Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 22-48).
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Babouz, s. m., bave : exactement « bav-eux », avec un suffixe dérivatif en plus. Empr. fr. bave. Cf. baô et mormouz.

Babu, s. m., guigne : parait un mot de friandise enfantine passé dans la langue ; il y a une variante babi, et la merise dans le Maine se nomme babiole, cf. normand baguiole, et fr. ancien badeolier « sorte de cerisier ». Empr. fr. probable.

Bad, s. m., étourdissement, étonnement, badauderie, corn. bad « stupide », bàdus « lunatique », vbr. bat « stupeur » : abstrait du lat. populaire *batâre, d’où procèdent aussi fr. béer, béant, bayer et bâiller[1]. Cf. le suivant. Empr. bas-latin[2].

Badaḷa, badaḷein (V.), vb., bâiller. Empr. bas-lat. *bataculare > *batacliare[3], d’où aussi fr. ancien baaillier.

Badalen, s. f., dague, poignard. Empr. fr. ancien badelaire « épée courte » (la finale altérée à cause de la fréquence des féminins en -en, noms d’objet ou d’instrument[4]).

Badéz, s. f., baptême : abstrait du vb. badéza. Empr. bas-lat. baptizàre > *batidiare (Loth), cf. corn. bedidhia et cymr. bedyddio.

Bag (bak), s. f., bateau. Empr. fr. bac.

Bagad, s. f., troupe, foule, corn. bagat « troupe », bagas « grappe », cymr. bagad, « grappe, foule », gael. bagaid id. : le sens primitif est « grappe », d’un bas-lat. *bacâta, dér. de bàca, « baie », petit fruit généralement assemblé en grappes. Empr. lat.[5]. — Thurn.

Bagol, adj., sain, robuste : altéré pour *magol[6] « bien nourri ». V. sous maga et meur.

1 Bach, s. f., croc, hameçon, corn. bah, cymr. bâch, vir. bacc, gael. bac, etc., d’un celt. *bakka ou *bakkos « croc », qui n’a point d’équivalent connu en dehors du celtique.

2 Bâc’h, s. f., prison, cf. ir. gael. bac « empêchement », identique au précédent, à peu près comme on dit en argot « j’ai été au clou » (ounn béd er vâc’h « … au croc »).

Bac’hein (V.), vb., déconcerter, cf. mir. bacaim « j’empêche », soit « j’accroche ou fais accrocher ». Cf. les précédents.

Baian, adj., alezan : contamination de la finale de alazan et de l’initiale de bayo. Empr. espagnol probable.

Baizik, adj., jaloux (mais non pas en mauvaise part) : pour *gw-eizik « un peu jaloux »[7]. V. sous gw- et oaz.

Bal, s. m., branle, danse. Empr. fr. bal (sens ancien).

1 Baḷ, s. m., tache blanche au front des animaux domestiques, cheval ainsi marqué, cymr. bal id., ir. bail id., gael. bail « tache » : d’un celt. *ba-lo-, *bal-no-, *bal-yo-, cf. gr. φά-λ-ιο-ς (pha-l-io-s) « noir tacheté de blanc », qui se rattache à la rac. BHÂ « luire »[8].

2 Baḷ, s. m., baquet, cuvier. Empr. fr. baille[9], lequel procède du bas-lat. *bajula (lat. bajulus « portefaix »). Cf. béol.

Balaen, s. f., balai. Empr. fr. bretonisé balai, mais celui-ci à son tour pris au br. balan. V. ce mot.

Balafen, s. f., variante de balaven. V. ce mot.

Balamour, prép. : écourté de abalamour. V. ce mot.

Balan, s. m., genêt, mbr. balatn, avec métathèse pour banazl. V. ce mot sous banal.

Balaven, s. f. (aussi balafen), papillon : semble une métathèse de *pabellen avec contamination de *falen. Empr. lat. (acc.) pâpiliônem, et phalaena du gr. φάλαινα (phalaina) « papillon de nuit ».

Balbein (V.), vb., altérer (donner soif). — Étym. inc., mais cf. lat. balbus « bègue » et le suivant.

Balbouza, vb., bredouiller, barbouiller : du lat. balbtxiïre, ou plutôt d’un adj. br. *balb-ouz (cf. babouz) refait sur *6 a/6-, puis confondu à raison de l’homophonie avec fr. barbouiller. V. sous balbein.

Balé, s. m., marche : dér. de bal au sens primitif de« branle, marche réglée et cadencée »[10]; puis le sens s’est généralisé.

Balek (C.), s. m., répugnance : le même que baleg, employé métaphoriquement « cela me fait saillie », comme en argot fr. « cela me sort », pour « cela me répugne » (baleg am eûz). — Ern.

Baled, s. m., auvent : dér. du radical *bal-. V. le suivant.

Baleg, s. m., saillie d’architecture, cymr. balog « saillie », cf. cymr. bal, ce proéminence, pic terminal d’une montagne », ir. et gael. ball « membre » (sens spécialisé), gr. φαλλός (phallos) ; « pénis » : dér., cf. baled.

Baḷez, s. f., macreuse : dér. de 1 baḷ (tachetée).

Balc’h, adj., fier, arrogant, cymr. balch, gael. bailc-each, « fort », vir. balc id. : d’un celt. *balk-o-, lat. fulc-iô « je soutiens », fulcrum « étai », germ. *balk « poutre » (ag. balk, al. balken), soit une double racine BHELK BHELG « être ou rendre fort ».

Bail, s. f., avenue d’arbres. Empr. fr. ancien balie id.[11].

Balir, s. m., variante de baleg dér. du même radical *bal-.

Baltam, s. f., variante de batalm (métath.). V. ce mot.

Bameln (V.), vb., ensorceler, tromper. — Étym. inc.[12].

Banal, s. m., genêt, pour *banazl, cymr. banadl, corn. banathel, d’un celt. *ban-atlo- dont la syllabe radicale est identique à celle du lat. gen-ista. Aucun autre rapprochement ne s’impose. — Conj. Ern. Cf. balan et balaen[13].

Banel, s. f., venelle. Empr. fr.[14].

Baṅgounel, s. f., pompe : pour mangounell, « baliste, machine », cymr. magnol « canon ». Empr. fr. ancien mangoneau[15].

Bann, s. m., éminence, jet, rejeton, rayon, aile (de moulin), aile (de dévidoir), écheveau[16] (cf. banna « jeter violemment »), cymr. ban, « haut, éminence », vir. benn, ir. et gael. beann, « corne, cime »[17], gaul. *benna, « corne, pointe », dans le n, pr. du lac de Garde Bèndcos (aux nombreux promontoires) : d’une rac GwEN, qui se retrouve dans ag. kn-oll « éminence », al. kn-ollen « motte de terre ». — Mcb.

Bannac’h, banné, s. m., goutte, d’où « un peu » et « taie sur l’œil », corn. banna, vir. banne « goutte », mir. boinne, ir. et gael. bainne « lait » : soit une base celt. *ba-nyà, ou bien *bannyà (pour *bat-nyà) « liquide », rac. BHA ou BHAT ; cf. ag. to balhe, al. bad-en « se baigner », etc.

Banniel, s. m., bannière. Empr. fr. altéré.

Banô, banv, s. f., truie en gésine, corn. baneu « pourceau », cymr. banw, vir. banb, ir. et gael. banbh (et Banff n. pr. de lieu), d’un celt. *banwo-, fm. *banwā, qui n’a point d’équivalent connu ailleurs.

Banvez, s. m., festin, gael. banais « noces », ir. bain-fheis « repas de noces », qui suppose un celt. *benā-wēsti-i « repas de la femme » : le second terme, identique au cymr. gwest « repas », à l’ir. feis « nourriture », au visl. vist id., se rattache à la même racine que le lat. ves-ci « se nourrir » ; sur le premier, cf. ében.

Baô, s. m., engourdissement, stupidité, timidité. — Étym. inc.[18].

Baot, s. m., voûte (pl. -ou), d’où « tortue » (pl. -ed), aussi vaot. Empr. lat. volta < voluta « arrondie ». Cf. bolz.

Baouik, s. m., nasse, mannequin : pour *baoug-ik, dimin. d’un celt. *bolgo « sac », corn. et cymr. bol « le ventre », ir. bolg « sac », gaul. latinisé bulga « sac de cuir » (d’où fr. boug-eïte et ag. budg-et) ; soit une rac. BHELGH « s’enfler », en divers états, qu’on retrouve dans lat. *folg-vi- > follis « soufflet, ballon à jouer >, al. balg « soufflet », ag. belly « la panse », etc., etc.

Baoz, s. f., litière à fumier, mbr. baus, cf. cymr. baw « ordure », fr. boue et bouse, tous termes d’origine inconnue ; ce dernier, toutefois, pourrait bien se rattacher, avec baoz, au même radical que fr. bœuf. V. sous et buc’h.

Bâr, s. m. (aussi barr), sommet, comble, branche haute, branche, corn. et cymr. bar « sommet », vir. barr, ir. bârr, gael. bàrr, gaul. *Barros conservé dans le n. pr. « Bar » (lieux situés sur une hauteur) : d’un celt. *barso-, sk. barsâ « bout », bhrsti « pointe[19] », lat. fastigium (= *farst-îgio-), vhal. parrën « faire saillie », etc.

Bara, s. m., pain, corn. et cymr. bara, cf. vir. barg-en, ir. bairghean, gael. bairghin, « pain, gâteau » : ces derniers d’un celt. *barg-o-, cf. lat. ferc-tu-m « gâteau d’offrande », ags. byrg-an, « goûter, manger » ; soit une rac. BHERGH sans répondant sûr ailleurs.

Barad, s. m., perfidie, trahison (d’où emprunté fr. barat-erie), corn. bras, cymr. brât, vbr. brat, ir. et gael. brath, vir. brath et mrath (forme primitive) ; cf. gr. ἁ-μαρτ-άνω (ha-mart-anô), « je me trompe, je pèche », ἁμορτωλή (hamortôlê) « méfait », sans équivalent connu ailleurs.

Baras, s. f., baquet à anses. Empr. bas-lat. *baratta « baratte ».

