Louÿs — Littérature, Livres anciens, Inscriptions et belles lettres/Notes littéraires 2.

Slatkine reprints (p. 172-176).

CONCLUSIONS BRÈVES de quelques thèses dont j’ai la preuve, — parmi tant d’autres — et que pourraient soutenir, par milliers, mes notes inédites, si elles me survivaient.


RONSARD

Le grec. — « L’artifice nouveau » de Daurat était l’enseignement du grec par le latin. Preuve par le Nicandre couvert de notes. Livre à jamais précieux par la note marginale et exceptionnellement française sur la phalène. Ronsard et son ami Belleau lurent cette page ensemble.

Le Nicandre nous a été conservé par Renouard (Catal. 1818).

Sa maladie. — Toute sa vie, Ronsard fut malade. De quoi ?

Malade d’un remède et non d’une maladie. Intoxiqué.

Lanelouzy a lu mes notes, les a trouvées toutes convergentes et m’a presque sommé de les publier, en me disant qu’il confirmerait mon diagnostic. Il était alors doyen de la société médico-historique.

Ronsard souffrait d’insomnies légères. Il a pris de l’opium à une dose telle, que son insomnie est devenue le perpétuel supplice du lit solitaire.

Sommeil. Opium. Pavots. Sa jeunesse en est hantée.

« Seize heures… je meurs les yeux ouverts. » Il dicte cela le jour de sa mort.

Hélène de Surgères. — Elle a brisé la vie de Ronsard.


BAUDELAIRE

Ambitieux aigri. — Étant enfant, il voulait, dit-il, être pape ou comédien. (Œuv. posth.). Il a vécu comme un comédien furieux de ne pas être pape.

Sa vilenie. — Il dédie trois poèmes à Hugo qu’il attaque en dessous (Œuv. posthumes). Il dédie ses poèmes en prose à Houssaye, que, par derrière, il traite de canaille. (Œuv. posth. p. 116).

Style de C. B.

Prose. — Pourquoi sa prose est-elle si mauvaise ? Il y a une prose de Pascal, une de La Bruyère, une de Montesquieu, une de Châteaubriand, une de Hugo, une de Renan, une de Flaubert, une de Mallarmé…

Je dirais même : il y a une prose de Voltaire, une de Musset, une de Mérimée, une de Mendès, que sais-je ? Une de Brunetière.

Pourquoi celle de Baudelaire est-elle si maladroite et si pesante ? Aucun rythme, aucune harmonie. Des bavures partout et des empâtements au hasard. Il semble qu’en prose, l’équilibre des sonorités lui échappe. Sur la corde de la prose, il marche sans balancier. Il ne sait même plus se servir de ses défauts, et ne tire aucune force de son libertisme.

La raison et l’excuse de C. B. est l’imbécillité de la littérature journalistique sous le second Empire. J’ai connu quelques-uns de ces hommes : Sarcey, Scholl, Vitu. Je comprends.

Il a voulu faire le contraire, exactement comme le poète épique à Banville ordonnait de lire la Henriade pour savoir ce était le contraire d’une épopée.

Mais le contraire du laid, ce n’est pas le beau : c’est un autre genre de laideur. Le beau n’a aucune attache avec le laid et ne lui est uni par aucune gradation. Si vous prenez le contraire d’une redingote, vous dessinerez un autre vêtement ridicule ; vous n’obtiendrez pas une draperie.


CHAPELAIN-TARTUFFE

Une canaille : Chapelain, et comment ce type accompli de l’enrichissement par la papelardise posa trente-six ans devant son portraitiste (1633-1669).

Sébastien le Hardy de la Trousse avait une charge à la cour. Il était « capitaine de la porte » c’est-à-dire chef des portiers.

Ses appointements étaient de 3.000 livres.

Il n’a jamais été marquis.

Il n’est pas mort au feu en 1638, mais dans son lit en 1632.

Sous Louis XIII, le Hardy occupe son poste de 1610 à 1627. Il meurt après cinq ans de retraite le 23 septembre 1632.

Chapelain demeure chez le Hardy jusqu’à sa mort. En 1633 il a déménagé.

La correspondance de Chapelain commence l’an 1632.

La petite terre de la Trousse, près de Meaux était ornée d’une « maison » et non d’un château.

Les Le Hardy (de la Trousse) ont été anoblis, et la terre érigée en marquisat le 5 septembre 1651, dix-neuf ans après la mort de Sébastien.

Le Réveille-matin des courtisans ou LES MOYENS LÉGITIMES DE PARVENIR.

Traduit de l’espagnol (Guevara) par Sébastien Hardy. 1622.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chapelain racontait que sa mère Jeanne Corbye ou Corbière était l’amie de Ronsard et fille d’un ami intime de R.

Les noms Corbye et Corbière sont introuvables chez Ronsard.

Ronsard n’a parlé que de « Jeanne la Grise » qui tenait un bordel dans l’île Saint-Louis.

23 octobre 1651. — Jeanne Corbière veuve de Sébastien Chapelain meurt à Fontenay-sous-Bois. Donc elle n’a pas pu être l’amie de Ronsard, qui s’était retiré du monde vers 1572.

, Mais quelle fortune laissait-elle ? puisque… en 1653, 55…

191 avril 1645. — Contrat de prostitution littéraire avec le Duc de Longueville, à vie.

10 septembre 1653. — Au denier vingt, Chapelain prête 30.000 livres à Mme de Rambouillet.

11 août 1654. — « La maison est à moi… » au peintre Maressal.

1er juin 1918.