Lyriques grecs/Callimaque/En l’honneur de Diane

En l’honneur de Diane
Traduction par Gabriel de La Porte du Theil.
Lyriques grecs, Texte établi par Ernest FalconnetLefèvre, Charpentier (p. 498-507).

V. EN L’HONNEUR DE DIANE.


Chantons Diane !…… (malheur aux poëtes qui l’oublient !) chantons la déesse qui se plaît à lancer des traits, à poursuivre les daims, à former des danses et des jeux sur la cime des montagnes. Rappelons ce jour où Diane, encore dans l’enfance, assise sur les genoux de Jupiter, lui adressa ces prières :

« Accorde, ô mon père ! accorde à ta fille de rester toujours vierge, et de porter assez de noms divers pour que Phébus ne puisse le lui disputer. Donne-moi, comme à Phébus, un arc et des flèches. Que dis-je ?…… non, mon père, ce n’est point à toi d’armer ta fille ; les Cyclopes s’empresseront bientôt de me fabriquer des traits, de me forger un carquois. Mais donne-moi l’attribut distinctif de porter des flambeaux et de revêtir une tunique à frange, qui ne me descendra que jusqu’aux genoux, pour ne point m’embarrasser à la chasse. Attache à ma suite soixante filles de l’Océan, qui soient toutes à l’âge où l’on ne porte point encore de ceinture[1]. Que vingt autres nymphes, filles de l’Amnisus, destinées à me servir aux heures où je cesserai de percer les lynx et les cerfs, prennent soin de mes brodequins et de mes chiens fidèles. Cède-moi les montagnes. Je ne demande qu’une ville à ton choix. Diane rarement descendra dans les villes. J’habiterai les monts, et n’approcherai des cités qu’aux moments où les femmes, travaillées des douleurs aiguës de l’enfantement, m’appelleront à leur aide. Tu sais qu’au jour de ma naissance les Parques m’ont imposé la loi de les secourir, parce que le sein qui m’a porté n’a point connu la douleur, et, sans travail, a déposé son fardeau. »

En parlant ainsi, l’enfant divin voulut toucher le menton de son père ; mais elle étendit en vain ses petits bras pour l’atteindre. Jupiter en sourit, et, lui rendant une tendre caresse : « Déesses, s’écria-t-il, donnez-moi toujours de semblables enfants, et je brave la fureur jalouse de Junon. Va, ma fille, tes désirs seront satisfaits, et ton père veut te faire encore d’autres dons bien plus magnifiques. Une ville est trop peu : je t’en donnerai trente ; trente qui n’auront d’autre dieu que toi seule, ne porteront d’autre nom que le tien ; tandis que tu partageras avec les autres immortels des cités sans nombre dans le continent et dans les îles. Partout Diane aura des bois sacrés et des autels ; c’est elle qui sera la protectrice des chemins et des ports. » Il dit ; et, d’un signe de tête, il confirma ses promesses. Aussitôt l’enfant vole en Crète sur la cime ombragée du Leucus, descend ensuite vers l’Océan, et se choisit une troupe nombreuse de nymphes, toutes à l’âge de neuf ans, à cet âge où l’on ne porte point encore de ceinture. Cæratus et Théthys[2] s’applaudirent, en voyant l’un et l’autre leurs filles préférées par l’enfant de Latone.

Ce choix fait, Diane alla chercher les Cyclopes. Ils étaient dans Lipare, (aujourd’hui c’est ainsi qu’on la nomme, alors c’était Méligounis[3]), occupés à forger une masse ardente sur l’enclume de Vulcain. L’ouvrage pressait : c’était un abreuvoir pour les coursiers de Neptune. Les nymphes pâlirent à la vue de ces énormes géants, pareils à des montagnes[4], et dont l’œil unique[5], sous leur épais sourcil, étincelait de regards menaçants. Les uns faisaient mugir de vastes soufflets ; les autres, levant tour à tour avec effort leurs lourds marteaux, frappaient à grands coups le fer ou l’airain qu’ils tiraient tout en feu de la fournaise. L’enclume en gémit, l’Etna et la Sicile[6] en sont ébranlés, l’Italie en retentit, et la Corse même en résonne. À ce terrible aspect, à ce bruit effroyable, les filles de l’Océan s’épouvantent…… frayeur pardonnable : les filles même des dieux, dans leur enfance, n’envisagent ces fiers géants qu’avec crainte, et lorsqu’elles refusent d’obéir, leurs mères feignent d’appeler Argès ou Stéropès : Mercure accourt sous les traits de l’un de ces Cyclopes, le visage couvert de cendre et de fumée ; soudain l’enfant effrayé couvre ses yeux de ses mains et se jette en tremblant dans le sein maternel. Pour toi, fille de Jupiter, plus jeune encore, et dès l’âge de trois ans, lorsque Latone t’avait portée dans ses bras à Vulcain pour recevoir ses premiers présents[7], et que Brontès t’avait mise sur ses genoux, tu avais arraché les poils hérissés de sa large poitrine, et depuis ils n’ont point été reproduits : ainsi les cheveux moissonnés une fois par l’alopécie ne reviennent jamais couvrir le front qu’elle a rendu chauve.

