Mélanges (Voltaire)/Garnier (1879)/Avertissement de Beuchot

Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 22 (p. vii-viii).

AVERTISSEMENT
DE BEUCHOT.


Comme mon intention est de mettre une note, et parfois même une préface à chacun des nombreux ouvrages qui formeront les volumes de Mélanges, ma préface générale ne sera pas longue.

J’ai, dans le prospectus, annoncé que les écrits en prose qui ne feraient point partie des Mélanges étaient les grands ouvrages historiques de Voltaire[1], le Dictionnaire philosophique (dans lequel ont été refondues les Questions sur l’Encyclopédie), les Romans, et le Commentaire sur Corneille.

Il est encore trois opuscules qu’après mûres réflexions j’ai placés ailleurs. Ce sont : 1o L’Essai sur la Poésie épique, 1726 ; 2o L’Essai sur les Guerres civiles, 1727, ouvrages imprimés presque de tout temps à la suite de la Henriade, et que j’y ai laissés ; 3o le Supplément au Siècle de Louis XIV, qu’on trouvera à la suite du Siècle de Louis XIV.

J’ai fait entrer dans les Mélanges des morceaux que plusieurs éditeurs ont placés dans la Correspondance, entre autres la Lettre à M.  D***, au sujet du prix de poésie, en 1714[2], et la Lettre d’un membre du conseil de Zurich à M.  D***, avocat à Besançon, 1767. Ces écrits ont la forme épistolaire, mais ne sont pas des lettres. Il en est de même de la Lettre de M.  de Voltaire (du 24 avril 1767), en quatre pages, et de la Lettre anonyme écrite à M.  de Voltaire, et la réponse (1769), ayant trente-cinq pages ; ces deux morceaux n’ont encore paru dans aucune édition.

J’ai, au contraire, reporté dans la Correspondance beaucoup de lettres que les éditeurs qui m’ont précédé avaient placées dans d’autres classes, telle que la Lettre au duc de La Vallière (sur Urceus Codrus), qui est une réponse à la lettre que le duc avait écrite à Voltaire le 9 avril 1761.

En général, c’est à la date de son impression ou publication que j’ai rangé chaque ouvrage. Cependant j’ai quelquefois préféré la date de la composition ; c’est principalement pour les ouvrages posthumes que j’ai pris ce dernier parti.

J’ai apporté beaucoup de soins dans ma classification par ordre chronologique. Ce n’est point au hasard que j’ai placé tous les ouvrages de la même année. Il m’est arrivé pourtant d’intervertir l’ordre rigoureux. Lorsque je me suis vu réduit à scinder un ouvrage, c’est-à-dire à le partager entre deux volumes, ou à le transposer, j’ai préféré ce dernier inconvénient, qui m’a paru le moindre des deux. Toutefois, ce n’est qu’entre des ouvrages de la même année que la transposition a lieu.

Pour la plupart des dates j’ai suivi les éditions de Kehl. Je n’ai peut-être pas changé toutes celles qui auraient dû l’être ; mais je ne pouvais faire de changements sans de suffisantes autorités ; et quand elles m’ont manqué, j’ai laissé les choses comme elles étaient.

Je crois inutile de donner la liste des ouvrages que j’admettrai pour la première fois dans les Œuvres de Voltaire. Je n’indiquerai pas non plus ici quels sont les textes restitués, les passages ou notes rétablis. Je regarde cela comme fastidieux pour le lecteur, et le plus souvent je n’en ferai pas la remarque.

B.

Ce 15 novembre 1829.






  1. Savoir : Essai sur les Mœurs, etc.,

    Siècle de Louis XIV,
    Précis du Siècle de Louis XV,
    Histoire du Parlement,
    Annales de l’Empire,
    Histoire de Charles XII,
    Histoire de Russie sous Pierre le Grand.

  2. C’est la première pièce de ce volume. Je la donne entière, c’est-à-dire plus ample des cinq sixièmes que mes prédécesseurs.