue lors appellee de la Petite-Seine, et aujourd’huy des Petits-Augustins, d’autre à M. Pierre Calluze, qui estoit au lieu de Jean Clergerie, et au nouveau jardin des dits Augustins, contenant trois quartiers six perches de terre des dits six arpens, d’un costé à la rue Jacob et d’autre au monastère des dits Augustins, composa un grand clos et jardin, planté en partie d’arbres de haute futaye, lequel avoit communication avec sa maison et jardin, sise rue des Marais, au moyen d’une voute qui avoit esté pratiquée sous terre, dans la dite rue de la Petite-Seine44.

Le dit sieur des Yveteaux donna, le 18 octobre 1644, à messire Nicolas Le Vauquelin, seigneur de Sacy, son neveu, et à dame Marguerite Dupuis, son epouse, en faveur de leur contract de mariage, le dit grand clos et jardin, avec les batimens qu’il y avoit fait construire, et le dit sieur de Sacy, après la mort de la dite dame Marguerite Dupuis, son epouse, tant comme donataire pour moitié du dit sieur des Yveteaux, son oncle, que comme tuteur de damoiselle Charlotte-Gabrielle Le Vauquelin, sa fille, vendit, par contract du 10 decembre 1659, à messire Jacques Le Maçon, sieur de la Fontaine, intendant et controleur general des gabelles de France, 1200 toises ou environ, faisant partie du grand clos et jardin, chargées seulement de deux sols six deniers de cens ; et, pour les 361 livres de rente, il declara qu’elles devoient estre payées et acquittées à la decharge de la succession du dit feu sieur des Yveteaux, son oncle, par messire Hercules le Vauquelin, maistre des requestes, au moyen d’un contract passé entre le dit defunt sieur des Yveteaux et le dit sieur le Vauquelin, maistre des requestes, le vingt-septième jour de decembre 1644, ce qui fut fait par quittance du douzième jour de juillet 168545.

Sur ces 1200 toises de terre ou environ acquises par le dit sieur de la Fontaine, il a esté dans la suite basti plusieurs maisons, par differens particuliers, au moyen des achapts qui ont esté faits.

Premierement, M. Pierre Dubois, maçon, acquit du dit sieur de la Fontaine 14 toises de face sur 25 toises et 2 pieds de profondeur, faisant partie desdites 1200.

L’Hôtel-Dieu de Paris acquit du dit Dubois et de Marie Arnoult, sa femme, par contract du 12 novembre 1670, deux grandes maisons, joignantes l’une à l’autre, basties sur les dites 14 toises de face et 25 toises 2 pieds de profondeur, ayant vue sur la rue des Petits-Augustins, desquelles deux maisons a esté passé titre nouvel le 24 novembre 1694, pardevant Baglan, notaire.

La troisième maison, bastie sur sept toises de face dans ladite rue des Augustins, sur 25 de profondeur, fut vendue par le dit sieur de la Fontaine à Pierre Tapa, masson, laquelle maison a esté depuis acquise par M de Vigny, par contract du ...., et a passé titre nouvel le dixième jour de juillet 1694, pardevant Baglan, notaire.

La quatrième maison, bastie sur sept toises de face dans la dite rue, sur 25 de profondeur, contenant cour et jardin, appartenant à M. Salomon Domanchin46, qui a passé titre nouvel le dix-septième jour de juillet 1690, pardevant Baglan, notaire.

La cinquième maison, acquise par damoiselle Magdeleine de Galmet, femme separée quant aux biens d’avec M. Gilles Launay, historiographe de France47, bastie sur 52 toises et demie de superficie, ayant face dans la dite rue des Petits-Augustins, laquelle elle a depuis vendue aux religieux de la Charité, par contract du dix-huitième jour de juillet 1676, pardevant Huart et Duparc, notaires, lesquels religieux en ont passé titre nouvel le premier jour de mars 1695, pardevant Baglan et son confrère.

La sixième, bastie sur sept toises de face dans la dite rue, sur 25 de profondeur, acquise par Cesar Baudet, marchand, et depuis par lui vendue à M. Louis Rellier, par contract du ...., qui a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le vingt-quatrième jour d’aoust 1694.

La septième maison, bastie sur trois toises et demie de face dans la dite rue, sur 10 de profondeur, appartenante à M. Estienne Magueux, avocat, au moyen du contract du dix-neuvième jour d’avril 1668, pardevant Dupuys et Plastrier, notaires, et a le dit sieur Magueux passé titre nouvel le septième jour d’aoust 1694, pardevant Baglan, notaire.

La huitième maison, bastie sur six toises de face dans la dite rue, sur dix de profondeur, et faisant l’encoigneure d’icelle rue et de la rue Jacob, appartenante à M. Gilles de Launay, historiographe de France, au moyen de l’acquisition par luy faite de la dite place du sieur de la Fontaine par deux differents contracts…, passez pardevant Sadot et Plastrier, notaires, dont le dit sieur de Launay a passé titre nouvel le vingt-quatrième decembre 1686, et depuis encore, le troisième jour de mars 1695, pardevant Baglan, notaire.

La neuvième maison, bastie sur quatre toises de face dans la dite rue Jacob, sur dix de profondeur, appartenante au dit M. Estienne Magueux, avocat, qui a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le septième jour d’aoust 1694.

Les dixième et onzième maisons, basties sur onze toises et demie de face dans la dite rue Jacob, sur quinze toises trois pieds de profondeur, appartenantes à M. Jacques Poignet, charpentier, et Judith Guyerreau, sa femme, au moyen du contract d’acquisition passé pardevant Plastrier et son confrère le dix-neuvième jour d’avril 1668, de messire Jacques le Maçon, seigneur de la Fontaine, lequel sieur Poignet a passé titre nouvel, pardevant Baglan et son confrère, le 6 may 1687.

La douzième maison, bastie sur cinq toises de face dans la dite rue, sur quinze de profondeur, appartenante cy-devant au dit M. Estienne Magueux, avocat et à la damoiselle sa femme, au moyen de l’acquisition par eux faite de messire Jacques le Maçon, seigneur de la Fontaine, par contract du dix-neuvième jour d’avril 1668, pardevant Dupuys et Plastrier, notaires, laquelle ils ont depuis vendue à M. Jacques Laugeois, secretaire du roy, par contract passé pardevant Devin et Sainfray, notaires au Chastelet de Paris, le 21 juillet 1670, dont le dit sieur Laugeois a passé titre nouvel et reconnoissance pardevant Baglan et Boucher, notaires au Chastelet, le huitième jour de mars 1687.

La treizième maison, bastie sur sept toises de face dans la dite rue, sur vingt-deux de profondeur, où pend pour enseigne l’Hôtel de Suède48, bastie par Bernardin Fouques, qui l’avoit acquise de ...., laquelle il a depuis vendue à M. André Bihoreau l’aîné par contract du ...., qui en a passé titre nouvel le huitième jour de fevrier 1695, pardevant le dit Baglan, notaire.

La quatorzième maison, où pend pour enseigne l’Aigle-Noir, bastie sur huit toises de face dans la dite rue, pareille quantité sur le derrière, sur vingt-trois de profondeur, revenant à cent quatre-vingts toises en superficie, appartenante à messire Louis de Lasseré, conseiller au parlement49, comme fils unique et seul heritier de messire Jean de Lasseré, aussi conseiller en la dite cour, qui l’avoit acquise par echange de messire François Deshotels, secretaire de Son Altesse Royalle, et de Marie Balisson, sa femme, par contract passé pardevant Gabillon et Plastrier, notaires, le trentième jour de juillet 1661, dont le dit sieur de Lasseré a passé titre nouvel et reconnoissance pardevant Baglan et Boucher, notaires, le vingt-deuxième jour de may 1691.

La quinzième maison, bastie sur dix toises deux pieds de face dans la dite rue, contenant en superficie deux cens huit toises un tiers, appartenante, sçavoir : la moitié et les deux tiers en l’autre moitié à M. Nicolas Henin, secretaire du roy, au moyen de l’acquisition qu’il en a faite à titre d’echange de M. Claude de la Haye, seigneur de Vaudetart50, maistre d’hôtel du roy et de la reine, de M. Estienne Bulleu, conseiller du roy, president au grenier à sel de Paris ; dame Denise de Malaquin, son epouse, et autres ès noms qu’ils ont procedé, heritiers en partie de defunt messire Charles de la Haye et dame Denise de Baillou, sa première femme, par contract passé pardevant Galloys et Laurent, notaires au Chastelet de Paris, le quatorzième jour de septembre 1610, ausquels defunts sieur et dame de la Haye la dite maison appartenoit au moyen de l’acquisition faite de ...., par contract du ...., dont le dit sieur Henin a passé titre nouvel le 16 avril 1687.

La seizième maison, bastie sur six toises de face sur ladite rue Jacob, cinq toises et demie sur le derrière, sur vingt toises un pied de profondeur, revenant en superficie à 115 toises et demie, appartenante à M. Louis de Lasseré, conseiller au parlement, comme fils unique et seul heritier de defunt M. Jean de Lasseré son père, aussi conseiller en la dite cour, lequel avoit acquis la dite maison de M. Nicolas le Vauquelin, tant comme donataire du sieur des Yveteaux, son oncle, que comme tuteur de damoiselle Charlotte-Gabrielle le Vauquelin, sa fille, par contract passé pardevant le Bœuf et Boindin, notaires, le 27 octobre 1661, dont le dit sieur de Lasseré a passé titre nouvel et reconnoissance pardevant Boucher et Baglan, notaires, le 21 may 1689.

Les 17e, 18e et 19e maisons, sont basties sur cent six toises deux tiers, lesquelles ont esté acquises par maistre Laurent Reverend, secretaire du roy, du dit sieur de Sacy, par contract passé pardevant Manchon et son confrère, notaires, le 14 mars 1663, les biens duquel sieur Reverend sont aujourd’huy en direction.

La vingtième maison appartient aux enfans et heritiers du dit sieur de Sacy, qui en estoit proprietaire, sçavoir : de la moitié comme donataire du sieur des Yveteaux son oncle, et de l’autre moitié comme l’ayant depuis acquise des heritiers de Charlotte-Gabrielle de Vauquelin sa fille, et de dame Margueritte Dupuis sa première femme, par transaction passée pardevant ...., notaires, le ...., dont les dits heritiers de Sacy ont passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 19 avril 1695.

Toutes lesquelles maisons sont basties tant sur les onze cens trente toises de terre acquises par le dit sieur des Yveteaux sous le nom du dit sieur de la Chevalerie51 des dits religieux Augustins, que sur les six cens deux toises deux tiers quatre pieds qu’il avoit dejà acquises des dits Augusiins, sous le nom du dit sieur de la Chevalerie, par contract du 14 juillet 1610.

Toutes les dites maisons ne sont aujourd’huy chargées que de trois sols neuf deniers de cens, les rentes de 361 livres d’une part, et 6 livres d’autre part, ayant esté rachetées par quittances des 12 juillet 1685 et 8 may 1690.

Derrière les dites maisons est le nouveau jardin des religieux Augustins, contenant trois quartiers six perches de terre, que la cour, par le sus dit arrest du 23 decembre 1622, leur a permis de se reserver, à la charge de payer à l’Université huit livres deux sols de rente et neuf deniers de cens, dont ils ont passé titre nouvel le 29 mars 1695, pardevant Baglan, notaire52.

À la suite de la maison du sieur de Sacy est une vingt-unième maison bastie sur deux cens toises de terre données à cens et rente par les dits Augustins, par contrat du 12 juillet 1613, à Jean Clergerie, moyennant six livres de rente et deux deniers de cens.

Elle fut saisie reellement sur la succession du dit Clergerie, et adjugée, par sentence du Chastelet du 12 may 1627, à maistre Pierre Calluze, principal commis au greffe criminel de la cour.

Damoiselle Marguerite Calluze, sa fille et héritière, ayant epousé messire Claude Guyon, seigneur de la Houdinière, elle a esté sur eux saisie et adjugée, par sentence du Chastelet du 23 juin 1691, au sieur Marquis Desfeugerais, moyennant 26,700 livres, chargée de soixante livres de rente et deux sols de cens, lequel a esté condamné, par sentence du Chastelet du ...., à passer titre nouvel ; et il a passé ledit titre nouvel le 27 juin 1695, pardevant Baglan, notaire.

La vingt-deuxième est sur cent toises de terre données à cens et rente par les dits Augustins, par contract du 12 juillet 1613, à Jacques Prudhomme, boulanger, moyennant trente livres de rente et un denier de cens.

François Dubois, serrurier, en acquit la moitié, et les deux tiers en l’autre moitié, par sentence de decret du Chastelet de Paris du 25 may 1658, sur la veuve et heritiers du dit Prudhomme, et l’autre tiers de la seconde moitié de Jean Briest de Touteville, bourgeois de Paris, et Magdeleine Dragée, sa femme, par contract d’echange passé pardevant Lefranc et Gabillon, notaires, le 7 aoust 1664.

Le dit Dubois et Marguerite Fromentel, sa femme, vendirent la dite maison à Florent Fromentel, aussi serrurier, et Marie Thilorier, sa femme, par contract passé pardevant Levasseur et Mouffle, notaires au Chastelet, le 24 juillet 1666.

Le dit Fromentel et sa femme en passèrent titre nouvel pardevant les mêmes notaires le 16 septembre suivant, et ont passé un autre titre nouvel le 7 juin 1694, pardevant Baglan, notaire.

À la suite de cette maison estoit une place, contenant trois cens quatre-vingt-trois toises douze pieds, donnée anciennement à cens et rente par les dits Augustins à Alphonse Mesnard, marbrier, par contract du 12 juillet 1613, moyennant trente-une livres de rente, lequel contract ayant esté resolu par sentence du Chastelet du 18 decembre 1615, ils rentrèrent dans la dite place, dont ils furent condamnez par arrest contradictoire de la cour, du 19 aoust 1645, de payer à l’Université le rachapt de ladite rente de trente-une livres, montant en principal à 620 livres, ce qu’ils firent par quittance du 27 octobre 1657.

Les dits Augustins ont depuis fait bâtir sur cette place, qui fait l’encoigneure de la dite rue Jacob et de celle des Saints Pères, six maisons qui s’etendent jusqu’à la maison de M. de Bernage de S.-Maurice, maistre des requestes, et ont passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, tant de cette place que de leur nouveau jardin, le 29 mars 1690, comme il a esté dit à l’autre page.

De l’autre costé de ladite rue Jacob, à commencer à l’encoigneure de la rue cy-devant appelée des Egouts, et à present de Saint-Benoist53, sont les maisons suivantes :

Première et seconde maisons.

Ces deux maisons sont bâties sur trois cens toises de terre données à cens et rente par les dits Augustins à Guillaume Le Camus, orfèvre, par contract du 12 avril 1613, moyennant 90 liv. de rente et deux sols six deniers de cens, lequel Le Camus en passa le mesme jour declaration au profit de René Le Breton et de François Percheron.

Les dits Le Breton et Percheron vendirent une maison, avec le commencement d’une autre bâtie sur la dite place, à maistre Michel Chauvin, procureur au grand conseil, par contracts des 4 decembre 1625 et 8 mars 1630.

Le dit sieur Chauvin en vendit une à messire Louis Dulac par contract du 13 may 1653.

Le dit sieur Dulac l’echangea le ...., avec messire Christophe Sanguin, president en la cour.

Messire Denis de Palluau, conseiller en la dite cour, et dame Catherine Le Grand son epouse, acquirent une des dites deux maisons, qui est la seconde, par contract d’echange du 31 may 1669, de Florent Fleury, licencié ès lois, fondé de procuration des sieurs Denis Sanguin, aussi conseiller en la dite cour, Jacques Sanguin, et d’Antoine Sanguin, enfans et heritiers du dit messire Christophe Sanguin.

La dite dame veuve du dit sieur de Palluau en a passé titre nouvel le 5 janvier 1688.

À l’egard de l’autre maison, qui est la première et qui fait l’encoigneure des rues Jacob et Saint-Benoist, elle a esté adjugée sur la succession dudit Chauvin, par arrest de la Cour du 24 avril 1694, à François Nourry, ancien consul et marchand drapier, à la charge de payer à l’Université quarante-cinq livres de rente et quinze deniers de cens personnellement, faisant moitié de la somme de quatre-vingt-dix livres de rente, et deux sols six deniers de cens, à prendre solidairement sur la maison dudit sieur Nourry et sur celle de ladite dame de Palluau. Ledit sieur Nourry a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 5 may 1694.

Troisième et quatrième maisons.

Ces deux maisons sont bâties sur trois cens toises de terre données à cens et rente par les dits Augustins au dit nom à Simon Devaux, parfumeur, par contrat du .... avril 1613, moyennant quatre-vingt-dix livres de rente et trois deniers de cens, lequel contrat ayant esté depuis resolu, lesdits religieux en firent un autre aux mesmes conditions à Jean de Lespine, charpentier, le 5 octobre 161854.

Ledit Jean de Lespine et Marie Bigot, sa femme, ayant fait bâtir deux maisons sur la dite place, vendirent la plus petite, par contract du 28 septembre 1628, à Robert Gillot, sieur des Periers, exempt des gardes du corps du roy, sans la charger d’aucune rente, mais seulement de deux deniers parisis de cens envers l’université.

Le 2 janvier 1665, Elisabeth de la Planche, veuve du dit sieur des Periers, passant titre nouvel à l’Université, s’obligea seulement de luy payer les dits deux deniers de cens, conformément au contract d’acquisition de ladite maison, et à une transaction passée entre ladite Université et son defunt mary, le 5 mai 1629, homologuée par arrest de la Cour, du 19 novembre suivant, rendu entre ladite Université, ledit defunt sieur des Periers et ledit Delespine et sa femme, vendeurs, par lequel il fut ordonné que ladite rente de 90 livres par an, seroit assise et perçue sur l’autre grande maison appartenante audit Delespine et sa femme.

Valentin Drouyn, sieur de Boisimont, et demoiselle Jeanne Gillot des Periers, sa femme, fille et heritière desdits sieur et dame des Periers, vendirent ladite maison, par contrat du 14 mars 1671, à Louis Poncet et à la demoiselle Louise de la Grange, sa femme, chargée de deux deniers parisis de cens seulement, sur lesquels Poncet et sa femme ladite maison a été vendue et adjugée au sieur René le Sourd, marchand drapier, par sentence des requestes du Palais du 24 juillet 1673.

Ledit le Sourd en a fait donation à damoiselle Marguerite le Semelier, laquelle estant decedée, M. Thomas le Semelier, notaire au Chastelet, son père et son heritier, en a passé titre nouvel, par devant Baglan, notaire, le 15 juillet 1694, à la charge des dits deux deniers de cens. La dite maison est bastie sur 6 toises de face sur la rue Jacob, et sur 18 toises de profondeur, y compris le jardin, qui a 5 toises de largeur. Cette maison avoit esté supprimée dans les comptes pour couvrir une malversation, et elle y a esté remise par M. Colletet55, receveur de l’Université, en 1695.

À l’egard de l’autre grande maison, elle fut vendue et adjugée sur le dit Delespine et sa femme, par arrest du 28 novembre 1640, à M. Louis Cochon, avocat, à la charge des dites 90 livres de rente et 5 deniers de cens envers l’Université.

Dame Denise de Roques, sa veuve, en passa titre nouvel, conjointement avec ses enfans, le 12 janvier 1669, pardevant Boucher et Levesque, notaires.

Cinq, six et septième maisons.

Ces trois maisons sont basties sur 100 toises de terre d’une part, données à cens et rentes par les dits Augustins, par contracts du 13 avril 1613, à Jacques Rousseau, brodeur, moyennant 30 livres de rente et 1 denier de cens, et 100 toises de terre d’autre part, données par les dits Augustins aux mesmes conditions, par contract du 18 des dits mois et an, à Jean Dubut.

Ledit Rousseau ayant fait bastir une maison sur la dite place, elle fut sur luy saisie, et adjugée à Charles Gazeau, masson, le 20 septembre 1617.

Le 21 juillet 1624, le dit Gazeau la vendit à Jean de la Jarrie, boulanger.

Le 5 aoust 1638, le dit de la Jarrie et Marguerite Lorillier, sa femme, la revendirent à demoiselle Marguerite Regnouet, femme separée de biens de M. Jean Baptiste Mathieu56, historiographe de France.

À l’egard des autres 100 toises de terres acquises par le dit Dubut, il en vendit 50, le 18 octobre 1618, à Julien le Charetier.

Le dit le Charetier en retroceda depuis dix au dit Dubut, et n’en retint que 40, chargées de 12 livres de rente.

Le 18 janvier 1633, le dit Dubut et Charlotte Ladam, sa femme, vendirent à Jean Amy, bourgeois de Paris, une maison bastie sur 60 toises de terre, chargée envers l’Université de 18 livres de rente.