Aussi, d’une voix ferme, adressas-tu ce discours aux Cyclopes : « Cyclopes, hâtez-vous, il faut à Diane un arc, des flèches, un carquois. Diane, ainsi que Phébus, est fille de Latone ; et si quelque sanglier ou quelque monstre des bois vient à tomber sous mes coups, c’est à votre table qu’il sera destiné. »

Tu dis ; ils t’obéirent, et tu fus armée.

Il te manquait des chiens, tu voles en Arcadie et tu vas trouver Pan. Le dieu barbu était dans son antre, où il distribuait aux lices de sa meute les chairs d’un lynx du Ménale. Il te choisit aussitôt six chiens courageux, dont trois aux oreilles pendantes, deux noirs et blancs, un de diverses couleurs, tous capables de renverser des lions, de les saisir à la crinière et de les entraîner vivants. Il y joignit aussi sept cynosurides plus légers que le vent[8], plus vites que le lièvre[9] ou le faon, habiles surtout à découvrir le gîte du cerf, la tanière du porc-épic et les traces du daim.

Tu quittais ces lieux suivie de ta meute, lorsqu’au pied du Parrhasius tu vis s’abattre cinq biches, troupeau superbe, nourri sur les bords du sablonneux[10] Anaurus : elles étaient plus grandes que des taureaux, et l’or brillait sur leurs cornes[11]. Ton œil en fut surpris, et tu dis en toi-même : « Sans doute elles sont dignes d’être la première proie de Diane. » Seule, et sans le secours de tes chiens, tu en pris quatre à la course et les destinas à traîner ton char ; mais la cinquième (ainsi que le voulut Junon, qui la réservait pour servir un jour au dernier des travaux d’Hercule) passa le fleuve de Céladon[12] et se réfugia sur le mont Cérynien[13].

Ô Diane ! ô déesse toujours vierge ! déesse qui tuas Tityus, ton armure, ta ceinture et ton char étaient d’or ; tu donnas aussi des freins d’or à ces biches. Mais en quels lieux menas-tu d’abord ce char triomphant[14] ? en Thrace, sur le mont Aémus, d’où l’orageux Borée nous envoie les tristes frimas. Où coupas-tu des branches de pin ? sur l’Olympe de Mysie. À quels feux allumas-tu ces nouveaux flambeaux ? aux feux inextinguibles dont la foudre de ton père étincelle. Combien de fois éprouvas-tu tes flèches ? tu les essayas d’abord sur un orme, ensuite sur un chêne, puis sur un monstre des forêts, enfin, non plus sur un arbre, mais sur une ville coupable, où l’on avait cent fois outragé la nature et l’hospitalité.

Malheur à ceux que poursuit ton courroux ! leurs troupeaux sont dévorés par la peste et leurs champs dévastés par la grêle. Au déclin de leur âge, ils pleurent sur leurs fils morts avant eux ; et les femmes, frappées de mort aux jours de l’enfantement, ou n’accouchant que dans les horreurs de la guerre, n’élèvent jamais leurs enfants[15]. Heureux au contraire le mortel à qui tu souris ! ses sillons engraissés se couvrent d’épis, ses taureaux se multiplient, sa richesse augmente, et la tombe ne s’ouvre sous ses pas qu’au bout d’une longue et paisible carrière. La Discorde, qui renverse les plus solides maisons, ne déchire point sa famille, et chez lui la belle-mère et la bru s’assoient toujours à la même table.

