Mélanges historiques/06/19

XIX

DESCRIPTIONS, 1817, 1818. — RECENSEMENT DE 1800. — LES CHIENS DE CHASSE. — BAIL DE 1831. — TERRAINS DES FORGES. — INVENTAIRE, 1833. — TÊTES-DE-BOULE. — RECENSEMENT DE 1842. — ARPENTAGE. — FIN DE BELL. — RADNOR ET L’ISLET. — DÉCADENCE DES VIEILLES FORGES. — 1810-1920.

Jacques Sansom, des États-Unis, qui passait à travers le Canada en 1817, se borne à dire que le fer du Saint-Maurice est pliant, tenace et peu susceptible de se rouiller. Joseph Bouchette, à la même date, dit que ces forges vont toujours de mieux en mieux étant conduites presque aussi bien que celles d’Angleterre et d’Écosse. Le sable propre à la fonte du minerai vient des Trois-Royaumes. Ceci existait encore en 1870 à ma connaissance. Je me demande comment on agissait à cet égard « du temps des Français ». Le sable était-il importé de France ou se bornait-on à une qualité inférieure qui pouvait se rencontrer à peu de distance du Saint-Maurice ? On met dans une boîte ou cassot le minerai mêlé avec du charbon de bois et largement saupoudré de sable. C’est une « charge » qui est vidée dans le haut-fourneau par la tête. Ce fourneau a la forme d’une cheminée. On y monte par un escalier d’à peu près dix pieds d’élévation pour y verser la charge, et à chaque fois on en met quatre ou cinq en frappant aussitôt quatre ou cinq coupe d’une tige de fer sur une feuille de tôle suspendue qui rend un son sauvage, vibrant et prolongé.

D’ans son livre Cinq Ans au Canada, Adrien Talbot dit que le fer du Saint-Maurice est meilleur que le produit anglais mais inférieur à celui de la Suède. Ceci est de 1818. L’année suivante, John Duncan, dans Travels in Canada, rapporte qu’on lui a dit que les poêles de Saint-Maurice endurent mieux la chaleur que ceux de Carron, qui étaient probablement de fabrique anglaise. Je ne sais rien de Carron.

La Gazette de Québec du 18 janvier 1820 note que les Forges comptent 55 maisons, 285 catholiques et seulement 5 protestants. La ville des Trois-Rivières renfermait 1,916 âmes et 355 maisons.

C’est en 1829 que Mathew Bell commença ses préparatifs pour se retirer des affaires des Forges. Il vendit sa meute de chiens de chasse à un club de Montréal qui possède encore la descendance de ces animaux. J’ai connu l’esclave nègre qui en avait le soin et, en 1865, je l’ai retrouvé tenant un restaurant à Sainte-Catharine, au pied du canal Welland. Il parlait français comme nous et m’a conté des histoires des Forges, moitié légendes et moitié vraies, surtout sur les fêtes et amusements des gens de haute classe visitant l’endroit, l’hiver comme l’été, grâce aux largesses de M. Bell[1].

La paroisse dite Saint-Maurice, en arrière du Cap-de-la-Madeleine, fut commencée en 1830. Le bail des Forges expirant en 1831, les terres devinrent accessibles aux colons qui voulaient ouvrir des cultures dans le Saint-Maurice.

Le 7 juillet 1830, Bell demande que son bail soit prolongé d’une année, ce qui est consenti de suite. Il était membre du Conseil législatif. La question des Forges est soumise au ministre des colonies avec proposition d’un bail de cinq années.

Contre le privilège des Forges, qui faisait obstacle à la colonisation, il y eut aux Trois-Rivières, le 24 février 1831, une assemblée populaire présidée par Pierre Vézina qui, en outre, demanda au gouvernement plusieurs réformes dans les affaires de la ville.

Un état de 1832 montre qu’il y avait aux Forges plus de quatre cents âmes, à part cent à deux cents personnes qui y faisaient diverses affaires. On y manufacturait du fer pour trente mille louis environ par année. Un chemin s’ouvrait pour pénétrer dans le territoire au-delà des Forges. Parlant de la grande chute, Bell écrit ce nom Cha-our-nigam, et Cha-oui-nigan en 1843 et 1845.