Le 14 may 1640, le dit Amy eschangea avec la dite damoiselle Mathieu la dite maison.

Le 22 decembre 1617, Innocent Loison acquit du dit le Charetier les dites 40 toises de terre, sur lesquelles il fit bastir une maison.

Le 19 novembre 1640, Anne Cochon, veuve du dit Loison, et Jean Desmarests, à cause de Catherine Loison, sa femme, et fille et heritière du dit defunt Loison, vendirent à la dite damoiselle Mathieu la dite maison, chargée de 12 livres de rente envers l’Université.

Au moyen de quoy la dite damoiselle Mathieu fut proprietaire des dites trois maisons, basties sur les dites 200 toises de terre, desquelles elle disposa par donnation entre vifs, du 23 fevrier 1674, en faveur des religieux de la Charité, lesquels, pour l’indemnité, payèrent, en 1675, 9,000 livres et 600 livres pour le rachapt de la rente de 30 livres. Les dits religieux ont passé titre nouvel le 6 juin 1687, et encore le 1er mars 1695, pardevant le dit Baglan, notaire.

Huitième maison.

Cette maison est bastie sur 200 toises de terre baillées à cens et rente par les dits Augustins au dit nom, par contracts des 13 avril et 18 mai 1613, à Mathieu Ladam et Mathieu Hautecloche, brodeurs, moyennant 60 livres de rente et quatre deniers de cens.

Les 18 juin et 4 juillet au dit an, les dits Hautecloche et Ladam cedèrent leurs droits à Mathieu Labbé, marchand.

Le 12 juin 1614, le dit Labbé vendit la dite place à M. Robert Frissard, avocat, sur laquelle il fit bastir la dite maison.

Le 5 decembre 1637, le dit sieur Frissard ceda la dite maison à damoiselle Marie Frissard, sa fille, pour demeurer quitte envers elle de ce qu’il luy devoit par son compte de tutelle.

La dite damoiselle Frissard epousa Claude Arnoullet, sieur de Bezons, controleur provincial du regiment de Champagne57.

Damoiselles Angelique et Louise Arnoullet de Bezons, leurs filles et heritières, en ont passé titre nouvel le 6 juin 1687, pardevant Baglan et son confrère, notaires.

Neuf et dixième maisons.

Ces deux maisons sont basties sur 150 toises de terre données à cens et rente par les dits Augustins, au dit nom, à Pierre Hanon58, par contract du 18 mars 1613, moyennant 45 livres de rente et 2 sols six deniers de cens.

Le 5 mars 1616, le dit Hanon en ceda 30 toises à Didier Deschamps et à Catherine Dudoigt, sa femme, à la charge de 9 livres de rente et de 2 deniers de cens.

Le 27 decembre 1617, les dits Deschamps et sa femme en vendirent 15 toises à André Millois.

Le 12 avril 1618, le dit Deschamps et sa femme vendirent à Nicolas de Hene, charpentier, une petite maison bastie sur les autres 15 toises de terre.

Le cinquième janvier 1622, le dit Millois vendit au dit de Hene une maison bastie tant sur les dites 15 toises à luy cedées par le dit Deschamps que sur autres 13 toises qu’il avoit depuis acquises du dit Hanon.

Le 17 may 1623, Arnaud de Lassaignes acquit du dit Hanon le restant des dites 150 toises, montant à 107 toises, lesquelles, avec les 30 qu’il avoit vendues au dit Deschamps et les 13 qu’il avoit pareillement vendues au dit Millois, faisoient les 150 qu’il avoit prises à cens et rente des dits Augustins.

Le dit de Lassaignes en passa aussi tost declaration au profit des religieux de la Charité.

Le 6 mars 1624, les dits de Hene et sa femme vendirent aux dits religieux les deux petites maisons par eux acquises des dits Deschamps et Millois, lesquelles les dits religieux firent decreter et s’en rendirent adjudicataires par sentence du Chastelet du 22 may au dit an.

Le 2 mars 1637, les dits religieux furent condamnez, par sentence des requestes du Palais, à payer et continuer à l’Université les dites 45 livres de rente, avec le cens et le droit d’indemnité.

Et le sixième jour de septembre 1647, Messieurs de l’Université estant convenus avec les dits religieux de la Charité de faire mesurer et arpenter tant les places que ces religieux possedoient de leur chef dans la censive de la dite Université que comme estant aux droits des nommez Hanon et Scourjon sur les rues Jacob, des Deux-Anges et du Colombier, il s’est trouvé, par l’arpentage qui a esté fait des dites places par le Mire, juré arpenteur, le dit jour, que l’ancienne place que les dits religieux avoient acquise des dits Augustins par contract du 12 juillet 1613 contenoit 1359 toises deux tiers, sçavoir : 28 toises de face sur la rue Jacob59, 48 toises 2 pieds 8 pouces et 7 lignes du costé des dits Hanon et Scourjon, et 48 toises 4 pieds de face sur la dite rue des Saints-Pères, et qu’en deduisant 84 toises pour continuer, le cas y echeant, la rue des Deux-Anges60, au travers de l’hôpital, jusqu’à la rue des Saints-Pères, ils possedoient reellement en la censive de la dite Université, non comprises les maisons qu’ils ont acquises depuis, 1291 toises 2 tiers de terre, et un peu plus, revenant en tout, à raison de 6 sols par toise, à 387 livres 11 sols 1 denier de rente par chaque an, laquelle rente a esté depuis rachetée par quittance du .... Les dits religieux ont passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 1er mars 1669.

Onze, douze, treize et quatorzième maisons.

Ces quatre maisons, sçavoir, deux dans la rue Saint-Benoist et deux dans la rue des Deux-Anges, sont basties sur 199 toises de terre, données à cens et rente par les dits Augustins à Philipes Bacot, peintre, par contract du 24 octobre 1613, moyennant 59 livres 14 sols de rente et 2 deniers parisis de cens.

Le dit Bacot ayant fait bastir sur ladite place et ne payant point ladite rente de 59 livres 14 sols, le bastiment et la place furent sur luy saisis reellement, et adjugez, par sentence des requestes du Palais du 6 novembre 1632, à M. Jean Lemoyne, contrôleur des guerres, lequel, par son testament du 19 novembre 1632, fit ses légataires universels M. Philippe Jolly, secretaire du roy, et damoiselle Jeanne Cressé, sa femme61.

Le dit sieur Jolly fit abattre la maison construite par le sieur Bacot, et en fit faire quatre à sa place, dont la première, dans la rue Saint-Benoist, est à porte cochère ; la seconde, tenante à la precedente, est aussi à porte cochère, avec une petite porte ; les troisième et quatrième sont la première et seconde à gauche de la rue des Anges, en y entrant par la rue Saint-Benoist.

La dite damoiselle veuve Jolly en passa titre nouvel le 16 juillet 1661. Jeanne-Françoise Ranquet, veuve de Louis Jolly, fils et heritier de la dite damoiselle Jolly, au nom et comme tutrice des enfans mineurs du dit defunt et d’elle, en a passé titre nouvel pardevant Baglan le 5 mars 1696.

La quinzième maison.

Cette maison est bastie sur 49 toises de terre, vendues, par contract du 11 septembre 1620, à Philippes Leber, par Pierre Hanon, faisant partie de 205 toises qu’il avoit prise à cens et rentes des dits Augustins, par contract du 12 juillet 1613, moyennant 61 livres 10 sols de rente.

Les religieux de la Charité ont depuis acquis les droits des enfans et heritiers du dit Leber par contract du ...., et ont passé titre nouvel le 1er mars 1695, pardevant Baglan, notaire.

La seizième maison.

Cette maison est bastie sur 36 toises de terre, derrière laquelle il y avoit un grand jardin contenant 120 toises, faisant en tout 156 toises, lesquelles, avec les 49 mentionnées en l’article precedent, font les 205 toises prises à cens et rente par le dit Hanon des dits Augustins.

Le dit Hanon fit bastir cette maison, laquelle fut vendue, le cinquième novembre 1644, par Pierre de Lespine et Françoise Belier, sa femme ; Jean Belier et Germaine Merceau, sa femme ; Denis des Hayes et Geneviève Belier, sa femme ; Jean Lambert, tuteur de Jean, son fils et de Barbe Belier, sa femme, tous heritiers de Marguerite Lasseré, leur mère et ayeulle, troisième femme du dit Hanon, à Charles de Luppé et Barbe Hanon, sa femme, à laquelle Barbe Hanon le surplus de la dite place appartenoit, comme fille et heritière du dit Hanon.

Le 5 novembre suivant, les dits de Luppé et sa femme vendirent à Jacques Nau62, secrétaire de la chambre du roy, et à Marie de la Lende, sa femme, le jardin, contenant 120 toises, estant derrière la dite maison.

Et, le 11 février 1645, ils vendirent aus dits sieur et damoiselle Nau la dite maison, laquelle les dits sieur et damoiselle Nau revendirent, avec le dit jardin, aux religieux de la Charité, par contract du 4 juin 1646, lesquels, au moyen de ce et de l’acquisition qu’ils avoient faite des droits du dit Leber, furent possesseurs et proprietaires des dites 205 toises de terre, chargées de 61 livres dix sols de rente, qu’ils furent condamnez à payer à l’Université par sentence des requestes du Palais du 20 decembre 1647, laquelle rente a depuis esté rachetée par quittance du ...., et ont passé titre nouvel comme dessus.

Dix-sept et dix-huitième maisons.

Ces deux maisons sont basties sur 105 toises de terre baillées à cens et rente par les dits Augustins à Jean Hovalet63, par contract du 12 juillet 1613, moyennant 31 livres 13 sols de rente et 1 denier de cens.

Le dit Hovalet céda ses droits à Pierre Corrup par acte du 8 novembre suivant.

Le 29 septembre 1614, le dit Corrup vendit la moitié desdites 105 toises à Timothée Pinet.

Les dits Corrup et sa femme firent bastir une maison sur l’autre moitié des dites 105 toises de terre, après la mort duquel Corrup la moitié qui luy appartenoit en la dite maison ayant esté saisie reellement, elle fut vendue et adjugée sur sa succession, par sentence du Chastelet du 21 juin 1628, à Gabriel Le Clerc, cabaretier, lequel, le 29 janvier 1630, acquit l’autre moitié de la dite maison de Suzanne Guesnard, veuve du dit Corrup.

Les religieux de la Charité ont depuis acquis les droits du dit Le Clerc par contract du ...., et ont passé titre nouvel comme dessus.

À l’egard de la place vendue au dit Timothée Pinet par le dit Corrup, il y fit bastir une maison, qu’il vendit à messire Paul Hurault de l’Hospital, archevêque d’Aix, par contract du 11 may 1619, chargée de 16 livres 16 sols 6 deniers de rente envers l’Université, lequel sieur archevêque la fit decreter et s’en rendit adjudicataire par sentence du Chastelet du 19 decembre 1620.

La dite maison fut encore depuis saisie reellement sur le dit sieur archevêque d’Aix, et adjugée, par arrest de la cour du 1 mars 1626, à Jean Cheron, apotiquaire.

L’Université, par l’arrest d’ordre des deniers provenus de ladite maison, du 21 juillet 1628, fut colloquée pour la somme de 316 livres 16 sols, faisant le principal des dites 16 livres 16 sols 6 deniers de rente qui luy estoit dû sur icelle.

Marguerite Laurent, veuve du dit Cheron, vendit, conjointement avec ses enfans, la dite maison, par contract du 31 mars 1646, à Louis de Riancourt, huissier, lequel en passa le même jour declaration au profit des dits religieux de la Charité.

Dix-neuvième maison.

Cette maison est bastie sur 54 toises, faisant moitié de 108 données à cens et rente par les dits Augustins, par contract du 12 juillet 1613, à Pasquier Ruelle, boulanger, moyennant 32 livres 9 sols 6 deniers de rente et 2 deniers de cens.

Ces 54 toises de terre furent vendues par contract du 22 juin 1614, sur lesquelles y ayant fait bastir la dite maison, ils la vendirent après, par contract du ...., à M. Gervais Aubay, Me queux de la reine, et à Charlotte Dubois, sa femme.

Vingtième maison.

À l’egard des autres 54 toises de terre, le dit Ruelle y ayant fait bastir une maison, Pierre de Poulain, ecuyer, sieur de la Folie, tant en qualité de donataire des dits Ruelle et sa femme, par acte du 27 janvier 1631, de la moitié de la sus dite maison, qu’à cause de l’acquisition par luy faite de l’autre moitié d’icelle, par contract du 16 juin 1635, de Pierre Mercadier, postulant64 au Palais, et de Catherine Veillon, sa femme, veuve auparavant de Nicolas Mergerie, auquel la sus dite moitié appartenoit, comme fils et seul heritier de Marie Herisson, sa mère, veuve auparavant du dit Ruelle, vendit la dite maison aux religieux de la Charité par contract du 19 juin 1636.

Vingt-une et vingt-deuxième maisons.

Ces deux maisons sont basties sur 110 toises et demie données à cens et rente par les dits Augustins, par contract du 12 juillet 1613, moyennant 33 livres 3 sols de rente, à Hubert le Sueur, lequel les ceda à Thomas Nepvot, qui les vendit, par acte du 10 mars 1616, à Jacques Rolland, lequel en retroceda la moitié au dit Nepvot le 27 juillet suivant.

Le dit Rolland fit bastir une maison sur les dites 55 toises un quart, qu’il vendit depuis aux religieux de la Charité par contract du 21 janvier 1625.

Le dit Nepvot vendit le 4 aoust 1616 à Jean le Gay les dites 55 toises un quart, que le dit Rolland luy avoit retrocedées.

Le dit le Gay les revendit le 18 novembre suivant à Jean de Lespine, charpentier, sur lesquelles il y fit bastir une maison qu’il vendit à Laurent Nota par contract du 16 octobre 1619.

Le dit Nota la vendit par echange, le 21 may 1624, à Joseph le Virelois, greffier au baillage de Tresnel, lequel la vendit après aux religeux de la Charité, par contract du 4 juin 1626.

Les religieux de la Charité ont passé un seul titre nouvel de toutes les places et maisons mentionnées cy-dessus qu’ils possèdent dans la censive de l’Université, moyennant douze deniers de cens par chacun arpent, pardevant Baglan, notaire, le 1er mars 1695.

TROISIÈME PARTIE,
Concernant l’alienation faite de partie du surplus du grand
Pré-aux-Clercs depuis 1639 jusqu’à present
.

Les adjudicataires du parc de la reine Marguerite s’etendant de jour en jour aux depens de l’Université65, pour raison de quoi il y a procès, comme nous le dirons dans la suite, elle resolut de faire afficher la quantité de terre dependante du grand Pré qu’elle vouloit donner à cens et rente, et elle en obtint permission de la cour après l’information faite que cette alienation ne pouvoit estre que très utile à l’Université et très avantageuse au public.

On commença d’abord par dresser la rue que l’on nomme aujourd’huy de l’Université, laquelle fut prise sur son fonds, de mesme que l’avoient esté les rues de Jacob, de la Petite-Seine, aujourd’huy des Augustins, partie de la rue du Bac et partie de celle des Saints-Pères ; après quoy elle fit des contracts de baux à cens et rente avec Messieurs Tambonneau, president en la chambre des comptes ; de Berulle, conseiller d’Estat ; le Coq, Pithou, de Bertille et de Bragelonne, conseillers en la cour ; l’Huillier et Leschassier, maistres des comptes ; Bailly de Berchère, tresorier general de France à Châlons, et le Vasseur, receveur general des finances à Paris. Les contracts furent passez avec ces messieurs pardevant Levesque et Boucot, notaires au Chastelet de Paris, les 31 aoust et 3 septembre 1639, lesquels furent homologuez à la poursuite et diligence des dits sieurs preneurs, et sur leur requeste, par arrest definitif du 19 fevrier 1641, duquel jour les rentes à la charge desquelles les dites places leur avoient esté données ont commencé à courir66.

Ces places estoient toutes contiguës les unes aux autres, et celle donnée au sieur de Berchère, attenant le cimetière dit des Huguenots, aujourd’huy appartenant en partie à la Charité, estoit la première dans la rue des Saints-Pères ; ensuite, dans la même rue estoit celle donnée à monsieur le Coq de Corbeville ; puis, dans la rue de l’Université, celle donnée à monsieur Pithou, celle donnée à monsieur Berulle, conseiller d’Estat, celle donnée à monsieur le president Tambonneau, celle donnée à monsieur Seguier, celle donnée à monsieur Lhuillier, celles données à messieurs Leschassier et de Bragelonne, celle donnée à monsieur le Vasseur, qui tient aujourd’huy au grand hostel que l’Université a fait bastir sur son fonds, lequel fait l’encoigneure de la dite rue de l’Université et de la rue du Bac.

Messieurs de l’Abbaye, qui n’ignoroient pas que ces places, comme dependantes et faisant partie du Grand-Pré-aux-Clercs, appartenoient très legitimement à l’Université ; que mesme elle en avoit passé des contracts de baux à cens et rentes que la cour avoit homologuez par son arrest du 19 fevrier 1641, ne laissèrent pas de faire entendre aux mesmes preneurs que ces places estoient dans leur censive, et les obligèrent à les reconnoistre et leur en faire mesme de nouveaux contracts ; après quoy ces Messieurs de l’Abbaye virent que les bastimens estoient presque finis. Ils firent saisir entre les mains des dits sieurs preneurs les rentes qu’ils s’estoient obligez de payer à l’Université, sous le faux pretexte que ces dites places leur appartenoient en propre ; et comme tout le parlement estoit très convaincu de la possession legitime de l’Université, ils crurent qu’en s’adressant à un autre tribunal et depaïsant pour ainsi dire la matière, ils pourroient plus aisement parvenir à leurs fins. Ils portèrent donc l’affaire au grand conseil, et y firent assigner l’Université, laquelle, quoy qu’elle ait ses causes commises à la grand’chambre, ne fit aucune difficulté de paroistre devant ce tribunal, très asseurée que son bon droit et la justice de sa cause prevaudroient infailliblement à l’injuste prétention de Messieurs de l’Abbaye, lesquels, quoy qu’ils eussent fort embrouillé l’affaire, ayant pris des lettres en forme de requeste civile contre plusieurs arrests du parlement qui les avoient deboutez de pareille demande, ne purent si bien deguiser la verité qu’elle ne fût reconnue. En effet, après que cette affaire eut esté plaidée fort solemnellement de part et d’autre, il intervint arrest sur les conclusions de monsieur le procureur general le 20 juillet 1646, qui cassa les pretendus baux faits par l’Abbaye, et maintint l’Université dans la possession des dites places.

Detail des baux faits par l’Université les 31 aoust et 3 septembre 1639, homologuez par arrest de la Cour du 19 fevrier 164167, et autorisez par arrest du grand conseil du 20 juillet 1646.

Première maison.

Le premier des baux faits par l’Université est celuy qu’elle passa pardevant Levesque et Boucot, notaires au Chastelet de Paris, le 31 aoust 1639, avec M. Pierre Bailly, ecuyer, sieur de Berchère, tresorier general de France à Chalons, d’une pièce de terre sise sur la rue des Saints-Pères ou de la Charité, attenant le cimetière des Religionnaires, duquel une partie appartient aussi à l’Université68. Cette place, contenant 432 toises en superficie, fut donnée moyennant 10 livres 8 sols parisis de cens, qui font 13 livres tournois, et 432 livres de rente. Ledit sieur de Berchère fit bastir trois maisons sur cette place, dont il en vendit une, qui est celle du milieu, à dame Renée de Boulainvilliers, comtesse de Courtenay, veuve du sieur marquis de Rambure, par contract du 5 juillet 1643, à la charge de l’acquitter envers l’Université de 300 livres de rente, faisant partie des 432 livres portez par son bail, et de 10 livres 8 sols de cens, et outre ce, moyennant 58,000 livres, dont il resteroit 6,000 livres ès mains de la dite dame, pour servir au rachapt des dites 300 livres de rente, à laquelle clause la dite dame de Rambure n’a point satisfait, et sur laquelle, dans la suite, la dite maison a esté vendue et adjugée à M. Claude Tiquet, conseiller en la cour69, par sentence des requestes du Palais du 7 septembre 1689, lequel a passé titre nouvel, le 16 mars 1696, pardevant Baglan, notaire.

Deuxième et troisième maisons.

À l’égard des deux autres maisons, les créanciers des sieur et dame de Berchère les ont vendues, sçavoir : une à dame Marguerite d’Almeras70, veuve de M. Roger-François de Fromont, secrétaire des commandemens de feu S. A. R. Monsieur, duc d’Orléans71, par contract passé pardevant Le Secq de Launay et Quarré, notaires, le 19 septembre 1668, et l’autre à M. Roger-François de Fromont, ecuyer, sieur de Villeneuve, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le 26 des dits mois et an ; le dit sieur de Fromont a passé titre nouvel le 22 mars 1687, pardevant Baglan, notaire.