Barbaou, s. m., bête noire (dont on fait peur aux enfants) : mot forgé par onomatopée, ou corrompu du fr. Barbebleue, ou plus simplement du fr. ancien baboue « épouvantail », fr. baboue « moue » Hatzf., d’où babouin.

Bark, s. m., barque. Empr. fr. avec changement de genre[20].

Bardel, s. f., barrière, margelle. Empr. fr. mardelle. Cf. bagol.

Baré, s. m., séneçon, mbr. bazre pour *mazre, corn. madere id., ir. madra « garance ». Empr. fr. ancien madéré > madré « veiné, bigarré ». Cf. marella et bagol (m devenu b). Les mots corn. et ir. sont empruntés à l’ags. (ag. madder « garance »).

Barf, s. m., variante de barô. V. ce mot.

Barged, s. m., buse, imbécile, musard, corn. barges, cymr. barcud, cf. cymr. cud « milan » : soit donc un composé *bar-cud « milan de branche [21] ». Empr. ags. cyta (ag. kite). V. sous bâr. — Conj.

Bargéden, s. f., nuage devant le soleil : dér. de barged[22].

Bargédi, vb., muser, baguenauder, badauder. V. sous barged.

1 Barlen, s. f., giron, la partie du tablier qui est au-dessus des genoux, cymr. barlen id. : soit « la couverture d’en haut[23] » pour « le haut du tablier, du pagne », etc. V. sous bâr et 2 lenn.

2 Barlen, s. f., verveine : pour varlen, cf. gael. bearbhain. Empr. fr. verveine < lat. verbëna, altéré par dissimilation et imitation du précédent.

Barn, s. f., jugement, cymr. barn, corn. barne « juger », ir. barn « juge » :

d’un celt. *bar-no-, *bar-na, qui se rattache par métathèse à la même rac. que breut. V. ce mot.

Barô (barf, barv), s. m., barbe, corn. et cymr. barf. Empr. lat. barba avec changement de genre.

Barr, s. m., variante primitive de bâr. V. ce mot.

1 Barrad, s. m., astuce : simple prononciation divergente, avec sens légèrement modifié en conséquence. V. sous barad.

2 Barrad, s. m., dans des locutions telles que barrad glaô « grosse averse » (coup violent de pluie) : dér. de bâr, qui a le même sens dans des locutions analogues, soit « comble de l’ondée ». V. sous barr.

Barren, s. f., barre. Empr. fr. bretonisé barre. Cf. barr.

Barrez, s. f., danse de théâtre. Empr. fr. corrompu ballet[24].

Barz, s. m., chanteur public, aussi barh (V.), corn. barth « joueur [d’instrument] », cymr. bardd, « poète, prêtre », vir. bard t ir. bârd, gael. bàrd, gaul. bardos « barde » : d’une rac. qui se retrouve sûrement dans gr. φραδ-ής (phrad-ês) « sage », φράζω (phrazô) « je parle », et peut-être dans germ. (vieux saxon) grôtian « interpeller » ; cf. ag. to greet « saluer », al. grûssen.

Barzennen, s. f., verrou. Empr. fr. targette, avec initiale contaminée de barr « tige » ou barren « barre ». — Conj.

Bâs, s. m., bât. Empr. bas-lat. bastum ou fr. ancien bast.

Baskik, s. m., (petite) scrofulaire : dimin. de *bask. Empr. lat. écourté (ver)bascum « bouillon-blanc ». — Conj.[25]

Basta, bastout, vb., suffire, satisfaire. Empr. fr. ancien baster (conservé dans baste ! « il suffit, n’en parlons plus »), cf. ital. bastare.

Bastrouḷein (V.), vb., barbouiller, embrouiller, cf. br. bastroulh « souillon », fp. trouille id. f provençal mastroui ou mastroulha « manier malproprement », termes d’argot. Empr. fr., et cf. stroul.

Batalm, s. f., fronde : exactement « bâton-fronde », l’arme dont le nom technique est en fr. « fustibale ». V. sous baz et talm.

Bataraz, s. f., massue, gourdin : pour *mataraz, sous l’influence de bâz. Empr. fr. ancien matras « grosse flèche ».

Bâv, s. m. (d’où bava « stupéfier »). V. sous baô.

1 Bâz, s. f., bâton, aussi bac h (V.) : d’un celt. *battà, auquel se rattachent cymr. baihu « battre [monnaie]», bath « monnaie », ir. bas et gael.ôà* ce mort », vir. bathach « moribond », gallo-lat. populaire batuere, battuere (d’où ir. battre) et anda-bata (nom d’un genre de gladiateur) ; cf. ags. beadu « combat »[26].

2 Bâz, adj., peu profond, corn. et cymr. bas : abstrait d’une locution telle que « les eaux sont basses » (bâz eo ann dour). Empr. lat. bassus.

Bazoulen, s. f., battant de cloche : formé sur un type de dimin. *baz-oul- (bahoul V.), soit un celt. *batt-ul-inna. V. sous bâz.

, s. m., bêlement. Cf. bégia. Onomatopée.

Béach, s. m., voyage. Empr. fr. ancien veiage, veage, id.

Béaoli, s. m., fardeau, mbr. bech, cymr. baich id. : soit un celt. *baksi-> forme de métathèse par rapport au lat. fasci-s « faisceau », auquel on ne connaît pas d’autre équivalent[27].

Bék, s. m., bec, pointe : gaul. *beccos (d’où le surnom lat. Beccô), qui a passé au fr. (bec), à l’ital. (becco) et à l’ag. (beak), mais qui ne se retrouve avec certitude nulle part ailleurs[28].

Békéd, s. m., brochet : dér. de bék (museau pointu).

Béd, s. m., monde, corn. en-bit « au monde », cymr. byd, ir. et gael. bith, gaul. *bitu- dans le n. pr. Bitu-rix « roi du monde », etc. : d’un celt. *bitu-, dér. de rac. celt. BEI « vivre ». V. sous béô.

Bég, s. m., variante de bék. V. ce mot et les suivants.

Bégar, s. m., mélisse : dér. de bég[29], cf. békéd et bégek.

Bégek, s. m., saumon (fr. bécàrd) : dér. de bég.

Bégel, s. m., nombril, zeste de noix (le second sens est dérivé), corn. begel, cymr. bogail. Empr. lat. buccella « petite boucle ».

Bégia, vb., bêler, chevroter, mbr. baeguel « bêlement », corn. begy « braire », cymr. beichio « mugir », ir. béecim « je beugle », etc. : d’un celt. *baik-iô, ou *baikk-iô, et cf. bé.

Bégin, s. f., soufflet : dér. de bég (instrument à bec). Cf. pourtant lat. burina « trompette » et lat. machina, toutes formes qui ont pu se contaminer et se confondre en bégin et mégin. V. ce dernier mot.

Bec’h, s. m., variante primitive de béac’h.

Bélek, s. m., prêtre, mbr. baelec, équivaut à un dér. *bac(u)l-ûco-s « qui porte un bâton » ; cf. cymr. bagl « bâton » et plus spécialement « la houlette pastorale ». Empr. lat. baculus[30].

Béler, s. m., cresson d’eau, corn. bêler, cymr. berwr, vir. biror > bilor, ir. biolar, gael. biolaire, gallo-lat. berula (d’où fr. berle et esp. berro), etc. : d’un celt. *ber-uro-, dér. d’un radical *ber- signifiant « source », qui parait se retrouver dans gr. φρέ-αρ (phre-ar) « puits », ag. bourn, al. born et brunnen « fontaine », etc.

Belc’h, s. m., graine de lin, baie : originairement forme de pl. de bolc’h « cosse de lin », qui existe aussi et dépend du type gaul. bolga ou bulga « sac ». V. sous baouik.

Béli, s. f., puissance, autorité. Empr. fr. ancien bailie = baillie.

Bélôst, s. m., croupion : préf. *gw- > *be- et lôst. V. ces mots.

Bemdez, bemdiz, adv., adj., chaque jour, quotidien, ouvrable ; cf. pemdèziek, à initiale restée pure. V. sous pep et deiz[31].

Bén, s. m., dans mêan bén « pierre de taille » : abstrait de béna.

Béna, vb., tailler, mbr. benaff, ir. be-n-im « je frappe » : dér. d’une rac. BHEI (état réduit BHI), « frapper, couper » (cf. vir. ro-bi « il frappa », bi-the « frappé »), laquelle apparaît le plus souvent sous la forme BHID, sk. bhinàt-ti « il fend », gr. φιτρός (phitros), « copeau[32] », lat. find-ere, got. beit-an « mordre » (ag. to bite, al. beissen), etc., etc. Cf. bom, bouhal, kémènev et dispenna.

Beṅdel, s. m., moyeu : pour *bedel[33], cf. cymr. both, bothell, « rotondité, bouteille, moyeu », etc. Empr. bas-latin botellus.

Beṅdem (V.), s. f., vendange. Empr. lat. vindēmia.

Béni, s. f., bobine, cf. mbr. benny « bobine, corne, cornemuse » : dér. de bann. V. ce mot, et cf. biniou.

Bennâk, bennâg, quelconque : pour *pep-nàg. V. ces mots (la négation au sens simplement explétif ou indéfini qu’elle revêt aussi dans les phrases exclamatives).

Bennaz, bennoz, s. f., bénédiction, mbr. bennoez, corn. bennath, cymr. bendith. Empr. lat. altéré benedictio. Cf. binnizien.

Beṅs, s. f., vesce (aussi bes). Empr. fr., cf. beṅdel.

Beṅt, s. f., menthe. Empr. lat. mentha, et cf. bagol.

Beṅtonik, s. f., bétoine. Empr. lat. betonica, et cf. bens.

Benvek, s. m., outil, mbr. benhuec, corn. ancien binfic « beneficium », cymr. benffyg « prêt[34] ». Empr. lat. beneficium.

Béô, adj., vif, vivant, corn. et cymr. byw, ir. biu > beo, gael. beo, d’un celt. *biwo, rac. Gwl « vivre » : sk. jivà « vivant », gr. βίος (bios) « vie », lat. vivus, vita, lit. gywas et vsl. zivû « vivant », got. qius auquel se rattachent ag. quick « vif » et al. queck > keck « emporté », etc., etc. Cf. béd, bivik, boed, buan, bues, etc.