En décembre 1832, René Kimber, député des Trois-Rivières, disait, dans l’Assemblée législative, que sur les terres des Forges on ne rencontrait plus ni essences de bois ni minerai utiles à ces usines et que la ville était serrée par ce monopole, ne pouvant étendre sa colonisation vers le Saint-Maurice. Bell répondit qu’on exagérait puisque le fief Sainte-Marguerite, adjoignant au nord-ouest les terrains des Forges n’a pas un seul colon, tout voisin qu’il est de la ville. Il va plus loin et dit que les terres ne valent rien pour la culture, ce qui est une bien plus forte exagération. Il ajoute que ceux qui ont pillé le bois de Sainte-Marguerite voudraient en faire autant sur le domaine des Forges[2].

Un inventaire du 1er janvier 1833 dressé par Bell estime : charbon, minerai, modèles et outils, fer en gueuses (lingots, saumons), marchandises variées, liqueurs, provisions de bouche, chevaux, voitures, puis ustensiles de toutes descriptions
£7,852-12-2
Les mêmes genres d’articles au poste des Trois-Rivières
4,667-3-5
Les poêles aux Forges
6,310-14-10
x"xxxxx"xxxx"xxTrois-Rivières
8,278-4-7
x"xxxxx"xxxxàx Québec
6,567-1-3
x"xxxxx"xxxx"xxMontréal
4,950-5-10
x"xxxxx"xxxx"xxKingston et York (Toronto)
1,274-8-6


On ajoute à cette liste un état des poêles fabriqués en janvier-avril 1833 :

Janvier
£2,095-5-10
Février
  1,907-10-00
Mars
  2,169-4-01
Avril (estimation)
  2,000-0-00
donnant un grand total de
£48,072-10-6

En 1833 il y eut un grand débat dans l’Assemblée législative au sujet des Forges. De fait, les attaques se répétaient d’année en année. L’agitation contre les Forges paraît n’avoir eu d’autre base que la passion politique. Bell était « bureaucrate », c’est-à-dire du parti des fonctionnaires nommés par la couronne et qui jouissaient de privilèges contre lesquels les députés canadiens à la Chambre d’assemblée luttaient avec persistance. Ce groupe oligarchique était le même qui tenait dans l’administration du Royaume-Uni une place considérable et que le parti whig ou réformateur ou libéral combattait sans cesse. Au Canada on ne disait pas whig, mais patriote. Vallières, Polette, Vézina, qui menaient la guerre contre Bell étaient des patriotes, ou réformateurs, ou libéraux, ou whigs — c’est la même chose.

Le 5 janvier 1834, Bell accepte l’offre que lui fait le gouvernement de continuer l’exploitation des Forges jusqu’au 31 décembre 1843 mais, je crois, sujet à l’approbation du ministre des colonies. De plus, on lui permet d’utiliser un certain morceau de terre dans la seigneurie du Cap-de-la-Madeleine. Ceci est en date du 24 avril. Bell promet de payer soixante-quinze louis par année durant dix ans à commencer du 1er janvier 1833 pour ce terrain qui mesure 25,940 arpents, mais, dans les lettres patentes du 23 novembre 1834 qui accordent les Forges à Bell pour dix ans, il est déclaré que les £75 sont compris dans le prix du bail lequel est de £500. La Chambre d’assemblée se montre très mécontente de cet arrangement.

En 1837, les missionnaires remontent le Saint-Maurice pour visiter les Têtes-de-Boule. Jusque-là ces Sauvages n’étaient connus que par leurs descentes, en été, lorsqu’ils allaient aux Forges et aux Trois-Rivières vendre des pelleteries. Ils étaient restés sans connaissances religieuses[3].

Des plaintes s’élevant toujours contre les Forges, on pétitionnait et des discours avaient lieu dans la législature. Kimber et Vallières paraissent avoir créé l’impression que si le bail des Forges était modifié, les terres seraient données gratuitement aux colons. Ils avaient envoyé au gouverneur Kempt une liste de ces personnes se disant prêtes à s’établir dans les endroits en question. Kempt en parla à Bell qui se déclara favorable au projet et il céda cinq mille arpents contigus à l’arrière de la Pointe-du-Lac et Yamachiche qui furent arpentés sur ordre du gouverneur, puis divisés en lots de cinquante à soixante-dix acres, comme augmentation du township de Caxton. Ceci se passait de février à mai 1843. Durant plusieurs mois on annonça la vente de ces terres d’habitants, puis, à l’église de Yamachiche, l’encan s’ouvrit. Pas un seul pétitionnaire ne se présenta ; Bell y était. Il acheta presque tout au prix de la mise aux enchères.

