Nelson, Éditeurs (p. 377-379).

NOTES

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Première note

La Commission d’enquête. — Un membre de cette commission m’a écrit :

« Vous aurez raison de dire que personne n’y a fait son devoir. Les uns, par {j’atténue le texte) réflexion : Jolibois, Barthou, Guieysse, Brisson, Leydet, Dupuy-Dutemps, Sarrien, Bovier-Lapierre, Gerville-Réache, Mathé, Maujan, Deluns-Montaud, Pelletan, Vallé. Ils voulaient ou se sauver, ou sauver des amis. Tous ou presque tous étaient francs-maçons. — D’autres, par faiblesse : Clausel de Coussergues, de La Batut, Bertrand, Guillemet, Bérard. Ils auraient bien voulu être honnêtes, mais reculaient devant l’obligation d’entrer en lutte avec leurs collègues. — D’autres, par ignorance : Villebois-Mareuil, Bory, Taudière, Bigot, Dumay, Gauthier de Clagny, Grousset, d’Aillières, Gamard, de Ramel, Loreau. Ils ont cherché à découvrir toute la vérité, mais la majorité a pris ses mesures pour leur masquer les bonnes cachettes. N’ayant aucun pouvoir judiciaire, ils ont été impuissants, se sont laissé rouler et n’ont pas eu l’intelligence ou l’énergie de déjouer les pièges qu’on leur a tendus.

« Réfléchis, faibles ou naïfs, voilà le tableau. Je ne me suis aperçu de mon rôle que longtemps après. Tant que j’ai fait partie de la Commission, j’ai cru à la bonne foi de tous, même de Brisson. En étant sévère pour eux tous, vous ne serez que juste. »

Je donne cette lettre pour qu’on entende le son d’un des hommes les plus sages, les plus courageux, les plus estimés de la Chambre, pour qu’on se fasse une échelle et qu’on y rapporte mes appréciations, mais je ne serais point si rude que d’introduire ce jugement dans mon texte. C’est un fait que les amis de la vérité la négligèrent, mais aussi combien de faits les entravèrent et les excusent ! J’ai été trop mêlé à ces événements pour oser dire à l’histoire : « Personne n’y a fait son devoir. » Ma tâche d’ailleurs est plus simple : c’est de les rendre intelligibles.

Deuxième note

Les cent quatre ou les cent cinquante ? — Le chiffre de 150 chéquards a été indiqué à Delahaye de la part même des administrateurs du Panama. C’est en conséquence le chiffre que Delahaye a cité à la tribune. Il comprend le bloc des vendus, fonctionnaires et parlementaires, connus ou inconnus du public, mais totalisés par les Lesseps et Cottu.

Le chiffre de 104 n’est que le chiffre des clients spéciaux à Arton, à Reinach, inscrit sur le papier divulgué par Andrieux et confirmé chez Thierrée.

Historiquement, je crois que c’est le chiffre de 150 qu’il faut adopter, parce qu’il vient de la source officielle.

Troisième note (page 266)

« Le 7 février 1893, Rouvier obtint son non-lieu… » — Le 6 juin 1899, M. Combes, chargé par M. Loubet de constituer un cabinet, s’était installé au ministère des travaux publics, et son antichambre était bondée de journalistes qui attendaient des nouvelles. Ils virent arriver M. Rouvier, rapide, le col de son pardessus relevé et cherchant à passer inaperçu, qui entra chez le faiseur de ministres. Il en sortit le chapeau sur l’oreille, faisant des moulinets avec sa canne, et marchant vers les journalistes, il leur cria : « Je suis ministre des finances. Cette fois, nom de Dieu ! le nom de mon fils est réhabilité. »

Quatrième note (page 279)

« Tous, sauf Baïhaut, furent acquittés… » — En mai 1905, la chambre des mises en accusation à la cour de Paris prononça la réhabilitation de M. Baïhaut. L’ancien ministre était venu exposer lui-même devant la cour ses arguments : « L’application de la loi a été si rude, dit-il, qu’elle me paraît avoir effacé l’illégalité commise. Il eût été peu juste de rester plus longtemps inexorable pour une faute unique dans la vie laborieuse, utile même, d’un homme frappé, seul, il y a plus de douze ans. »

Cinquième note (page 346)

« … il voit les horizons de son pays, des lignes simples, où rien ne l’étonnerait ni le dominerait… »

Je ne parviens pas à croire que Corneille, Bourdaloue, Montesquieu, aient tort de supprimer parfois la seconde négation. Et comme Bourdaloue écrit : Une douceur que rien n’émeut ni aigrit, je me dispense de dire : ne l’étonnerait ni ne le dominerait.