Quatrième et cinquième maisons.

Ces deux maisons, dont l’une, joignant la precedente, fait l’encoigneure de la dite rue des Saints-Pères, et l’autre est la première à main gauche dans la rue de l’Université, sont basties sur 420 toises de terre données à cens et rente par l’Université, par contract passé pardevant Levesque et Boucot le 8 aoust 1639, à messire Jean Le Coq, seigneur de Corbeville, conseiller en la grand’chambre, moyennant 420 livres de rente et 10 livres parisis de cens ; a passé titre nouvel le 26 février 1695, pardevant Baglan, notaire72.

Sixième maison.

Cette maison est bastie sur 420 toises de terre données à cens et rente par contract passé pardevant les dits Levesque et Boucot, notaires, le 8 aoust 1639, à messire Pierre Pithou, conseiller au parlement, moyennant 10 livres parisis de cens et 420 livres de rente, laquelle a esté rachetée par quittance du 19 juillet 1651.

Messire Henri de Bullion, conseiller au parlement, et dame Magdelaine de Vassan, son epouse, ont acquis par contract d’echange passé pardevant Mousnier et Le Secq de Launay, notaires, le 25 may 1675, la dite maison de messire Nicolas Durand de Villegagnon, et de damoiselle Elisabeth Pithou, son epouse, fille et heritière du dit feu sieur Pithou.

La dite dame veuve de Bullion et ses enfants ont passé titre nouvel à l’Université le 10 septembre 1691, pardevant Lorimier, notaire.

Septième maison.

Cette maison est bastie sur pareille quantité de terre que les deux precedentes, données à cens et rente par l’Université par contract passé pardevant les mesmes notaires, aux mesmes charges et conditions, à M. Charles de Bertille, maistre des requestes, laquelle il a depuis vendue à messire François d’Harville des Ursins, marquis de Paloiseau, par contract passé pardevant Muret, notaire, le 30 avril 1657, et le dit sieur marquis de Paloiseau a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 21 juillet 169473.

Huitième et neuvième maisons.

Ces deux maisons sont basties sur 1950 toises de terre données à cens et rente par l’Université, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le dit jour, 31 aoust 1639, à messire Jean Tambonneau, conseiller du roy en ses conseils, president en la chambre des comptes, moyennant 47 livres parisis de cens et 1950 livres de rente, dont il en a esté racheté 500 livres par quittances des 20 janvier et 12 mars 1681, données par M. Charles Quarré, lors receveur de l’Université ; partant la rente n’est plus que de 1450 livres. Messire Antoine-Michel Tambonneau, aussi president en la chambre des comptes, fils et heritier du dit feu sieur Tambonneau, a passé à titre nouvel le 25 octobre 1694, pardevant Baglan et son confrère, notaires74.

Dixième, onzième et douzième maisons.

Ces trois maisons sont basties sur 675 toises de terre, données à cens et rente par l’Université, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le 3 septembre 1639, à messire Tanneguy Seguier, president au parlement, moyennant 16 livres 4 sols parisis de cens et 675 livres de rente, laquelle fut depuis reduite à 588 livres 16 sols 8 deniers, au moyen de l’arpentage fait de ladite place par Thomas Goubert, masson, le 5 juillet 1660, nommé d’office par M. Coicault, conseiller au parlement et commissaire aux requestes du palais, en conséquence d’une sentence rendue par ladite Cour le 8 janvier 1659, et le cens reduit à 17 livres 13 sols 5 deniers.

Dame Marguerite de Menisson, veuve dudit sieur president Seguier, vendit ladite place par contract passé pardevant Huart et Lemoyne, notaires au Chastelet, le 8 decembre 1643, à M. André Briçonnet, sieur du Mesnil et de la Chaussée, à la charge de payer les arrerages desdits cens et rente.

Dame Louise Pithou, veuve dudit sieur Briçonnet, rachetta ladite rente, montant en principal à 11,776 livres 13 sols 4 deniers, par quittance passée par devant Pain et Mousnier, notaires, le 31 juillet 1660.

Messire François Briçonnet, maître des comptes, tant comme fils et heritier dudit sieur André Briçonnet que comme donataire de ladite dame Pithou, sa mère, en faveur de son contract de mariage du 20 janvier 1659, a passé titre nouvel des dites trois maisons le 21 mars 1688, pardevant Baglan, notaire.

Treizième maison.

Cette maison est bastie sur 650 toises de terre, données à cens et rente par l’Université, par contract passé par devant les mesmes notaires, le 3 septembre 1639, à messire Jean de Berulle, seigneur du Vieux-Verger et de Serilly, conseiller d’estat, moyennant 15 livres 12 sols parisis de cens et 650 livres de rente.

Les mesmes jour et an, ledit sieur de Berulle en passa declaration au profit de M. Jean Bouthier, secretaire de la reine, et de damoiselle Anne Prieur, sa femme.

Jean-Louis et Anne Bouthier, enfans et heritiers des dits sieur et damoiselle Bouthier, echangèrent la dite place, par contrat du 21 janvier 1658, avec M. Adrien Guitonneau, secretaire du roy, lequel, par autre contract du 13 may 1660, l’echangea avec dame Elisabeth Lhuillier, epouse non commune en biens de messire Estienne Daligre, chancelier de France, qui la fit decreter et s’en rendit adjudicataire par sentence du Chastelet du septième mai 1661 ; et avant que l’adjudication luy en eut esté faite, elle la fit mesurer et arpenter par Thomas Gobert75, maître masson, expert convenu ; par l’arpentage ladite place ne se trouva contenir que 570 toises 3 pieds 9 poulces, c’est-à-dire quatre-vingts toises ou environ moins qu’il n’est porté par ledit contract de bail à cens et rente, de manière que la rente fut reduite à 570 livres 2 sols 1 denier, et le cens à 17 livres 2 sols.

Jacques Laugeois, sieur d’Imbercourt, secretaire du roy, a acquis ladite place de ladite dame Daligre, par contrat passé pardevant Bru et Arrouet76, notaires, le 19 septembre 1681, sur laquelle il a fait bastir une grande maison77, dont il a passé titre nouvel le 8 mars 1687, pardevant Baglan, notaire.

Quatorzième maison.

Cette maison est bastie sur 585 toises et demie de terre, données à cens et rente par l’Université, par contrat passé pardevant les mesmes notaires, le 3 septembre 1639, à M. François Lhuillier, maistre des comptes78, moyennant 14 livres parisis de cens et 585 livres 10 sols de rente.

Ledit sieur Lhuillier estant mort, dame Elisabeth Lhuillier, sa sœur, epouse dudit seigneur chancelier Daligre, tant comme son heritière que comme fondée de procuration de M. François Bochard de Saron, à cause de dame Magdelaine Lhuillier, son epouse, aussi sœur et heritière dudit sieur Lhuillier, passa titre nouvel à l’Université le 28 avril 1663, et declara par iceluy que l’arpentage ayant esté fait de ladite place par Michel Gemin, arpenteur convenu, la dite place, suivant son procez-verbal du 3 juillet 1650, ne se seroit trouvée contenir que 478 toises 3 quarts 7 pieds 35 poulces, c’est-à-dire 107 toises quelques pieds moins qu’il n’est porté par le contract de bail à cens et rente ; partant, que la dite dame de Saron et elle n’estoient obligées que de payer 478 livres 19 sols de rente et 14 livres 6 sols 4 deniers de cens au lieu de 585 livres 10 sols de rente et 17 livres 10 sols de cens. Messire Jean Bochard de Saron, conseiller en la grand’chambre, en a passé titre nouvel pardevant Baglan, notaire, le 20 février 1695.

Quinzième et seizième maisons.

Ces deux maisons sont basties sur 917 toises de terre, données à cens et rente par l’Université, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le 3 septembre 1639, à messire Christophe Leschassier, maistre des comptes, et messire Thomas de Bragelonne, conseiller au parlement, et depuis premier president au parlement de Metz, moyennant 21 livres 19 sols parisis de cens et 917 livres de rente, le tout solidairement ; la rente a esté rachetée.

Le dit sieur Leschassier a donné la maison qu’il a fait bastir sur partie de la dite place à M. Robert Leschassier, son fils, aujourd’huy conseiller en la grand’chambre, par son contract de mariage du 29 mai 1661, pardevant La Mothe, notaire, lequel a passé titre nouvel le 20 novembre 1694, pardevant Baglan, notaire, tant pour sa maison que pour celle bastie par le dit sieur president de Bragelonne, les deux maisons estant obligées solidairement à l’Université.

Dix-septième maison.

Cette maison est bastie sur 444 toises de terre, données à cens et rente par l’Université, par contract passé pardevant les mesmes notaires, le 3 septembre 1639, à M. Jean Levasseur, receveur-general des finances à Paris, moyennant 12 livres 16 sols 9 deniers de cens et 444 livres de rente, laquelle a esté rachetée.

Le 3 février 1655, le dit sieur Le Vasseur, par son testament olographe, institua ses legataires universels Olivier Picques, secretaire du roy, et dame Marie Le Vasseur, son epouse.

Jean Marie, Catherine et Anne Picques, enfants et heritiers des dits sieur et dame Picques, en ont passé titre nouvel le 6 juillet 1688, pardevant Baglan, notaire.

Dix-huitième maison.

Cette maison, bastie sur .... toises de terre, est celle que l’Université a fait construire à ses frais et depens, et laquelle fait l’encoigneure de la dite rue de l’Université et de celle du Bac79.

Il est à observer que derrière et attenant les jardins dependans des maisons de Messieurs Tambonneau et Briçonnet, il y a 66 toises de terre dependantes du dit grand Pré-aux-Clercs, encloses et faisant partie du jardin des religieux jacobins du novitiat, lesquelles furent autrefois données à cens et rente par M. Samuel Dacole, fondé de procuration de l’Université, par acte et deliberation des 22 aoust 1629 et 9 mars 1630, aux nommez Jacques Le Fèvre, Catherine du Bois, sa femme, et Pierre Pijard et Anne Le Fèvre, aussi sa femme, par contract passé pardevant Coustard et Jutet, notaires au Chatelet, le 11 mars 1630. Ce qui donna occasion à la passation de ce contract fut que M. Louis Dulac, prieur de Louis, s’estant rendu adjudicataire d’une maison, clos, jardin et moulin, saisis reellement sur Jean Allen et sa femme, pour rendre le dit clos quarré, s’etendit sur l’Université, et, depuis, ayant vendu le tout aux dits Pijard et Le Fèvre, et l’Université ayant esté avertie de l’entreprise du dit sieur Dulac, elle demanda qu’il lui en fût fait raison par le dit Dulac ou les dits Pijard et Le Fevre, ce qui forma un procès dont les dits Pijard et Le Fevre apprehendant avec raison l’issue, ils consentirent de prendre à cens et rente de l’Université ce qui se trouveroit avoir esté empiété sur elle. Ainsi il en fut fait arpentage par Gaspard Hubert et Christophe Gamart, massons, lesquels, par leur procès-verbal du 18 janvier 1632, evaluèrent l’entreprise à 66 toises, pour lesquelles les dits Pijard et Le Fèvre offrirent de payer à l’Université 7 livres de rente et 1 denier de cens, ce qui leur fut accordé par le sus dit conIractdu dit jour 11 mars 1630.

Les Jacobins du novitiat80 ont depuis acquis les droits des dits Pijard et Le Fèvre, et en ont passé pardevant Baglan titre nouvel à l’Université le 27 mars 1688, par lequel ils ont declaré que des dites 66 toises de terre ils en avoient donné 9 à M. le president Tambonneau par contract du 13 septembre 1646, pour rendre quarré un jardin estant derriere la maison qui luy appartient, attenant celle où il demeure, à la charge de les acquitter de 40 sols de rente, plus les trois quarts d’une perche à M. André Briçonnet, le 12 octobre 1646, dont il avoit eu besoin parce qu’ils faisoient hache sur son bastiment derrière sa maison.

Dix-neuvième, vingtième et vingt-unième maisons.

Ces trois maisons sont basties dans la rue du Bac81, sur 360 toises de terre, d’une part, données à cens et rente par l’Université à M. Jacques du Chevreuil, par contract du 15 octobre 1659, moyennant 20 livres parisis de cens et 360 livres de rente ;

Et encore sur 608 toises et demie de terre données à cens et rente par la dite Université à M. René Foucault, commissaire general de la marine, par contract du 7 aoust 1660, moyennant 14 livres 12 sols parisis de cens et 608 livres 10 sols de rente.

Le dit sieur du Chevreuil ceda ses droits à Claude Colas, charpentier, par contract du 4 may 1643.

Le dit Colas vendit une maison qu’il avoit fait bastir sur la dite place à M. Jean Coiffier82, maistre des comptes, par contract du 19 mars 1666, lequel depuis, ayant acquis des heritiers beneficiaires du dit sieur Foucault l’autre place de 608 toises, fit abattre la maison qu’il avoit acquise du dit Colas, et fit construire sur les dites deux places trois maisons, lesquelles, dans la suite, ont esté sur lui vendues par les directeurs de ses creanciers à M. François de Rousseau, maistre des comptes, lequel a passé titre nouvel pardevant Quarré et son confrère, notaires, le 8 octobre 1682.

À la suite de ces maisons sont les places qui ont esté vendues à dame Renée de Villeneuve, veuve du dit sieur de Rousseau, maistre des comptes, et à M. Gaston-Jean-Baptiste Therat, chancelier de S. A. R. Monsieur, duc d’Orleans83, revenantes à 1600 toises de terre, chargées envers l’Université de 48 livres de cens, par contract passé pardevant le Vasseur et Baglan, notaires, le 20 septembre 1688 ; et depuis la dite dame de Rousseau a acquis les droits du dit sieur Therat par contract du 2 septembre 1688.

CONCLUSION.

Il paroist par tout ce qui a esté dit cy-dessus que la censive du Petit-Pré-aux-Clercs commence dans la rue du Colombier, à la sixième maison à droite, en y entrant par la rue de Seine, et contient, tant dans la dite rue du Colombier que dans celle des Marais et des Petits-Augustins, toutes les maisons qui ont esté enoncées dans la première partie de ce Memoire, depuis la page 13 jusqu’à la page 32.

À l’egard du Grand-Pré, il commence d’un costé dans la rue qu’on nommoit autrefois des Esgouts, et maintenant de Saint-Benoist. Mais, quoiqu’an­ciennement la première borne du dit pré de ce côté-là, suivant le mesurage fait par Nicolas Girard, arpenteur, au mois d’aoust 1651, en execution d’un arrest de la cour du 14 may de la mesme année, fust posée vis-à-vis de l’ancienne porte du clos de Saint-Germain-des-Prés (laquelle porte estoit entre deux tourelles qui sont encore existantes, mais enfermées dans ledit clos), cependant la censive de l’Université ne commence aujourd’huy qu’à la rue des Anges, ce qui fait voir que le terrain qui est entre la dite rue des Anges et le lieu qui repond à ces tourelles a esté usurpé sur l’Université.

On a fait, dans la deuxième partie de ce memoire, le denombrement des maisons et places que possèdent les religieux de l’hôpital de la Charité dans le dit Pré aux-Clercs, et il paroist que ce pré est borné tant par l’ancienne cloture du dit hôpital que par un mur de refend qui suit le long d’une galerie ou charnier, et va rendre à l’apotiquairerie, d’où il faut concevoir une ligne qui perce dans la rue des Saints-Pères, où estoit la seconde borne, et, passant par le cimetière dit des Huguenots (à cause qu’on y enterroit cy-devant ceux de la religion pretendue reformée), traverse le jardin des Jacobins, dont une partie est dans la censive de l’Université, comme il a esté dit, et va par les rues du Bac et de Belle-Chasse84 aboutir à un chemin qui fait la separation du Pré-aux-Clercs d’avec celuy qu’on appelloit autrefois le Pré-aux-Moines, auprès des filles qu’on nomme de Saint-Joseph85.

Ainsi, la censive de l’Université contient non seulement toutes les maisons qui sont sur la gauche dans les rues Jacob et de l’Université, depuis l’encoigneure de la rue de Saint-Benoist jusqu’à la rue du Bac, mais encore toutes celles qui sont dans la rue des Anges, celles qui sont dans la rue des Saints-Pères jusqu’au cimetière des Huguenots, dont une partie est ainsi comprise dans la mesme censive, et les trois maisons qui sont dans la rue du Bac vis-à-vis de l’hôtel de l’Université.

Pour ce qui est de l’autre côté du dit grand Pré, il commence à l’extremité de l’une des maisons de l’Hôtel-Dieu, la plus proche des Petits-Augustins, dont il a esté fait mention à la page 38 (auquel lieu estoit autrefois la trente-troisième borne), et, continuant par le monastère des dits Augustins le long de la muraille qui fait la separation de leur ancien et de leur nouveau clos (dans lequel nouveau clos sont trois quartiers six perches de terre qu’ils tiennent à cens et rente de l’Université, ainsi qu’il a esté dit), il perce la rue des Saints-Pères, et suit les anciennes bornes, plantées en 1551,qui faisoient la separation du dit grand Pré dans le parc de la reine Marguerite, pour aller se rendre à l’autre extremité auprès de la maison des filles de Saint-Joseph86, où il forme dans sa figure une espèce de hache qui estoit renfermée dans les 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21 et 22e bornes.

De manière que toutes les maisons qui sont dans la rue des Petits-Augustins, depuis celles de l’Hôtel-Dieu jusqu’à l’encoigneure de la rue Jacob, et celles de la rue Jacob à droite, depuis la dite encoigneure jusqu’à la rue des Saints-Pères, et encore celles qui appartiennent aux Augustins dans la dite rue des Saints-Pères, lesquelles ont esté basties sur la place qu’ils avoient acquise d’Alphonse Mesnard, marbrier, comme il a esté dit, sont dans la censive de l’Université.

Mais, depuis la dite rue des Saints-Pères jusqu’à la rue du Bac, quoique le terrain qui est au côté droit de la rue de l’Université, contenu entre la dite rue et les anciennes bornes du dit grand Pré, appartienne veritablement à l’Université, neanmoins elle ne reçoit point la censive des maisons qui y sont basties, parce que les adjudicataires du parc de la reine Marguerite s’en sont emparez, pour raison de quoy la dite Université est en procès contre les dits adjudicataires, leurs heritiers ou ceux qui pretendent avoir droit d’eux, duquel procès ils ont jusqu’à present empeché l’instruction et le jugement.

Tout le reste du grand Pré-aux-Clercs, depuis les trois maisons qui sont dans la rue du Bac, vis-à-vis l’hôtel de l’Université, jusqu’à son extremité proche les filles de Saint-Joseph, à laquelle extremité estoient autrefois les dix-huit et dix-neuvième bornes, n’est point bâti. On peut voir, pour plus grande intelligence de toutes ces choses, le plan gravé dans la planche que l’on trouvera à la fin.

Voilà à peu près en quoy consiste cet ancien patrimoine que l’Université a reçu de nos rois. Au reste, comme ce memoire n’est pas l’ouvrage de toute l’Université, quoiqu’imprimé par son ordre, on ne doit pas tirer à consequence contre elle les fautes ou omissions qu’on pourroit y avoir faites. On espère qu’il ne s’y en trouvera point de considerables, parce qu’on s’est reglé sur une declaration donnée par l’Université à la chambre du thresor le 6 aoust 1677.

Il est bon d’avertir que ce memoire estoit achevé dès le temps que l’Université fit sa conclusion pour l’imprimer. L’inventaire de tous les titres concernant le Pré-aux-Clercs estoit aussi fait, et tous ces titres avoient esté remis dans les archives de l’Université, au collége de Navarre, dans lesquelles on avoit pareillement rangé par liasses en differents tiroirs et inventorié les anciens titres qui s’y estoient trouvez, de sorte qu’il y avoit tout sujet d’esperer que l’Université recevroit dès ce temps-là le fruit d’un travail de près de deux années, parce que ceux des censitaires qui estoient en demeure pour passer leurs titres nouvels offroient de le faire incessamment. Neanmoins, un seul d’entre eux s’etant opiniâtré à vouloir se faire decharger d’une solidarité de laquelle il pretendoit n’estre pas tenu, il a esté cause que l’on ne s’est pas pressé de faire passer des titres nouvels à ceux qui n’en refusoient pas, et il a retardé jusqu’à present l’execution d’un dessein qui avoit esté entrepris pour le bien de l’Université, sans en tirer aucun avantage pour luy-mesme. Voilà enfin l’ouvrage imprimé. On souhaite qu’il ne soit pas inutile à ceux qui viendront après nous : c’est tout ce qu’on s’y est proposé.