Dans ces occasions, Bell dit à qui voulait l’entendre que les terres des Forges n’étaient pas fameuses pour la culture tandis qu’il y en avait d’excellentes dans les seigneuries voisines et inoccupées. Encore aujourd’hui les terres des Forges sont presque sans habitants.

Le 27 décembre 1842, Bell dit qu’il y avait quatre cent vingt-cinq âmes aux Forges et de plus que trois cents personnes y étaient nourries à certaines saisons de l’année. Les habitants du voisinage y vendaient leur grain.

Voici la distribution des familles établies :

Sexe masculin, plus de 14 ans
126
Sexe"masculin"moins de"14 "ans "
97
Sexe"masculin moinsféminin, plusde"14 "ans "
114
Sexe"masculin"moins de"14 "ans "
88

425

Il donne une liste de quatre-vingt-dix-sept noms du sexe masculin qui me semblent être de la catégorie de ceux âgés de plus de quatorze ans et appartenir uniquement aux travailleurs de tous les métiers. Quant aux vingt-neuf noms qui manquent pour compléter le chiffre de cent vingt-cinq porté ci-dessus, je suppose que ce sont des surintendants, surveillants, commis, fournisseurs, marchands regardés comme à part de la main d’œuvre. S’il ne donne que le chiffre des femmes, petits garçons et filles c’est qu’il ne les compte pas parmi les travailleurs des usines ou de l’exploitation en générale — ce sont les membres des familles du lieu et qui y vivent.

Aubry, Jacques,
Beaulac, Antoine,
Boisvert, Joseph,
Boisvert," Jean-B.,
Boisvert," Thomas,
Bouchard, F.,
Bouchard," H.
Bourgainville, P.
Chaurette, B.
Chaurette," D.
Chaurette," F.
Chaurette," Joseph,
Chaurette," Louis,
Chaurette," P.
Claude, F.-J.
Collins, Jacob,
Cunningham, James,
Denoncour, P.,
Dugré, C.,
Gauthier, père, L.
Gauthier," fils L.,
Gilbert, Antoine,
Gilbert," Augustin,
Gilbert," Jean-Baptiste,
Gilbert," Joseph,
Gilbert," P.,
Gordon, James,
Harris, Catherine,
Himbleau, C.,
Himbleau," L.-C.,
Himbleau," Louis,
Himbleau," R.,
Himbleau," P.-P.,
Himbleau," Saint-Luc,
Himbleau," veuve,
Huot, Édouard,
Isabelle, Laurent,
Laliberté, Joseph,
Laliberté," O.,
Lamb, I.
Lanouette, Joseph,
Laroche, F.,
Leclerc, Antoine,
Lesieur, Antoine,
Lessard, D.,
Lewis, Antoine,
Lord, Pierre,
McCauley, H.
Mailloux, André,
Mailloux," Antoine,
Mailloux," Jean,
Mailloux," Joseph,
Mailloux," père, Louis,
Mailloux," fils, Louis,
Mailloux," P.,
Mailloux," P.,
Michelin, Antoine,
Michelin," A.-J.,
Michelin," Benjamin,
Michelin," Jean,
Michelin," J.-B.,
Michelin," père, Joseph,
Michelin," fils, Joseph,
Michelin," Louis,
Noël, D.,
Pellerin, Antoine,
Pellerin," François,
Pellerin," J.-P.,
Pellerin," Louis,
Pléau, Antoine,
Pléau," J.,
Poulin, Augustin,
Précourt, Alex.,
Précourt," père, G.,
Précourt," fis, G.,
Précourt," N.-V.,
Raymond, H.,
Rivard, Jules,
Rivard," P.,
Robichon, Joseph,
Robichon," N.,
Rouet, Étienne,
Sarrazin, C.,
Sawyer, père, B.,
Sawyer," fils, B.,
Tassé, Édouard[4],
Terrault, Éloi,
Terrault," E.,
Terrault," Jean,
Terrault," Jean-Baptiste,
Terrault," Joseph,
Terrault," père, N.,
Terrault," fils, N.,
Terrault," R.,
Tomlinson, J.,
Winniburgh, H.

