Lettres de Pline le Jeune/Tome premier/Panckoucke 1826/XVII. À Servian

Traduction par Louis de Sacy revue et corrigée par Jules Pierrot.
éditeur Panckoucke (p. 233).
XVII.
Pline à Servien.

Tout va-t-il bien ? il m’est permis d’en douter, puisqu’il y a si long-temps que je n’ai reçu de vos nouvelles : si tout va bien, êtes-vous occupé ? si vous n’êtes pas occupé, les occasions d’écrire sont-elles rares, ou vous manquent-elles[1] ? Tirez-moi de cette inquiétude, que je ne puis plus supporter : envoyez-moi un courrier, s’il le faut : qu’il vienne m’annoncer ce que je désire, je lui paierai son voyage ; je lui ferai même un présent. Pour moi, je me porte bien, si c’est se bien porter que de vivre dans une cruelle incertitude, que d’attendre de moment à autre des nouvelles qui n’arrivent point ; que de craindre, pour ce que j’ai de plus cher, tous les malheurs attachés à la condition humaine. Adieu.


  1. Tout va-t-il bien ? etc., etc. Le sens me paraît plus convenable avec la leçon que j’ai adoptée, qu’avec celles qu’ont proposées plusieurs commentateurs. Voici la traduction de De Sacy, qui me semble avoir peu de grâce et d’élégance : Tout va-t-il bien ? ou quelque chose irait-il mal ? êtes-vous accablé d’affaires ? ou jouissez-vous d’un doux loisir ? les commodités pour écrire sont-elles rares ? ou vous manquent-elles ? etc.