Lettres de Marie-Antoinette/Tome II/Lettre CCXLVIII

Lettres de Marie-Antoinette, Texte établi par Maxime de La Rocheterie [1837-1917], Alphonse Picard et FilsTome II (p. 154).

CCXLVIII.

À la duchesse de Polignac.
1789, 19 novembre.
Ce 19 novembre

Je ne peux résister au désir de vous dire un mot, mon cher cœur. J’ai reçu votre lettre de Parme ; elle m’a fait bien plaisir et peine à la fois. Je sens combien votre constante et tendre amitié doit être affectée pour nous. Ma santé est assez bonne, celle de mes enfants est parfaite. Nous logeons tous trois dans le même appartement ; ils sont presque toujours avec moi et font ma consolation. J’espère que le temps ramènera les esprits, et qu’ils reprendront confiance dans la pureté de nos intentions. C’est le seul moyen que nous avons : tous les autres seraient inutiles et dangereux. Il est impossible que l’on ne revienne pas à nous, quand on verra et connaîtra notre véritable manière de penser. Le bon bourgeois et le bon peuple sont déjà très bien pour nous ici. Adieu, mon cher cœur ; je n’ose pas vous écrire longuement. Dieu sait quand cette lettre vous parviendra ! Croyez que ma tendre amitié pour vous ne cessera qu’avec ma vie. Je vous embrasse.

Votre mari, vos enfants, votre gendre et tous ceux qui sont avec vous doivent trouver ici mille choses pour eux.