imprimerie de la Vérité (Ip. 53-55).

UN CORRESPONDANT DE LA « PATRIE »


20 mai 1882


La Patrie de Montréal à un correspondant parisien, M. Lucien Nicot, dont la prose est tout à fait digne de figurer dans l’organe de la franc-maçonnerie canadienne. M. Nicot n’est pas un clérical, c’est sûr ; s’il l’était il n’écrirait pas dans la feuille du sieur Beaugrand ; la Patrie n’est pas cléricale, non plus, c’est également certain ; si elle l’était, elle n’accepterait pas les écrits de M. Nicot.

Le correspondant de la Patrie parle d’une affaire domestique ; il s’agit de la comtesse de Chaulnes et de la duchesse de Chevreuse. Nous ne connaissons pas cette affaire, mais puisque les radicaux prennent fait et cause pour la première, et que le tribunal en première instance a donné gain de cause à la dernière, il y a de fortes présomptions en faveur de celle-ci. M. Nicot, lui, abîme la duchesse et trouve aussi le moyen de pourfendre quelques terribles moines, en passant.

« Eh ! eh ! s’écrie-t-il, une femme que tout le monde aime vaudra toujours mieux, à mon sens, qu’une vieille douairière, entourée de moines qui lui font commettre à son insu, sans doute, le plus odieux des crimes. »

Non content d’occire les moines, M. Nicot extermine « l’ennemi » tout entier. Dans la même correspondance, nous lisons ce qui suit :

« Avocat aussi, M. Jules Ferry qui, malgré les criailleries de la gent cléricale, a plus fait que tout autre pour le relèvement moral du pays. »

Fameux relèvement moral, qui consiste à persécuter les religieux, à faire la guerre à Jésus-Christ et à son Église ! La gent cléricale, ce sont tous les catholiques français, l’épiscopat en tête, qui ont protesté contre le « relèvement » maçonnique de M. Ferry.

Nous le demandons, que faut-il penser d’un journal prétendu catholique qui publie de pareilles infamies ? Nous le demandons surtout à M. François Langelier qui, naguère encore, donnait un encouragement public à la feuille de M. Beaugrand.

Est-ce que les libéraux qui veulent rester catholiques ne comprendront pas une bonne fois qu’il leur faut, de toute nécessité, repousser énergiquement l’alliance de l’école de la Patrie ? Pour cela, ils n’ont pas besoin de se ranger sous la bannière bleue de la Minerve, qui ne vaut guère mieux que le chiffon rouge de M. Beaugrand.