Lieds Bretons
Revue des Deux Mondes, période initialetome 14 (p. 135-136).
II.


LA CHANSON DU CLOUTIER


Sans relâche, dans mon quartier,

J’entends le marteau du cloutier.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Voyez ses bras nus et luisans
Retourner le fer en tous sens.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Jamais il ne voit le ciel bleu,
Mais toujours la forge et son feu.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

C’est pour sa femme et ses enfans
Qu’il fait tant de clous tous les ans.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Grands clous à tête et petits clous,
Oh ! combien de fer pour deux sous !

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Rarement le cabaretier
Voit au cabaret le cloutier.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !

Toujours sur l’enclume il refrappe !


Mais, le dimanche, il chôme enfin

Et chante à l’office divin.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Que Dieu, dans son noir atelier,
Dieu bénisse cet ouvrier !

Le jour, la nuit, son marteau frappe !

Toujours sur l’enclume il refrappe !