Puisse, ô déesse redoutable ! puisse l’homme que j’aime ressentir ainsi tes faveurs ! Que je les éprouve aussi moi-même ! que l’art des vers me soit toujours cher ! je chanterai Latone et son hymen, je chanterai Phébus, je chanterai mille fois tes louanges, tes nombreux travaux, tes chiens, tes flèches et le char rapide qui te ramène pompeusement au palais de Jupiter. Là Mercure et Phébus accourent au devant de toi, Mercure pour prendre tes armes, Phébus pour recevoir les monstres que tes traits ont terrassés : tel était du moins son emploi avant que le valeureux Alcide fût admis dans les cieux. Car aujourd’hui ton frère est déchargé de ce soin, puisque l’infatigable dieu de Tirynthe, toujours aux portes de l’Olympe, attend avec impatience l’instant où tu lui rapportes quelques nouveaux mets. Tous les dieux, et surtout sa marâtre, en éclatent de rire, chaque fois qu’enlevant de ton char et tirant par les pieds quelque énorme taureau, ou quelque sanglier encore palpitant, il cherche à t’encourager par ce discours adroit : « Courage, ô déesse ! fais tomber sous tes coups les animaux féroces. Mérite que les mortels t’appellent, ainsi que moi, leur divinité protectrice. Permets aux lièvres, aux daims d’errer sur les montagnes. Quel mal font aux hommes et les daims et les lièvres ? Ce sont les sangliers qui dévastent leurs vergers et leurs champs ; ce sont les taureaux sauvages dont ils craignent la rage. Frappe les sangliers et les taureaux. » Il dit, et se jette aussitôt sur le monstre que tu lui rapportes ; car la flamme qui consuma sa dépouille mortelle sur les monts de Trachine ne l’a point délivré de sa faim dévorante ; il en ressent encore les ardeurs comme au jour qu’il rencontra le roi des Dryopes. Cependant les filles de l’Amnisus détellent et lavent tes biches, leur apportent de l’eau dans des vases d’or pour se désaltérer à leur gré, et répandent abondamment devant elles cette herbe céleste, prompte à se reproduire, qu’on moissonne dans les prairies de Junon et qui nourrit aussi les coursiers de Jupiter[16]. Tu entres ensuite au palais de ton père, où, quoique chaque dieu t’invite à t’asseoir auprès de lui, tu te places toujours à côté d’Apollon.

Mais quand les nymphes formeront autour de toi leurs danses, soit aux sources de l’Inopus[17], soit dans les plaines de Limnée et de Pitane (car Pitane aussi t’est consacrée) ; ou lorsque, rejetant le sanguinaire hommage du Taurien et quittant la Scythie, tu viendras visiter les Araphéniens, puissé-je alors n’avoir point engagé le travail mercenaire de mes bœufs pour défricher le champ d’autrui pendant la journée ! Fussent-ils de la race de ces taureaux de Tymphée, si renommés pour tracer les plus pénibles sillons ; fussent-ils dans la vigueur de leur âge et dans la force de leurs cornes, avec trop de peine et de fatigue ils reviendraient à l’étable, puisque le Soleil, ravi du spectacle charmant de tes fêtes, arrête son char pour les voir plus longtemps et prolonge le jour.

Mais quelle île, quelle montagne, quelle cité te plaît davantage ? Quelle nymphe te fut la plus chère ? Quelles héroïnes ont été tes compagnes ? Déesse, instruis ton poëte, il instruira les autres à son tour.

Parmi les îles, Doliché ; parmi les cités, Pergé[18] ; parmi les montagnes, le Taygète[19] ; parmi les ports, ceux de l’Euripe[20] ; voilà les lieux qui t’ont plu davantage. La nymphe qui te fut la plus chère, ce fut la nymphe de Gortys, cette nymphe redoutée des faons, Britomartis au coup d’œil assuré. Minos, brûlant pour ses charmes, la poursuivit longtemps sur les montagnes de Crète, mais elle se cachait tantôt sous des chênes touffus, tantôt au fond des marais. Neuf mois entiers il erra parmi les précipices et les monts. Enfin il était près de l’atteindre lorsqu’elle s’élança du haut d’un rocher dans les flots. Les filets d’un pêcheur la sauvèrent, et c’est de là que la nymphe et le roc d’où elle s’était précipitée reçurent des Cydoniens l’une le nom de Dictynne, l’autre celui de Dicté. Ils lui ont aussi dressé des autels et consacré des fêtes. Les couronnes qu’ils y portent sont de jonc ou de pin ; le myrte en est banni ; le myrte est haï de la Nymphe, parce qu’une branche de cet arbre, s’embarrassant dans sa robe, l’avait arrêtée dans sa fuite. Ô Diane ! à tous les noms sous lesquels tu es honorée, les Crétois ont encore ajouté celui de cette nymphe.

