Lettres de Marie-Antoinette/Tome II/Lettre CCXLV
CCXLV.
Je me porte bien, Monsieur le comte, pour l’extérieur ; mais j’ai le cœur navré plus que jamais. Vous voyez que j’ai été obligée de sacrifier tout ce qui pouvait m’être attaché, en qui je pouvais avoir confiance[1]. Ils n’abattront pas mon courage, mais je souffre beaucoup. Quand vous voudrez m’écrire, adressez la lettre à la première femme de chambre de service : elles sont toutes sûres. S’il m’arrive quelque chose, ou elles ou moi vous écrirons. M . de Montmorin revient ce soir. Adieu. Votre fidélité, votre zèle, me sont plus précieux que jamais.
(Archives impériales de Vienne. Éd. Feuillet de Conches, l. c., I, 228.) — Il faut faire observer que M. Feuillet avait mis d’abord : « Autographe de mon cabinet, » et qu’il a corrigé dans l’Errata du t. IV (p. 485), par « Archives impériales de Vienne. »
- ↑ Il avait fallu notamment se séparer des gardes du corps, dont le dévouement seul avait sauvé la Reine à Versailles. « Cela a été une peine bien vive pour le Roi et la Reine, » écrivait Madame Elisabeth à la duchesse de Polignac.