Lettres de Pline le Jeune/Tome premier/Panckoucke 1826/XVI. À Annien

Traduction par Louis de Sacy revue et corrigée par Jules Pierrot.
éditeur Panckoucke (p. 137-139).
XVI.
Pline à Annien.

Vous me mandez, avec votre zèle ordinaire quand il s’agit de mes intérêts, que les codiciles d’Acilien, qui ne m’a institué héritier que pour une part de son bien, doivent être regardés comme nuls, parce que son testament ne les confirme pas. Je n’ignore pas ce point de droit, connu du jurisconsulte le plus médiocre : mais je me suis fait une loi particulière ; c’est de respecter et d’accomplir toujours les volontés des morts, quand même les formalités y manqueraient. Les codiciles dont il s’agit sont certainement écrits de la main d’Acilien. Quoiqu’ils ne soient pas confirmés par son testament, je les exécuterai comme s’ils l’étaient ; surtout ici où je ne vois rien à craindre de la chicane d’un délateur. Car, je vous l’avouerai, peut-être hésiterais-je davantage, si j’avais lieu d’appréhender qu’une confiscation ne détournât, au profit du trésor public, des libéralités que je veux faire aux légataires. Mais, comme il est permis à un héritier de disposer à son gré des biens d’une succession, je ne vois rien qui puisse traverser l’exécution de ma loi particulière, que les lois publiques ne désapprouvent pas. Adieu.