Béol, s. f., cuve, mbr. beaul, corn. et cymr. baiol. Empr. bas-lat. bajula. V. sous 2 baḷ[35].

Béon, s. m., étrape : peut se rattacher à la rac. de béna.

Béôtez, s. m., bette. Empr. lat. bèta ou fr. bette[36].

Bépred, adv., toujours : pour *pep-pred. V. ces mots.

Bér, s. m., broche, corn. et cymr. ber, vir. bir, ir. et gael. bior « aiguillon » : soit un celt. *gweru- > *beru-, lat. veru « broche », qui n’a point d’équivalent certain ailleurs (βαρύες· δένδρα (barues ; dendra) Hesych.).

Béra, vb., couler, br. bèrad « goutte », cymr. beru et dy-feru « couler ». — Étym. inc.[37].

Berboell, s. m., inconstance, légèreté. V. sous berr et poell.

Béred, s. f., cimetière, mbr. bezret, cymr. beddrod = beddrawd « chemin de tombes » (?) : composé, dont le premier terme est béz, et le second un mot de même nature que 1 rèd, ou bien identique à vir. râith, que M. Stokes rapproche de gaul. Argento-ratum et de lat. prātum, soit donc « pré » ou « terrassement de tombes ».

Berjez, s. f., verger. Empr. fr. bretonisé par l’initiale et la finale[38].

Bern, s. m., monceau, corn. bern, soit *berg-en- dér. d’une rac. BHERGH : cymr. ber-a « monceau », brynn « colline », gaul. n. pr. Berg-omum « Bergame », sk. brh-ànt- « élevé », visl. bjarg « rocher », al. berg « montagne », vsl. brêgû « berge » (empr. germ. ?), etc.

Bernout, vb., importer, corn. bern « souci », peut-être apparenté à cymr. brwyn, ir. bran « tristesse » : soit *mr- > *br-, et cf. got. maurn-an « se soucier », ag. to mourn « s’affliger », gr. μέρ-ιμνα (mer-imna) « souci ».

Bérô, s. m., bouillon, ébullition (aussi berv), cymr. berwi « bouillir », ir. berb-aim « je bous » : rac. BHERw, lat. fervere « bouillonner », cf. sk. bhur-àti « il tressaille », gr. φύρ-ειν (phur-ein) « tremper ».

Berr, adj., court, corn. ber, cymr. byr, ir. ber> gael. beàrr (et béarraim « je tonds ») : suppose un celt. *ber-so- « court » (cf. gr. φάρσος (pharsos) « fragment »), dont le radical plus simple apparaît peut-être dans φάρω (pharô) « diviser », lat. for-àre « percer », ag. to bore et al. bohren id.[39].

Berv, s. m. (d’où bervi « bouillir »). V. sous bérô.

Berz, s. m., défense. Empr. bas-lat. bersa « clôture »[40].

Bes, s. f., vesce. Empr. fr. Cf. beṅs.

Bes-, préf. péjoratif (aussi bis-), emprunté au fr., dans bes-aigre, bé-vue, bis-cornu, etc., indiquant la privation ou le mauvais état de l’objet dont le nom forme le second terme du composé. Cf. quelques-uns des mots suivants.

Besk, adj., écoué, mutilé : ce mot bizarre parait abstrait de composés, indiquant une infirmité, où le préf. bes- était suivi de mots commençant par un A, tels que bes-kourn « écorné », bas-lat. *bis-càdus « sans queue », à moins qu’il ne soit lui-même violemment écourté de ce dernier [41].

Beskel, s. f., biais, guingois. V. le précédent.

Besken, s. f., dé à coudre : pour *bis-gwain « gaine de doigt ». V. sous 1 bîz et gouhin.

Beskoul, s. f., variante de biskoul. V. ce mot.

Bestéod, adj., sans langue, bègue. V. sous bes- et téôd.

Beatl, s. f., fiel, bile, corn. bistel, cymr. bustl id : l’équivalent ne se retrouve qu’en lat. *bislis > bilis.

Bété, béteg, prép., jusque : dér. par un suff. adjectivo-adverbial (cf. adalek) de mbr. bet, cymr. bet, vbr. beheit < pe-heit, « combien long, aussi longtemps que ». V. sous pe et héd.

Beuf, beufik, s. m., bouvreuil : on dirait une confusion du nom de l’oiseau (« petit bouv-ier ») avec le nom de l’animal dont il suit assidûment les pas (« bœuf » à la charrue). Empr. fr.

Beulké, adj., hébété, ahuri, imbécile : dér. avec métathèse du fr. ancien beugle « bœuf » (lat. buculus), cf. fr. beugler. — Conj.

Beûré, s. m., matin, corn. a-car « tôt » et a-vorou « demain », cymr. a-vory « demain », y-bore et yn-vore « au matin », boreu « matin », vir. im-bârachi ir. mârach et gael. maireach « demain » : suppose un celt. *barego-, sans équivalent ailleurs[42].

1 Beûz, s. m., buis. Empr. lat. buxum ou fr. bouis (?).

2 Beûz, s. m., grimaud, petit écolier : comme qui dirait « bousilleur » (dimin. beûzik). Cf. le suivant.

Beûzel, s. m., bouse, cf. ir. et gael. buachar. Origine obscure. V. sous baoz.

Beûzi, vb., noyer, inonder, mbr. beuziff, corn. bedhy, cymr. boddi> « noyer, se noyer », ir. bàidim « je plonge » : soitun celt. *bâd-iô, rac. OwÂDH, sk. gah-ati « il plonge », gddhâ « gué », etc, et cf. gr. βαθ-ύ-ς (bath-u-s), « profond », βένθ- ος (benth-os) ; « gouffre », βῆσσα (bêssa) « cavité ».

Bév, adj., variante de béô. V. ce mot.

Béva : vb., vivre ; s. m., vivres, nourriture. Cf. bév.

Béven, s. f., lisière, bord : dissimilé pour *gwëv-en, soit un celt. *webinnà, « tissu, bord du tissu », qui contiendrait rac. WEi avec le même élément amplificatif que al. web-en. Cf. gwéa[43].

Bévérez, s. f. : vive (poisson mince et allongé) ; orpin, vermiculaire (plante à tige grêle et rampante). Empr. lat. vipera (d’où aussi fr. guivre, vouivre, vive), mais sans doute contaminé du vb. béva sous l’influence du fr. vive rapporté par fausse étymologie à vif et vivre.

Bévez, s. m., bienfait, aubaine : pour *benfaéz. Empr. lat. benefactum, et cf. benvek. — Conj. Ern.

Bévézi, vb., dépenser, dissiper : dér. de bévez.

Bévin, s. m., viande de bœuf. Empr. lat. adj. bov-înum[44].

Béz, s. m., fosse, tombe, corn. bedh, cymr. bedd, d’un celt. *bed-o « fosse » : rac. BHEDH « creuser », d’où gr. βόθ-ρο-ς (both-ro-s) ; « fosse » (pour ποθ-ρο-ς (*poth-ro-s) φοθ-ρο-ς (*photh-ro-s) ?), lat. fod-iô « je creuse », lett. bed-re « fosse », lit. bed-u « je creuse », etc., etc., ag. bed et al. bett « lit »[45].

Béza, vb., être. Le détail de la conjugaison compliquée de ce verbe n’appartient qu’à la grammaire : il suffit de constater ici que ses formes se ramènent en général, celles qui commencent par voyelle, à la rac. ES (sk. /te-li « il est », gr. ἐσ-τὶ (es-ti), lat. es-t, ag. e*, al. iW, etc., etc.), et celles qui commencent par b (> p), à la rac. BHU. V. sous bout.

Bézel, s. f., variante de 1 pézel. V. ce mot.

Bézin, s. m., algue, varech : correspond à une forme ancienne *gw-ethin, soit « sorte commune de brousse », vbr. ethin « plante broussailleuse », corn, eythinen, cymr. eithin, vir. aiicnn, ir. aitcann, gael. aitionn « genièvre » V. sous *gw-, mais cf. les notes sous baizik et bécen.

1 Bézô, s. m., bouleau (singul. bezcen), corn. bedeœen « peuplier », cymr. bedw et bedwen « bouleau », ir. belhe « buis », gaul. betu-lla (d’où fr. boul-eau), lat. betula « bouleau » : soit un radical celto-lat. *betu- et *beitco’, qu’on ne rencontre point ailleurs.

2 Bézô, adv., si fait : exactement « cela sera », futur de bèza.

Bézou, s. m., variante de bizou. V. ce mot.

Bézvoud, s. m., liseron : le premier terme paraît dér. de la rac BHENDH, qu’on trouvera sous boaz cf. le nom ag. bind-weed « plante qui enlace ». V. le second terme sous gwivoud. — Ern.

Bian, adj., variante de bihan. V. ce mot.

Biken, adv., jamais (au futur) : abrégé de birvikenn. V. ce mot.

Bîd, s. m., as : identique au suivant par métaphore obscène. — Conj.

Biden, s. f., variante de piden. V. ce mot.

Bidéô, bidev, s. m., gaffe. Empr. fr. altéré[46] bident.

Biel, s. f., vielle. Empr. fr. (v > b, cf. berjez).

Bigôfek, adj., pansu : préf. bi-[47] et kôf. V. ce mot.

Bigornen, s. f., bigorneau. Empr. fr. bigorne.

Bigria, vb., braconner : poxv*pigria, originairement sans doute « gueuser. vagabonder ». Empr. fr. pègre « gueuserie » (argot)[48].

Bihan, adj., petit, corn. bechan, byhan, cymr. bychan id. : dér. d’un celt. *bekko- (cymr. bach, vir. becc, ir. et gael. beag), qui n’a point d’équivalent ailleurs[49], mais dont le radical semble se retrouver dans l’ital. piccolo et l’esp. pequ-eño.

Bilen, adj., s. m., roturier. Empr. fr. vilain.

Bill, s. m., galet. Empr. fr. bille, d’où le singul. bilienn[50].

Bilôst, s. m., variante de belôst. V. ce mot.

Binim, s. m., venin. Empr. fr. ancien *venim, d’où venim-eux.

Biniou, s. m. pl., cornemuse : pl. de béni. V. ce mot.

Binnizien, vb., bénir. Empr. lat. benedictionem [dare.

Bioc’h, s. f., variante de buc’h et buoc’h. V. ces mots.

