imprimerie de la Vérité (Ip. 14-15).

LES RR. PP. JÉSUITES ET LA « CONCORDE »


29 septembre 1881


La Concorde, marchant sur les traces de la feuille maçonnique, la Patrie, et accomplissant, peut-être sans le savoir, l’œuvre ténébreuse des loges, attaque les RR. PP. Jésuites et cherche à soulever l’opinion contre eux, à les rendre impopulaires en les traitant d’étrangers et d’ambitieux.

Le diable est le même dans tous les pays et, partout, il fait tenir à ses suppôts le même langage.

En France, la Franc-maçonnerie a dispersé les jésuites en les accusant d’être soumis à un pouvoir étranger, c’est-à-dire, à Rome. Au Canada, la Franc-maçonnerie et ses aveugles instruments suivent la même ligne de conduite : ils dénoncent les jésuites comme des étrangers. Cette accusation est aussi inepte ici qu’elle l’est en France. En effet, parmi les RR. PP. Jésuites qui habitent le Canada, il y a environ cent trente Canadiens, tandis qu’il n’y a, tout au plus, que vingt, ou vingt-cinq étrangers. Et, au nombre de ces prétendus étrangers, il y a plusieurs pères qui demeurent au milieu de nous depuis vingt-cinq ou trente ans et qui se sont complètement identifiés avec les intérêts du pays.

Ceux qui ont lu l’histoire de la Nouvelle France connaissent les travaux de tous goures que les jésuites se sont imposés sur le sol du Canada, qu’ils ont arrosé de leur sueur et de leur sang. Nos plus hardis pionniers, nos plus grands découvreurs, nos premiers historiens, nos glorieux martyrs, n’étaient-ils pas des jésuites ? Et il s’est trouvé dans la province de Québec un journal qui a assez peu de patriotisme, assez peu de cœur pour qualifier d’étrangers les successeurs des Lallemand, des de Brebœuf, des Le Jeune, des Buteux, des Charlevoix ! C’est une honte nationale !

La Concorde parle de l’ambition des jésuites. En effet, les jésuites sont très ambitieux de servir l’Église et la patrie, mais là se borne leur ambition. Notre confrère mentionne l’établissement des RR. PP. au lac Nominingue. Ce que les jésuites demandaient en faveur de cet établissement, c’était uniquement pour développer plus rapidement la colonisation dans le Nord. On a rejeté leur bill.[1] Le pays y a perdu beaucoup, et ceux qui ont fait repousser ce projet de loi seront peut-être, un jour, les premiers à regretter la faute qui a été commise.


  1. Par ce bill les RR. PP. Jésuites demandaient l’autorisation de conférer des grades universitaires.