Louÿs – Poëtique, suivie de Théâtre, Projets et fragments ; Suite à Poëtique/Suite à Poëtique 6
SHELLEY
Quand on aime la vraie poësie française, comme la fin du second Faust, par exemple, — tomber sur un poëte aussi boche que Shelley ; c’est tragique.
Voici la fin de son « Down, down ». Veux-tu me dire ce que cela signifie :
Resist not the weakness
Such strength is in meekness …
jussqu’ici on comprend ; c’est pitoyablement écrit et rimé, comme tout Shelley ; mais « the » veut dire « thy ».
… That the Eternal, the Immortal
Must unloose through life’s portal
The snake like Doom coiled underneath his throne
By that alone. (!)
Connais-tu rien de plus pâteusement germanique en allemand, ou en juif, que cette epipshychophidiomorphose ?
Et le sonnet d’Ozymandias ! un pauvre petit rythme qui fait « tutu … tutu … » ; des rimes qui ne trouvent jamais leur quatrième ; un petit « far away » au départ du train, comme un mouchoir. Là dessus la pièce est terminée, à moins qu’une dame ne s’écrie : « Delightful ! »
Compare à cela les sonnets de mon Keats. Celui qui se termine par l’étonnant … spirits flee
ou le suivant qui l’imite … spirits fly
ou la seconde strophe de Vode to a grecian urn, — ou tant d’autres vers qui ne mourront jamais parce que leur rythme est « branché » au courant qui le fait vivre :
But where the dead leaf fell, there did it rest.
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To feel for ever its soft fall and swell. [A breast
Entends la respiration des quatre F du V et du SW
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The murmurous haunt of flies on summer eves.