Lettres choisies du révérend père De Smet/ 4

Victor Devaux et Cie ; H. Repos et Cie (p. 21-35).
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IV


Université de Saint-Louis, 5 juin 1849.
Messieurs,

Il est temps de passer aux Sioux, dont j’atteignis le territoire peu de jours après ma visite aux Ponkahs. M. Campbell, un des meilleurs interprètes de ces contrées, s’offrit généreusement à m’accompagner chez les différentes tribus de cette nation. La connaissance qu’il a du pays et des mœurs de ces Indiens, ainsi que l’amitié et le respect qu’ils lui portent, contribuèrent beaucoup à faciliter mes rapports avec eux. Je dois en même temps ajouter, comme un tribut de ma juste reconnaissance, que les officiers du Fort-Sully et du Fort-Pierre m’accueillirent avec la bienveillance la plus délicate, et que l’efficacité de leur concours aida puissamment à rendre plus faciles et plus fructueuses mes relations avec les sauvages.

J’ai fait plusieurs fois la remarque, dans d’autres lettres, que les Indiens qui habitent la vallée du Haut-Missouri sont, en général, plus cruels que ceux qui séjournent à l’ouest des montagnes Rocheuses. Cela provient probablement des guerres presque incessantes qu’allument entre eux l’amour du pillage et le désir de la vengeance. À l’époque de ma visite chez les Sioux, une troupe de ces barbares revenait d’une guerre contre les Mahas, avec trente-deux chevelures humaines arrachées à des vieillards sans défense, à des femmes et à des enfants dont les pères et les maris étaient partis pour la chasse. Ils attachent ces abominables trophées de leur honteuse victoire au bout de leurs lances ou au mors de leurs chevaux, lorsqu’ils font leur rentrée dans le village après le combat. À la vue de ces dépouilles, la tribu entière jette des cris de joie, et tous se font une fête d’assister aux cérémonies atroces de la Danse et du Festin de la chevelure, célébrées au milieu des vociférations les plus discordantes et des contorsions les plus horribles. Ils plantent, à cette occasion, un poteau vermillonné au milieu du camp  ; les guerriers l’entourent et agitent dans leurs mains les chevelures qu’ils ont rapportées du champ de bataille  ; chacun d’eux hurle sa chanson de guerre au son lugubre d’un tambour grossier  ; puis, donnant tour à tour son coup de casse-tête au poteau, il proclame les victimes que sa hache a immolées et montre avec ostentation les cicatrices des blessures qu’il a reçues.

Tel est encore aujourd’hui l’état de barbarie où vivent ces tristes Indiens. Ils n’entreront point en campagne sans avoir tâché d’attirer sur eux les faveurs du Grand-Esprit, soit par des rites diaboliques, soit par des jeûnes rigoureux ou par des macérations et d’autres peines corporelles. Ils vont même jusqu’à se couper les phalanges des doigts. Ajoutez aux profondes ténèbres du paganisme un débordement de mœurs effrayant, et vous aurez une faible idée de l’affreuse position de ces infortunées tribus. Eh bien, ces mêmes hommes me reçurent à bras ouverts, comme un envoyé du Grand-Esprit. Une vive émotion, peinte sur tous les visages, accompagnait en eux l’attention la plus respectueuse à mes discours, pendant que je les instruisais des grandes vérités de notre religion.

Un événement, qui survint deux jours après mon arrivée au Fort-Pierre, contribua beaucoup à augmenter en ma faveur la confiance des sauvages. Le voici tel qu’il se passa. La tribu des Ogallallas avait pénétré hostilement sur les terres de leurs voisins les Absharokés (ou Corbeaux), et leur avait livré bataille. Ceux-ci se défendirent en braves, mirent les agresseurs en déroute et leur tuèrent dix ou douze guerriers. Ils avaient même usé d’un système de châtiment qui couvre à jamais d’infamie la tribu qui en a éprouvé les effets ; ils avaient chassé les Ogallallas avec la verge et le bâton. Ce qui signifiait, selon eux, que leurs adversaires ne valaient ni le plomb ni la poudre qu’il aurait fallu employer pour les mettre à mort. Une défaite si honteuse décourage l’Indien, et il n’ose plus se présenter devant un tel ennemi.