Bionen, s. f., tire-lire : dér. de l’empr. fr. billon[51].

Biorc’h, s. m., petite bière. Empr. fr. bière[52].

Biouil (V.), s. m., variante de gwil = goell. V. ces mots.

Bîr, s. f., flèche : pourrait se rattacher à la rac. de béna ou à celle de bér. V. ces mots. Cf. aussi cymr. bwrw « jeter », et lit. btr-ti dans kriuszà byra « il grêle ». — Ktym. inc.

Birc’houidik (V.), s. m., pépie : altération bizarre, avec addition de suff. dimin. ; du lat. pituita > pipita, d’où viennent aussi fr. pépie et al. pfiffa > pfipfs > pips. Empr. lat. V. sous pibit.

Birvi, vb., bouillonner : dér. de berv. V. ce mot.

Birvikenn, adv., jamais (au futur), mbr. bûhuyquen, corn. bys vycken, etc. : exactement « à jamais, toujours, désormais » ; le premier terme est bet* (sous bété), le second une forme du vb. béza, et le troisième ken[53] soit donc « autant tant que sera »[54].

Blekoas, adv., jamais (au passé) : soit *bet-c J hoajs « aussi longtemps encore », d’où « jusqu’à présent ». Cf. le précédent.

Biskoul, s. f., panaris, chenille : le premier sens est le primitif, cf. cymr. bystum « panaris ». Empr. fr. apostume[55].

Bitrak, s. m., petite grive (aussi gwitrak). Le fr. a les noms d’oiseaux iraquet et titrée (Littré, God.). Étym. inc, empr. fr. probable.

Bivik-Doué, s. m., coccinelle (bête à Bon Dieu[56]).

1 Biz, s. m., doigt, corn. bys, cymr. bis, bys, bes, cf. vir. biss « cheville » : soit un celt. *bissi-, sans équivalent ailleurs[57].

2 Biz, s. m., N.E., vent de N.-E. Empr. fr. bise.

Bizou, s. m., bague (fr. bijou est empr. br.), mbr. besou, corn. bisou, cymr. byson id. : dér. de 1 bîz.

Bizourc’h, s. f., chevrette : contamination du fr. ancien bisse « biche » avec le br. iourc’h. V. ce mo’t et cf. ében.

Blâ (T.), s. m., variante de bloa et bloaz. V. ces mots.

Blank, adj., délicat, faible : exactement « pâle ». Empr. fr. btanc.

Blâz, s. m., goût[58], cymr. blàs, ir. et gael, blas, mais vir. mlas id. : soit un celt. *ml-asto-, cf. tchèque mlsatia lécher » et russe mohatïa sucer », peut-être apparenté à mél. V. ce mot.

Blasc’hoarc’h (V.), s. m., sourire : soit « goût (avant-goût) de rire ». V. sous bldz et c’hoarz[59].

1 Blé (T.), adj., faible, mou, cymr. blydd « tendre, délicat » : soit un celt. *bli-yo-, qui paraît se rattacher à la même rac. que cymr. blin « fatigué », vbr. pl. blin-ion « inertes », gael. bilan « insipide », cf. sk. glâ-nàs « épuisé ». V. aussi sous blôd, et Mcb. s. v. blian.

2 Blé (V.), s. m., variante de bloa et bloaz.

Blein (V.), s. m., bout, mbr. blein « sommet », cymr. blaen : pour *brein (gaul. brennos « chef »), qui parait se rattacher en définitive à la même rac. que bern. V. ce mot et Méfia.

Bleiz, s. m., loup, corn. bleit > bleidh, cymr. blaidd, etc., vir. bled, « loup, cerf, baleine », ce dernier gardant encore le sens vague du lat. bëlua ou bellua (= *beld-va ? Stokes) « bête sauvage », sans équivalent connu ailleurs (la forme celt. est *bled-yo-).

Bléja, vb., beugler : dér. du précédent « cri de bête fauve » ; ou cf. cymr. bloedd « cri », gr. φλοιδ-άω (phloid-aô) « je bruis » ou φλοῖσϐ-ο-ς (phloisb-o-s) ; « tumulte » ; ou tout simplement empr. fr. avec métathèse.

Bléna, blénia, vb., conduire, gouverner : dér. de mbr. blein « sommet », et cf. vbr. breni « proue ». V. sous blein.

Bleṅchou, s. m. pl., extrémités. Cf. bliṅchen.

Bléô, s. m., cheveu, poil, corn. et cymr. blew et bleu> d’un celt. *blowi- t sans équivalent ailleurs (gr. φλοιός (phloios) « pelure »).

Blérim, s. f., métathèse pour bréôlim. V. ce mot.

Bleûd, s. m., farine, corn. blot, cymr. blawt> blawd, vbr. un-blot « d’une seule farine » : soit un ppe passé celt. *mlâ-to- « moulu », lit. millai, lett. milti « farine ». V. sous mala, et cf. blôd.

Bleûṅ, s. m., fleur, mbr. singul. bleutuen, corn. blodon > blez, cymr. blodon > blawd, vir. blàth, gael. blàth, soit un ppe passé celt. *blà-tom fleuri » : rac. BHLO, lat. flô-s, got. blô-ma et al. blume « fleur », ag. blooma floraison », etc.

Blim, blin (T.), adj., vif, dispos. Étym. très incertaine [60].

Bliṅgein (V.), vb., cligner, loucher : parait une contamination bizarre de bigler et cligner. Cf. pourtant ag. to blink, al. blinken.

Bliṅchen, s. m., sommet : dér. de blin.

Blizen, s. f., année : dér. de bloaz. V. ce mot.

Blizik, adj., difficile en fait de nourriture : cf. cymr. blyaig « friand », dér. de blye « concupiscence ». — Étym. inc.[61].

Bloa, bloaz, s. m., an (aussi bloé V., etc.), cymr. blwydd, ir. bliadhain gael. bliadhna, vir. bliadain id. : soit un celt. *bleido-, sans aucun équivalent ailleurs[62]. Cf. 'blougorn, hévléné, warléné, etc.

Blôd, adj., tendre, mou, mbr. blot, ir. blàith < mlàith, soit respectivement celt. *mlo-ti- et *mlà-ti- « moulu ou susceptible de l’être ». V. sous bleùd, et cf. blé[63] et blougorn.

Bloc’h (V.), adv., totalement. Empr. fr. (en) bloc.

Blonek, s. m., saindoux, cymr. bloneg, mir. blonac, ir. blonog, bluinic, gael. blonag « graisse ». — Étym. inc[64].

Bloṅsa, vb., meurtrir : le br. fr. a un vb. blosser, qui pourrait être une contamination de blesser et crosser. Cf. blosein.

Bloṅtek, s. m., variante corrompue de 2 lontek.

Blosein (V.), vb., variante de blonsa. V. ce mot.

Bloué, s. m., peloton : pour ploué (attesté par Grégoire). Empr. fr. ancien ploi, « ploiement, objet sur lequel on ploie ».

Blougorn, s. m., bouvillon : pour *blôd-gorn, soit un celt. *mloto-korno- aux cornes tendres ». V. sous blôd et korn, et cf. bloa[65].

Blouc’h, adj., glabre, net : pour *plouc’h < *pelouc’h. Abstrait de Tempr. bas-latin, pïluccâre « épiler ». — Conj.

Bloui, vb., blâmer, mbr. blouhi, cf. cymr. blyngu « irriter », dér. de blwng = celt. *blungo- « irrité ». — Conj. Ern.

Boar (T., V.), adj., variante de bouzar. V. ce mot.

Boaz, s. m., coutume, cymr. moes, ir. et gael. beus, vir. bés, gaul. bēssus « habitude » : soit *beid-tu-, dér. de rac BHEIDH « croire » (gr. πείθ-ο-μαι, lat. fid-ês, etc.) ; ou *bend-tu-, dér. de rao. BHENDH « lier » (sk. badh-nâ-ti, al. bind-en, ag. to bind, etc.)[66].

Boku (C.), s. m., sorte de cormoran. Onomatopée (?).

Bôd, s. m., buisson, corn. bos : le mot est sûrement celt., bien qu’on ne lui connaisse pas de répondant certain ailleurs ; cf. ag. bush, al. busch, roman bosco, etc., d’étymologie également indécise. V. sous bouch.

Bôdréou, s. m. pl., guêtres : pluralisation bretonne de l’empr. fr. *baudrei, qui est à la base du fr. ancien baudroyeur « ouvrier en cuir ».

Boed, s. m., aliment, appât, corn. buiy, cymr. bwyd, vbr. pl. boit-ol-ion « nourrissants », cf. vir. biad, ir. et gael. biadh id. : suppose un celt. *bei-to- (cf. lat. vi-ta), dont on trouvera la rac. sous béô.

Boéden, s. f., moelle (des plantes) : dér. du précédent[67].

Boest, boestl, s. m., boîte. Empr. fr. ancien boëste.

Bôc’h, s. f., joue, corn. et cymr. boch. Empr. lat. bucca.

Bolc’h, s. m., cosse de lin, cymr. bul, vir. bolg « outre » : d’un celt. *bolg-o-' « sac », dont on verra les équivalents sous baouik.

Bolod, s. m., variante de poulout. V. ce mot.

Bolz, s. f., voûte (aussi volz). Empr. bas-lat. *volsa pour volta, ou fr. ancien *volse, d’où voussure. Cf. baot'.

Bolzen, s. f., lézarde : dér. du précédent[68].

Bom, s. m., rehaut entre deux sillons : étymologiquement « coup, coupée » [du soc de la charrue], corn. bom « coup », vir. béim, d’un celt. *bei-smen ou *ben-smen- « action de frapper ou de couper ». V. la rac. sous béna.

Bombard, s. f., hautbois. Empr. fr. bombarde.

Boṅdiḷ, s. m., tremble, de gwén « souple » et délien. — Conj.

Boṅgors, s. f., butor, cf. cymr. bwmp y yors « butor de roseaux » (oiseau de marais). V. sous kors, et onomatopée[69].

Bonn (V.), s. m., borne. Empr. bas-lat. bodina, lui-même d’origine celtique (cf. Thurneysen, Keltorom., p. 91), ou simplement fr. altéré borne.

