Lettres choisies du révérend père De Smet/ /Préface

Victor Devaux et Cie ; H. Repos et Cie (p. v-viii).

PRÉFACE




Nous nous sommes imposé la tâche de publier les œuvres complètes du R. P. De Smet, missionnaire en Amérique.[1] — Cet illustre enfant de notre chère Belgique est mort, on le sait, le 23 mai 1873, à Saint-Louis (Missouri) aux États-Unis. Sa carrière apostolique et civilisatrice avait duré cinquante années.

L’établissement de la grande mission des montagnes Rocheuses, entreprise dont les difficultés, les dangers et les succès ne sauraient être justement appréciés que par Dieu seul, a entouré le nom vénéré du R. P.  De Smet d’une auréole de popularité, non-seulement dans la Belgique sa patrie, mais dans beaucoup d’autres pays : la Hollande, l’Angleterre, le Canada, l’Irlande, la France, l’Italie, l’Allemagne connaissent l’apôtre des Indiens, et ont applaudi depuis longtemps à ses gigantesques labeurs évangéliques. Nous passons sous silence les États-Unis, où l’opinion publique a placé Father De Smet au premier rang des célébrités contemporaines.

La mission ardue à laquelle notre compatriote s’est si généreusement dévoué peut se résumer en ces termes : il a transformé en hommes des êtres malheureux errant dans les forêts ou parcourant l’immensité des prairies et des déserts de l’Ouest  ; il a appris à des milliers de misérables païens, qu’on est convenu d’appeler des sauvages, qu’ils ont pour père un Dieu à l’image duquel ils sont créés, et qu’eux aussi, par delà la tombe, peuvent aspirer à un bonheur éternel.

Aussi notre intrépide missionnaire aimait-il ces pauvres Indiens avec la tendresse d’une mère ; ces Peaux-Rouges étaient devenus sa famille adoptive et l’unique objet de ses constantes préoccupations. L’amour qu’il leur portait nous donne la clef de ses fréquents voyages, et des secours matériels de toute nature qu’il sollicitait et obtenait partout en leur faveur. C’est son zèle pour leur bien spirituel qui lui faisait recruter constamment des troupes de jeunes gens au cœur généreux destinés à devenir des ouvriers infatigables dans le vaste champ du Père de famille. Comme il savait les enrôler avec tact et avec prudence ! Aussi nos contrées se sont-elles toujours signalées en répondant à l’appel sympathique de cet athlète de la foi.

Qu’elle est belle la Religion qui fait éclore de si nobles dévouements ! Étrangers aux richesses, aux honneurs, aux plaisirs de ce monde, désintéressés dans toutes leurs entreprises, nos missionnaires catholiques n’ont d’autre ambition que celle de faire le bien. C’est le glorieux privilège de l’Église d’engendrer ces héros dont les vertus et les exemples entraînent les hommes à Dieu, but suprême de leur existence.

Les Lettres choisies que nous offrons au public, et particulièrement à la jeunesse des écoles, feront connaître mieux le grand homme dont nous pleurons encore la perte. Elles mettent en relief les éminentes qualités qui distinguaient le R. P.  De Smet.

Plusieurs de ces Lettres ont paru dans la publication périodique si intéressante et si recommandable, les Précis Historiques. Nous les avons soigneusement passées en revue, collationnées d’après les manuscrits de l’auteur et modifiées, quant à la forme, dans certaines parties. Les notes qui accompagnent et complètent parfois le texte sont le fruit de nos lectures et de nos patientes recherches.

Bruxelles,

F. DEYNOODT,
S. J.
Bruxelles, 16 juin 1875.
  1. Déjà ont paru, en 1873 : Voyages aux montagnes Rocheuses  ; en 1874 : Voyages dans l’Amérique septentrionale — Orégon. — Même librairie.