Dans cette affaire, le chef de la peuplade vaincue, nommé le Poisson-rouge, avait perdu sa fille, prisonnière des Corbeaux et conduite par eux en captivité. Triste et humilié, il quitta les loges de sa tribu, que la perte de son honneur et la mort de tant de guerriers plongeaient dans le deuil et l’affliction. Ce fut le lendemain de mon arrivée au Fort-Pierre qu’il s’y présenta lui-même. L’objet de son voyage était d’obtenir, par l’entremise des officiers du fort, la liberté de sa fille ; il offrait pour sa rançon quatre-vingts belles robes de buffle et ses meilleurs chevaux. Dans la visite qu’il me fit, tenant ma main serrée dans les siennes, les larmes aux yeux et le cœur brisé par la douleur, il m’adressa ces paroles souvent interrompues par ses sanglots : « Robe noire, je suis un père bien malheureux. J’ai perdu ma fille bien-aimée. Aie pitié de moi. J’ai appris que la médecine (la prière) des Robes noires est puissante auprès du Grand-Esprit. Parle au Maître de la vie en ma faveur, et je conserverai encore l’espoir de revoir mon enfant. »

À ce peu de paroles, que les émotions du vieillard rendaient singulièrement éloquentes, je répondis que je prenais part à son affliction, mais que lui-même devait préparer les voies aux faveurs du Ciel, et que ce serait par des actions honnêtes qu’il obtiendrait du Grand-Esprit l’accomplissement de ses vœux. J’ajoutai que, sans doute, le Maître de la vie avait été offensé par cette coupable attaque contre les Corbeaux, dont lui-même avait été le principal moteur, en sa qualité de grand chef, et qu’à lui-même il devait attribuer l’infortune de sa fille et tous les malheurs qui avaient été la suite de cette expédition. Je l’engageai à renoncer désormais à toute agression injuste contre ses voisins, et à presser sa tribu d’écouter les ordres du Grand-Esprit que je venais leur communiquer. Je finis en lui parlant des miséricordes du Seigneur, qui écoute toujours la voix des affligés, pourvu qu’ils veuillent l’aimer et le servir. Je lui promis aussi le secours de ma prière  ; et lui, de son côté, promit de suivre mes conseils.

Le Poisson-rouge retourna bientôt après dans sa tribu et rassembla tous les principaux chefs pour leur communiquer ce qui s’était passé au fort, et particulièrement ses entretiens avec la Robe noire au sujet de sa fille. Au même instant un cri de joie se fait entendre à l’extrémité du camp. On accourt de tous côtés  ; on s’informe  ; on annonce enfin la joyeuse nouvelle que la fille captive s’est échappée saine et sauve des mains de ses ennemis. Le vieux chef ose à peine croire ce qu’il entend. Il se lève, et, au sortir de sa loge, il a la douce consolation de revoir cette enfant chérie, que la Providence vient de lui rendre. Jugez, si vous le pouvez, de son étonnement et de son bonheur, que partage avec joie toute sa tribu  ! Toutes les mains se lèvent vers le ciel pour remercier le Grand-Esprit de la délivrance de la captive. Le bruit en vola bien vite d’une peuplade à l’autre ; et cette heureuse coïncidence, que la divine Providence permit pour le bien des Ogallalas, fut pour eux la preuve certaine du grand pouvoir de la prière chrétienne, et contribuera, j’espère, à raffermir ces pauvres sauvages dans leurs bonnes dispositions.

Le nombre d’enfants métis et indiens baptisés chez les Sioux s’élève à plusieurs centaines. Je conférai le même sacrement à six adultes fort avancés en âge, dont deux étaient nonagénaires et habitaient une petite loge en peau de buffle, où un pauvre feu réchauffait à peine leurs membres glacés par les années. Ils me reçurent avec bonheur. Je leur parlai du Grand-Esprit, de la nécessité du baptême, de la brièveté de la vie, de l’éternité heureuse ou malheureuse qui doit suivre. Ils écoutèrent avec avidité les instructions que je. leur répétai pendant plusieurs jours, et reçurent enfin le sacrement de la régénération. Ils ne se lassaient pas de me redire qu’ils n’avaient jamais cessé d’aimer le Grand-Esprit, et qu’ignorant des prières plus convenables, ils lui avaient offert chaque jour les prémices du calumet.