Born, adj., borgne. Empr. fr.

Borod (C.), s. m., rêverie, radotage, niaiserie, cf. ir. buaidhirt « trouble », buaidhrim « je dérange » (d’où parait emprunté ag. to bother « vexer » Skeat), gael. buaidhcam « caprices ». — Étym. inc.

Borzévellek[70], s. m., grosse grive : dér. de l’empr. bas-lat. *bortivello (pour *vortibello « volteur »), d’où aussi fr. bartavelle.

Bos, s. m., et Bosen, s. f., peste, mbr. boçen « tumeur », d’où « pustule caractéristique de la peste ». Empr. fr. bosse. Bôtel, s. m., botte, faisceau : abstrait du vb. bôtella. Empr. fr. botteler.

Botez, s. f., chaussure, pl. botou. Empr. fr. botte.

Bouk, adj., mou, tendre, vbr. buc « pourri », vir. bocc, ir. et gael. bog « tendre » : suppose un celt. *buggopour *bugno-, sk. bhug-nâ-, « courbé, flexible », ppe passé de la rac. BHUG, got. biug-an (ag. to bote, al. biegen « courber », ces trois de rac. BHUGH), gr. φεύγ-ω (pheug-ô) « je fuis » (exactement « je dévie » ), lat. fug-iô, fug-a, etc.

Boud, s. m., bourdonnement. Onomatopée.

Boudédéô, s. m., le Juif errant. Empr. bas-lat. n. pr. Buttadeus (= qui buttat Deum « le frappe-Dieu » ).

Boued, s. m., variante de boed. V. ce mot.

Bouec’h, s. f. (V.), variante de mouéz. V. ce mot.

Bouch, s. m., touffe, bouquet. Empr. fr. ancien bouche « touffe », dont la variante dialectale bouque a donné le dér. bouquet[71].

Bouc’h, s. m., bouc, corn. boch, cymr. bwch, vir. bocc, etc. : suppose un celt. * bukko-, cf. ag. buck « daim », al. bock[72] et zd buza « bouc ».

Bouc’hal, s. f., cognée, mbr. bouhazl, vcorn. buhell, cymr. bwyell, vir. biail id. : soit un celt. *bei-ali-, cf. vhal. bï-hal > al. beil « cognée ». V. la rac. sous béna.

Boul, s. f., boule. Empr. fr.

Boulas, s. f., bourgeon : semble une variante de bolos = polos. V. ce dernier mot[73].

Boulc’h, s. m., entamure, brèche, cymr. bwlch, vir. balg, cf. ir. et gael. bil « bord », bealach « défilé », sk. bila « trou ». — Étym. inc.[74]

Boulien, s. f., taon, variante probable de mouien. — Conj. Ern.

Boull, adj., transparent : pour *gw-wel « dessous [quoi] on voit ». V. sous *gw- et gwél. — Conj. très hasardée.

Boulien, s. f., prostituée : terme d’injure dér. de poull. — Conj.

Boulskaô, s. m., hièble (sureau en boule) ; cf. skaô.

Bounta, vb., pousser, heurter. Empr. bas-lat. buttûre ou fr. bouter[75] (cf. boutoir « heurtoir » ). V. aussi Boudédéô.

Bouras, s. m., cartilage (corrompu en bourlas et bourlaûs). Empr. fr. bourras (en tant que bourre insérée dans les interstices des os).

Bourbell, adj., qui a de gros yeux à fleur de tête. — Étym. inc.[76].

Bourboulla, vb., fouir du groin. Onomatopée, et cf. fr. bourbe, barboter, etc., et br. bourbouten.

Bourbounen, s. f., pustule. Empr. fr. altéré bubon.

Bourbouten, s. f., blaireau. V. sous bourboulla.

Bourd, s. m., tromperie, farce. Empr. fr. bourde.

Bourc’h, s. f., bourg. Empr. fr. bourg[77] (de l’al. burg).

Bourr, bourré (V.), adj., mal cuit. Empr. fr. bourru « grossier ».

Bourra (C.), vb., s’accoutumer : variante de boaza.

Bout (V.), vb., être, corn. bos, cymr. bot, ir. buith, etc. : d’un celt. *bu-tile fait d’être », sk. bha-ti « prospérité », gr. φύσις (phusis) « nature » (lat. fuit « il fut » ), lit. bâti et vsl. byti « être », nom verbal dér. de rac. BHU[78]. Cf. béza.

Bouta, vb., pourrir, rancir : dér. d’une variante altérée[79] de put.

Boutek, s. m., hotte. Empr. fr. boutique (de colporteur).

Boutin, adj., banal, mbr. butin « profit »[80]. Empr. fr. butin.

Bouzar, adj., sourd, corn. bodhar, cymr. byddar, gael. bodhar, vir. bodar id. : d’un celt. *bodaro-, dont Punique corrélatif connu est sk. badhirâ id.

Bouzellen, s. f., boyau : dér. de m bouzel (pl.bouzellou). Empr. fr. tr. ancien *bodel, du bas-lat. botellus, « boudin, saucisse ».

Bôz, s. f., creux de la main, gael. bas « paume », vir. bass et boss, d’un celt. *boatà y cf. gr. ἀ-γοστ-ό-ς (a-gost-os) ; (et βαστ-άζω (bast-azô) ?).

Bôzen, s. f., œil-de-bœuf (fausse camomille) : dér. de *6ô*, et cf. vir. bas « bœuf » = celt. *bouz%o-, V. sous buc’h.

Brabraô, s. m., jouet : terme enfantin formé par réduplication de braô.

Braé, s. f., broie à teiller : se rattache, directement ou par emprunt à la nombreuse famille des mots en *bhr-qui signifient « briser », tels que lat. frang-ere (fràc-tus) et got. brik-an (ag. io break, al. brechen), cf. fr. broyer et briser, cymr. brau « fragile », ir. com-brug-ad « briser ». V. aussi berr et î brézel.

Braga, vb., s’amuser, s’émanciper, se pavaner : exactement « mettre des culottes, entrer dans l’âge viril[81] ». V. le suivant.

1 Bragez, s. m., culotte (pl. brag-ou) : de *brag. Empr. bas-lat. braga (cf. provençal brague, d’où braguette, et fr. braie), et celui-ci latinisé du gaul. brûca, nom du vêtement traditionnel et bien connu des Gaulois[82], qui a produit aussi Tag. breech-es.

2 Bragez, s. m., germe de blé, cymr. bragad « rejeton » ; cf. corn et cymr. brag et ir. braich « malt », vir. mraich, gaul. brace (nom d’une céréale), sans équivalent en dehors du celt. Cf. pourtant Mcb. s. v. et brein.

Bramm, s. m., pet bruyant, corn. et cymr. bram, gael. braim, vir. braigim « je pète » : soit un celt. *brag-smen- « éclat », dér. de la même rac. que braé[83]. V. ce mot.

Brân, s. f., corbeau, cymr. bran, corn., ir. et gael. bran, soit un celt. *gwranà dont les éléments se retrouvent, mais sans aucune précision, dans le vsl. gacranû. V. la rac. probable sous garan.

Brank, s. m., rameau. Empr. bas-lat. branca ou fr. normand branque.

Branel, s. f., béquille, loquet, tourniquet, etc. : dér. de bran-, avec le sens du fr. « bec-de-corbin ». V. sous bran.

Bransel, s. f., berceau. Empr. fr. balancelle[84].

Braô, adj., beau. Empr. fr. brave « beau » (en patois).

Braok, s. m., bar. — Aucune étymologie sûre[85].

Braoued, s. m., boisson. Empr. fr. brouet « bouillon ».

Brâz, adj., grand, corn., cymr. et vir. bras, d’un celt. *brassos = lat. grossus (d’où fr. gros), sans autre équivalent connu[86].

Brazéd, s. m., méteil (gros blé). V. sous brâz et éd.

Brazez, adj., [femme] enceinte : dér. de brâz.

1 Bré (C., dans oar ar bré « en haut » Ern.), autrefois s. m., colline, corn. bry, cymr. bre, vir. bri (acc. brigh), gael. braighe (en tête de n. pr. comme Braid-albainn), gaul. *brig- dans Brigantia « Bregenz » et autres ; cf. al. berg « montagne », etc. V. la racine sous bern.

2 Bré, s. m., peine, travail : soit « brisure[87] », de la même rac. que

3 Bré, s. f., variante de braé. V. ce mot.

1 Bréac’h, s. f., bras, corn. brech, cymr. braich. Empr. bas-lat. bracoia (pl. nt. de bracchium pris pour un fm. sg.

2 Bréac’h, s. f., variole, vaccin, cymr. brech id., et cf. brych « tacheté », d’un celt. *mrkko-. V. sous brîz et 2 brèzel.

Brégas (V.), s. m., rot : se rattache au même radical que breùgeùd.

Bréchen, s. f., brin de bois long et mince : pour broc’hen[88]. Empr. fr. broche.

Bréc’haô, adj. f., stérile. Empr. fr. ancien brehaigne id.

Brein, adj., pourri, mbr. breyn, vbr. pl. arci-bren-ou 9 cymr. bracn, vir. brèn, ir. et gael. breun id. : suppose un celt. *mra/c-/u>-, cf. lat. marcidu-s « rance », marc-ère « se faner », qui paraît se rattacher à la même souche que 2 bragez.

Breiz, s. f., Bretagne : d’un celt. *Brittià (Procope), d’où l’ethnique Brittones, corn. Brethon, cymr. Brt/thon, vir. Brelan, et le dér. br. brézônek = brittonicm. Cf. d’Arb., R. celt., XIII, p. 398.

Brell, s. m., brème, perche : formation diminutive sur le même radical que braok. V. ce mot. — Conj. Ern.

Brellé (V.), s. m., jachère. Empr. fr. brelée[89].

Bréma, brémaṅ, adv., maintenant : pour *pred-man « en ce temps-ci ». V. sous amaṅ et préd.

Breṅk, s. m., nageoire, aileron. Empr. lat. branchia[90].

Brenn, s. m., son, cf. cymr. brann et fr. ancien bran « son », gallo-lat. *brannum et celt. *branno-, sans autre équivalent[91].

