Lieds Bretons
Revue des Deux Mondes, période initialetome 14 (p. 134-135).

LIEDS BRETONS.




I.
LA HARPE



« Né deûz nag éal na den
« Na oel pa gan ann délen. »

Il n’y a ni ange ni homme
Qui ne pleure lorsque chante la harpe.

AB-EDMOUNT, barde gallois.


Sur les rochers noirs de l’Arvor
La harpe se taisait, la belle harpe d’or ;

Elle gisait là sous les nues,
Tout son corps entr’ouvert et ses cordes rompues :

Hélas : à voir tant de malheur,
J’ai senti de pitié se fendre aussi mon cœur ;

En pleurant j’arrachai la fibre,
Cette fibre d’amour qui dans moi toujours vibre ;

Puis, sur la harpe j’attachai
Le nerf mélodieux de mon cœur arraché.


Tour à tour plaintive et joyeuse,
Elle sonne à présent, cette bonne chanteuse :

Çà donc, ma harpe, à vos chansons,
Et qu’un peu de bonheur entre dans nos maisons !