Ce samedi dernier jour de juin 1696.

Arrests notables rendus en faveur de l’Université
touchant le Pré-aux-Clercs
.

Nous avons dans nos archives plusieurs arrests rendus en differens temps au profit de l’Université touchant le Pré-aux-Clercs ; nous ne nous arrestons qu’à ceux qui sont les plus importans. On peut en voir un du Parlement du 10 juillet 1548, rapporté par M. du Boulay dans le sixième volume de l’Histoire de l’Université, page 407, dans lequel, entre plusieurs chefs de contestation jugez en faveur de l’Université contre le cardinal de Tournon, abbé de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez et les religieux de la dite abbaye, il est dit vers la fin : « et, en tant que touche la censive que les dits religieux, abbé et couvent pretendent sur elle, ladite cour, suivant le consentement de l’avocat et procureur des dits religieux et couvent, a ordonné et ordonne que icelle Université jouira des dits deux Prez, petit et grand, ensemble des deux arpens, librement et sans aucune charge, etc.

Cet arrest fut suivi d’un autre, du 14 may 1551, touchant les limites du Pré-aux-Clercs, qui se trouve dans le mesme volume de l’Histoire de l’Université, page 440, ensemble un mesurage contenant une ample enonciation de l’etendue de l’un et l’autre Pré, avec leurs bornes plantées suivant le plan dressé et presenté à la cour en ce temps là, qu’elle homologue tacitement87.

Ces deux arrests sont encore imprimés dans un ouvrage particulier du mesme M. du Boulay qui a pour titre : Memoires historiques sur la proprieté et seigneurie du Pré-aux-Clercs88. Ainsi nous nous contenterons d’en rapporter icy trois : un du Parlement, du 23 decembre 1622, portant recision du contrat fait avec la reine Marguerite le 31 juillet 1606, et deux autres du grand conseil contre Messieurs de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez, des années 1645 et 1646, parce que ces trois arrests, estant joints avec les deux dont nous venons de parler, qui sont entre les mains de tout le monde, sont plus que suffisans pour assurer la proprieté et la seigneurie du Pré-aux-Clercs à l’Université.

Arrest du Parlement du 23 décembre 1622.

Entre les recteur, doyens, procureurs et supposts de l’Université de Paris, demandeurs en lettres de recision, requeste civile et ampliation des 15 avril 1614 et 13 fevrier 1616, et encore aux fins d’une requeste par eux presentée à la Cour le 11 octobre 1615, d’une part, et M. Nicolas Tanneguy, curateur creé par le roy à la succession de la reine Marguerite, ayant repris le procès en son lieu, et François Percheron, René le Breton, Philippes Bacot, Pierre Hanon, Robert Lorin, Nicolas Riverin, maistre Robert Frissard, Baptiste Penot, les frères de la Charité, Nicolas Dhève, Thomas Nevault, Pierre Caurup, Suzanne Guenard, Timothée Pinet, Jacques Prudhomme, Gabriel Fustet, M. Nicolas le Vauquelin, sieur des Yveteaux, Jean Dubut, Jean Clergerie, et les religieux, prieur et couvent des Augustins reformez, defendeurs, d’autre. Veu par la cour les dites lettres, en forme de requeste civile, du 15 avril 1614, tendantes à fin de restitution et recision du contract du dernier juillet 1606, par lequel maistre François Engoullevent89, les doyens des Facultés de theologie et medecine, les procureurs des Nations et procureur fiscal de la dite Université, auroient vendu à la dite reine Marguerite, duchesse de Valois, six arpens de terre, dependans du petit Pré-aux-Clercs, aux charges y contenues, et ce nonobstant l’arrest d’homologation du dit contract du 5 septembre 1609, les dites lettres d’ampliation et requeste civile du 13 fevrier 1616, contre l’arrest du 19 fevrier 1614 par lequel les lettres d’etablissement des dits religieux Augustins auroient esté verifiées, la dite requeste, du 11 octobre 1615, tendante à ce que l’arrest qui interviendroit fust declaré commun avec les dits religieux Augustins, frères de la Charité, le Vauquelin, Percheron, Le Breton, Bacot, Hanon, Lorin, Riverin, Frissard, Penot, Dhève, Nevault, Caurup, Pinet, Prudhomme, Dubut et Clergerie ; arrest du 10 mars 1616 par lequel toutes les parties sur les dites lettres en forme de requeste civile, recision et autres differents, auroient esté appointées au conseil, à ecrire et produire, bailler contredits et salvations dans le temps de l’ordonnance ; plaidoyez et productions des dits demandeurs et du dit Tanneguy, religieux Augustins, et du dit le Vauquelin ; contredits et salvations des dits demandeurs Tanneguy et des dits religieux Augustins reformez ; forclusions de produire et contredire par les dits Percheron, Le Breton et autres particuliers ; production nouvelle du dit Tanneguy, suivant la requeste du 30 avril 1622 ; contredits et salvations d’icelle ; autre production nouvelle des dits demandeurs contre le dit Tanneguy, aussi reçue suivant la requeste du 21 juin ensuivant et contredits d’icelle ; acte de redistribution de la dite instance des 25 fevrier, 11 et 13 mars 1621 ; conclusions du procureur general du roy, et tout ce que les dites parties ont mis et produit, et tout consideré ; dit a esté que la cour, ayant egard aus dites lettres de restitution et requeste civile du 15 avril 1614 et icelles enterinant, a remis et remet les parties en tel etat qu’elles etoient auparavant le contract du dernier juillet 1606 et arrest d’homologation d’iceluy du 5 septembre 1609 ; ordonne que les rentes creées et constituées au profit de la dite feue reine Marguerite, ou des dits religieux Augustins reformez, sur les places dependantes des six arpens de terre mentionnés au dit contract, appartiendront à la dite Université ; et, ce faisant, ayant egard à la dite requeste du 11 octobre 1615, a condamné et condamne les dits Percheron, Le Breton, Bacot, Hanon, Lorin, Riverin, les frères de la Charité, Frissard, Guenard, Clergerie, Prudhomme, le Vauquelin et autres, à present possesseurs des places dependantes des dits six arpens, à payer et continuer à l’avenir à la dite Université les cens et rentes à la charge desquelles leur ont esté baillées les dites places par la dite feue reine Marguerite ou autres ayans droit d’elle des dits cens et rentes, en passer titre nouvel et reconnoissance au profit de la dite Université ; ordonne neanmoins, pour certaines causes et conside­rations à cela mouvantes, que le surplus des dits arpens que les dits religieux se sont reservez leur demeurera, pour en jouir comme ils ont cy-devant fait, à la charge de dix livres de rente et douze deniers parisis de cens par arpent envers la dite Université pour toutes choses generalement quelconques ; et, sur les lettres d’ampliation de requeste civile, a mis et met les parties hors de cour et de procès, sans depens des dites instances, dommages et interêts, ny restitution de fruits, tant echus que ceux qui echerront jusqu’au dernier jour du present mois. Prononcé le 23 decembre 1622.

Signé Gallard.

Le 31 decembre 1622 fut le present arrest signifié, et d’iceluy baillé copie à maistre Gorlidot, procureur des religieux et couvent des Augustins reformez de cette ville de Paris, parties adverses denommées au present arrest, en parlant, au domicile du dit Gorlidot, à Louis Lothe, son clerc, par moy, huissier en parlement, soussigné. Goizet.

Le 4 et 5 janvier 1623, fut le present arrest signifié, et d’iceluy baillé copie à maistres Chauchefoing, Pucelle et Pioline, procureurs des parties adverses.

Signé Goizet.

Arrest du grand Conseil du 27 juin 1647.

Louis, par la grace de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces presentes lettres verront, salut. Sçavoir faisons que comparans en jugement, en nostre grand conseil, nostre très cher et bien-aimé oncle messire Henry de Bourbon, evesque de Metz, prince du Saint-Empire, abbé de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez-lez-Paris, et les religieux, prieur et couvent de la dite abbaye, demandeurs en requeste par eux presentée à nostre dit conseil le 13 octobre 1639, à ce que deffences fussent faites aux deffendeurs cy-après nommés et tous autres de vendre, engager, arrester ny autrement disposer, en quelque façon et manière, à quelque personne que ce soit, les Prés-aux-Clercs ; que les contracts de vente et arrentement par eux faits soient nuls et resolus, et, sans s’arrester à iceux, que les escoliers et le public seront maintenus en la possession en laquelle ils sont d’aller et frequenter sur les dits lieux, et qu’aucuns bastimens n’y seront elevez, avec deffences de passer outre à l’execution des contracts de vente, bastir et edifier ès dits lieux, d’une part ; et les recteur, doyens, procureurs et supposts de l’Université de Paris, deffendeurs, d’autre ; et encore entre les dits abbé, religieux et couvent de la dite abbaye Saint-Germain, demandeurs en autre requeste par eux presentée à notre dit conseil le 23 mars 1640, à ce qu’ils soient receus opposans à l’execution des contracts faits par les dits recteurs, doyens, procureurs et supposts de la dite Université de Paris ès dits Prez-aux-Clercs et portion d’iceux contre les dits lieux appartenans à la dite abbaye, et non à autres, en proprieté, censive et directe ; ce faisant, sans avoir egard ny s’arrester aux dits contracts, les fins et conclusions prises par les dits demandeurs en leur dite requeste du dit jour 13 octobre, comme justes, à eux faites et adjugées, d’une part ; et les dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université, deffendeurs, d’autre ; et encore entre les dits abbé, religieux et couvent de Saint-Germain, demandeurs en lettres en forme de requeste civile par eux obtenues en nostre chancellerie de Paris le 17 du present mois, aux fins d’estre restitués et remis en tel estat qu’ils estoient auparavant les trois arrests y mentionnez de nostre Parlement de Paris au profit des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université : le premier du 5 aoust 1586, le deuxième à l’encontre de Gabriel le Clerc, bourgeois de Paris, et le troisième du 2 mars 1636 ; ce faisant, que leurs fins et conclusions leur soient faites et adjugées, d’une part ; et le dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université de Paris, deffendeurs, d’autre ; et encore entre les dits abbé, religieux et convent, demandeurs en autres lettres en forme de requeste civile par eux obtenues en nostre grand conseil, tenu le 25 des dits presens mois et an, aux fins d’estre restitués contre les dits arrests ; les dites lettres portant attribution de jurisdiction à nostre dit conseil d’icelles, et deffendeurs, d’une part ; et les dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université, deffendeurs ès dites lettres et demandeurs en requeste verbale par eux faite ce jourd’huy, en l’audience de nostre dit conseil, à ce que, deboutant les abbé, religieux et convent des dites requestes et lettres de requeste civile, mainlevée soit faite aus dits de l’Université des saisies faites ès mains des sieurs le Coq, Bailly, Tambonneau et autres ; et, en ce faisant, que les deniers deus à cause des arrerages des rentes, cens et surcens deubs à la dite Université, leur seront baillez, d’autre part. Après que Bernage pour les dits abbé, religieux et convent de la dite abbaye Saint-Germain ; Camus pour les dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université, et Basin pour nostre procureur general, ont esté ouïs, iceluy nostre dit grand conseil, par son arrest sur les requêtes et demandes des dits abbé, religieux et convent de Saint-Germain-des-Prez, et lettres en forme de requeste civile par eux obtenues, a mis et met les parties hors de cour et de procez ; et, ayant egard à la requeste verbale des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de l’Université de Paris, leur a fait et fait main-levée des saisies faites à la requeste des dits abbé, religieux et couvent, ès mains des dits le Coq, Bailly, Tambonneau et autres debiteurs des dites rentes ; ordonne qu’ils vuideront leurs mains de ce qu’ils doivent des arrerages d’icelles en celles des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de l’Université, et, ce faisant, en demeureront bien et valablement deschargez, sans depens. Si donnons en mandement et commettons par ces presentes au premier des huissiers de nostre dit grand conseil, et hors d’icelle à nos dits huissiers ou autres, nostre huissier ou sergent sur ce requis, que, à la requeste des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de l’Université de Paris, le present arrest il mette à deue et entière execution de point en point, selon sa forme et teneur, en ce que l’execution y est et sera requise, en contraignant à ce faire souffrir et obeir tous ceux qu’il appartiendra, et qui pour ce seront à contraindre par toutes voyes deues et raisonnables, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, pour lesquelles et sans prejudice d’icelles ne voulons estre differé, et faire en outre, pour l’execution du dit present arrest, toutes significations, assignations, commandemens, contraintes et autres exploits requis et necessaires ; de ce faire avons à nostre dit huissier ou sergent donné et donnons pouvoir, mandons et commandons à tous nos justiciers et officiers et sujets qu’à luy ce faisant, sans pour ce demander placet, visa ne pareatis, soit obey. En temoin de quoy nous avons fait mettre et apposer nostre scel à ces dites presentes. Donné et prononcé en l’audience de nostre dit grand conseil, à Paris, le 27e jour de juin, l’an de grace 1645, et de nostre règne le 3e. Par le roy, à la relation des gens de son grand conseil,

Roger.

Autre arrest du grand Conseil, du 20 juillet 1646.

Louis, par la grace de Dieu, roy de France et de Navarre ; à tous ceux qui ces presentes lettres verront salut. Sçavoir faisons comme par arrest ce jourd’huy donné en nostre grand conseil, sur la demande et profit de defaut requis par nos bien-aimés les recteur, doyens, procureurs et supposts de l’Université de Paris, demandeurs et requerans, que les contracts et baux à cens et rentes faits par les religieux et convent de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez-lez-Paris, pardevant Levesque et Boucot, notaires au Chastelet de la dite ville de Paris, aux sieurs le Cocq, Bailly, Pithou, de Berulles, Tambonneau et autres, des heritages y mentionnés, sis au Pré-aux-Clercs, du quatorzième jour de may mil six cens quarante, soient declarez nuls et de nul effet ; ordonné que sur les minutes d’iceux il sera fait mention tant du present arrest que de celuy de nostre dit conseil du vingt-septième juin mil six cens quarante-cinq, et que, pardevant le commissaire qui à ce faire sera deputé par nostre dit conseil, il sera procedé à la reconnoissance des anciennes bornes et limites du dit Pré-aux-Clercs, et qu’aux lieux où il s’en trouvera d’ostées et arrachées il en sera mis de nouvelles, à l’encontre des dits abbé, religieux et convent de la dite abbaye Saint-Germain-des-Prez, defendeurs et defaillants. Veu par nostre dit conseil la dite demande, arrest de nostre dit conseil, par lequel, après la declaration de M. Claude le Brun, procureur au dit conseil, et des dits abbé, religieux et convent, defaut auroit esté donné à l’encontre d’eux en la presence du dit le Brun, leur procureur, et ordonné que le jugement d’iceluy surseoiroit jusques au jeudy ensuivant du quinzième jour de may mil six cens quarante-six ; le dit arrest de nostre dit conseil du dit jour vingt-septième juin mil six cens quarante cinq, par lequel, sur les requestes et demandes des dits abbé, religieux et convent de Saint-Germain-des-Prez, et lettres en forme de requeste civile par eux obtenues, afin d’estre remis en tel estat qu’ils estoient auparavant les arrests du parlement de Paris des cinquième aoust mil cinq cens quatre-vingt-six, et onzième jour de mars mil six cens trente, les parties auroient esté mises hors de cour et de procès, et ayant egard à la requeste verbale des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université, mainlevée leur auroit esté faite des saisies faites à la requeste des dits le Cocq, Bailly, Tambonneau et autres, des arrerages des rentes, cens, surcens deubs à la dite Université ; ordonne que les dits le Cocq, Bailly, Tambonneau et autres vuideront leurs mains de ce qu’ils devoient des arrerages d’icelles en celles des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de ladite Université ; ce faisant, en demeureront bien et valablement dechargés, sans depens ; le dit arrest de nostre cour de parlement de Paris du dit jour deuxième mars mil six cens trente, par lequel, sans avoir egard à l’intervention des dits abbé, religieux et convent de Saint-Germain-des-Prez, M. Nicolas le Vauquelin, sieur des Yveteaux, et Claude le Bret le jeune, auroient esté condamnés exhiber aux dits de l’Université les dits contracts d’acquisition par eux faits de la maison sise au fauxbourg Saint-Germain, rue des Marais, leur payer chacun d’eux les lods et ventes du prix de leur acquisition, et le dit Vauquelin condamné passer titre nouvel et reconnoissance au profit des dits de l’Université de deux sols parisis de cens, payer vingt-huit années d’arrerages echeus et ceux qui echeroient par après ; autre arrest du dit parlement par lequel, en consequence du dit arrest du dit jour deuxième mars mil six cens trente, du consentement des parties auroit eté ordonné que les dits contracts d’acquisition faits par les dits le Vauquelin et le Bret seroient reformés, tant ès grosses qu’ès minutes, et qu’au lieu qu’il estoit porté par iceux que la maison et lieux y mentionnez estoient en la censive des dits abbé et religieux de Saint-Germain, il seroit mis qu’ils estoient en la censive des dits recteur et Université de Paris, et à cette fin que le dit Vauquelin et damoiselle Denise le Vacher, veuve du dit le Bret, seroient tenus representer la grosse des dits contracts du 12e jour de juin mil six cens trente-un ; procès-verbaux des commissaires deputés par nostre dite cour de parlement contenant la reformation des dits contracts, en execution des dits arrests des onzième novembre mil six cens trente, vingt-cinq, vingt-huit juin et trois juillet mil six cens trente-un ; copie collationnée de contract de bail à cens et rente, par messire Henri de Bourbon, evesque de Metz et abbé de Saint-Germain-des-Prez, et maistre Pierre Pithou, nostre conseiller au parlement de Paris, d’un morceau de terre sis au fauxbourg Saint-Germain-des-Prez, proche la Charité, faisant partie des terres sises au Pré-aux-Clercs appartenant au dit abbé, moyennant la somme de dix livres parisis de cens et quatre cens vingt livres de rente par chacun an, lesquels cens et rente demeureroient entre les mains du dit Pithou jusques à ce que le procès d’entre les dits abbé et religieux et les dits recteur et supposts de l’Université, pour raison de la proprieté des dites places, fust vuidé, contenant aussi, la dite collation, qu’à la minute du dit contract sont attachées autres minutes de semblables contracts faits par le dit abbé aux dits sieurs de Berulles, Tambonneau, Leschassier, de Bragelonne, Le Vasseur, Seguier, le Cocq et Lhuillier, du dit jour quatorzième may mil six cens quarante ; copie collationnée d’arrest dudit parlement par lequel, entre autres choses, auroit esté ordonné qu’aux frais et depens des dits abbé, religieux et convent de Saint-Germain-des-Prez seroient faites tranchées à l’entour du grand Pré-aux-Clercs, selon les limites plantées et bornes mises ès endroits et lieux qui seront ordonnés par le commissaire executeur de l’arrest, à la conservation des droits des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université, du quatorzième jour de may mil cinq cens cinquante-cinq ; conclusions de nostre procureur general ; iceluy nostre dit grand conseil, par son dit arrest, a declaré et declare le dit defaut bien et deuement obtenu, pour le profit duquel a declaré et declare les dits contracts et baux à cens et rentes faits par les dits abbé, religieux et convent de Saint-Germain-des-Prez-les-Paris, des heritages sis au Pré-aux-Clercs, du dit jour quatorzième jour de may mil six cens quarante, nuls et de nul effet ; ordonne que sur les minutes d’iceux il sera fait mention tant du present arrest que de celuy du dit jour vingt-septième de juin mil six cens quarante-cinq, et que, par le rapporteur du procès, en presence du substitut de nostre procureur general, il sera procédé à la reconnoissance des anciennes bornes et limites du dit Pré-aux-Clercs, et qu’aux lieux où il s’en trouvera d’arrachées il en sera mis de nouvelles ; condamne les dits abbé, religieux et convent aux depens du dit defaut, la taxation d’iceux à nostre dit conseil reservée. Si donnons en mandement et commettons par ces presentes à nostre et amé feal conseiller à nostre conseil ......................... qu’à la requeste des dits recteur, doyens, procureurs et supposts de la dite Université de Paris, le present arrest il mette et fasse mettre à deue et entière execution, de point en point, selon sa forme et teneur, contraignant à ce faire, souffrir et obeir tous ceux qu’il appartiendra, et qui seront à contraindre, par toutes voies deues et raisonnables, et ce nonobstant oppositions ou appellations quelconques, pour lesquelles et sans prejudice d’icelles ne sera differé ; de ce faire luy donnons pouvoir. Mandons en outre au premier des huissiers de nostre grand conseil ou autre nostre huissier ou sergent sur ce requis, faire pour l’entière execution dudit present arrest tous exploits de significations, assignations, commandemens et contraintes requis et necessaires, sans demander placet, visa ne pareatis. Donné en nostre dit grand conseil, à Paris, le vingtième jour de juillet l’an de grace mil six cens quarante six ; monstré à nostre procureur general, prononcé les dits jour et an, et de nostre règne le quatrième.