Cyrène fut aussi ta compagne : tu lui donnas deux chiens, qui jadis, au tombeau de Pélias, lui valurent la victoire[21]. Tu permis aussi de te suivre à la blonde épouse du fils de Dioné[22]. La belle Anticlée[23], dit-on, fut également l’objet de ta tendresse. Ces nymphes furent les premières à s’armer d’arcs flexibles et de carquois pleins de flèches, en se découvrant toujours l’épaule droite[24] et le sein. Mais tu distinguas sur toutes la fille de l’Arcadien Iasius, la légère Atalante, que toi-même instruisis à conduire une meute, à lancer des traits ; Atalante, que ne purent mépriser les célèbres chasseurs du sanglier de Calydon, puisqu’elle remporta le prix de la valeur, et que l’Arcadie possède encore les dents de ce monstre ; Atalante, dont au fond des Enfers Hylaüs et l’insensé Rhœcus[25] voudraient en vain, malgré leur haine, calomnier l’adresse ; car leur sang, qui teignit les rochers du Ménale, déposerait contre eux.

Salut, ô déesse vénérable[26] ! déesse de mille cités, déesse du Chésius, de l’Imbrasus[27], déesse de Chitoné[28] ; véritable citoyenne de Milet ; car ce fut toi que Nélée prit pour guide en quittant les rivages de Cécrops. C’est à toi qu’Agamemnon consacra le gouvernail de son navire pour apaiser ton courroux, lorsque enchaînant les vents, tu retenais les Grecs impatients de saccager Ilion et de venger leur Hélène. C’est à toi que Prœtus éleva deux temples, l’un sous le nom de Déesse favorable aux filles, parce que tu lui ramenas ses filles errantes sur le mont Azénien ; l’autre dans la ville de Lussa, sous le nom de la douce Déesse, parce que tu sus adoucir la rage féroce qui les possédait. C’est à toi que jadis, aux rivages d’Éphèse, les Amazones érigèrent une statue sur le tronc d’un hêtre. Là, tandis qu’Hippo t’offrait un sacrifice, ces femmes amies de la guerre dansèrent d’abord, avec leurs boucliers, la danse des armes, puis se réunirent en chœur autour de ton autel. Leurs mouvements agiles faisaient résonner leurs carquois et retentir la terre sous leurs pieds. La flûte, cet ouvrage de Minerve, si funeste aux faons, n’était pas encore inventée[29], mais le son des chalumeaux leur marquait la cadence, et l’écho le répétait jusque dans Sardes et dans Bérécynthe. Dans les âges suivants, on construisit autour de cette statue un vaste temple : le Soleil n’en verra jamais de plus beau ni de plus riche ; il l’emporte sur le temple même de Pytho. Jadis l’insolent Lygdamis[30] menaça d’en piller les trésors. Du fond des climats hyperboréens, que la fille d’Inachus a rendus si célèbres, il traînait à sa suite ces fiers Hippimolges, qui égalaient en nombre les grains de sable de la mer. Ô le plus malheureux des rois ! quel était son espoir ? ni lui, ni aucun de ces barbares dont les chars avaient foulé les rives du Caystre, ne devaient revoir leur patrie, car tes flèches ont toujours défendu ton Éphèse.

Gloire à la déesse de Munychie, à la déesse des ports et de Phérès.

Mortels, craignez de ne pas honorer Diane. Si jadis Oinée négligea de parer ses autels, vous savez quels assauts il eut à soutenir. N’allez point la défier dans l’art de prendre un cerf, de lancer un javelot ; cet orgueil coûta cher aux Atrides. N’aspirez point aux faveurs d’une déesse toujours vierge ; Orion, Otus en ont trop éprouvé le danger. Ne refusez point de danser dans ses fêtes ; Hippo ne l’a point refusé sans avoir eu bien des larmes à verser.

Salut, ô puissante déesse ! sois propice à ton poëte.


