Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/32


Archives privées 18.8.1873/142

Bien, bien cher Monsieur et ami,

Nous avons reçu ce matin l’élégant et précieux volume que vous voulez bien mettre à notre disposition. Sa vue nous a causé une de ces joies, comme nous vous en devons déjà, vive et sans mélange. Votre nom, celui de ma mère, ceux que vous y avez joints, la forme de ce petit livre qui en fait comme une cassolette orientale, jolie à voir, légère à porter et suave à respirer, tout cela nous ravit.

Vous recevrez avec votre affabilité ordinaire l’expression de notre gratitude et de notre affection, toujours plus motivée et toujours douce à nos cœurs.

Vous voulez bien penser à mettre à notre disposition quelques exemplaires de ce petit bijou. Nous en sommes vivement reconnaissants. Mais pour ce qui est de ceux qu’il serait bon d’envoyer aux journaux, je crois, (et je désire en ceci ne pas trop m’éloigner de votre manière de voir) qu’il serait mieux que M. Sandoz ou son associé se chargeassent de cette mission. Intéressé de cœur au succès du livre, il me répugnerait de faire appel à l’intérêt d’inconnus qui, s’ils avaient un vrai sentiment littéraire, devraient spontanément signaler l’apparition d’un tel livre. Ma mère a toujours fui ces sortes de réclames ; elle ne m’a pas laissé son talent, mais seulement un éloignement invincible pour toute espèce de sollicitation : ici, je croirais demander pour moi.

Il me semble me rappeler que ma mère a vu quelquefois Mlle Noémi Thurel (au Parnasse, Maria Cellini). C’est une personne intéressante et qui n’est pas sans habitudes littéraires. Elle a du poète surtout les illusions faciles. Je la crois très recommandable ; je ne puis d’ailleurs que lui être reconnaissant des vers qui ouvrent le petit volume des poésies dû à votre inépuisable munificence.

Bien cher Monsieur et ami, voulez-vous mettre aux pieds de Madame votre mère nos hommages de profond respect, ainsi que les vœux que mon père et moi formons pour elle et pour tous ceux qui portent le nom honoré et chéri de Revilliod.

Votre devoué serviteur et ami,

H. Valmore

3 Sept. 1873.

Il y a trois ou quatre jours que votre charmante compatriote, Mme du Mesnil me demandait si Monsieur Revilliod reviendrait cette année à Paris. Je n’ai pu lui faire le plaisir de l’en assurer.