Le 21 octobre 1843, Dominique Daly, secrétaire provincial, écrit à Bell qu’on lui offre de prolonger son bail d’un an s’il accepte l’arpentage et le reste des terres des Forges que l’on jugerait à propos de concéder dans l’intervalle de ces douze mois. Bell consent et ajoute que vers l’été de 1844, la fournaise sera usée, hors de service et qu’il ne la rebâtira point mais tiendra cependant à faire mettre les choses en état d’agir afin que son successeur puisse faire une fournaise sans retard. Daly fixe le prix du terme en question à cinq cents louis englobant les soixante-et-quinze louis à payer aux commissaires des biens des Jésuites pour les 25,940 arpents qui sont dans la seigneurie du Cap. Un ordre en conseil du 16 septembre 1844 prolonge le bail de Bell jusqu’au 1er juin 1845.

Edward Grieves, gendre de Bell (son agent), représentait les Trois-Rivières à l’Assemblée législative pour la période de 1844-47. Il mourut en 1845 et le 14 juillet de cette année Denis-Benjamin Viger le remplaça comme député. Bell n’était plus membre du Conseil législatif. Son agent à Québec était Alexandre-Davidson Bell, marchand.

Mentionnons ici un curieux procès intenté en 1844 par Antoine Turcotte et sa femme Rosalie Rivard, commerçants des Trois-Rivières, pour revendiquer le fief Saint-Étienne et pour faire défense à Bell de payer au gouvernement cette partie du loyer des Forges couvrant le dit fief. Nous connaissons ces sortes d’héritages que l’imagination du peuple fait surgir de temps à autre. Il n’était pas difficile de trouver des avocats pour plaider la cause de Turcotte, car la politique en fournissait.

Tout de même le « règne » de Bell tirait à sa fin. La fortune s’était envolée par les portes et les fenêtres. Je crois que dès le 1er janvier 1845 il était décidé à se retirer avec l’expiration du contrat, le 1er juin suivant, car ce premier janvier 1845 le gouvernement donne instruction à Pierre Bureau d’arpenter les terres des Forges, de les diviser en fermes et de faire la réserve d’un village. Cela n’aboutit qu’à peu de chose. Madame Bell était décédée depuis quelques années. Mathew Bell mourut aux Trois-Rivières en 1849 âgé de quatre-vingts ans, dit le registre de sépulture. Sa famille m’a dit qu’il avait été en rapport avec les Forges durant soixante ans, ce qui peut le reculer jusqu’à 1784 puisqu’il semble avoir cessé à la date du 1er janvier 1845, mais alors c’était du temps de Gugy et Bell ne dépassait pas vingt ans ; il vivait à Québec. Le document officiel de 1845[5] fait croire que sa participation aux affaires des Forges va de 1798 à 1843, ce qui donne cinquante-quatre ans et me paraît plus juste.

En 1846, Henry Stuart achète les Forges au prix de 5,575 louis. Il désirait aussi acheter les fiefs Saint-Étienne et Saint-Maurice, sur quoi M. Papineau demanda de les lui céder moyennant 4,500 louis. Cependant, ils furent mis à l’enchère à la demande du Conseil et M. Stuart les acheta le 3 novembre pour la somme de 5,900 louis[6].

La fin de notre travail sera brève. En 1851, il y eut la compagnie Andrew Stuart et John Porter, puis vint la compagnie Ferrier, deux pauvres affaires. Les Forges déclinaient. En 1854, Hall, Larue et Turcotte commencent les forges Radnor près de la paroisse Saint-Maurice qui venait (1852) d’être organisée canoniquement[7].

En 1856, Dupuis et Robichon établissent les forges de l’Islet, rive gauche du Saint-Maurice, comme Radnor. Le minerai de cette région, très abondant, n’avait pas encore été touché[8].