Brennik, s. m. (aussi brinnik), bernache, pinne-marine, cymr. brennigen, ir. bairnech, gael. bàirneach, cf. le fr., et ag. bernekke>barnacle. Empr. bas-lat. *bernacula[92], dimin. de perna id.

Brennid, s. m., sein : dér. de bronn. V. ce mot.

Bréô, s. f., meule, corn. brou, cymr. breuan, gael. brà, vir. brô (gén. broon), etc. : soit un celt. *brewon-, cf. sk. grâvan « pierre à pressurer », got. qairnus et ag. quern « meule », lit. girnos et vsl. zrûny id.

Bréôlim, s. f., meule à aiguiser : pour *bréô-lemm. V. ces mots.

Bréou, s. m. pl., sortilèges : pl. de brev- (fr. bref) = br. brevet (« brevets » au sens de « formules secrètes »). Empr. fr.

Brésa, vb., froisser, chiffonner, cf. vir. briss-im « je brise » et germ. *bers(-an « crever » (ag. to burst, al. bersten, etc.), peut-être aussi gr. πέρθ-ω (perth-ô) « je ravage », s’il est pour φέρθ-ω (pherth-ô). V. la rac. (ici sous la forme *bres) sous braé et 1 brèzel.

Bresk, adj., fragile : soit un celt. *bres-ko-, V. le précédent.

Breskenna, vb., folâtrer : dér. d’un radical *bresk, cymr. brysg, ir. brise, gael. brisg « agile », cf. ag. brisk. Emprunt Scandinave.

Breûgeûd, s. m., rot : soit un celt. *brāk-āto- qui se rattache, soit à la racine de braé (cf. al. sich er-brech-en « vomir »), soit au mot suivant (en tant que bruit rauque).

Breûgi, vb., braire : d’un radical *brâk-, cf. gaul. latinisé bracillâre et bragiltàre (d’où fr. brailler). Onomatopée.

Breûr, s. m., frère, mbr. breuzr, corn. broder, cymr. braicd (pl.brodyr), gael. bràthair, ir. bràthair, vir. bràthir, d’un celt. *bràtër, sk. bhrâtà. gr. φράτωρ (phratôr) « confrère », lat. frdier, got. brothar (ag. brother, al. bruder), lit. broêer-êli-s, vsl. bratù, etc.

Breût, s. m., plaidoyer, corn. breuth et breus « sentence », cymr. braut et brawd, ir. brâth, gael. brath id. : d’un celt. *brà-to-, ppe passé d’une rac. celt. BERA BRÂ[93]. Cf. barn.

Bréva, brévi, vb., écraser : dér. de bréô. V. ce mot.

1 Brézel, s. m., guerre, mbr. et corn. bresel, ir. Bresal n. pr. d’homme, cymr. Con-bresal id. : suppose un celt. *bren-telo- « briseur, écrasement », dér. de la même rac. que brésa.

2 Brézel, s. m., maquereau, corn. brithel id., cymr. brithyll « truite » : suppose un celt. *brik-tilo- t pour *mrk-tilo- t « marbré, tacheté », cf. vir. brecc « truite ». V. sous bris et 2 bréac’h.

Briad, s. f., brassée : altéré pour brec’had (V.), dér. de 1 bréac’h.

Briken, s. f., brique. Empr. fr.

Brîd, s. m., bride. Empr. fr. (changement de genre).

Briénen, s. f., miette, cymr. briw, corn. brew « brisé » : supposent un plus ancien *bricénen[94]. Cf. brèca et braê.

Brifa, vb., manger goulûment. Empr. fr. briffer (argot)[95].

Briñen, s. m., gruau, mbr. brignhon, corn. brynnian id. : semble déformation analogue à celle de briénen. V. ce mot.

Brîz, adj., moucheté, corn. bruit, cymr. braith et brith, vir. mrecht id. : soit un celt. *mrik-to- < *mrk to- de rac. MERÄG, lit. màrg-a-s « bigarré », gr. μαρ-μαρυγ-ή (mar-marug-ê) « chatoiement », etc. Cf. 2 brèac’h et 2 brézel.

Brizen, s. f., tache de rousseur : dér. du précédent.

Brizi, s. m., motte de tanneur (aussi brézi). Cf. fr. ancien : braise « drèche » ; bresille « orge à faire du malt » ; bresil « brasier », et aussi « bois de teinture et de tannerie » (God.), à cause de sa provenance. Empr. fr. sûr, mais source indécise.

Brô, s. f., pays, corn. et cymr. bro, cymr. Cym-mro « compatriote » pl. Cymmry, gaul. *brog- dans Allo-brog-es « les gens de l’autre pays », vir. mrug > brug « pays », ir. et gael. brugh « habitation » : suppose un celt. *mrog-i-, qui paraît apparenté au lat. margô « bord » et surtout au germ. mark « frontière »[96], persan marz id.

Broenn, s. m., jonc, cymr. brwyn, cf. vir. broth « épi » : paraissent se rattacher à un radical qui signifie « pointu ». Cf. broc’h.

Broez, s. f., colère : dér. de la même rac. que 2 broud.

Brogonen (V.), s. f., éclair : exactement « éclat ». — Conj.[97].

Broc’h, s. m., blaireau, corn. et cymr. broch, vir. brocc, ir. et gael. broc id. : d’un celt. *brokko-, gaul. latinisé broccus (d’où fr. broc « vase à bec », broche, brochet, etc.) impliquant l’idée de « pointu, museau pointu », etc. ; cf. gr. βρύϰ-ω (bruk-ô) « je mords », et russe barsuku « blaireau », s’il n’est empr. ouralo-altaïque (Miklosich). V. encore barr et broenn.

Brôn, s. m., saignée du porc, cf. (non sans une altération inexplicable), vbr. brehant « gorge », cymr. breuant, vir. bràge (gén. brâgat), ir. brâighid, gael. bràghad id. : d’un celt. *bràg-n-(t-), gr. βρόγϰ-ο-ς (brogch-o-s) « larynx », ag. craw « jabot » et al. kragen « col ».

Bronn, s. f., mamelle, sein, pis, cymr., corn. et vbr. bron, vir. et gael. bruinne, id. : soit un celt. *brond-à, dér. de la même rac. que gr. βρενθ-ύο-μαι (brenth-uo-mai) « je me gonfle », lat. grand-i-s « élevé » et vsl. grad-ï « poitrine »[98]. Cf. ufern.

Brons, s. m., variante nasalisée de brous. V. ce mot.

Bronzu, s. f., contusion, meurtrissure (d’où bronzua vb. « meurtrir », cf. blousa) : soit « mamelon noir ». V. sous bronn et du.

1 Broud, s. m., aiguillon, mbr. brout, corn. bros, vir. brot id., cf. cymr. brwyd « broche » et brwyd « percé de trous » : soit un celt. *brot-o-, « piquant » (cf. broenn et broc’h), « aiguille », d’où procède aussi le fr. broder, mais dont la rac. est inconnue par ailleurs.

2 Broud, adj., ardent, en fermentation, vbr. brot, « chaleur, zèle », corn. bred-ion « cuire », cymr. brwd « très chaud », vir. bru/A « chaleur brûlante » (gael. bruith « cuire », bruth-ainn « chaleur », broth « prurit ») : celt. *bru-tu-, de rac. BIIERw, cf. thrace βρῦ-το-ν (bru-to-n) « bière », lat. cfëfru-tu-m « moût cuit », ag. fo ôre« ? et al. brauen « brasser », ag. #rotô « bouillon ». V. sous bérô.

Broued, s. m., lissoir. Empr. fr. brouette[99]. — Conj.

Brous, s. m., bourgeon : peut se ramener à un gallo latin *brocium « objet pointu » (cf. broc 9 h et fr. ancien broisson « bourgeon »[100]), ou bien au même primitif que fr. broussin, du lat. bruscum, « loupe, excroissance végétale ». V. les suivants.

Brouskaol, s. m., brocoli. Empr. fr. (d’origine italienne)[101].

Brouskoad, s. m., bocage. V. sous broust et koat.

Broust, s. m., hallier : pour *brous. Empr. fr. brousse[102].

Brousta, vb., brouter. Empr. fr. ancien brouster. Cf. brous.

Broutac’h, s. m., chaleur étouffante. V. sous 2 broud.

Brôz, s. f., jupe, vbr. broth-rac « robe » (vêtement brodé ? cf. / broud), cymr. breth-yn « drap », vir. brait, ir. et gael. brat « manteau » : soit un celt. *brattâ ou *brotta, sans autre équivalent certain.

Brûk, brûg, s. m., bruyère. Empr. bas-lat. brūca[103], mais celui-ci à son tour gaul. latinisé, cf. corn. grig, cymr. grûg, vir. froech id. : soit un celt. *wroik-â = gr. *ἐ-ϝρείϰ-ᾱ (*e-wreik-a) (?) ἐρείϰη (ereikê). — Très douteux.

Brûd, s. f., rumeur, renommée. Empr. fr. bruit.

Bruched, s. f., sein, jabot. Empr. fr. popul. bruchet < bréchet.

Bruc’hiellein (V.), vb., rugir, mugir. Onomatopée.

Brula, vb., vomir (des petits enfants) : pour *bruglia. Cf. breûgeud.

Brulu, s. m., digitale : soit un mot fr. ancien *broellu > *breullu, etc., « qui pousse dans les broils, fourrés, lieux sauvages » (God.) ; ce dernier d’origine celt. probable, gallo-lat brogilum « lande », cf. brô.

Brumen, s. f., brouillard épais. Empr. fr. bretonisé brume.

Brusk, adj., variante de bresk (et fr. brusque par contamination ?).

Brusken, s. f., fente de la croûte avant mise au four. Empr. fr. dialectal brèque « brèche », contaminé du précédent. — Conj.

Bruzun, s. m., miette. Cf. briénen et brésa (et fr. briser).

, s. f., variante de buc’h. V. ce mot et cf. bugel.

Bual, s. m., buffle : pour *buval. Empr. lat. bubalus.

Buan, adj., prompt, rapide ; s. m., belette : formation celt. qui correspond à ce que serait en lat. *viv-anus. Cf. buex, buhan et béô.

Bûk (C.), s. m., petit houx : écourté de bugélen.