Par le roy, à la relation des gens de son grand conseil,

Roger.



1. Ce Mémoire, fort rare et fort curieux, est, comme on le verra, l’œuvre d’Edme Pourchot, professeur de philosophie au Collége des Grassins, et à plusieurs reprises recteur de l’Université de Paris. Il mourut âgé de 83 ans, le 22 juin 1734, après avoir mérité de tout point ce que dit de lui dans son Dictionnaire historique l’abbé Ladvocat, qui l’avoit beaucoup connu : « Il fut sept fois recteur de l’Université et travailla avec zèle à la défense de ses droits et au maintien de sa discipline. » Le long travail qui suit, touchant une propriété d’autant plus chère et plus précieuse à l’Université qu’elle lui fut contestée davantage, est une preuve qu’Edme Pourchot ne négligea rien pour être digne du premier de ces éloges. Il trouva les principaux éléments de son Mémoire dans celui, plus important et plus rare encore, qu’Egasse du Boulay avoit publié neuf ans auparavant sous ce titre : Fondation de l’Université de Paris par l’empereur Charlemagne, de la propriété et seigneurie du Pré aux Clercs, 1675, in-4. C’est à l’extrême obligeance de M. Le Roux de Lincy que nous devons de connoître ce remarquable volume, dont nous avons vu dans son cabinet le seul exemplaire connu. Il a bien voulu nous permettre, dis-je, de prendre toutes les notes qui pouvoient compléter ou éclaircir différents passages de la pièce reproduite ici.

2. Du Boulay, dans son grand travail cité plus haut (Fondation de l’Université, etc., p. 130, 139, etc.), explique ainsi les raisons qui, selon lui, obligèrent les moines à établir par cette tranchée une communication entre la Seine et les fossés de leur abbaye : « Ce fut, dit-il, sous la date de 1368, par une necessité d’estat qui obligea les moines de faire de grands fossez tout autour de leur enclos, avec une espèce de citadelle pour y soutenir le siége en cas d’attaque par les ennemis, qui estoient lors en grand nombre repandus par toute la France, et speciallement contre les Anglois, qui vouloient se remparer de la Normandie… Pour faire venir l’eau de la rivière dans les fossez, on fut obligé de tirer une tranchée au travers du pré jusques à la rivière ; et la partie d’entre ladite tranchée et l’hostel de Nesle fut dès lors appelée le Petit-Pré, et l’autre au dessus, vers Chaillot, le Grand-Pré. » Ce passage est fort curieux ; mais, comme nous le prouverons, du Boulay auroit dû dire que le fossé de la petite Seine ne fut pas creusé, mais seulement élargi, en 1368. D’après l’Advertissement de M. Oronce Finé, etc., que du Boulay reproduit plus loin, p. 246, voici quelle étoit la situation de cette tranchée, dite la petite Seine : « Commençoit lors à l’endroit de deux piliers et colonnes de l’encoignure d’icelle abbaye (Saint-Germain-des-Prés)… et suivoit à droite ligne le fossé d’icelle abbaye qui est devant la porte murée jusques à la rivière de Seine… l’embouchure duquel fossé estoit sur la rivière de Seine, entre la fosse Saint-Bon et le Chemin-Vieux. Laquelle fosse Saint-Bon estoit sur le dos de l’embouchure du dit fossé du costé du petit Pré, où il n’y avoit qu’un petit sentier au long dudit fossé finissant à l’endroit de ladite fosse Saint-Bon. » Pour rendre cette description comprehensible pour ceux qui ne connoissent que le nouveau Paris, nous ajouterons que l’ancienne rue des Petits-Augustins représentoit à peu près, comme direction et comme longueur, le cours de la petite Seine. Ce fossé seulement étoit un peu plus vers la droite en montant à l’abbaye, de sorte que la rue actuelle, en lui supposant un peu plus de largeur, pourroit représenter à la fois et la petite Seine, qu’on appeloit le Chemin-Creux quand elle étoit à sec, et le Haut-Chemin, qui la longeoit. La prise d’eau de cette sorte de chenal se trouvoit donc un peu au dessous du pont des Arts et du pavillon ouest du palais de l’Institut, tandis que son embouchure dans les fossés de l’abbaye avoit lieu au point d’intersection de la rue Jacob et de la rue Bonaparte. Le prolongement de celle-ci jusque vers la rue Taranne tient, en effet, la place de celui des fossés de l’abbaye qui sembloit être la continuation en droite ligne de la petite Seine. M. Berty a rendu cette disposition topographique fort claire par le plan annexé à son Étude… sur les deux Prés aux Clercs et la petite Seine (Revue archéologique, 15 octobre 1855). M. Berty n’a connu ni le Mémoire que nous publions ni le travail de du Boulay ; mais, guidé par des documents manuscrits, il arrive à peu près aux mêmes conclusions. Il varie seulement d’opinion avec du Boulay pour la date où dut être établie cette noue, comme la petite Seine est appelée dans les vieux titres. Il croit avec raison la trouver indiquée déjà dans une charte de 1292. Selon lui, on se seroit contenté, en 1368, de remanier ce fossé et de l’élargir, et ce nouveau travail auroit suffi pour faire désigner, dans un acte de cette même année 1368, la petite Seine par le nom de Fossé-Neuf. Ce qu’on lira plus loin donne en partie raison à M. Berty contre du Boulay.

3. Nous ne nous étendrons pas ici au sujet du plus ou moins d’antiquité et de validité des droits de l’Université sur le Pré-aux-Clercs. De tout temps on en douta, et ils furent combattus et défendus à outrance. Pour qu’on juge pièces en main de cet important procès, nous renverrons au Theâtre des antiquités de Paris, par J. Du Breul, Paris, 1639, in-4, p. 294, et aux Nouvelles annales de Paris de T. Duplessis, 1753, in-4, p. 211, livres où l’opinion favorable aux prétentions des religieux de Saint-Germain-des-Prés est soutenue ; pour la cause contraire, nous nous en référerons à l’Histoire de l’Université de du Boulay, et surtout à son livre déjà cité tout à l’heure, et dont l’histoire plus ou moins authentique de la donation faite par Charlemagne et confirmée par ses successeurs occupe toute la première partie. Nous nous contenterons de citer quelques phrases assez sceptiques de Sauval sur le même sujet, et d’extraire aussi d’un Discours fort rare de P. Ramus, dont nous devons la communication à l’obligeance de M. L. de Lincy, un passage très curieux et plus positif en faveur de l’Université, mais très intéressé à l’être, il est vrai. Voici ce que dit Sauval (Antiquités de Paris, t. 2, p. 367) : « Pour ce qui est du Pré-aux-Clercs, l’Université le fait commencer près de l’abbaye Saint-Germain, et de là, le continuant de plus en plus, le conduit si avant qu’il se va perdre bien loin dans la campagne, assurant de plus en plus, sans autre preuve, qu’elle le tient de la libéralité de Charlemagne ou de Charles le Chauve, et que, sous leur règne, c’etoit un lieu où les ecoliers s’en alloient divertir les jours de congé. » Ramus lui-même, quoique défenseur juré des droits de l’Université, n’ose risquer, au sujet de la première donation, qu’une affirmation timide : « On dit, écrit-il, que Charlemagne, fondateur de l’Université, luy donna ce pré de grande estendue, qui contenoit depuis l’isle Maquerelle, tout du long du rivage de Seine, jusques aux rivages de Neelle et muraille de la ville et porte des Cordeliers, boucherie et abbaye de Saint-Germain, et, de là, qu’il se bornoit à l’alignement droict, depuis la chapelle de Saint-Martin-des-Orges jusqu’à ladicte isle, et que ce pré estoit divisé par un grand chemin qui passoit au travers… » (Harangue de Pierre de la Ramée touchant ce qu’ont faict les deputez de l’Université de Paris envers le roy, mise de latin en françois ; à Paris, chez André Wechel, 1557, avec privilége du roy (donné à Reims l’unziesme de juing 1557), in-8 fol. 8.

4. Cette place, dite d’Aubusson, estoit située entre les rues que l’on nomme aujourd’huy rues Neuve-des-Fossez et des Mauvais-Garçons (note de l’auteur). Elle se trouvoit donc un peu plus haut que le carrefour Buci, entre la rue des Fossés-Saint-Germain ou de l’Ancienne-Comédie et la rue Grégoire-de-Tours, pour substituer le nom tout moderne de cette rue à celui des Mauvais-Garçons, que les écoliers, ses passants ordinaires, lui avoient si bien mérité autrefois, comme on le voit par un très curieux passage du volume de du Boulay, p. 183. Ces 160 pieds, selon le même du Boulay (p. 47), partoient de la porte Saint-Germain ou des Cordeliers, longeoient le mur en dehors jusqu’à la porte de Buci, et de là gagnoient le pré « par derrière les jardins de l’hostel de Nesle, où sont aujourd’huy plusieurs tripots et jeux de courte paume. » V. encore p. 394.

5. V. sur cette querelle, qu’il place en 1277, Félibien, t. 1er, p. 436.

6. « Gerard de Moret, abbé de Saint-Germain, dit Piganiol, qui résume le plus brièvement cette affaire, ayant fait batir sur le propre fonds de l’abbaye quelques murailles et autres édifices aboutissant sur le chemin qui conduit au Pré-aux-Clercs, les ecoliers trouvèrent mauvais qu’on eût rendu ce chemin plus etroit, et demolirent les batiments qui avoient été construits. Estienne de Pontoise, religieux et prevôt de l’abbaye, à la tête de leurs domestiques, alla aussitôt sur le lieu pour faire cesser ce desordre ; mais ils l’augmentèrent, au lieu de l’apaiser. Gerard Dolé et le fils de Pierre le Scelleur, escoliers, furent tués, et il y en eut plusieurs de blessés. Dolé fut inhumé dans l’eglise du Val-des-Escoliers, et le Scelleur dans l’ancienne chapelle de Saint-Martin-des-Orges. » (Piganiol, t. 8, p. 88.) — Du Boulay, dans son Hist. de l’Université, donne de très longs et très curieux détails sur cette rixe, t. 3, p. 490.

7. V. Egasse du Boulay, Fondation de l’Université, etc., p. 173. — D’après l’Avertissement d’Oronce Finé, reproduit par du Boulay, p. 240, cette chapelle de Saint-Martin-des-Orges, qui, selon D. Bouillart, se trouvoit vers l’angle du jardin de l’abbaye sur le Pré-aux-Clercs, c’est-à-dire, par conséquent, tout près de l’embouchure de la petite Seine dans les fossés (voy. plus haut), auroit été différente de la chapelle de Saint-Martin-le-Vieux, et n’auroit dû sa fondation qu’à la circonstance relatée ici. C’est une double erreur.

8. C’est ce passage qui donne pleine raison à M. Berty pour son opinion mentionnée plus haut à propos de l’existence de la petite Seine avant 1368.

9. Ceux-ci, du reste, avoient bien su rendre violences pour violences. V. Félibien, t. 2, p. 539, et le travail de M. Berty, p. 388.

10. On comprend, d’après la situation de cette chapelle à l’angle des fossés de l’abbaye et de la petite Seine, qu’elle dut être démolie quand on voulut leur donner plus de largeur.

11. Cette petite église, qui avoit servi de refuge aux religieux de Saint-Germain-des-Prés à l’époque des Normands, étoit située rue du Marché-Neuf, en la Cité. C’est la similitude de son nom avec celui de Saint-Martin-le-Vieil qui a[[ fait l’erreur d’Oronce Finé dont j’ai parlé plus haut, et dans laquelle il persévère quand il dit : « Il est vraisemblable que laditte chapelle fondée à Saint-Martin-des-Orges fut translatée à laditte chapelle vieille de Saint-Martin, à cause de la susdite demoliture d’icelle chapelle de Saint-Martin desdits Orges. »

12. Du Boulay, dans son volume cité, p. 336, s’explique avec plus de détails sur les causes qui amenèrent cette résolution de l’Université : « Les procez continuels qu’elle avoit tantost contre les moines, tantost contre les particuliers qui remplissoient d’immondices une partie du petit Pré, et la peine qu’elle avoit aussi, outre la depense continuelle où elle se trouvoit engagée, pour faire oster le gravois et autres choses que l’on y dechargeoit nuitamment, luy ayant fait prendre resolution, en l’an 1537 et 1538, de bailler ledit petit Pré à cens et rente, au lieu de le faire entourer de fossés et de murailles, ce qui eust encore cousté beaucoup, elle fit faire les publications et solennitez en tel cas requises… » Plus haut il avoit dit (p. 148) : « Cette terre étant ainsi exposée au pillage de toutes parts, elle prit resolution, vers l’an 1538, de vendre du moins le petit Pré, comme le plus exposé à l’usurpation et à la decharge des gravois et immondices du faubourg et de la ville. »

13. Huit jours après la signature de ce nouveau bail, le recteur élevoit déjà une plainte contre le Clerc pour divers griefs : 1º parcequ’il ne se trouvoit aucune minute du contrat passé avec lui en 1540 ; 2º parcequ’il n’avoit encore rien payé ; 3º parcequ’il n’avoit pas encore commencé à bâtir, ainsi qu’il s’y étoit obligé. — Le Clerc se défendit de son mieux et donna sans doute de bonnes raisons, puisque, malgré les plaintes du recteur, l’assemblée ordonna « que le second contrat confirmatif du premier seroit exécuté. » Si Le Clerc n’avoit pas bâti depuis 1540, c’est qu’il avoit trouvé des obstacles de la part de M. Claude Barbier, de la part surtout du cardinal de Tournon, qui, comme il l’allégua dans sa réponse aux plaintes du recteur, qui eum ædificare impeduit. « Afin de se mettre en garde à l’avenir contre de pareils empêchements, afin surtout de se prémunir contre ceux que pouvoient lui susciter les moines de Saint-Germain, « il representa, dit du Boulay, qui s’en étonne, que pour la sûreté de son contract il etoit à propos de le faire confirmer par le pape ou par des commissaires à ce deleguez. » L’Université prétendit que le pape n’avoit là rien à voir ; mais Le Clerc, qui tenoit toujours à une sanction ecclésiastique, « ne laissa pas de presenter son contract aux grands vicaires de l’evesque de Paris. » Le 4 octobre suivant il avoit obtenu l’homologation et la ratification qu’il demandoit. V. du Boulay, p. 157–159.

14. Ramus, qui avoit certainement figuré parmi les mécontents dont il vient d’être parlé, ne dut pas être encore satisfait de l’abandon que Le Clerc consent ici. Ses prétentions, toujours fort intéressées, comme on va le voir, alloient plus loin : « Le petit Pré, dit-il dans sa Harangue de 1557 (fol. 9), est tout construict et basty de beaucoup de belles maisons que ce seroit grand dommage d’abattre ; pourquoy l’Université requiert que le revenu de chasque année de ces edifices, qui sont tenuz par quelques particuliers, s’employe aux gages des lecteurs des quatre facultez, de théologie, de droict, de médecine et des arts liberaux. » Or, Ramus étoit un de ces lecteurs royaux. — En faisant et surtout en confirmant par l’acte de 1562 l’abandon mentionné ici, Le Clerc cédoit non seulement aux murmures d’une partie des maîtres et des écoliers, mais aussi à leurs violences. À plusieurs reprises, et principalement en 1548, le Pré avoit été envahi par ceux des écoles, qui avoient toujours été contraires à l’aliénation du terrain et aux constructions qui menaçoient de couvrir tout le champ de leurs promenades et de leurs jeux. « En juillet 1548, dit du Boulay (p. 166), ils s’avisèrent de desmolir quelques maisons, tant de celles qui estoient desjà basties que de celles qu’on bastissoit, et mesme mirent le feu à quelques unes. » V. aussi Du Breul, p. 294. On comprend alors que Le Clerc eût certain empressement à se défaire de terrains dont la possession étoit aussi périlleuse. En 1552, les écoliers firent pis encore, et c’est ce qui dut engager Le Clerc à renouveler sa demande de rétrocession, et l’Université à n’y pas être contraire. Profitant de ce qu’après la retraite de Charpentier, le 14 mars 1555, l’Université se trouvoit sans recteur, et étant d’ailleurs excités par Pierre Ramus et par Pierre Galland, celui-là, comme huguenot, les animant surtout contre les religieux de Saint-Germain et leurs continuels empiétements, celui-ci les lançant de préférence contre les habitations dont on encombroit le Pré, tous les mutins des écoles vinrent s’en prendre à la fois aux moines de Saint-Germain et aux propriétaires des maisons du grand et du petit Pré-aux-Clercs. Cette sorte d’invasion se trouve décrite avec tous ses ravages par Félibien (t. 2, p. 1025) et par du Boulay (p. 167). J. Du Bellay l’a aussi racontée dans ce passage de sa Satyre de Maistre Pierre du Cuignet sur la petromachie de l’Université de Paris, déjà citée par M. Ch. Vaddington dans son excellente Vie de Ramus :

Venez tous esteindre le feu
Que ces Pierres ont excité
Parmi nostre Université,
Qui, n’estant d’un recteur guidée,
Semble une jument desbridée,
Ou une barque vagabonde
Laissée à la merci de l’onde.
Le Pré-aux-Clercs en est temoing
Où il n’y a si petit coing
De muraille qu’à coup de pierre
On ne fasse broncher par terre,
Lapidant les champs fructueux
Elles beaux logis somptueux,
Ausquels la pierreuse tempeste
Gresle sans fin dessus la teste.

La grande affaire de l’Université, c’étoit de s’opposer aux usurpations des moines de Saint-Germain ; mais pour cela il ne lui falloit pas moins que l’accord et l’appui de tous ses membres. Afin de se les rallier, elle leur fit une concession : elle souscrivit à la demande de Le Clerc, reprit ses terrains ; et, quoique Ramus fût, au sujet des maisons déjà construites et louées, de l’avis émis plus haut, elle n’hésita pas à décider qu’on en feroit table rase. « L’Université, dit du Boulay (p. 167), se trouva fort embarrassée dans cette conjoncture d’affaires, et se vit obligée de defaire ce qu’elle avoit fait, c’est-à-dire de consentir la demolition des maisons qu’elle avoit stipulé de faire bastir par le contract faict avec Le Clerc, afin de reunir par ce moyen tous les esprits à combattre contre les ennemis communs. »

15. On l’avoit d’abord appelée le chemin aux clercs ; puis le voisinage d’un colombier dépendant de l’abbaye lui avoit fait donner le nom qu’elle porte ici. (V. Sauval, t. 1, p. 127 ; Jaillot, Quartier Saint-Germain, p. 16.) Elle alloit de la rue de Seine à celle des Petits-Augustins. « C’est maintenant, dit M. J. Pichon, une portion de la rue Jacob, par suite de cette manie qu’ont messieurs de la préfecture de changer tous les noms des rues, souvent aux dépens du bon sens et toujours à ceux de l’histoire. » (Notices biographiques et littéraires sur la vie et les ouvrages de Jean Vauquelin de la Fresnaye et Nicolas Vauquelin des Yveteaux… Paris, 1846, in-8, p. 41, note.) Nous aurons plus loin à citer souvent cette curieuse brochure.

16. Dans le volume de du Boulay, la transaction de Le Clerc avec Carré est seule mentionnée (p. 163). Il n’y est point parlé des contrats qui suivirent et qui sont analysés ici. De même pour les autres maisons. Du Boulay se contente de relater en peu de mots les actes conclus entre Le Clerc et les premiers cessionnaires.

17. Il seroit curieux d’avoir la minute de ce contrat et de voir si François Desprez y a signé. Selon les exigences singulières de son emploi de relieur à la chambre des comptes, il n’auroit pas dû pouvoir le faire. On sait, en effet, d’après Pasquier (Recherches de la France, liv. 2, chap. 5), et d’après un document inédit publié par M. L. Lalanne dans ses Curiosités bibliographiques, p. 309, que, suivant une mesure prise en 1492, lors de la réception de Guillaume Oger, le « relieur de la dite chambre devoit affirmer qu’il ne savoit lire ne escrire. » Et cela, dit Pasquier, « afin qu’il ne descouvrist les secrets des comptes. »

18. Elle étoit sans doute fille ou sœur du libraire Jean Longis, dont la Caille a parlé dans son Histoire de l’imprimerie et de la librairie (in-4, p. 97), sous la date de 1528 à 1541, et qui, d’après un acte que cite du Boulay (p. 398), possédoit lui-même dans ces environs « un quartier six perches de terre, pris en une pièce assise près le petit Pré-aux-Clercs, tenant d’une part à la grande rue allant de l’Abbaye, pardessus les fossez, à la rivière de Seine, et d’autre part audit petit Pré. »

19. Il est à remarquer que derrière cette maison il y a un petit bassement construit sur 5 toises de terre en quarré, que le dit Carré vendit à Louis Lemaignan, par contrat du 2 novembre 1543, que le dit Lemaignan vendit depuis à M. Charlet, auditeur des comptes, et qui furent par luy depuis vendues, le 24 janvier 1564, à Helie de la Faye, duquel M. Jean Petit, procureur, les acquit conjointement avec une maison sise rue de Seine, par contract du       août 1573. Elles sont chargées d’un denier de cens… » (Note de l’auteur.)