Les messieurs McDougall, des Trois-Rivières, prirent les « vieilles forges » des mains de Ferrier en 1862 et aussi les forges de l’Islet[9]. Ils y ramenèrent la vie. Le minerai donnait 40% de bonne substance. Vers 1869 on parlait beaucoup du « fer de montagne » que les gens des Forges disaient avoir vu en abondance à quinze ou seize lieues en arrière, vers le nord et on ajoutait qu’il devait y en avoir des quantités énormes plus loin, à vingt lieues. Les mineurs comparaient les échantillons de cette trouvaille au fer du Kentucky qui donne 60%. Ce fer de montagne est moins flexible que l’autre du Saint-Maurice. Il est plus sec, plus cassant, mais plus propre à faire de l’acier. La mine de Hull, vis-à-vis Ottawa, est de fer de montagne.

En 1862, à l’Exposition internationale, les Forges Radnor exhibèrent des roues de chars avec un essieu nouveau genre qui attirèrent l’attention. Les roues avaient parcouru 150,000 milles comme épreuve.

Le 8 janvier 1874, les forges Radnor furent ravagées par un incendie, néanmoins on y travailla jusqu’à 1908 sur une petite échelle[10].

En 1889, la « Canadian Iron Furnace Co. Ltd. » fit l’acquisition de ces forges à un prix dérisoire, mais il n’y avait plus de minerai.

Des Vieilles Forges ont tenu ferme jusqu’à 1883, puis est venue la décadence ; et maintenant on n’y compte plus que quelques familles, mais pas d’exploitation de fer.

***

Adieu mes vieilles Forges. Je vous ai connues dans votre splendeur et je me promettais, dès lors, de vous donner place dans notre histoire. J’écris ces dernières lignes en face de vos ruines qui bientôt disparaîtront. Déjà, votre souvenir n’est plus qu’une légende vague dont la prochaine génération ne saura rien. Je veux vous sauver de l’oubli, vous faire revivre dans l’âme des Canadiens qui s’attachent à l’étude des temps passés.


  1. Le gouverneur lui-même venait souvent résider chez M. Bell et il avait sa chambre dans la « grande maison» connue sous le nom de « chambre du gouverneur » ; elle était la mieux meublée. Lorsqu’il arrivait aux Forges, les ouvriers le portaient en triomphe jusqu’au perron et la fête commençait.

    Le club de chasse de M. Bell était connu de partout. Il y gardait dans ses écuries des renards, des chiens et des chevaux, et chaque automne, ses amis se réunissaient pour poursuivre le gibier dans les bois et ils faisaient ensuite bonne chair. C’était le régime légendaire des anciens lords anglais.

  2. Le prédécesseur de Kimber avait commencé une campagne contre les Forges.
  3. On appelait ces Sauvages « Têtes-de-Boule », parce qu’ils ont la tête grosse et le visage rond ; ils étaient grands, bien cambrés, bons et hospitaliers, mais d’une intelligence étroite et naïve.
  4. Tassé était un bon garçon, mais les gens des Forges disaient qu’il avait des entrevues avec le diable. Il n’y a pas un coin du pays où les superstitions durèrent aussi longtemps qu’aux Forges ; les femmes et les filles étaient surtout très naïves sur ces histoires de « grand’mère ». Toutefois, Tassé était un lutteur redouté ; il fut la terreur du poste des Forges et l’on a mis sur son compte des fables exagérées, mais ses camarades y croyaient… Il est mort en bon chrétien à Saint-Boniface.
  5. Daté du 20 novembre. Publié en 1846 (p. 26) par D.-B. Papineau, commissaire des terres de la couronne. Le 19 décembre 1845, lord Metcalfe annonce que les Forges seront vendues à l’enchère le 4 août 1846, à 11 heures a.m. dans le Palais de justice des Trois-Rivières.
  6. Il commença immédiatement des travaux mal dirigés et dut bientôt les abandonner, faute de fonds. Il ne lui restait plus que de louer les Forges, ce qu’il fit deux ans après.
  7. Ils y construisirent un haut-fourneau, des forges, des laminoirs, une fonderie spéciale pour roues de chars (avec succursale aux Trois-Rivières). Leurs terrains couvraient 40,000 âcres. Ils employaient environ 200 hommes ; la production était de trois tonnes de fer par jour. Un grand inconvénient existait dans cet établissement : le chemin de fer ne se rendait pas jusque là et le charroie était long, coûteux et difficile à s’accomplir.
  8. Dans le voisinage des forges de l’Islet, M. Bell s’était autrefois fait bâtir une maison sur une ferme qui lui appartenait et que l’on regardait comme la plus belle du Saint-Maurice.
  9. Les fourneaux furent éteints en 1876. Deux ans après tout travail cessa aux forges de l’Islet.