Ceci me rappelle un fait assez insignifiant par lui-même, mais qui n’a pas moins été pour moi la source d’une bien vive consolation. À mon arrivée dans la tribu des Brûlés, je fus singulièrement surpris de me voir abordé par un enfant de quinze ans environ, à qui ma présence semblait causer une joie qu’il serait difficile de décrire. Quelques petites caresses, par lesquelles je répondis à cette manifestation si extraordinaire de contentement, me concilièrent si bien son affection que les efforts et les menaces des sauvages qui m’entouraient ne purent le séparer que momentanément de ma personne. À peine l’avait-on éloigné par la violence, qu’un petit détour le ramenait à mes côtés  ; il pénétrait même dans le grand conseil des chefs, où la diplomatie assez expéditive des Brûlés agitait les questions dont mon arrivée au milieu d’eux exigeait la solution. La nuit vint mettre fin aux délibérations de l’assemblée, et dut me soustraire aussi aux incessantes caresses de mon nouvel ami. Son front extrêmement étroit et aplati, son regard niais, ses gestes désordonnés m’avaient bientôt fait comprendre qu’il était du nombre de ces êtres chez qui le défaut de raison est une sauvegarde contre la perte de l’innocence, et je me déterminai à le régénérer le lendemain dans les eaux salutaires du baptême. Je fis donc rassembler toute la tribu, et après avoir donné une courte explication des bienfaits du sacrement que j’allais conférer, je leur parlai du bonheur qui était réservé pour toute l’éternité à un être en apparence si vil, et qui n’avait été jusqu’alors que l’objet de leur mépris ou au moins de leur pitié. Cette allocution fit sur mon nouvel auditoire une profonde impression, et fut suivie de nombreuses demandes pour obtenir la grâce d’appartenir au Grand-Esprit, comme mon pauvre Pascal (c’est le nom du petit bonhomme), qui est entouré maintenant du respect, je dirais presque de la vénération de toute sa tribu. Mais ne devant rester au milieu d’eux que peu de jours, je me contentai de baptiser un grand nombre de leurs enfants  ; aux autres je fis espérer que, plus tard, nous reviendrions les visiter, et que nous pourrions alors les instruire et leur accorder ainsi plus utilement la faveur qu’ils sollicitaient.

Il existe parmi les Indiens une coutume qui fatigue beaucoup l’étranger ou le missionnaire visitant un de leurs villages. Immédiatement après son arrivée, un grand nombre de festins se donnent en son honneur. La politesse sauvage exige qu’il accepte toutes les invitations. L’Indien prépare aussitôt tout ce qu’il a de meilleur et de plus délicat. Le chien gras, qui remplace ici le veau, est le mets le plus recherché  ; il est réservé pour les grandes occasions. Viennent ensuite les langues, les côtes de buffle, etc., etc., et une grande variété de fruits, de grains et de racines.

Dans tous les camps que je visitai, je fus conduit d’un festin à l’autre par les principaux chefs. Partout on me présenta un plat si bien rempli de leurs friandises, que chaque portion aurait pu me suffire pendant plusieurs jours. Il faut que tout soit consommé. La chose serait impossible, si l’on n’avait pas l’heureux privilège d’amener un ou deux mangeurs avec soi. Dans quelques camps sioux, on permet aux invités de toucher seulement le plat et de l’emporter dans leur loge.

Dans les différents camps que je visitai, je fis présent à chacun des grands chefs d’une médaille à l’effigie de notre très Saint-Père le Pape Pie IX. À ce sujet, je leur expliquai la haute position du grand chef de toutes les Robes noires, le respect, la vénération et l’amour que toutes les nations fidèles au Grand-Esprit témoignent à son représentant sur la terre, etc., etc. Aussitôt on apporta le calumet, et après l’avoir offert d’abord au Maître de la vie, en implorant ses bienfaits, les sauvages, dans leur naïve simplicité, le présentèrent à son chef visible, me priant de lui faire connaître l’estime et l’amour qu’ils lui portent et le désir ardent qu’ils ont d’écouter les Robes noires envoyées en son nom.