  1. Littéralement : « Toutes âgées de neuf ans, toutes enfants encore sans ceinture. » Les jeunes filles ne commençaient à porter des ceintures qu’après avoir atteint l’âge nubile.
  2. Épouse de l’Océan.
  3. Nom qui en grec signifie fertile en miel.
  4. Le grec dit : « Aux rochers de l’Ossa »
  5. Le grec ajoute : « Égal à un bouclier de quatre peaux. »
  6. Littéralement : « La Trinacrie, séjour des Sicaniens, et la voisine Italie. »
  7. Littéralement : « Ses présents de vue, optéria. » La coutume chez les anciens, quand une femme accouchait, était que les parents du nouveau-né envoyassent à la mère des présents, comme pour obtenir la permission de voir son enfant.
  8. Cynosure était un lieu de Laconie. Les chiens de ce pays étaient renommés par leur vitesse, surtout ceux qu’on croyait nés d’une chienne et d’un renard, espèce dont Aristote attestait l’existence, mais qui n’était autre que celle de nos lévriers.
  9. Le grec ajoute : « Qui ne ferme jamais les yeux. »
  10. Littéralement : « Qui roule un sable noir. » L’Anaurus était un fleuve de la Thessalie : il est assez singulier que Callimaque amène ses biches de Thessalie en Arcadie.
  11. Il ne faut pas s’étonner de ce que Callimaque donne ici des cornes aux biches : c’était une erreur commune à tous les poëtes grecs, et qui leur a même été reprochée par Aristote.
  12. Fleuve d’Arcadie.
  13. Montagne d’Arcadie.
  14. Littéralement : « Attelé d’animaux à cornes. »
  15. L’expression grecque est bien plus poétique : « Aucun de leurs enfants ne se dresse sur ses jambes. »
  16. Callimaque est, je crois, le seul des poëtes et des mythologues qui fasse mention de ces prairies de Junon, qu’il place dans le ciel.
  17. Petit fleuve de l’île de Délos ; le poëte lui donne l’épithète d’Égyptien, parce que ce fleuve passait pour avoir les mêmes accroissements et décroissements que le Nil ; c’était même une croyance assez généralement répandue parmi le vulgaire, que l’Inopus n’était autre que le Nil lui-même, qui, après avoir traversé la mer, reparaissait dans l’île de Délos.
  18. Ville de Pamphylie, où Diane avait un temple auquel était attaché le droit d’asile.
  19. Montagne de Laconie, où l’on trouvait beaucoup de chèvres, de sangliers, d’ours et de cerfs.
  20. Le culte de Diane était singulièrement en honneur dans toutes les villes qui bordaient les détroit de l’Euripe, tant sur la côte de Béotie que sur celle de l’Eubée, telles qu’Aulis, Délium, Amarynthe, etc.
  21. Près d’Iolchos : c’était là que Cyrène, selon la fable, avait combattu contre un lion et l’avait terrassé.
  22. Procris, épouse de Céphale.
  23. Anticlée n’est point connue dans la fable ; la mère d’Ulysse s’appelait Anticlée, mais ce ne peut etre de cette héroïne que le poëte ait voulu parler.
  24. L’expression grecque est remarquable ; littéralement : « Leurs épaules droites étaient indépouillables, » c’est-à-dire n’étaient point vêtues.
  25. Deux centaures qui avaient voulu attenter à la pudeur d’Atalante, et que cette héroïne tua à coups de flèches sur le mont Ménale.
  26. Le texte ajoute : « Déesse assise au premier trône, » p’ôtothroné, autre surnom de Diane dont je n’ai pu trouver l’étymologie.
  27. Le Chésius et l’Imbrasus étaient l’un un promontoire, l’autre un fleuve de l’île de Samos, où Diane était spécialement honorée.
  28. Chitoné était un bourg de l’Attique.
  29. Littéralement : « On n’avait pas encore percé les os des faons. » Les anciens, dans les premiers temps, faisaient leurs flûtes avec les os des faons. La plupart des mythologues attribuaient l’honneur de cette invention à Minerve, quoique les monuments historiques l’attribuent au Phrygien Ilyagnis.
  30. Callimaque veut parler ici de cette invasion que les Scythes firent en Asie vers la trente-sixième Olympiade, environ 530 avant l’ère chrétienne. Selon Strabon (lib. I, p. 106, B.), Lygdamis, l’un de leurs chefs, périt effectivement, mais loin d’Éphèse et dans la Cilicie. Hésychius (voce Lygdamis) dit non-seulement qu’il menaça de piller le temple de Diane, mais qu’il le brûla.