    Sous le régime de Stuart et Porter la chapelle fut restaurée ; elle servit en même temps d’école ; un M. Doucet et deux Dlles Dugal y enseignaient la classe à une trentaine d’enfants des Forges et des alentours. Ce sanctuaire qui était appelé « chapelle de la Réparation » fut solennellement consacré le 15 juillet 1883 à la Sainte-Face par l’abbé J.-R. Caisse.

    Voici les noms des prêtres qui ont desservi ce lieu de 1860 à nos jours : Joseph-Élie Panneton, Louis-Séverin Rhéault, J.-B. Comeau, Napoléon Caron, 1860-76 ; J.-R. Caisse, 1876-93 ; Louis Richard, 1893-95 ; M.-N.-Louis Denoncourt, 1895-99 ; Louis-Arthur-Hévêque Dusablon, 1899-1909 ; Auguste Lelaidier, 1909-12 ; Télesphore Giroux, 1912-15 ; Eugène Denoncourt, 1915-16 ; G.-R.-I. Trudel en 1916, tandis qu’il était curé de Saint-Étienne-des-Grés ; Charles Boutet, 1917.

    En face de la chapelle était la demeure du Dr Louis-Jean-Baptiste Beauchemin qui épousa la veuve de Onésime Héroux. Le Dr Beauchemin se remaria à Azilie Meunier qui lui donna une nombreuse famille.

    Le Dr Beauchemin était propriétaire d’un moulin à farine en brique, de deux étages, qui avait d’abord été une boutique de menuisiers, construite par Henry Stuart pour l’utilité des Forges. Il y avait aussi non loin de là un autre petit moulin érigé par Onésime Héroux et qui disparut vers 1875.

    Lorsque les MM. McDougall prirent les Forges en 1862, la « grande maison » venait d’être partiellement endommagée par un incendie ; elle fut réparée par Robert McDougall « avec un goût que tous nos industriels n’ont pas » disait Faucher de Saint-Maurice à Joseph Marmette. « Il lui a scrupuleusement conservé ses anciennes divisions, son toit normand, ainsi qu’une grande partie des vieilles boiseries françaises. Rien de plus pittoresque, et de plus antiquaire que ces salles immenses, aux larges âtres flanqués de plaques de fer fleurdelysées et portant le millésime de « 1732 », que ces corridors où toute une compagnie de reîtres et de lansquenots serait à l’aise. C’est à se croire dans la salle d’armes du dernier des Burckhards, si l’hospitalité toute écossaise des MM. McDougall n’était là pour nous faire songer avec complaisance aux douceurs du temps présent. »

    MM. Sulte, Faucher de Saint-Maurice, Marmette et Alfred Garneau sont d’accord à dire que le millésime en question porte « 1732 » et non « 1752 » comme le prétend l’abbé N. Caron dans ses Deux Voyages sur le Saint-Maurice. Nous croyons que ce millésime « 1732 » est là pour signifier que les Forges furent fondées en 1732, mais rien ne dit que ces plaques furent coulées cette même année : elles ont dû être fabriquées plus tard, peut-être en 1738, date où la « grande maison » a été construite.

    John et Robert McDougall établirent leur bureau et magasin dans la « grande maison » qu’on a appelée à tort « manoir ». Ils se construisirent une résidence au nord-ouest de celle-ci à côté du terrain où avait été bâti la première chapelle de bois (1738). Cette maison fut démolie en 1900.

    Les Forges furent transférées à George McDougall, fils, le 18 décembre 1876 ; tout travail dût arrêter en 1883.

  10. Comme aux Vieilles Forges, aujourd’hui, les fourneaux et autres bâtiments sont rasés. L’épuisement du minerai a amené la fermeture de ces usines ; il en est de même de tous ces grands ateliers qui ne vivent que temporairement.