Dans une distribution de médailles aux sauvages, des explications deviennent nécessaires  ; car étant naturellement superstitieux, ils attachent souvent plus que du respect à ces sortes d’objets. Un chef sioux m’en donna une preuve bien étrange. Comme je lui pendais au cou la médaille de Pie IX, il m’en témoigna une joie et une reconnaissance extraordinaires. « Je la placerai, me dit-il, avec mon Manitou de la guerre ; elle saura me rendre aussi sage dans les conseils de paix, que l’autre a su me rendre fort dans les combats.  » Je lui demandai le sens de ces paroles. Il ouvre aussitôt une petite boîte et en sort un rouleau enveloppé soigneusement dans une peau de chevreuil ; il le déroule, et à ma grande surprise, je vois l’image coloriée du général Diebitsch[1] en grand uniforme et monté sur un beau coursier. Depuis plusieurs années, le Russe avait été le Manitou de la guerre du chef sioux, qui l’invoquait et lui présentait le calumet avant toutes ses entreprises contre l’ennemi, et lui attribuait toutes les victoires qu’il remportait. J’ai tâché de désabuser le pauvre Indien de son étrange culte, et j’ai l’espoir que mes efforts n’ont point été inutiles.

Je l’ai déjà dit, on m’a envoyé chez les tribus siouses pour sonder leurs dispositions au point de vue religieux et moral. La courte relation que j’ai l’honneur de vous présenter fait connaître le résultat de ma visite. Tout ce que je viens de raconter sur ces pauvres habitants du désert n’est pas très-encourageant pour un missionnaire. Il y a loin de ces sauvages aux Têtes-Plates et à tant d’autres Indiens qui demeurent à l’ouest des montagnes Rocheuses. Ces premiers enfants de mon apostolat m’ont donné des consolations que je chercherais en vain chez les Sioux. Une mission parmi ces derniers serait-elle donc sans espoir de succès  ? Le peu d’expérience que j’ai pu acquérir, et mon séjour au milieu d’eux, m’inspirent plus de confiance en Celui qui tient entre ses mains les cœurs les plus durs et les volontés les plus récalcitrantes. J’espère que, dans le courant de cette année, quelque chose sera fait en faveur de ces malheureux Indiens, si longtemps privés des secours de la religion. Le même bonheur sera accordé à la nation des Pieds-Noirs, qui compte déjà onze cents néophytes dans son sein. C’est une bonne œuvre dont les prières des pieux ciés de la Propagation de la Foi contribueront puissamment à aplanir les difficultés.

Je quittai les terres supérieures du Niobrarah et de la Mankizita, vers la fin d’octobre 1848, avant la saison des pluies et des neiges. Ces lieux sont le séjour où différentes tribus des Sioux se rendent en automne, pour faire la chasse aux animaux sauvages qui y abondent alors, et afin de se pourvoir de peaux et de viande pour l’hiver qui approche. La consommation de peaux dans le Missouri doit être immense, car tous les Indiens s’en servent pour la construction de leurs loges, pour les harnais de leurs chevaux et pour leurs habillements. L’année dernière, cent dix mille peaux de buffle et autres dépouilles de cerf, de gazelle, de chevreuil, de grosse corne, de loutre, de castor, etc., et vingt-cinq mille langues salées ont été reçues dans les magasins de pelleteries à Saint-Louis. Par là vous aurez une idée du nombre extraordinaire de buffles tués, et de l’étendue du vaste désert qui sert de pâturage à ces animaux.

Nous partîmes en esquif du Fort-Sully, qui se trouve près de l’embouchure de la petite Rivière-à-Médecine. Notre voyage fut des plus heureux. Le temps était magnifique, et les deux rives du Missouri, peuplées dans cette saison d’une quantité extraordinaire de gibier de toute espèce, offraient le spectacle le plus gracieux et le plus varié, en même temps qu’elles ouvraient un vaste champ à la convoitise et à l’habileté de nos chasseurs.

Parvenus à Council-Bluffs, le ciel, qui jusqu’alors avait été clair et serein, changea tout à coup pour faire place aux vents, à la tempête, et à d’épais nuages de neige qui nous accompagnèrent pendant deux jours  ; nous nous réfugiâmes dans une forêt profonde pour nous mettre à l’abri de la tourmente. Le miel qui y abondait fut notre principale ressource. Un seul peuplier que nous abattîmes nous en fournit bien au delà de nos besoins.

