Lettres de Marie-Antoinette/Tome I/Lettre XII

Lettres de Marie-Antoinette, Texte établi par Maxime de La Rocheterie [1837-1917], Alphonse Picard et FilsTome I (p. 27-28).

XII.

À l’Impératrice Marie-Thérèse.
1772, 21 janvier.
Le 21 janvier.

Madame ma très chère mère, je ne doute point que Mercy ne vous ait mandé ma conduite du jour de l’an[1], et j’espère que vous en aurez été contente. Vous pouvez bien croire que je sacrifie toujours tous mes préjugés et répugnances, tant qu’on ne me proposera rien d’affiché et contre l’honneur[2]. Ce serait le malheur de ma vie, s’il arrivait de la brouillerie entre mes deux familles. Mon Page:Lettres de Marie-Antoinette - recueil des lettres authentiques de la reine, éd.La Rocheterie, 1895, Tome I.djvu/153

  1. À la réception du 1er janvier 1772, la Dauphine s'était décidée à dire un mot, bien insignifiant d’ailleurs, à Mme du Barry. Mais cet effort, pour obéir au désir du Roi et aux conseils maternels, lui avait beaucoup coûté : car après avoir raconté elle-même l’incident à Mercy, elle ajoutait aussitôt : « J’ai parlé une fois ; mais je suis bien décidée à en rester là, et cette femme n’entendra plus le son de ma voix. »
  2. Cette phrase fit bondir Marie-Thérèse : « Vous m’avez fait rire, riposta-t-elle le 13 février, de vous imaginer que moi ou mon ministre pourraient jamais vous donner des conseils contre l’honneur, pas même contre