Buez, s. f., vie, vbr. buhez, cymr. buchedd : dér. de buc’h, en tant que la vache, dans les civilisations primitives, est le moyen de subsistance par excellence ; sans aucun rapport avec béa. V. ces mots. — Loth.

Buga, vb., fouler, lessiver. Empr. bas-lat. bucare (d’où fr. buer, buée, buanderie), le même que l’al. bauchen « lessiver »[104].

1 Bugad, s. m., petite lessive : dér. du précédent.

2 Bugad, s. m., ostentation, cf. cymr. bugad « grand bruit », d’un celt. *bouk-ato- « bourdonnement », de même souche que lat. fucus « frelon »[105].

Bugel, s. m., enfant[106], corn. bugel, cymr. bugail, ir. et gael. buachaill « berger », cf. gr. βου-ϰολ-ο-ς (bou-kol-o-s) ; « bouvier » : le premier terme est *bouqu’on trouvera sous buc’h ; le second, un dér. de rae. QEL « garder », lat. col-ere, got. hal-d-an (ag. to hold, al. halten).

Bugélen, s. m., petit houx : préf. bu= *gw-, et kélen (bien douteux) ; ou bien *bâk-kélen (cf. bùk, mais ce mot ne s’explique pas davantage).

Bugenn, s. m., cuir de bœuf. V. sous bu et kenn.

Buhan, buhez, variantes graphiques (celle-ci normale) de buan et buez.

Buc’h[107], s. f., vache, vbr., corn. et cymr. buch>bu, soit celt. *boukkà (= lat. *gwak-kà > vacca) : dér. d’un radical *bou« bœuf », ir. bou, cymr. buw, vbr. *bou (dans bou-tig « étable à vaches », cf. tì), br. bû, etc. ; lequel n’est autre que l’i.-e. *gôœ-, « bœuf, vache », sk. gàus, gr. βοῦς (bous), lat. bōs, germ. *kō- (ag. cow, al. kuh), lett. guws, etc., etc[108].

Bulzun, s. f., navette. Empr. fr. ancien bolzon ou bulson, « grosse flèche à tête en verrou, (dans le Morvan) traverse ». — Conj. Loth.

Buns, s. m., muid : mbr. bunçc, pour *muns, nasalisé de *mus. Empr. fr. muid, cf. ital. moggio, du lat. modius.

Buoc’h, s. f., variante de buc’h. V. ce mot.

Burlu, s. m., variante métathétique de brulu. V. ce mot.

Burtugen, s. f., tas de fumier (aussi breiugen) : métathèse pour *buir-ugen, dér. secondaire. Empr. lat. putris « pourri » [109].

Burutel, s. f., blutoir. Empr. fr. ancien blutel « bluteau ».

Burzud, s. m., miracle (aussi burc’hud V.). Empr. fr. ancien vertut[110] pris dans le sens ecclésiastique de « vertu divine ou magique ».

Busella, vb., mugir. Onomatopée, et cf. buc’h.

Butun, s. m., tabac. Empr. fr. ancien pétun[111].

Buzugen, s. f., ver de terre (aussi buc’hugen V.) : suppose un radical *butt-, qui se ramène sans doute à un emprunt pareil à celui de burtugen, cf. lat. pûtëre « sentir mauvais ».