20. Il comptoit parmi les plus fameux du Parlement. « Avant que le marchand y entrast, est-il dit dans l’Anti-Caquet de l’accouchée, il y avoit trop de gravité. On ne pouvoit, au temps passé, approcher ses conseillers, Saint-Valerien, la Roche-Tomas, Vignolle, Ruelle, Regnard, Feu, et un tas d’autres des parlements et chambre des comptes, dont la race est noble jusques à la quatrième generation. » (Les Caquets de l’accouchée, notre édit., p. 254.) Il fut l’un de ceux que les seize proscrivirent au mois d’avril 1591. (L’Estoille, édit. Michaud, p. 47.)

21. C’est le même que nous avons rencontré dans le Caquet de l’accouchée. Il étoit alors devenu président et jouoit un grand rôle. V. notre édition, p. 27, note.

22. Comme celle des brodeurs, dont il sera parlé plus loin, la confrérie des doreurs sur métaux étoit de création récente. Elle ne devoit même être tout à fait constituée que par règlement de Charles IX, en 1573. Chose nouvelle, elle prenoit pied dans les quartiers nouveaux, où elle n’avoit pas à craindre le contact hostile des communautés plus anciennes. Il paroît qu’elle fut nombreuse dans ces parages, car elle avoit choisi pour paroisse l’église voisine des Grands-Augustins. V. Mélanges d’une grande bibliothèque, ch. 5, p. 68, et Guide du corps des marchands, 1766, in-8, p. 232.

23. Cette maison a son entrée par la rue des Marais, derrière celle qui appartient aujourd’huy à M. Thuault, procureur en la Cour. (Note de l’auteur.)

24. Les notaires ne s’appeloient pas autrement entre eux. Celui des Femmes savantes (act. v, sc. 3), refusant d’introduire dans son acte les termes pédantesques que désire Philaminte, lui dit :

… Si j’allois, madame, accorder vos demandes,
Je me ferois siffler de tous mes compagnons.

25. Peut-être est-ce le père de Jacques Lemercier, né en 1590, et qui construisit la Sorbonne, le palais Cardinal, l’Oratoire et Saint-Roch.

26. La Croix du Maine, dans sa Bibliothèque françoise (1584, in-fol., p. 175), explique ainsi comment il ne faut pas voir ici autre chose qu’un surnom donné au célèbre architecte : « Jaques Androuet, Parisien, surnommé du Cerceau, qui est à dire cercle, lequel nom il a retenu pour avoir un cerceau ou cercle pendu à sa maison, pour la remarquer et y servir d’enseigne (ce que je dis en passant, pour ceux qui ignoreroyent la cause de ce surnom). »

27. Ce passage nous a fort embarrassé. Baptiste du Cerceau, qualifié ici architecte du roi, est celui que l’Estoille appelle du Cerceau le jeune, et qui, suivant le même écrivain, donna le plan et dirigea les premières constructions du Pont-Neuf. Lorsque après sa mort, dont nous trouvons pour la première fois ici une date approximative, sa veuve, Marguerite Raguidier, vendit sa maison du Pré-aux-Clercs, quel est le Jacques Androuet qui l’acheta ? Est-ce un frère du défunt, qui seroit resté inconnu jusqu’ici, ou bien est-ce le père même de Baptiste, le célèbre architecte protestant ? Cette dernière opinion est la plus probable, d’autant plus qu’elle s’accorde jusqu’à un certain point avec ce que l’Estoille a dit de la maison possédée par Androuet le père dans le Pré-aux-Clercs. Voici ce qu’il écrit à la date du mois de décembre 1585 : « André (Androuet) du Cerceau, architecte du roy, homme excellent et singulier en son art… aima mieux enfin quitter et l’amitié du roy et ses biens que de retourner à la messe. Et, après avoir laissé là sa maison qu’il avoit nouvellement bastie avec un grand artifice et plaisir au commencement du Pré-aux-Clercs, et qui fut toute ruinée sur lui, prist congé de Sa Majesté, la suppliant ne trouver mauvais qu’il demeurast aussi fidèle au service de Dieu, qui estoit son grand maistre, comme il avoit toujours esté au sien, en quoi il persevereroit jusqu’à la fin de sa vie. » Jacques du Cerceau fut donc propriétaire d’une maison au commencement du Pré-aux-Clercs. L’Estoille et notre Memoire sont d’accord sur ce point. En décembre 1585 il la quitte, toujours d’après l’Estoile. Or c’est ici qu’il se trouve en contradiction avec notre Memoire, d’après lequel la maison acquise par Baptiste en 1584 n’auroit été cédée par sa veuve à Jacques du Cerceau qu’en mars 1602. N’y auroit-il pas, dans le Memoire de Pourchot, une erreur dans la manière dont les noms sont placés, et ne pourroit-on pas tout concilier en substituant l’un à l’autre, en faisant de Jacques le premier propriétaire et de Baptiste le second acquéreur, chose d’autant plus rationnelle que Jacques est le père et Baptiste le fils ? L’auteur des Architectes françois du XVIe siècle, M. Callet, avoit eu en main un manuscrit « échappé de l’incendie de la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés », et concernant, d’après ce qu’il en dit, les titres de propriété de la maison de du Cerceau ; il s’y trouvoit même annexé une vue et un plan de cette belle demeure, qu’il reproduisit l’un et l’autre dans son ouvrage (2e édit., p. 95). Les détails trop succincts que donne M. Callet, et qu’il lui eût été si facile de rendre complets avec les pièces alors à sa disposition, confirment à peu près ce que nous venons d’avancer. Suivant lui, Jacques du Cerceau eût laissé deux fois sa maison à son fils Baptiste : la première en 1585, lors de son exil volontaire, rappelé par l’Estoille ; la seconde lorsqu’il partit pour Turin, où, toujours d’après M. Callet, il seroit mort en 1592. Resteroit à savoir comment il se fit que, cette dernière date étant admise et notre hypothèse maintenue, la maison ne passa aux mains de son nouveau propriétaire qu’en 1602, et pourquoi la transmission si directe du père au fils n’eut pas lieu, et pourquoi enfin c’est la veuve qui fut investie du droit d’aliéner la maison. Ces questions sont encore plus inextricables pour nous que les autres. — Le médecin des Fougerais, qui, comme mari de la fille de du Cerceau, se trouva propriétaire de cette maison, n’est autre que celui dont Molière s’est moqué dans l’Amour médecin, sous le nom de Desfonandrès, tueur d’hommes. V. Cizeron-Rival, p. 25.

28. Louis de Champlais, qui devint marquis par suite de l’érection de la baronnie de Courcelles en marquisat (1667). Son fils devint le mari de cette fameuse marquise de Courcelles dont M. P. Pougin a publié avec tant de soin les Mémoires dans la Bibliothèque elzevirienne.

29. On trouve la première mention de cette rue en 1540, selon La Tynna, en 1543, selon M. Berty (Rev. archéolog., octobre 1855, p. 391). La Tynna veut qu’elle doive son nom aux marais qui l’infectoient, et M. Berty, au contraire, lui donne pour parrain un certain Nicolas Marets, « qui, en 1529, possédoit une pièce de terre d’un arpent et demi et quinze perches, s’étendant le long du chemin creux, entre le petit Pré-aux-Clercs et la Seine. » L’opinion de La Tynna est la meilleure. Elle se trouve confirmée par ce passage du mémoire de du Boullay, p. 68 : « Le costé de la rivière, y est-il dit, n’etoit pas haut comme il l’est à present, et ainsi beaucoup plus sujet aux inondations, pour si peu que la rivière fut grosse ; et, parce que l’on y portoit et deschargeoit la plupart des gravois et immondices de la ville, il s’y faisoit des bourbiers et des marecages qui ne se dessechoient que dans les grandes chaleurs, et c’est assurement de là que la rue des Marais porte le nom qu’elle porte. »

30. Ce Martin, et non pas Mathurin Fretté, eut une grande part, en 1559, aux premières mesures prises contre les Huguenots, en raison même de la position de sa maison, qui le faisoit le voisin d’un grand nombre d’entre eux : car ils affluoient, comme on sait, dans le Faubourg-Saint-Germain, et surtout dans cette rue des Marais, « que nous autres, dit d’Aubigné, appelons le Petit-Genève ». (Le baron de Fæneste, liv. 3, chap. 13.) — Fretté étoit donc en lieu commode pour les bien épier, et sa qualité de clerc au greffe criminel de la cour du parlement ne répugnoit pas à cet emploi. Regnier de la Planche (Hist. de l’estat de France, etc., in-8, t. 1, p. 51) le donne même pour « caut et rusé en ces matières, s’il en fut oncques. Aussi, dit-il, estoit-il dressé de la main du feu president Lizet, en sorte que, quand on ne pouvoit tirer tesmoignage et confession suffisante des accusez de ce crime (de religion), on mettoit ce fin Freté aux cachots avec eux, lequel savoit si bien contrefaire l’Evangeliste que le plus subtil avisé tomboit dans ses filets. » Ce qu’on cherchoit surtout, c’étoit à surprendre quelques uns des Huguenots « mangeant de la chair aux jours defendus ». On savoit qu’en cette même rue des Marais un nommé Le Visconte, dont nous n’avons pu retrouver la maison, « retiroit coustumierement pour cela les allans et venans de la religion ». Ses voisins, et Fretté tout le premier, l’avoient dénoncé. C’est donc chez les accusateurs, et nommément chez notre clerc du greffe, qu’on résolut « de dresser des embûches un jour de vendredy… Freté, dit Regnier de la Planche, alleché de la depouille de ses voisins pour les avoir de longtemps remarquez, retire chez soy quarante ou cinquante sergentz en sa part, qui estoyent entrés à la file. Et sur les onze heures estans arrivés Thomas Bragelonne, surnommé le Camus, conseiller au Chatelet…, avec deux ou trois commissaires des plus envenimez contre cette doctrine, la maison du Viconte fut incontinent environnée et rudement assaillie. » La lutte fut longue ; « Bragelonne et ses commissaires furent en grand danger d’estre tuez. » Si bien que ceux qu’on vouloit prendre « eurent loisir de se sauver, et les autres de la religion des maisons prochaines eurent aussi temps de se retirer, quittant leurs maisons à la merci des juges et sergens, qui y trouvèrent richesses d’or et d’argent monnoyé, principalement chez ce Viconte, où ses hostes avoient laissé leur argent en garde. » La Planche cite parmi ceux de cette rue qui avoient aussi quitté la place un gentilhomme nommé La Fredonnière.

31. Cette petite portion de terre cédée par Le Clerc à Baujouen étoit une de celles sur lesquelles on n’avoit pas construit, « à cause, dit du Boullay, p. 260, que l’on apprehendoit les desordres et insultes des escoliers. » Les mêmes craintes étoient préjudiciables aux maisons bâties. « Et ceux mesmes, dit encore du Boullay, qui y avoient des maisons ne trouvoient pas bien souvent à qui les louer, et ainsi l’Université ne pouvoit estre payée de ces cens et rentes. »

32. Françoise Marguerite Joncoux, fille du gentilhomme auvergnat qui vient d’être nommé, et de qui elle tenoit la maison de la rue des Marais désignée ici, s’est distinguée parmi les écrivains jansénistes. C’est elle qui a traduit les notes de Wendrock (Nicole) sur les Provinciales. Elle étoit née en 1668, et mourut le 27 septembre 1715.

33. Il avoit pour fille Mlle Marie de Louvencourt, qui eut une sorte de réputation poétique vers 1680. On trouve de ses vers dans la Nouvelle Pandore de M. de Vertron et dans les Entretiens de morale de Mlle de Scudéry.

34. « La reine Marguerite, duchesse de Valois…, traitta avec l’Université, en l’an 1606, pour 6 arpens de terre sciz au petit Pré, à la charge de 12 deniers parisis de cens et de 10 livres de rente foncière pour chaque arpent, lods et ventes, saisines et amendes, le cas avenant, qu’elle reconnoist, par le contract du 31 juillet au dit an, appartenir à la dite Université en plein fief, à cause des dons et liberalitez des roys de France ; lequel contract fut homologué par arrest du 5 septembre 1609… » (Du Boullay, p. 341.)

35. Une première donation aux Augustins déchaussés avoit eu lieu en 1608, par suite d’un vœu fait par la reine, « à l’imitation du patriarche Jacob », lequel consistoit en deux points : « le premier, de donner à Dieu la dîme de tout son bien ; le second, d’édifier un autel…, lequel sera appelé l’autel Jacob, qui sera composé d’une grande eglise pour celebrer le divin service de l’office ordinaire qu’on a accoustumé dire et chanter… » L’église, qui n’étoit d’abord qu’une chapelle ronde, fut construite. V. Suppl. à du Breul, p. 72, et le Plan de Mérian. Le nom de la rue voisine garda le souvenir du vœu singulier fait par la reine au patriarche Jacob. Les pères Mathieu et François Amyot reçurent cette magnifique donation au nom de l’ordre des Augustins déchaussés. La reine avoit fait préalablement accorder par le roi au père Amyot un brevet lui permettant « de recevoir et occuper tous biens,… et bastir convents de son ordre en tous lieux et endroits de son royaume. » (L’Estoille, 16 juin 1607, édit. Michaud, t. 2, p. 429.) — Par malheur, les Augustins déchaussés ne satisfirent pas la reine, qui vouloit des « religieux qui chantassent à nottes ». Elle les congédia en 1612, pour prendre des moines chantant mieux. Ce furent les Augustins réformés, ou Petits-Augustins. Les Augustins deschaux, ou Petits-Pères, s’en allèrent au faubourg Montmartre, où ils consacrèrent, sur un terrain dépendant de la Grange-Batelière, une église à Notre-Dame-des-Victoires. (Suppl. à du Breul, ibid.)

36. Le 15 avril 1614, l’Université avoit déjà obtenu du roi des lettres de rescision annulant le contrat qu’elle avoit fait avec la reine Marguerite. Elle s’étoit fondée, dans cette demande d’annulation, sur ce que les 6 arpents concédés à la reine « pour employer à son plaisir et contentement particulier, et pour le seul usage d’icelle dame et de son hostel », avoient été détournés de cette destination à ce point que « mesme ont esté faits des baux à personnes particulières, lesquelles maintenant y batissent ». (Du Boulay, p. 300.)

37. Cet égout, construit suivant les conditions imposées ici, passoit sous une partie des jardins de des Yveteaux, dont il sera parlé tout à l’heure. V. Félibien, Preuves, t. 2, p. 136. — Il étoit d’autant plus nécessaire de le voûter que la peste, dont ces cloaques étoient un foyer permanent, avoit dernièrement sévi dans ces quartiers. L’Estoille dit, sous la date du 6 septembre 1606 : « La peste est au logis de la reine Marguerite, dont deux ou trois de ses officiers meurent, et entr’autres un miserablement dans une pauvre mazure, près les Frati ignoranti, la fait retirer à Issy, au logis de la Haye, se voiant, à raison de cette maladie, abandonnée de ses officiers et gentilshommes. »

38. Les modes italiennes importées par les Médicis avoient donné une grande extension au commerce des parfums, et l’on avoit pu s’y enrichir à Paris. C’est ce que fit le sieur Devaux, à qui nous voyons acheter ici 300 toises de terrain. Il avoit sa boutique près la Magdeleine, c’est-à-dire à la descente du pont Notre-Dame, non loin de celle où le parfumeur milanois René, qu’on accusoit d’avoir empoisonné Jeanne d’Albret dans une paire de gants parfumés, avoit tenu son commerce. L’Estoille nous parle de Devaux à propos d’un cabinet qu’il eût bien voulu lui vendre. « Homme des plus curieux de Paris, il avoit, dit-il, le bruict d’être fort riche et aisé. » (Mardi, 7 octobre, 1608. Édit. Michaud, t. 2, p. 476.)

39. C’est le troisième brodeur que nous rencontrons dans ce quartier. Félibien nous en nomme encore un autre (Preuves, t. 2, p. 136). Il sembleroit par là que cette corporation, alors nouvelle, puisque ses statuts ne datent que de 1648, y comptoit, comme celle des doreurs (V. plus haut), un assez grand nombre de ses membres. Ce qui l’indiqueroit encore mieux, c’est qu’elle avoit pris pour paroisse l’église voisine des Grands-Augustins. (Le Guide du corps des marchands, 1766, in-8, p. 180.) Un peu plus tard il s’en porta un certain nombre vers la rue de Sèvres, dans la nouvelle rue de Sèvres, qui, à cause d’eux, prit, en 1676, le nom de rue des Brodeurs.

40. Peintre artisan, sans doute, car nous ne connoissons pas d’artiste de ce nom.

41. Les frères de la congrégation de Jean de Dieu, ou de la Charité, s’étoient d’abord établis, par la protection de Marie de Médicis, qui en avoit fait venir cinq de Florence, sur l’emplacement pris un peu plus tard par les Augustins réformés. C’est lors de la grande fondation religieuse de la reine Marguerite, et à la prière même de cette princesse, qu’ils avoient dû leur céder la place. Les Augustins, en échange, leur accordèrent les 1275 toises de terrain mentionnées ici, et que les bâtiments de l’hôpital de la Charité occupent aujourd’hui. Auprès se trouvoit un cimetière, qui leur fut aussi donné. Il attenoit à la léproserie où l’on portoit les malades de ce faubourg en temps de peste, et dont la petite chapelle, nommée Saint-Pierre ou Saint Père de la Maladrerie, cédée de même aux frères de la Charité, devint leur première église. Quand la population huguenote avoit commencé de s’étendre dans le Pré-aux-Clercs, le cimetière lui avoit été abandonné. Au mois de mai 1603 on y enterroit encore des protestants, puisque nous y voyons porter le 21 de ce mois là le corps du trésorier Arnauld, commis de M. de Rosny. V. L’Estoille. L’année d’après, par arrêt du Conseil, ces inhumations durent cesser, et en 1606 le cimetière, étant donné aux frères de la Charité, fut ainsi rendu aux sépultures catholiques. Il occupoit, dans la rue aux Vaches ou de Saint-Père, appelée des Saints-Pères par altération, l’espace qui s’étend depuis la rue Saint-Dominique jusqu’un peu au delà de la rue Saint-Guillaume. Au mois de juin 1844, faisant un égoût rue des Saints-Pères, les ouvriers trouvèrent à cette hauteur un grand nombre d’ossements dans des cercueils de plâtre.

42. Nous n’avons trouvé nulle part, même dans le Mémoire de du Boulay, une explication plus complète et une analyse plus détaillée des titres de propriété de cette belle maison de des Yveteaux, si célèbre au temps de Louis XIII, aussi bien à cause de l’étendue et de la beauté de ses jardins qu’en raison de la vie extravagante qu’y menoit le vieux poète courtisan.

43. Ce M. Germain Gouffé s’étoit chargé, au mois de janvier 1593, « de faire desseicher, labourer et mettre en bonne nature de terre… la quantité de douze arpents, à prendre au grand et petit Pré-aux-Clercs… », plus une pièce du même petit Pré « joignant la maison Du Cerceau… » Deux laboureurs : Menessier, demeurant rue de la Harpe, Allan, demeurant aux Bordeliers, avoient pris cette tâche « moyennant quatre escus sols par an ».