Nous fîmes peu de progrès pendant dix jours, à cause des vents contraires, des pluies et des neiges. Avant d’arriver à l’embouchure du Grand-Tarkio, le Missouri était tellement couvert de glaçons, que, dans notre frêle barque, nous nous trouvâmes exposés aux plus grands dangers, surtout à cause d’un très-grand nombre de chicots dont le lit de la rivière est parsemé, et qui montrent ou cachent de tous côtés leurs têtes menaçantes. Ce sont des arbres ou des troncs d’arbres que la rivière détache et enlève de ses bords, et dont les racines s’enfoncent fort avant dans la vase. Comme il n’y a, dans ce pays, ni chaussées ni digues qui empêchent la rivière de s’étendre, souvent des forêts entières sont déracinées et englouties  ; elles causent beaucoup d’embarras et parfois des obstacles insurmontables à la navigation.

La prudence nous fit abandonner notre esquif. Je louai un chariot de fermier, qui nous conduisit sains et saufs à Saint-Joseph, après une course de deux jours à travers une grande forêt qui borde le Missouri. Le bateau à vapeur que j’espérais y trouver était parti la veille de mon arrivée, et ainsi l’occasion d’un prompt retour à Saint-Louis parut perdue pour moi. Je pris la résolution de faire tout mon possible pour rejoindre le bateau. À bien des personnes cette tentative paraîtrait une folie. Courir après un steamer qui marche sous une forte pression de vapeur paraît certainement ridicule. Je comptais sur les nombreux bancs de sable auxquels le navire pouvait difficilement échapper sans être retardé, surtout dans la saison avancée. J’avais bien calculé : vingt-quatre heures après, j’étais à bord.

Je me suis trouvé pendant quatre mois, nuit et jour, exposé au grand air, et, comme dans tous mes autres voyages, je ne m’étais servi pour lit que d’une simple robe de peau de buffle. Ma santé avait constamment été bonne sans que j’eusse ressenti la moindre atteinte du plus petit rhume. À peine fus-je exposé pendant un seul jour aux chaleurs du poêle de la cabine qu’un grand mal de gorge me saisit. Ce fut ma première indisposition dans mon long voyage. Enfin j’arrivai à Saint-Louis, où les charmes de la vie commune m’eurent bientôt fait oublier les fatigues de mon expédition. Je suis avec le plus profond respect et l’estime la plus sincère,

Messieurs,
Votre très-humble et très-obéissant, serviteur,

P. J. De Smet, S. J.
P. S. Voici une liste des principales essences qui composent les forêts situées sur les deux bords du Missouri. Elle sera, j’espère, agréable aux amateurs de botanique.
Populus canadensis.
Platanus occidentalis.
Celtis crassifolia.
Gleditschia triacanthos.
Robinia pseudo-acacia.
Juglans olivæformis.
Cornus florida.
Aralia spinosa.
Gymnocladus canadensis.
Morus alba et rubra.
Laurus sassafras.
Ulmus americana.
Acer rubrum et saccharinum.
Diospyros virginiana
Salix nigra.
Cornus sericea
Prunus serotina.
Pyrus.
Castanea pimula et americana.
Quercus palustris, macrocarpa et pimula.
Annona triloba.
Betula nigra, lenta et papyrace a.
Sambucus canadensis
Juglans nigra et squammosa.
Corylus americana.
Fraxinus americana.
Pinus.
Juniperus virginiana.
Vaccinium resinosum.
Magnolia fragrans.
  1. Jean-Charles-Frédéric-Antoine Comte Diebitsch, général russe, né en 1785 à Grossleippe (Silésie), entra d’abord dans les cadets de Berlin (1797 1805), puis passa au service de la Russie. Il se distingua dans les batailles d’Austerlitz, de Friedland de Dresde et de Leipzig. Lieutenant général en 1813, il engagea les alliés, en 1814, à se porter sur Paris, après les défaites qui avaient marqué la campagne de France. Alexandre l’attacha, plus tard, à sa personne, le nomma major-général de l’armée, 1820, et se fit accompagner par lui à Tangarog. À l’avènement de Nicolas ier, Diebitsch montra, dans la répression de la révolte du prince Troubetzkoï, la plus grande décision, 1825. Nommé gouverneur des colonies militaires, il s’illustra encore, dans la guerre de Turquie, par la prise de Varna, 1828, et surtout par le passage des Balkans, 1829 : exploit que Nicolas ier récompensa en donnant à Diebitsch le surnom de Zabalkanski (l’au delà Balkanien) et le titre de feld-maréchal. Envoyé contre les Polonais insurgés, il leur livra la bataille d’Ostrolenka, et mourut du choléra près de Pultusk (juin 1831). (Note de la présente édition.)