  1. De là aussi l’ital. badare « regarder bouche bée, faire grande attention », et aussi (r. badin, badaud, mais ceux-ci empruntés au provençal. — lat. *batare serait-il une altération jargonnante depatëre « être ouvert » ?
  2. Aucun rapport avec vir. bàlth « imbécile », gael. baotlx id. Cf. Macbain s. v.
  3. Fréquentatif de *batare. V. le précédent.
  4. Tandis qu’au contraire les noms en -er sont masculins et noms d’agent. En fait, *badaler aurait paru signifier « bâilleur » : la corruption est donc très logique.
  5. Ce mot, en effet, ne saurait dériver du précédent et signifier « batelée », puisqu’il est commun à tout le celtique, tandis que bâg est exclusivement breton.
  6. Un m ne se change pas en 6, mais tous deux se changent en c en mutation douce et sont alors exposés a se confondre accidentellement. Cf. baûgounel et bardel. — Ern.
  7. Sauf la difficulté qui résulte de l’incertitude phonétique du changement du préf. celt. *ux>- eu b- devant voyelle ; mais elle se reproduit pour d’autres mots, et le préf. a pu exceptionnellement prendre cette forme devant voyelle, par analogie de ce qu’il la prenait en d’autres positions. Cf. béoen, bézin, etc.
  8. Rapprocher gr. φαίνω (phainô) « montrer », φῶς (phôs) « lumière », etc.
  9. Le Dict. Hatzf. indique l’emprunt inverse, qui est bien peu vraisemblable : si bal était breton, on ne verrait, ni d’où il vient en breton, ni comment il aurait changé de genre en français ; si au contraire il est français, on conçoit fort bien que les Bretons, l’empruntant sans y rien changer et prononçant par conséquent er bal « dans le baquet », l’aient pris pour un nom masculin.
  10. Tel est bien, en effet, le sens du vb. fr. baller. Voir ; Guy, Essai sur … Adam de Le Haie, p. 519.
  11. Le Gloss. Ern. s. vv. semble faire dépendre les uns des autres les mots balé, bali et baleg (baled), il me semble qu’on les explique d’une façon bien plus satisfaisante en les isolant.
  12. Est-ce une variante dialectale de boéma (C.) « pratiquer les arts [magiques] des bohèmes ou bohémiens > frapper de stupeur », par la filière botm- > bieem- > buxun- > bam- ou toute autre ? Rien n’est plus admissible ni moins sûr. En tout cas on ne saurait songer à l’al. bannen « ensorceler ».
  13. Observer toutefois, au sujet de ces trois mots, que le gael. a un mot bealaidh « balai », qui ne saurait être empr. fr.
  14. Ar vanel a semblé une forme de mutation douce, d’où le b.
  15. Ar vaṅgounel en mutation douce, d’où le b. Cf. bagol.
  16. Tous ces sens paraissent se déduire aisément du premier ou du second, et le dernier de l’avant-dernier.
  17. Aucun rapport avec br. penn. V. ce mot.
  18. Il y a un mot br. baô « bave » (empr. fr., aujourd’hui remplacé par babous) et un mot cymr. baw « malpropre » : rapprochements condamnés d’emblée par le sens. En l’état on ne peut guère recourir qu’à une de ces onomatopées par bah- (cf. fr. ancien babiller « bégayer »), qui expriment un peu partout l’idée de claquer des dents (de froid), de bredouiller (par timidité), etc.
  19. Ces deux mots ne relèvent pas régulièrement l’un de l’autre ; mais celt. *barso- est indifférent entre rac. BERS et BHERS ; et à la grande rigueur sk. barsa pourrait être dû à une déaspiration accidentelle. De même parrën, s’il n’est pour *barrën.
  20. La raison de ces changements fréquents est indiquée une fois pour toutes sous 2 bal. On n’y reviendra plus.
  21. La buse doit ses apparences et son renom de stupidité à l’immobilité qu’elle garde, perchée pendant des heures sur la même branche, à attendre qu’une proie passe à sa portée.
  22. Métaphore tirée de l’oiseau de proie qui plane.
  23. En d’autres termes, un celt, *barro-plinna. — Conj.
  24. Pour le genre et la finale, cf. berje* et autres. L’rr analogique de barz ?
  25. Les verbascées et les scrof ularinées sont deux familles très voisines, qu’on fait parfois rentrer l’une dans l’autre. — Le lat. verbascum eût donné *gourbask *gourvask. La syllabe gour- a disparu, prise pour le préfixe augmentatif, qui n’avait pas de raison d’être en présence de la finale diminutive.
  26. Sans relation avec ag. to beat, dont la racine est tout autre.
  27. Ou bien celt. *bakki- procédant d’un i.-e. *bhad-kl- et dans ce cas le lat. fascis équivaudrait à *bhad-ski- ; mais la racine reste Incertaine.
  28. Peut-on y rattacher les quasi-synonymes qui commencent par />,t at. pocus, fr. pic, etc., cf. espagnol pico « Dec » ? Noter que le br. suppose *bekos tout court, car *bekkos eût donné *bec’h.
  29. La mélisse est une « labiée ».
  30. Cf. pourtant Loth, Mots latins, s. v. bagl. — Donné comme sobriquet à la bergeronnette (lat. motacilla), ce nom désigne l’oiseau qui donne constamment la bénédiction (en remuant la queue). C’est probablement pour une raison analogue qu’il désigne une sorte d’éperlan (al. spierling « frétillant »).
  31. La particularité curieuse de ce mot, c’est qu’il conserve, fixée à la faveur de la juxtaposition, une finale casuelle, dans une langue qui les a depuis longtemps toutes perdues : l’m médial y représente la fusion du p et de l’n dans une locution celt. *pepon diyesen « chaque jour », où l’m est l’indice de l’accusatif, comme le v en grec, l’m en latin et en sanscrit.
  32. Observer que gr. φιτρός (phitros) peut se ramener à volonté a *bhit-trô- ou *bhi-trô-, et que le sk. nous offre, comme le celt., un spécimen de la rac. BHI suivie d’un suff. qui commence par un n. Rapprocher en outre vsl. bi-ti « battre ».
  33. L’insertion d’une nasale dans les mots empruntés est un fait très commun en breton, cf. beṅs, beṅtonix, daṅson, puṅs, roṅsé, etc.
  34. La filière complète des sens est : « bienfait — prêt — objet prêté — objet susceptible de prêt — meuble — outil ».
  35. En d’autres termes, le breton a emprunté deux fois de suite le même mot : d’abord au bas-latin ; puis au français.
  36. Bretonisé par l’addition d’un suff. de nom féminin. Quant à eo pour e, c’est peut-être par vague influence de béô.
  37. On pourrait songer à la racine BHER. V. sous aber, gouer, etc., et cf. gr. φέρ-εσθαι (pher-esthai) « être emporté ». Mais le mot est trop isolé et la nuance de sens trop distincte.
  38. La triple corruption est très logique : ar*verjè a fait croire à une mutation douce de b en v, laquelle ne pouvait se produire que dans un mot féminin ; d’où, le b initial, le changement de genre, et la terminaison féminine -ez.
  39. Gr. φάρω (pharô) n’est donné que dans les lexiques. D’autre part, le radical *bers » est sans doute le même qui apparaît avec métathèse (*bres) dans fr. bris-or et br. 1 bréz-el.
  40. Mais berc’h (V.) fait difficulté phonétique. Il est probable qu’il y a ici confusion de deux homophones : ber » « défense », et mbr. ber » et prospérité », sur lequel on peut voir Ern. s. v.
  41. Le dér. beskel « sillon plus court dans un champ qui n’est pas exactement carré » rappelle aussi le fr. biseau, mais il se pourrait que le sens « biais » fût le plus primitif. Au reste, la plupart des mots qui commencent par ce préfixe sont, même en français, difficiles à expliquer d’une façon satisfaisante. b devient o, el gw devient w, el la différence de prononciation du o et du m n’est pas assez grande pour qu’il ne s’établisse pas entre eux quelque confusion. Cf. baille, bézin et autres transformations du préf. *gw, puis bestl qui a une variante gwestl, biouil, bugélen, etc. Mais cette concordance demeure suspecte, soit en elle-même, soit à raison des mutations protéiformes qu’elle semblerait autoriser.
  42. Le b irlandais ne permet guère le rapprochement avec got. maûrg-in-s, ag. morrow, al. morgen.
  43. Le groupe gw ne se change pas directement en b. Mais en mutation douce.
  44. Le sens « maigre de lard » procède d’une extension.
  45. Primitivement « couche creusée dans le sol de la hutte ».
  46. Peut-être par jeu de mots sur bidèô « collecteur », qui vient du bas-lat. bidellus s d’où aussi fr. bedeau. Mais tenir compte du bas-lat. bltellus « fibula ».
  47. Ce préfixe tout à fait isolé ici ne saurait être ni breton ni emprunté au latin : il a été abstrait, par emprunt plaisant et demi-savant, d’un mot fr. tel que bi-pède, en sorte que le mot signifie « qui a un double ventre » (suff. d’adj. -ck).
  48. Cf. aussi Bas-Maine bigr « mauvais garnement » Dn.
  49. Tous rapprochements avec lat. vescus « chétif », lat. vix « à peine », gr. (μιϰϰός σμιϰρός), sont de pure hypothèse.
  50. Où le groupe li représente l’l mouillé.
  51. Parce qu’on n’y serre que de petite monnaie. — Ici, au contraire, l’articulation de Yl mouillé s’est fondue dans Vi précédent.
  52. La gutturale finale n’est que le prolongement de l’articulation de l’r.
  53. C’est en réalité la négation surajoutée qui donne à birviken et similaires le sens négatif, ainsi qu’à ken lui-même. V. ce mot, et se souvenir que fr. aucun, rien, jamais, etc., sont aussi de par leur origine des mots affirmatifs.
  54. Selon M. Rhys, l’élément *bis- de ce mot et des similaires (cf. biskoaz, elc.) serait empr. ir. bith « ever ».
  55. Voir dans le Gloss. Ern, s. v. bescul (p. 60) les curieuses transformations de sens et de forme qu’aurait subies ce mot.
  56. Le premier terme est un dimin. de la souche de beva.
  57. On en a rapproché visl. kcist-r « rameau » (suédois qcist), d’où U-kcistii « les ramifications du pied, les orteils ».
  58. Il est probable que fr. blasé est empr. br. et qu’il faut dès lors renverser l’ordre des sens indiqués par le Dict. Hatzf.
  59. Mais ce peut être une altération d’étymologie populaire pour glàz c’hoarz « rire Vert » (jaune), cf. cymr* glas-chœcrthin.
  60. Cf. le Gloss. Ern. s. v. bleuin, et Stokes, s. v. blibos.
  61. Le mbr. blisic (lat. blaesus) ne paraît rien avoir à faire ici.
  62. Le rapprochement du germ. *glidan « glisser » (ag. to glide, al. gleiten) ne serait possible qu’en admettant i.-e. gh > celt. b.
  63. Si blé vaut *blez = cymr. blydd « mou », et si, malgré gr. βραδύς ; « lent », sk. mrdû « tendre » contient un l comme lat. mollis = *mld-vi-, c’est à cette souche qu’il faut le ramener.
  64. L’extrême similitude de tous ces mots les rend suspects d’emprunt d’un dialecte celtique à un autre.
  65. Suivant une élégante conjecture que me suggère M. Loth : *bloe(d)-gorn « dont les cornes sont de l’année, d’un an », cf. gœis.
  66. Le rapprochement avec got. banst-s « grange », mhal. banso « étable » (Wind., par une filière sémantique semblable à celle qu’accuse l’ai. mod. Wo/m-ung et Getcohn-heit), est extrêmement ingénieux, mais semble forcé.
  67. Comme qui dirait « suc nourricier ».
  68. La filière des sens est « voussure — ventre que fait un mur qui s’affaisse — crevasse qui en résulte ».
  69. Le cymr. aderyn y bwm signifie « oiseau qui fait boum ».
  70. La variante borzavellek est due à l’étymologie populaire par meûr-saoellek. V. ces deux mots.
  71. Du bas-lat. buscum (ag. bush, al. busch). Cf. bôd.
  72. D’où est emprunté (ou du celtique lui-même) le fr. bouc. — Peut-être le mot signifie-t-il « le fuyard ». V. la rao. sous bouk.
  73. Le lien sémantique est « [excroissance] en forme de boule ».
  74. Pourrait à la grande rigueur rentrer dans la souche de bèna.
  75. Avec nasalisation épentbétique, cf. be/ls et le suivant.
  76. Cf. le Gloss. Ern. s. vv. bourbell et dispourbellet.
  77. Mais cymr. bwrch « rempart » vient de l’ags. burg.
  78. C’est ce même bout > coût > out qui forme le suff. apparent de tous les infinitifs en —out. Cf. anaout et anaoudek. — Observer qu’en letto-slave le suff. n’est pas exactement —ti-, mais —tsuivi d’une finale de datif primitif (Saussure).
  79. Peut-être par euphémisme, d’après mbr. boutqff’em^r. fr. o bouter » > bounta.
  80. Par la filière « profit — profit commun — commun » [à toute la bourgade ou la population].
  81. Comme espagnol bragar « faire le fanfaron ».
  82. Suet. Caes. 80. — Faut-il le rattacher à la même rac. que braé (eu tant que vêtement fendu ou formant deux branches) ?
  83. Bien plutôt qu’apparenté au lat. fragrâre, à cause du sens.
  84. Cf. bransigel « escarpolette ». La dissmilation du premier l a pu être favorisée par le fr. branler > br. bralla.
  85. On songe au gr. latinisé labrax « bar », au lat. perca « perche » (même famille), au radical « pointu » d’où procèdent fr. broch-et et br. broc’h, enfin et surtout à celui de l’al. barsch « perche » < vhal. bersich (poisson hérissé de piquants).
  86. Aucun rapport, bien entendu, avec la souche de l’al. gross = ag. great.
  87. Le cymr. brauld « à peine » (Ern.) ne peut se séparer de braidd « tout proche », qui n’a rien à faire ici.
  88. Qui existe aussi. L’è vient du pl. brêchin.
  89. La terre semée en « brelée » (Dict. Hatzf.) n’est pas destinée à la culture, mais à la nourriture des bestiaux.
  90. En admettant que ce mot ne désigne pas les ouïes (Dict. Le Gou.), il a bien pu les désigner autrefois.
  91. Peut-être de la rac. qui signifie « couler, sauter, bouillonner » [dans le crible]. Cf. berô et birci.
  92. En fait, il est difficile de savoir si le mot est latin, celtique ou germanique « l’origine. Mais la dérivation par *bronn-i/ ; « petite mamelle » est exclue par les formes gaéliques. Le mot a dû beaucoup voyager. Cf. encore le Dict. Stokes, s. v. Ixirennikâ.
  93. Qui ne se retrouve avec certitude nulle part ailleurs (φρήν (phrên) signifie « le phragme »). Cf. gaul. latinisé vergo-bret-u-s « magistral ».
  94. Faut-il y rapporter fr. bribe, d’origine inconnue ?
  95. Cf. Briffaut (en vénerie, n. pr. de chien), briffauder et brifferie (God.)
  96. D’où fr. Marche (de Bretagne, etc.) et marquis.
  97. En d’autres termes, de même souche que brégas, bramm, etc.
  98. Le rapprochement avec ag. breast et al. brust n’est sans doute qu’apparent. Quant à celui du fr. broigne « cotte de mailles », qui lui-même est germanique d’origine (muai, brûnnc), il serait plus séduisant, si l’on était sûr que les Germains n’eussent pas emprunté le mot aux Celtes en un lointain passé.
  99. Certains lissoirs sont des cylindres qu’on fait rouler, comme la roue d’une brouette, sur l’objet à lisser. — Avec son sens conservé le même mot a donné br. brôeô ou brôeo.
  100. Et il est probable que bourgeon lui-même, dont l’origine est inconnue, se rattache à la même souche. Cf. encore fr. ancien brost « rejeton », qui a donné brouter. V. sous broust et brousta.
  101. Altéré par étymologie populaire. V. sous brous et kaol.
  102. Contaminé par brost, cf. brous et la note ; la forme pure dans brous- koad et brous-gwezen « arbuste ». Il est visible que tous ces quasi-homonymes ont joué les uns avec les autres.
  103. D’où un dér. *brûcâria > fr. bruyère. — Sur le mot celtique pur, voir sous grégon.
  104. Gael. buaic « lessive » est pris à l’ag. moyen bouhen. Mcb.
  105. Pour le changement de sens, cf. fr. fanfare et fanfaron.
  106. La filière sémantique est « bouvier — pâtre — petit pâtre — petit garçon — enfant ». La garde des bestiaux est dévolue aux enfants.
  107. Avec un o épenthétique, buoc’h, puis par dissimilation bioc’h.
  108. V. sous bôzen un autre dérivé du même radical.
  109. Cf. ir. otrach et gael. àtrach id., dér. celt. régulier, comme le montre la disparition du p initial, de la même rac. que putris.
  110. Pour l’assimilation vocalique de la première syllabe à la seconde, on comparera bolod, poulout, butun, munud, lugustr, lagad, etc.
  111. La forme butum vient-elle de bitume par contamination ?