44. D’après ce qu’il écrivit lui-même en 1645, lors de son procès avec son frère, dans un factum analysé par M. J. Pichon, des Yveteaux avoit acquis cette maison de la rue des Marais, « par décret, 17,000 livres, huit ans avant la mort de son père, c’est-à-dire en 1599, sur le prix de la charge qu’il avoit été obligé de vendre… » (J. Pichon, Notices biographiques et littéraires sur la vie et les ouvrages de Jean Vauquelin de la Fresnaye et Nicolas Vauquelin des Yveteaux, 1846, in-8, p. 40.) Selon du Boulay, au contraire (p. 312), il ne l’auroit acquise qu’en 1607, au mois de mars, en se reconnoissant débiteur envers les moines de Saint-Germain d’une rente annuelle de six livres, dont cette maison, seule de toutes celles de la rue des Marais, étoit restée chargée. Du Boulay pense aussi (p. 395) qu’elle avoit été bâtie à l’endroit où se trouvoit cette place d’Ancelyre, située entre la chapelle de Saint-Martin-des-Orges et les jardins de Nesle, et servant de passage aux écoliers qui se rendoient au Pré-aux-Clercs (p. 87–88). Enfin il y retrouve encore (p. 312) la maison de Martin Freté, dont il a été parlé plus haut à propos des premières mesures prises contre les huguenots de la petite Genève. Telle qu’elle étoit quand il l’acheta, elle ne lui eût pas fait grand honneur ; aussi se mit-il à l’embellir et à augmenter ses jardins dans les vastes proportions dont on vient de parler. « En ce temps-là, dit Tallemant, il n’y avoit rien de bâti au delà dans le faubourg Saint-Germain. On l’appeloit pour cela le dernier des hommes. Cette maison, ajoute-t-il, a l’honneur d’être aussi extrava­gamment prise que maison de France. Le grand jardin qu’il y joignit, et auquel on va par une voûte sous terre, est à peu près de mesme. Il s’y mit à faire là dedans une vie voluptueuse, mais cachée : c’éstoit comme une espèce de grand seigneur dans son serrail. » (Édit. P. Paris, t. 1er, p. 345.) Il est parlé dans les Mélanges de Vigneul-Marville (t. 1er, p. 177) des beautés de ce jardin, et surtout des mascarades pastorales et lyriques qu’il y menoit avec la du Puy, cette chanteuse des rues dont il avoit fait la dame et la déesse de cette belle demeure. Il en est aussi question dans le Segraisiana (p. 103) et dans le Chevræana (p. 290), où il est dit à propos de des Yveteaux et de sa bergère, « qui jouoit de la harpe parfaitement bien » : « À l’âge de soixante et dix ans, il lui faisoit prendre une houlette garnie de rubans couleur de feu, un habit propre ; prenoit à son tour une autre houlette, un chapeau de paille, un habit tel que Celadon le pouvoit porter dans l’Astrée ; et, par une allée sous terre, ils entroient dans un jardin qui etoit à lui. » Dans le grand procès que lui suscita le meurtre de Lezinière, frère de la du Puy, tué dans son jardin même en des circonstances qui seront expliquées sommairement plus loin, des Yveteaux eut à subir toutes sortes de reproches au sujet de sa vie voluptueuse et cachée. Dans le Factum pour madame Catherine Couldray, veuve de Lezinière, on dit que sa maison est « un dédale embarrassé », tout rempli de valets, « et dont l’entrée est si difficile que tous ceux qui y ont esté savent que les portes de la Bastille ne sont pas plus etroittement gardées. » (Page 13.) « Le sieur des Yveteaux, y est-il dit plus loin (p. 36–37), ne se soucie point que l’on publie sa vie molle et delicate. Quand il est dedans son jardin habillé en pasteur avec sa belle Iris, la reine de la harpe, et que, pour le divertissement de sa debauche, il fait porter un jambon à la mesme forme que le pain benist à l’eglise, comme il se void par la description qu’il en a fait faire par le sieur de Saint-Amant, il ne voit pas qu’il y ait d’autres divinités que celles de la poésie, ny d’autre ciel que la demeure de son jardin, où il establit le sejour de toutes ses voluptez et de tous ses crimes. » On lui reproche encore d’être resté là caché trente-cinq ans à mener une vie horrible. (Réplique de la veuve de Lezinière, p. 5.) Enfin on ne lui pardonne même pas les dieux de plâtre dont son jardin étoit orné. On lui dit, dans une satire en strophes ayant pour titre les Bastons rompus, et mise à la suite de ce dernier factum :

La Bible te semble une farce ;
Par tes discours et tes escrits
De Dieu tu fais toujours mespris,
Et n’en connois point que ta garce.
Ton jardin, à ce que tu dis,
Est ton unique paradis ;
C’est là que tu fais l’idolastre
D’un Mercure, d’une Venus,
Et d’autres marmousets de plastre
Que l’Eglise n’a point connus.

La voûte faisant communiquer entre eux le petit et le grand jardin passoit, comme il est dit ici, et comme l’avoit deviné M. Paulin Paris, sous la rue des Petits-Augustins, et non pas sous celle des Marais, ainsi que l’a écrit M. J. Pichon (p. 41). Les 1732 toises du grand jardin ne pouvoient, en effet, se trouver que dans les terrains vagues s’étendant au delà de la rue des Petits-Augustins, entre cette rue, la rue Jacob et l’enclos du couvent, jusque vers la rue des Saints-Pères. Il eût d’ailleurs été impossible que, comme le veut M. Pichon, des Yveteaux possédât l’espace compris entre la rue des Marais et celle du Colombier, puisqu’il étoit occupé par le terrain de G. Gouffé (voy. plus haut) et la maison de du Cerceau. La maison du poète, son petit jardin, la basse-cour avec les bâtiments en dépendant, où se trouvoit cette riche collection de tableaux que le propriétaire estimoit autant que tout le reste (voy. M. Pichon, p. 42), toute cette partie de la propriété de des Yveteaux, reliée au reste par la voûte souterraine, s’étendoit entre la rue des Marais, du côté des numéros pairs, et l’hôtel de Larochefoucauld-Liancourt, dont la rue des Beaux-Arts a, comme on sait, pris la place. Il paroît même, selon Tallemant, que Mme de Liancourt, voulant s’agrandir de ce côté, offrit à des Yveteaux 200,000 livres de sa maison et de ses deux jardins. Le plus grand des deux, celui qui étoit au delà de la rue des Petits-Augustins, avoit une petite porte sur la rue Jacob. C’est sur le seuil de cette porte que le mari de la du Puy vint se placer un soir, poussant de grands cris pour attirer l’attention et exciter la pitié de des Yveteaux, ce qui lui réussit : car il ne fallut que ce manége pour ouvrir la maison à ce couple d’intrigants, qui y fut bientôt maître. En 1636, à cause de cette même porte de derrière, nous trouvons des Yveteaux forcé de contribuer, ainsi qu’un boulanger son voisin, pour le pavage de la rue Jacob. (Félibien, Preuves, t. 2, p. 135.)

45. Des Yveteaux avoit d’abord vendu la nue propriété de sa maison à Hercule, son neveu, nommé ici, et le même dont Tallemant a dit : « Ce monsieur le maistre des requestes pretendoit estre seul heritier du bonhomme, car il y avoit assez à esperer ». Malgré cette vente, qui n’étoit sans doute faite que fictivement, et pour satisfaire en apparence à l’avidité du neveu, des Yveteaux crut pouvoir céder aux obsessions de la du Puy quand il fut question de marier la fille qu’ils avoient eue ensemble avec Nicolas Vauquelin de Sacy, un autre de ses neveux. Il leur donna, par leur contrat de mariage, ce qu’il avoit déjà vendu à Hercule : de là de grandes querelles, de là même des rixes continuelles, dont la dernière finit par un assassinat. Des Yveteaux s’explique ainsi sur les suites de cette funeste donation dans le factum qu’il fut obligé de publier pour se justifier du crime commis chez lui : « Pour rachepter le repos de sa vieillesse, il fut, lui des Yveteaux, contraint de forcer le dit sieur de Sacy, son second neveu, de se priver des conditions de son dit mariage, et de faire une transaction par laquelle il s’est desisté de la donation, quoi qu’acceptée, insinuée et faicte par un contrat de mariage qui l’a engagé dans des malheurs infinis,… en ce que le dit neveu (Hercule) ayant eu quelque ombrage que cette transaction ne pouvoit subsister, comme faicte avec mineure, et contre la solidité d’un contrat de mariage, il auroit supposé quantité de gens de neant, aban­donnez et desesperez, pour provoquer ledit sieur de Sacy, son cousin germain, en duel, et autre occasion d’assassin, l’un des quels, nommé Lezinière, a esté celuy qui en a voulu faire l’execution, d’où s’en est ensuivy la mort qui cause l’etat du procès. » Ce Lezinière, en effet, qui étoit frère de la du Puy, au lieu de faire cause commune avec elle, s’étoit fait, dans cette affaire, le spadassin d’Hercule. Non content d’une première querelle dans laquelle il avoit blessé Sacy, il vint un soir faire tapage chez des Yveteaux. La du Puy voulut le calmer. Sacy, qui rentroit, se mit de la partie. Il en résulta une rixe violente dans laquelle Lezinière, renversé, fut percé de coups d’épée par le valet de son adversaire, et mourut. Il est inutile d’entrer dans les détails du procès qui suivit ; il ne nous importe que pour ce qui a rapport à la maison. Or, c’est Tallemant qui nous renseigne le mieux sur ce point. « Pour finir, dit-il, tous ces differends, on fit une transaction par laquelle, moyennant 80,000 livres, Sacy et sa femme renonçoient à la maison. Ils s’en sont fait relever depuis. » Il paroît cependant que la transaction passée entre des Yveteaux et Hercule fut bonne et valable en partie, puisqu’elle est rappelée ici avec sa date du 27 décembre 1644. Tout le grand jardin étoit sans doute resté le partage de Sacy, tandis que la maison et le petit jardin étoient celui d’Hercule. C’est comme propriétaire de cette partie qu’il devoit être tenu de payer le cens grevant la totalité des terrains. Un factum, sous forme d’une lettre de M. le président de la Fresnaye (le père d’Hercule) à M. des Yveteaux, son frère, nous prouve qu’en effet la maison avoit été achetée et payée par le maître des requêtes, et que le reste, le grand jardin sans doute, étoit aux mains de Sacy et de la fille de la du Puy, sa femme. « En traitant avec vous, y est-il dit, de la propriété de votre maison, dont vous vous réservez l’usufruit, il vous a payé comptant 81,000 livres et s’est obligé d’ailleurs à 42,000 livres. Ceux qui ont volé la plus grande partie de votre bien ne sont pas satisfaits s’ils n’ont le reste. Pour y parvenir, ils veulent avoir cette maison que vous avez vendue, et l’argent que mon fils a payé. » Ce qui prouve que les 123,000 livres données ici par Hercule devoient suffire à peine pour payer la maison et les meubles, sans compter le grand jardin, c’est que nous avons vu tout à l’heure madame de Liancourt offrir pour le tout 200,000 francs, somme qui même étoit encore insuffisante, puisque, d’après le factum de des Yveteaux (page 9), d’autres estimoient « cette belle maison du prix de 100,000 escus. » Pour en finir, nous dirons, d’après Tallemant (édit. P. Paris, t. 1, p. 346), que Richelieu fut de ceux à qui cette maison fit envie. « Il eut quelque pensée d’y bâtir, mais il trouva que cela estoit trop loin du Louvre…, parce qu’il falloit gagner le Pont-Neuf pour s’y rendre. »

46. C’est sans doute le Domanchin dont parle Sandras de Courtilz dans les Mémoires du comte de Rochefort, p. 341, et dont le nom est cité dans la longue pièce monorime l’Epitaphe du bibliothécaire (le Conservateur, avril 1758, p. 110). Sandras le donne pour « un fameux usurier qui avoit volé pour le moins cinquante mille écus à un gentilhomme nommé Méré. » Le prénom tout israélite de Salomon, qui lui est donné ici, ne répugne ni à la qualité, ni au méfait.

47. Nous ne savons quel est ce monsieur Gilles de Launay, historiographe de France en 1676.

48. Les hôtels garnis furent toujours très nombreux dans ce quartier. Celui qu’on nomme ici et l’hôtel de l’Aigle, qui vient après, ne s’y trouvent plus toutefois. C’étoit encore, à la fin du XVIIe siècle, une mode pour les étrangers de venir loger au faubourg Saint-Germain. Nous lisons dans les Annales de la cour et de Paris pour 1697 et 1698, t. 2, p. 135 : « Depuis que la paix étoit faite, il y avoit un si grand abord d’étrangers à Paris que l’on en comptoit quinze ou seize mille dans le faubourg Saint-Germain seulement. Cette affluence y fit tellement renchérir les maisons que celles qui s’y louoient pendant la guerre mille ou douze cents francs y valoient alors cinq cents escus. Le nombre de ces étrangers s’accrut alors bientôt de plus de la moitié, de sorte que, par la supputation qui en fut faite peu de temps après, c’est-à-dire au commencement de l’année suivante, on trouva qu’il y en avoit plus de trente-six mille dans ce seul faubourg. » — Dulaure, dans sa Nouvelle description des curiosités de Paris, 1785, in-12, t. 1, p. 327, cite, dans la seule rue Jacob, trois hôtels parmi les plus excellents de Paris : l’hôtel de Danemarck, l’hôtel d’Yorck, l’hôtel du Prince de Galles. Ce dernier, comme nous le voyons sur le plan de Maire, étoit très vaste : ses jardins alloient jusqu’à la rue des Marais. Le maître de l’hôtel d’Yorck parloit anglais, et il y avoit tout proche un café où l’on étoit servi à l’angloise. Toutes ces commodités furent sans doute cause que Sterne se logea dans cette même rue quand il vint à Paris. L’hôtel de Modène, où il descendit, s’y trouvoit, en face de la rue des Deux-Anges. V. Paulin Crassous, le Voyage sentimental, traduit en françois, Paris, 1801, pet. in-18, t. 3, p. 146. — La rue des Deux-Anges devoit peut-être elle-même son nom à une hôtellerie. Il s’en trouvoit déjà une portant cette enseigne sur le quai du Louvre. V. les Mém. de Monglat, collect. Petitot, 2e série, t. 51, p. 268.

49. Il descendoit de Louis de Lasseré, proviseur du collége de Navarre, dont le portrait se voyoit sur les vitraux de la chapelle de ce collége. Celui qui est nommé ici, fort savant homme et du meilleur monde, mourut au Temple en 1754, à quatre-vingt-quatre ans. V. Piganiol, t. 5, p. 188–190.

50. C’est le de la Haye chez lequel nous avons vu la reine Marguerite chercher un asile à Issy contre la peste. V. plus haut, p. 134, note. — Les seigneurs de Vaudetart avoient leur sépulture dans l’église d’Issy. (Piganiol, t. 9, p. 256.)

51. Ce la Chevalerie, qui a tant de fois été nommé comme mandataire de des Yveteaux, étoit d’une famille huguenote, qui passa en Prusse vers la fin du XVIIe siècle, et de laquelle se trouvoit être Mme de la Chevalerie morte à Berlin en 1736. (Ducatiana, t. 1, p. 56.) — Celui dont il est parlé ici tenoit par les femmes à la famille de la mère de Boileau. V. Berriat S.-Prix, Œuvres de Boileau, t. 4, p. 442.

52. Du Boulay (p. 320) dit que pour ce terrain les religieux devoient payer 10 livres de rente et 12 deniers parisis de cens par arpent. Afin de frustrer l’Université, ils firent racheter une partie des dites rentes, selon du Boulay ; mais l’Université para le coup : elle fit aux moines un procès, à la suite duquel ils furent condamnés, le 19 août 1645, à payer à l’Université 31 livres de rente, rachetables de 620 livres, et cela sans préjudice de ce qu’ils devoient pour le bail qu’ils avoient fait avec le marbrier Alphonse Mesnard, pour 300 toises dont il sera parlé plus loin, sans préjudice non plus d’une rente de 36 livres par eux due pour 120 autres toises de terre, ni enfin de 48 livres de rente « portées, par contract du mesme jour, au profit de Roland le Duc, de 160 toises de terre sur la rue Saint-Père…, lequel bail ils avoient artificieusement fait declarer nul et resolu. » Les Augustins ne s’en étoient pas tenus à se décharger indûment de leur redevance envers l’Université ; il paroît, d’après l’arrêt rendu contre eux, qu’ils avoient empiété sur le terrain du Pré-aux-CIercs au delà des limites que leur assignoit l’acte de donation de la reine Marguerite. V. l’arrêt, donné in extenso par du Boulay, p. 326.

53. Elle s’appela d’abord le Grand et le Haut-Chemin, puis rue des Vaches, puis rue des Égouts. (Du Boulay, p. 402.)

54. Ce Jehan de l’Espine est sans doute le même qui fit connoître à l’Estoile le riche parfumeur Devaux, son ami. V. le passage déjà cité, Journal de l’Estoile, édit. Michaud, t. 2, p. 476.

55. Ce nom de Colletet, porté par deux poètes qui l’ont popularisé, étoit très honorablement connu dans la bourgeoisie parisienne aux XVIe et XVIIe siècles. Il en étoit de lui à peu près comme de celui de Scarron : c’étoit une espèce de noblesse dans la roture. Une maison de la rue de la Mortellerie s’appeloit maison Colletet, et paroît avoir été très fameuse dans le quartier. V. Félibien, Preuves, t. 2, p. 34. Félibien parle d’un Colletet qui étoit dans les ordres. (Id., 1, 685.) Enfin nous savons que cette famille tenoit par alliance à celle de Boileau (Berriat Saint-Prix, Œuvres de Boileau, t. 4, p. 456), ce qui rend moins justifiables encore les attaques du satirique contre François Colletet.

56. Fils de P. Matthieu, dont il publia l’Histoire de France, Paris, 1631, 2 vol. in-fol. Il y avoit joint l’Histoire de Louis XIII. La femme qu’on lui donne ici n’auroit pas été sa seule épouse, s’il falloit en croire la Biographie universelle, qui le marie avec Louise de la Cochère, d’une famille noble de Florence. Toujours d’après le même recueil, il en avoit eu deux fils et une fille, qui se fit religieuse dans le tiers ordre de Saint-François, et y vécut d’une manière très édifiante. Sa vie a été publiée par le P. Alexandre, récollet. La Vie de la venerable M. Matthieu, Lyon, 1691, in-8.

57. Un autre M. de Bezons, qui fut membre de l’Académie françoise, demeuroit au faubourg Saint-Germain. (Tallemant, in-12, t. 8, p. 31.)

58. Il étoit sans doute le fils de l’entrepreneur Pierre Hannon, qui bâtit, en 1550, le cloître des Célestins (Piganiol, t. 4, p. 253), et, comme lui, il devoit être maçon. On a dû remarquer que ce sont souvent des entrepreneurs, charpentiers ou maçons, qui prennent à cens les terrains du Pré-aux-Clercs, afin d’y construire et de revendre ensuite, comme on fait aujourd’hui dans les quartiers neufs.

59. C’est la partie dont il est parlé ainsi dans le Supplément de Dubreul (1639, in-4, p. 42) : « Sur le devant est un autre bastiment regardant le Pré-aux-Clercs, où sont de belles salles hautes et convenantes, et par bas des galeries en forme d’arcades ou de cloistres, et un beau, grand et spacieux preau qui sera au milieu. »

60. Ce projet de prolongation de la rue des Deux-Anges, qui eût été si préjudiciable à l’hospice de la Charité, ne fut pas réalisé. Aujourd’hui cette rue, qui étoit très sale et peu habitée, est fermée par une porte du côté de la rue Jacob, et par une maison assez récemment bâtie du côté de la rue Saint-Benoît.

61. Elle étoit sans doute de la même famille que la mère de Molière, Marie Crissé, et que ce médecin Crissé, dont Beffara a prouvé la parenté avec le grand comique, et auquel il arriva une si singulière aventure, racontée par Gui Patin (lettre du 21 nov. 1669). V. Taschereau, Vie de Molière, 2e édition, p. 151, 208.

62. Ce M. Jacques Nau ne seroit-il pas le même que Mlle de Montpensier s’étoit attaché, comme conseiller, pour débrouiller ses procès, et dont Richelieu l’avoit ensuite forcée de se défaire, parcequ’il le soupçonnoit de lui être contraire dans son esprit et de la pousser à des intrigues hostiles à sa politique ? V. Mémoires de Mlle de Montpensier, coll. Petitot, 2e série, t. 41, p. 447-491. Nous avons déjà vu Edme Robert, intendant de Mademoiselle, acheter des terrains de ce côté (V. plus haut, p. 128), et nous savons d’ailleurs que Gaston y recherchoit de pareilles acquisitions pour les personnes attachées à la maison de sa fille, et que, pour leur obtenir une préférence sur tous autres acheteurs, il usoit de l’influence de son nom auprès du recteur de l’Université. Voici, entre autres, une lettre qu’il lui écrivit à ce sujet. Nous la trouvons dans le curieux mémoire de du Boulay (p. 316–317) :

« À monsieur le recteur de l’Université de Paris.

