Lettres de Marie-Antoinette/Tome II/Lettre CCLII

Lettres de Marie-Antoinette, Texte établi par Maxime de La Rocheterie [1837-1917], Alphonse Picard et FilsTome II (p. 159-160).

CCLII.

Au comte de Merçy.
[1790, 6 janvier.]

Voici la lettre pour l’Empereur, Monsieur le comte ; je me borne à lui parler de sa santé et de la nôtre. Vos dépêches parleront assez d’affaires. Voici le jour de l’an passé tranquillement. J’ai écrit ce matin à Monsieur pour lui mander simplement que, voulant suivre mon plan de ne me mêler de rien et de ne voir personne, je le prie de dire à M. de Lévis que je ne peux pas le recevoir[1]. Je ne me suis permis ni plainte ni réflexion. J'imagine, ce soir, j'aurai une explication. Je suis très décidée à tenir ferme à mon idée, et surtout à ne pas me compromettre dans mes réponses.

Je vous préviens que le Roi verra les ambassadeurs mercredi, jour des Rois, au lieu de jeudi. Adieu, Monsieur le comte ; tous mes sentiments vous sont acquis.

  1. Mirabeau avait engagé Monsieur à se faire nommer ministre et chef du cabinet. Le duc de Lévis (Pierre-Marc-Gaston), capitaine des gardes de Monsieur, avait été chargé de négocier cette combinaison avec la Reine. Mais celle-ci, qui n'aimait pas son beau-frère et n'avait pas confiance en Mirabeau, refusa de recevoir M. de Lévis.