« Monsieur le recteur de l’Université de Paris, m’ayant été promis par vos predecesseurs en vostre charge la preferance de places qui vous restent encore à vendre au Pré-aux-Clercs, par la dame marquise de Saint-Georges, gouvernante de ma fille, je vous escris cette lettre pour vous faire la mesme prière en sa faveur que je leur ay faite, et vous assure que vous me ferez en cela un singulier plaisir. Je sçay qu’il vous sera d’autant plus aisé qu’il vous doit estre indifferend à quelles personnes vous bailliez les dittes places, pourvu que le prix en soit esgal. Et toutefois, quand je verray que ma recommandation aura prevalu en faveur de la ditte dame marquise de Saint-Georges, j’en tiendray l’effect à une particulière defference que vous y aurez voulu rendre, qui me conviera à vous en tesmoigner mon ressen­timent aux occasions qui s’en pourront offrir, et comme je suis,

« Monsieur le recteur de l’Université de Paris,
« Monsieur le recte« Votre bien bon amy,
« Monsieur le recte« Votre bien « Gaston. »

63. La maison Hovalet se trouve indiquée sur le plan de Gomboust.

64. Le postulant étoit un avocat ou un procureur qui plaidoit dans les justices inférieures.

65. L’Université n’étoit pas seule à se plaindre de ces empiétements et des constructions trop multipliées dans le Pré-aux-Clercs. Il y eut, selon Sauval, des ordres de Louis XIII et de Louis XIV faisant défense de passer certaines limites. « Néanmoins, ajoute-t-il (t. 2, p. 368), on ne laisse pas d’avancer toujours et de les passer, ce qui oblige quelquefois de les reculer et mettre un peu plus loin. » — La première usurpation ne venoit pas des adjudicataires dont il est ici parlé, mais de la reine Marguerite elle-même, qui avoit donné un exemple trop bien suivi. Ne s’en tenant pas aux six arpents que l’Université lui avoit vendus dans le Pré-aux-Clercs, elle avoit empiété sur cinq ou six autres, comme il est dit dans la Requeste verbale du 24 octobre 1616 ; « et, afin d’en oster à l’advenir toute connoissance, elle a non seulement fait arracher les bornes et combler les tranchées qui separoient le dit Pré d’avec les terres voisines, mais mesme elle a fait faire de larges et profondes tranchées dans iceluy Pré par le moyen des quels son usurpation est demeurée jointe au parc qu’elle vouloit dresser derrière son hostel. » Ce parc, qu’on appeloit aussi le jardin, les allées, le cours de la reine Marguerite, comme dit Sauval (t. 2, p. 250), et dont nous avons parlé (V. notre t. 1, p. 219), s’étendoit loin dans le Pré-aux-Clercs en longeant la Seine : il alloit jusqu’à la halle Barbier, qui se trouvoit rue du Bac, sur l’emplacement occupé depuis par l’hôtel des Mousquetaires. L’enclos du palais de la reine Marguerite en étoit séparé par la rue des Saints-Pères. On entroit dans ce parc par une grille, visible, comme le reste, sur le plan de Mérian. La reine n’avoit pas osé, à ce qu’il paroît, s’emparer de cette rue comme elle avoit fait de celle des Petits-Augustins, qu’elle avoit, sans autres façons, englobée presque tout entière dans son enclos. « Quant à l’autre bout de la rue des Augustins (celui qui touche au quai), lisons-nous dans le Mémoire de du Boulay, p. 403, la reine Marguerite l’avoit fait enfermer en son enclos, en sorte que l’on n’y pouvoit plus passer pour aller à la rivière. Mais, après son décès, dit encore du Boulay, son hostel ayant esté decreté, sur l’opposition qui fut faite intervint arrest, le 14e aoust 1619, par le quel il fut ordonné que distraction seroit faite des criées du dit hostel de la consistance de dix-huit pieds, à commencer du côté de la grande porte par laquelle on entre au couvent des Augustins, et continuer au travers de la cour dudit hostel, jusques au chemin public d’entre la rivière et l’hostel. » Cet hôtel de la reine Marguerite, sur lequel nous n’aurons plus à revenir, avoit son entrée rue de Seine, où l’on en trouve des restes dans la maison portant le nº 6. Sur le plan de Quesnel, et mieux encore sur le plan Mérian, on le trouve complétement figuré avec ses trois corps de logis, dont celui du milieu étoit couronné d’un dôme ; avec son double perron sur la cour, son jardin et le parc qui en étoit le prolongement. Après la mort de la reine, les bâtiments de cet hôtel ne furent pas ruinés, comme dit Sauval : ils furent mis en location par petites parties (V. notre t.1, [[Les Grands Jours tenus à Paris par M. Muet, lieutenant du petit criminel#v0120701|p. 207]]), puis, vers 1639, acquis par Mme de Vassan, qui les loua au président Séguier. En 1718, le président Gilbert des Voisins en devint propriétaire et y fit des réparations qui ont donné au corps de logis encore debout la physionomie qu’il a aujourd’hui. V. Jaillot, Quartier Saint-Germain, p. 79, et G. Brice, t. 4, p. 76.

66. Qu’encore que l’echeance des rentes de toutes ces maisons ait esté fixée au 19 fevrier, cependant les receveurs de l’Université n’en ont compté que comme echeantes au dernier septembre. (Note de l’auteur.) — « MM. Lecoq, Pithou et Tambonneau, lisons-nous dans du Boulay (p. 317), commencèrent de faire bastir des maisons depuis le cimetière des Huguenots, qui aboutit de ce côté à la rue Saint-Père ; et, pour rendre ces maisons remarquables et distinctives de celles des moines, l’Université les chargea d’un gros cens de 8 et 10 livres. »

67. Ces dates concordent à merveille avec ce que Corneille fait dire à Dorante et à Géronte à l’acte 2, scène 5, de sa comédie du Menteur, jouée, comme on sait, en 1642, c’est-à-dire au moment même où l’on devoit achever de bâtir les hôtels dont nous voyons acheter ici le terrain, et qui changèrent si complétement la physionomie du Pré-aux-Clercs. Voici ce curieux passage, où sont rappelés tous les travaux accomplis alors dans Paris, tant dans l’Île Saint-Louis, où l’on commençoit à bâtir, que dans le Pré-aux-Clercs et dans le nouveau quartier Richelieu, sur les anciens remparts, auprès du Palais-Cardinal :

Paris semble à mDorante.
Paris semble à mes yeux un pays de romans :
J’y croyois ce matin voir une île enchantée ;
Je la laissai deserte et la trouve habitée ;
Quelque Amphion nouveau, sans l’aide des maçons,
En superbes palais a changé ces buissons.

Paris voit tous lesGéronte.
Paris voit tous les jours de ces metamorphoses :
Dans tout le Pré-aux-Clercs tu verras mêmes choses,
Et l’univers entier ne peut rien voir d’égal
Aux superbes dehors du Palais-Cardinal.
Toute une ville entière, avec pompe bastie,
Semble d’un vieux fossé par miracle sortie,
Et nous fait présumer, à ses superbes toits,
Que tous ses habitants sont des dieux ou des rois.

Dans ce qu’il dit sur le Pré-aux-Clercs à cette date de 1642, Corneille se trouve être plus vrai que Sauval lui-même dans un passage trop vague de ses Antiquités de Paris (t. 2, p. 368).

68. Piganiol confirme la situation de la maison de M. Bailly de Berchère, t. 8, p. 96–97.

69. C’est le même que sa femme, la belle et trop fameuse Mme Tiquet, tenta deux fois de faire assassiner. On conçoit, d’après la situation de la maison qu’ils habitoient, comment il se fit que l’exécution de la coupable eut lieu, le 17 juin 1699, au carrefour de la Croix-Rouge, qui étoit la place de Grève de la justice de Saint-Germain-des-Prés. (V. Guyot de Pitaval, Causes célèbres, t. 4, p. 43, et t. 5, p. 485.)

70. Elle étoit fille de ce d’Almeras qui fit sous Louis XIII une si grande fortune comme financier et comme fermier des postes. (V. sur lui la Chasse aux larrons de J. Bourgoing.)

71. Ceci donne encore raison à ce que nous avons dit de l’empressement des officiers de la maison de Gaston ou de celle de sa fille à venir s’établir dans ces quartiers, qui avoient, entre autres avantages, celui de n’être pas éloignés du Luxembourg.

72. La maison de M. Lecoq est indiquée sur le plan de Gomboust, au coin de la rue des Saints-Pères et de la rue de l’Université. Cette dernière y est appelée rue de Sorbonne. Elle a aussi ce nom sur les plans de Bullet et de Jouvin. Sauval (t. 1, p. 152) dit que c’est à tort qu’on le lui donne, car rien n’indique qu’elle l’ait jamais réellement porté. G. Brice (t. 4, p. 59) est d’un avis contraire, et soutient que ce nom désigna au moins la partie comprise entre la rue des Saints-Pères et la rue du Bac. Jaillot pense, de son côté, que c’est la rue Saint-Dominique qui, en 1673, s’appeloit rue de Sorbonne. (Quartier Saint-Germain, p. 81.) Quant à Piganiol (t. 8, p. 169), il donne tort et raison à G. Brice : raison si, pour l’époque où cette désignation put être en usage, il s’en tient à la date du plan de Gomboust, c’est-à-dire à 1652 ; tort, s’il soutient que ce nom dut être employé plus tard. Cette opinion de Piganiol est certainement la meilleure.

73. L’hôtel de Paloiseau, l’un des plus anciens et des plus beaux de ce quartier, est indiqué sur la plupart des plans de Paris au XVIIe siècle ; seulement on l’y confond souvent, notamment sur le plan de 1699 et sur celui de Blondel, avec son voisin, l’hôtel Tambonneau. Sur le plan Turgot, il s’appelle hôtel de la Roche-Guyon. Il étoit donc devenu, par acquisition ou autrement, l’un des quatre hôtels que, suivant Piganiol, « les comtes de la Roche-Guyon, du nom de Silli, ont eus à Paris en différents temps et en différents quartiers. » (Description de Paris, t. 3, p. 280–281.)

74. L’hôtel Tambonneau, dont G. Brice a donné la description, t. 4, p. 59–60, avoit été bâti par Le Vau, et étoit l’un des plus beaux de la rue de l’Université. Le président étoit venu au Pré-aux-Clercs pour se rapprocher de Le Coigneux, son ami, (dont l’hôtel est devenu celui du ministère de l’Instruction publique) et peut-être aussi afin d’être à portée de voir de plus près et plus souvent la fille de la Dupuis, mariée à de Sacy, pour laquelle il avoit une vive inclination. (V. Tallemant, édit. P. Paris, t. 1, p. 347.) En attendant que son hôtel fût bâti, il s’établit dans la maison que Barbier, contrôleur général des bois de l’Isle de France, et l’un des adjudicataires du parc de la reine Marguerite, avoit fait construire rue de Beaune, à deux pas du pont de bois, qu’on appeloit à cause de lui pont Barbier. « Cette belle maison auprès du Pré-aux-Clercs », comme Tallemant appelle l’hôtel Tambonneau, étant terminée, il y vint avec sa femme, si connue alors par ses coquetteries de toutes sortes, et même avec les amants de madame, entre autres Aubijoux, qui, s’y trouvant bien, « y mena, dit Tallemant, d’autres gens de la cour ». (Édit. in-12, t. 9, p. 155.) La maison Tambonneau est figurée sur le plan de Gomboust ; ses jardins vont jusqu’à la rue Saint-Guillaume, en longeant sur la gauche une partie du cimetière des huguenots. La Quintinie, qui étoit précepteur du fils de M. Tambonneau, développa, dans ses magnifiques jardins, le goût qu’il avoit pour l’horticulture, si bien qu’il renonça tout à fait au dessein qu’il avoit de se faire avocat, et se fit jardinier. On sait combien cette résolution lui a réussi, et quelle célébrité il a atteinte. — M. Monmerqué a dit par erreur, dans ses Notes sur Tallemant, t. 9, p. 155, que l’hôtel Tambonneau, l’ancien hôtel de Bouillon, selon lui, étoit encore un des plus beaux du quai Malaquais.

75. Ce Thomas Gobert étoit le père de l’architecte du même nom à qui l’on devoit le dessin de la Bibliothèque des Petits-Pères, et qui construisit tout près de ce même hôtel d’Aligre « une fort jolie maison », dit Germain Brice (t. 4, 81), dont il n’est pas parlé ici. En 1752, elle appartenoit aux héritiers de la présidente de Brou. Selon Brice, on l’avoit bâtie sur un emplacement occupé auparavant par la manufacture de glaces qui fut ensuite transférée au faubourg Saint-Antoine. Un manége, ou, comme dit Brice, « une académie pour monter à cheval », s’y étoit vu auparavant. C’est sans doute l’académie de M. Forestier, figurée sur le plan Gomboust. Elle avoit son entrée sur la rue de Sorbonne (sic) par une sorte de petite ruelle. Ces établissements furent nombreux de ce côté au XVIIe siècle. Michel de Marolles, qui consacre tout un chapitre de sa Description de Paris (1677, in-4) aux académies pour monter à cheval, nous montre :

Glapier le lyonnois, Soleitzel, Bernaldi,
Gentilhomme lucquois, cousin d’Arnolphini ;
Du Vernay, Rocquefort . . . . . . . . . . . . ,
Dans la rue où l’on dit de l’Université
La Vallée au dessus des fossés de Condé,
Et Foubert dans la rue à sainte Marguerite.

76. Le notaire Arouet, père de Voltaire.

77. Germain Brice a donc raison quand il nous dit (t. 4, p. 60) que la première maison bâtie sur ce terrain le fut par Laugeois d’Imbercourt. Mme d’Aligre avoit possédé la place, mais n’y avoit rien fait construire, quoi qu’en dise Piganiol, t. VIII, p. 170. Cet hôtel, que Brice a décrit, et qui étoit loin d’être beau malgré l’argent qu’on y avoit dépensé, revint et resta à la famille d’Aligre, après avoir appartenu quelque temps au premier président Achille du Harlay.

78. Le même dont Chapelle, l’ami de Bachaumont, étoit le fils naturel.

79. C’est l’une des deux grandes maisons « sur la porte desquelles, dit le chevalier du Coudray, sont les armes de l’Université, à qui elles appartiennent et qui ont donné le nom à la rue. C’est, ajoute le chevalier, une anecdote que M. de Saint-Foix ignoroit, et que nous tenons de M. Duval, recteur pour la seconde fois de l’Universite. » Nouv. Essais historiques sur Paris (Paris, 1781, in-12, t. 1, p. 178). — Saint-Foix ne l’avoit pas dit, c’est vrai, mais Brice en avoit parlé, et à peu près dans les mêmes termes que M. de Couchay, t. 4, p. 62.

80. Une partie des bâtiments du noviciat des Jacobins réformés est occupée par le Musée d’artillerie. L’église est devenue celle de Saint-Thomas-d’Aquin, qui, dès l’origine, en étoit l’un des patrons. Les Jacobins s’étoient établis là en 1633, sous le patronage de Richelieu. (V. Suppl. aux Antiquités de Paris par Dubreul, p. 43.)

81. La rue du Bac, que nous avons déjà vue souvent nommée ici, devoit, comme on sait, son nom au bac qui, avant la construction du Pont-Barbier et surtout du Pont-Royal, établissoit une communication entre la rive gauche et la rive droite de la Seine. — Suivant les registres de l’Hôtel-de-Ville, vol. 147, ce bac avoit été établi par lettres-patentes du 6 novembre 1550. Pendant la nuit de la Saint-Barthélemy, il avoit été enlevé, ainsi que les autres bateaux de passeurs qui se trouvoient d’ordinaire devant les Tuileries. On vouloit par là empêcher que les huguenots, nombreux dans le Pré-aux-Clercs, ne fussent avertis à temps ; et, en effet, ce fut une des raisons qui firent que M. de Caumont et ses fils furent surpris et ne purent se sauver. (V. de Meyer, Galerie du XVIe siècle, t. 1, p. 376.) — M. Berty, à la p. 403 de son travail déjà cité, donne de curieux renseignements sur ce bac, sur celui qui en étoit chargé et sur le chemin qui y conduisoit. « Nous avons trouvé, dit-il, dans les archives de l’Université, une transaction du 26 mai 1580 par laquelle un marchand, nommé Georges Regnier, qui est dit fournissant les matériaux qu’il convient avoir pour les fortifications de cette ville de Paris du costé des Thuilleryes, ensemble du pallais de la royne (mère du roy), aus dites Thuilleryes, et ayant aussi la charge du gouvernement du bac assis sur la rivière, vis-à-vis du dit pallays, pour le passage des dits materiaux, obtint de l’Université la permission de faire passer et repasser les chevaux, charettes, harnoys, tant chargés que vuides, avec les gens du dit Regnier, par et au travers du Pré-aux-Clers… par le chemin jà commencé longtemps et qui vient de Vaugirard, entrant dans le dit Pré, auprès de sa borne, située près du lieu où etoit sise la Maison-Rouge, pour aller où est situé le dit bac d’icelluy Regnier… sans que icelluy Regnier ni ses gens et serviteurs puissent faire autre chemin que celui susdit, de largeur de dix pieds. » Cette curieuse pièce, heureusement retrouvée par M. Berty, n’avoit pas échappé à du Boulay. (V. son Mémoire, p. 153.) — Il n’est pas étonnant que les matériaux pour les fortifications et le palais dussent venir du Pré-aux-Clercs. Les tuileries, déplacées par suite de la construction du palais qui leur devoit son nom, avoient été transportées de l’autre côté de la Seine. M. Bonnardot en remarque une dans le Pré-aux-Clercs, sur le plan anonyme de 1601 (V. son livre sur les plans de Paris, p. 108). Du Boulay parle plusieurs fois du four à tuiles de Moussy, dans la rue de Seine (p. 261, 399). Les pierres étoient tirées de Vaugirard et de Montrouge : on devoit donc prendre pour leur transport le chemin indiqué ici.

82. Petit-fils de Coiffier, le cabaretier, et gendre de Vanel, l’un des premiers propriétaires dans la rue Neuve-des-Petits-Champs. V. Tallemant, in-8, t. 3, p. 274–275.

83. Encore un officier de Gaston dans le Pré-aux-Clercs, et nouvelle confirmation de ce que nous avons dit.

84. Barbier, l’un des adjudicataires des biens de la reine Marguerite, possédoit des terrains jusque dans cette rue. En 1636, une partie en fut cédée, et non pas donnée, par lui, comme le dit Piganiol, aux religieuses chanoinesses du Saint-Sepulcre, qu’on surnomma d’abord, pour cette raison, les filles à Barbier (V. Brice, t. 4, p. 39), et qu’on appela par la suite les religieuses de Bellechasse. Jaillot, Q. S.-Germain, p. 39.

85. Il ne faut pas les confondre avec celles dont il est question dans le Supplément de du Breul, p. 43, et qui, venues de Lorraine, s’étoient établies rue de Vaugirard au commencement du XVIIe siècle. Celles dont on parle ici eurent pour fondatrice Marie Delpèche de l’Étan, et c’est le 16 juin 1641 seulement qu’elles prirent possession de la maison qui devint leur couvent. Elle se trouvoit rue Saint-Dominique, « au milieu des hôtels ou palais qui la forment », dit Piganiol (t. 8, p. 166). On y entretenoit de pauvres orphelines, qui y étoient reçues dès l’âge de huit ans. Mme de Montespan agrandit cette maison, ce qui fit dire par plusieurs, notamment par Saint-Simon, qu’elle l’avoit bâtie. Elle s’y retira, mais « fut long-temps à s’y accoutumer », dit encore Saint-Simon (Mémoires, t. 2, p. 57). Dangeau parle de cette retraite sous la date de décembre 1691. (V. édit. complète de son Journal, t. 3, p. 457.) Ceux qui ont dit qu’elle y mourut se trompent ; mais ceux qui, induits en erreur par le nom de cette communauté, ont écrit que Mme de Montespan mourut dans le quartier Montmartre, rue Saint-Joseph, se trompent bien davantage.

86. Ce couvent, dont l’emplacement est occupé aujourd’hui par la maison portant le nº 82 de la rue Saint-Dominique, peut donc être à peu près considéré comme la limite du Pré-aux-Clercs, c’est-à-dire des terrains possédés par l’Université. Celui sur lequel il étoit bâti ne relevoit même plus du recteur : il appartenoit à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il fallut le consentement de l’abbé pour l’installation de Marie Delpèche, et le prieur de Saint-Germain assista solennellement à sa prise de possession. Dom Bouillart, Hist. de l’abbaye de Saint-Germain, p. 234.

87. M. Bonnardot, dans son très intéressant et très utile ouvrage sur les Plans de Paris, cite plusieurs de ces mesurages du Pré-aux-Clercs : « 1641–94, plan et mesure du territoire du Pré-aux-Clercs par de Vaulezard, aux archives », p. 232. — Ce Vaulezard est le même dont Naudé nous a vanté la science et décrit les haillons dans un passage du Mascurat, p. 270. — « 1674, plan et arpentage du grand Pré-aux-Clercs. » Bonnardot, p. 232.

88. C’est l’ouvrage que nous avons si souvent cité.

89. Il est souvent parlé de lui dans les Mémoires de l’Estoille, et plusieurs pasquils du temps contiennent des rapprochements satiriques entre ce grave docteur et son homonyme le prince des sots de l’hôtel de Bourgogne.